[86] Recrudescence d’agressions homophobes

NdPN : ce ne sont pas les déclarations d’intention politiciennes qui feront reculer la haine : organisons-nous contre la violence homophobe, lesbophobe, biphobe et transphobe. Rendez-vous à la marche des fiertés ce samedi !

 » Être jeune et homosexuel reste un combat difficile « 

Christophe Malvault, vice-président de « En tous genres », constate une recrudescence d’agressions homophobes à Poitiers depuis le mariage pour tous.

Alors que débute “ La semaine des visibilités ”, les agressions homophobes persistent. Notamment chez les adolescents où les séquelles sont graves.

La lutte contre l’homophobie n’est pas encore gagnée. Les mots de Christophe Malvault, vice-président de l’association poitevine « En tous genres », sont durs mais réalistes. « Certaines personnes pensent malheureusement que les homosexuels sont faits pour êtres des victimes », ajoute-t-il.

 Un jeune gay a sept fois plus de risques de se suicider

Dans la Vienne, un département rural, il n’est pas évident pour un jeune de vivre son homosexualité, notamment quand la puberté débute. Une étude récente démontre qu’un adolescent homosexuel a sept fois plus de risques de se suicider qu’un hétérosexuel.
« Depuis les événements du mariage pour tous, nous avons remarqué plus d’agressions verbales et physiques envers les jeunes homosexuels », explique Jocelyne Tranchant, présidente de Contact à Poitiers.

Au collège, les discriminations sont plus nombreuses

Et paradoxalement, les dénonciations de ce type d’agressions sont plus nombreuses. « Ce n’est plus tabou, notamment dans les lycées où les jeunes sont plus enclins à défendre leurs camarades », raconte Christophe Malvault.
Là où les associations rencontrent le plus de difficultés, ce sont dans les collèges. Plus les victimes sont jeunes et plus elles sont fragiles. « Les enseignants n’en parlent pas car ils ont peur que les parents leur tombent dessus », souligne le vice-président de « En tous genres ».
A l’âge de 12-13 ans, l’identité se forge et le plus dur des rejets reste celui des parents. Des psychologues sont pourtant présents dans les établissements scolaires mais les jeunes poussent rarement la porte de leur bureau. « Au collège, les élèves sont beaucoup plus sévères face à un comportement différent. Ils vont s’attaquer à un garçon qui s’habille de manière plus efféminée sans qu’il soit gay pour autant », précise Christophe Malvault.

Les filles harcelées les garçons agressés

Un autre phénomène est la différence des agressions selon s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon : « Quand c’est un garçon, les agresseurs vont en venir aux mains peut-être plus facilement. Les filles, quant à elles, sont harcelées en permanence. »
Malheureusement, dans la plupart des cas, les jeunes victimes changent d’établissement pour retomber dans l’anonymat et restent marquées à vie.

 www.entousgenres.org www.assocontact.org

à savoir

La législation

L’homophobie est une circonstance aggravante de certaines infractions et alourdit la peine encourue, selon l’article 132-77 du code pénal.
De plus, l’homophobie peut être réprimée en tant qu’infraction spécifique. La provocation à la haine ou à la violence ou aux discriminations fondées sur l’orientation sexuelle est passible d’un an d’emprisonnement et de 45.000 € d’amende.

  www.legifrance.gouv.fr

la phrase

« Si l’on peut sauver une vie, c’est déjà une belle avancée. »

Ce sont les mots du recteur de l’académie Jacques Moret, à propos de la lutte contre l’homophobie. Juste avant son arrivée, trois jeunes se sont suicidés, victimes parce qu’ils étaient homosexuels. Depuis sa nomination en 2012, Jacques Moret a fait de la lutte contre les discriminations, une priorité. De multiples dispositifs ont été mis en place, notamment la création d’un poste de chargée de mission contre l’homophobie, une première en France.

Aurore Ymonnet, Nouvelle République, 12 mai 2014
Mise à jour :
Dans un communiqué de presse daté de ce jeudi, l’Association d’aide de défense homosexuelle pour l’égalité des orientations sexuelles (Adheos), implantée à Saintes (Charente-Maritime), note une « une hausse en 2013 d’actes homophobes en Poitou-Charentes de plus de 114 % ». Selon Adheos, « l’éducation est devenue une priorité pour la lutte contre l’homophobie. Il y a urgence, comme le constate le rectorat de Poitiers, à travers trois suicides de jeunes scolarisés directement liés à l’homophobie subie ».
Dépêche Nouvelle République, 15 mai 2014