[Poitiers] Taule avec sursis pour les déserteurs

NdPN :

« Faire la guerre,
c’est être moins qu’un homme et bien plus qu’un salaud. »

Benoist Rey, « Chant du déshonneur », in Les Egorgeurs

Le coeur du métier de soldat, ne l’oublions jamais, est d’aller jusqu’à tuer ou se faire tuer si le bras armé de l’Etat en donne l’ordre. Pour en arriver à déshumaniser à ce point ses troupes, l’Etat humilie et discipline, et paye, sous forme de pacte léonin, la renonciation à la ce qui nous fait hommes et femmes : la liberté, la conscience même de la vie. Métier de l’aliénation totale sous couvert de « sacrifice pour la patrie », à l’image du mode de production existant, la réalité du bidasse est là ; aucune désobéissance parmi les troupes ne saurait être tolérable.

Ainsi : trois mois de taule avec sursis pour un soldat qui s’enfuit de sa caserne pour cause de « remontrances », deux mois de taule avec sursis pour un autre qui va voir sa copine. Nous ne sommes pas en pleine guerre d’Algérie : nous sommes en 2014.

Certes, cette institution mortifère et liberticide qu’est l’armée est bel et bien garante de la « démocratie », et à son image : aliénation et obéissance pour tous – pour la gloire et le profit de quelques-uns.

Tous déserteurs !

gardeàvous

Justice militaire : c’était la der des der !

Une page de la justice poitevine s’est tournée hier dans la plus grande discrétion. Une dizaine de personnes tout au plus assistaient, hier, à la dernière audience correctionnelle de la chambre spécialisée des affaires militaires.

C’était la der des der avant le transfert vers Rennes qui aura désormais compétence pour juger de toutes les affaires qui concernent les militaires du Grand Ouest pour des faits commis alors qu’ils sont sous contrat. La majorité des cas examinés concernent des histoires de désertion.
Hier, ils étaient trois anciens du RICM de Poitiers, poursuivis pour avoir quitté le quartier Ladmirault sans prévenir.
L’un ne supportait plus les remontrances dont il était l’objet, ce qui ne l’empêche pas de vouloir s’engager dans la Légion. « Je veux servir ma patrie, » assure-t-il au tribunal alors que le procureur lui fait remarquer que l’engagement au sein du régiment le plus décoré de France n’a rien à voir « avec un CDD chez Mc Donald’s ! » Il écope de trois mois de prison avec sursis.
Un autre de ses camarades est condamné à deux mois avec sursis pour avoir préféré sa copine à son régiment. Le troisième larron écope de deux mois ferme, à cause d’un casier déjà lesté de trois mentions.

E.C., Nouvelle République, 14 mai 2014