Continental: une amende de 1.000 à 1.500 euros requise contre Xavier Mathieu
Une amende de 1.000 à 1.500 euros a été requise mercredi contre le syndicaliste CGT de l’ancienne usine Continental, Xavier Mathieu, lors de son procès devant la cour d’appel d’Amiens pour refus de prélèvement d’ADN.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 3 février.
Ce procès fait suite à une première relaxe du syndicaliste en juin 2010, alors que le parquet avait requis une peine d’un mois de prison avec sursis. Ce dernier a ensuite fait appel de cette relaxe.
« J’aurais aimé voir devant cette cour passer les dirigeants de Continental », a déclaré Xavier Mathieu, par moments très ému et la gorge nouée, à la fin de l’audience.
« Jamais je ne donnerai mon ADN autrement que par amour dans cette vie », a ajouté Xavier Mathieu, qui a évoqué la naissance de son premier petit-enfant quatre mois auparavant.
Son avocate, Me Marie-Laure Dufresne-Castets, a plaidé la relaxe.
« Sarkozy, quand Continental a fermé, il a crié au scandale, il a dit qu’il traînerait en justice les dirigeants qui n’avaient pas respecté leurs engagements. Vous avez vu le gouvernement poursuivre les dirigeants de Continental ? Non, jamais. Au contraire, le ministère du Travail a validé les raisons économiques de la fermeture de l’usine (…) comme celle de toutes les usines en France », a déclaré Xavier Mathieu à la presse après l’audience.
Les faits datent de la condamnation de Xavier Matthieu à 4.000 euros d’amende par la cour d’appel d’Amiens pour avoir participé avec des ouvriers de Continental au saccage de la sous-préfecture de Compiègne en avril 2009. Il avait alors refusé de se soumettre à un prélèvement d’empreinte génétique, comme l’exige la loi.
Créé en juin 1998 pour recenser l’ADN des condamnés définitifs pour des infractions sexuelles, le fichier national automatisé des empreintes génétiques a été étendu en 2001, 2003 et 2010 à de nombreux autres crimes et délits.
« Le fichage génétique pour un militant syndical questionne la société mais singulièrement les magistrats que nous sommes », a déclaré Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature (SM, gauche), cité comme témoin par la défense, et qui a évoqué un « dévoiement » de la loi.
A l’issue de l’audience, Xavier Mathieu s’est adressé à ses anciens collègues venus le soutenir.
« Je suis fier d’avoir été votre porte-parole. J’ai même été considéré comme un porte-parole de la classe ouvrière en France et ça j’en suis fier et personne ne me l’enlèvera », a-t-il déclaré.
Entre 200 et 300 personnes, dont quatre candidats de gauche à la présidentielle –Eva Joly (EELV), Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche), Nathalie Arthaud (LO) et Philippe Poutou (NPA)– avaient manifesté avant l’ouverture du procès en soutien au syndicaliste.
L’usine de pneumatiques Continental de Clairoix a fermé début 2010, entraînant la suppression de 1.120 postes. Au printemps 2009, un conflit social de plusieurs mois –dont M. Mathieu a été la figure emblématique– contre le projet de fermeture avait permis aux ouvriers d’obtenir des indemnités de départ extra-légales.
AFP, 5 janvier 2012