« Bonjour, demandez à vos vendeurs s’ils sont stagiaires »: le collectif Génération Précaire s’est invité samedi aux Galeries Lafayette et chez Fauchon, à Paris, pour alerter les clients sur le recours à des stagiaires non rémunérés dans de nombreuses entreprises pendant les fêtes.
Affublés de masques, de chapeaux de Père Noël avec des guirlandes autour du cou, une quinzaine de membres du collectif, qui revendique des « actions coup de poing mais drôles », se sont invités dans la bonne humeur au rayon luxe des Galeries Lafayette, a constaté une journaliste de l’AFP.
« Des stagiaires lutins sont à la tâche, là où des jeunes devraient être tout simplement payés. Songez-y si vous les reconnaissez et offrez-leur cette petite douceur », pouvait-on lire sur les tracts distribués aux clients avec des friandises, afin de les alerter sur ce phénomène, au son du « Petit Papa Noël » de Tino Rossi.
Le service d’ordre du grand magasin ayant rapidement fait sortir la petite troupe, celle-ci s’est ensuite rendue à la société d’alimentation de luxe Fauchon située à proximité, cette entreprise ayant, selon le collectif, publié des appels au recrutement pour dix stagiaires pour cette fin d’année.
Les membres du collectif ont été reçus par la direction, qui a assuré ne compter que 4% de stagiaires dans ses effectifs et a indiqué engager 20% de contrats à durée déterminée (CDD) en plus en période de fêtes, où Fauchon réalise 20% de son chiffre d’affaires.
Selon Génération Précaire, qui évalue entre 1,2 et 1,5 million le nombre de stagiaires en France, contre 600.000 en 2006, les entreprises, et en particulier le secteur du luxe, ont de plus en plus souvent recours à des stagiaires en lieu et place de CDD.
Le collectif estime que ce phénomène s’est intensifié avec la crise et qu’il est particulièrement visible pendant les fêtes dans les magasins de luxe, mais également dans des enseignes comme la Fnac, Darty, Etam ou Décathlon.
Une porte-parole du collectif, fondé il y a cinq ans pour défendre les stagiaires, a déclaré que seuls 5% des stages se transforment en emploi. Selon la jeune femme, le recours aux stagiaires non rémunérés « détruit les jobs étudiants et l’emploi des chômeurs ».
La loi prévoit que lorsque la durée d’un stage est supérieure à deux mois, le stagiaire doit toucher une rémunération d’au minimum 417 euros, mais pour des périodes plus courtes, aucune rémunération n’est obligatoire.
En outre, la loi stipule qu’un stagiaire ne peut être recruté « pour faire face à un accroissement temporaire de l’activité de l’entreprise » ou « pour occuper un emploi saisonnier ».
En janvier dernier, quelques militants de Génération Précaire avaient investi un autre grand magasin de Paris, Le Printemps, pour protester contre le recours abusif à des stagiaires pendant les soldes d’hiver.
AFP, 17 décembre 2011