[Poitiers] Manif d’Anonymous contre ACTA

Ils sont contre  » le flicage d’Internet « 

Une quinzaine (au moment où nous les avons rencontrés) de jeunes gens se revendiquant des idées du collectif Anonymous se sont rassemblés, hier à Poitiers, sur la place Charles-de-Gaulle. 

Une quinzaine (au moment où nous les avons rencontrés) de jeunes gens se revendiquant des idées du collectif Anonymous se sont rassemblés, hier à Poitiers, sur la place Charles-de-Gaulle.

Un groupe de jeunes gens sur la place Charles-de-Gaulle, un samedi à Poitiers. Rien d’étonnant. Jusqu’à ce que trois d’entre eux sortent un masque blanc de leur poche. En un tournemain, ils ne sont plus des anonymes, ils sont des Anonymous (1). Et ça change tout.

Hier, à Poitiers, ils étaient donc une quinzaine à avoir répondu à un appel du collectif Anonymous à se rassembler pour protester contre « le contexte répressif qui prend possession d’Internet », que ce soit au travers de lois ou de traités (Hadopi en France, Acta à l’international (2), ou d’actions ciblées comme la fermeture du site Megaupload (3) survenu le 19 janvier dernier.

Le gendarme du monde

« On dénonce le flicage qui se met en place contre la liberté d’expression sur Internet, expliquent-ils. Le FBI a fermé le site Megaupload sans qu’aucune décision de justice ne l’y autorise. Il s’agit d’une décision américaine unilatérale, un choix du gendarme du monde qui prive l’accès des internautes de toute la planète. » Les Anonymous poitevins, étudiants pour la plupart, expliquent que Megaupload n’est pas seulement un site de téléchargement, « il héberge également des fichiers personnels, des documents importants qui n’ont rien d’illégal ». Selon eux, la législation en cours et future est essentiellement motivée par des raisons commerciales : « On vote des lois et on signe des traités qui ne vont pas dans l’intérêt de la population, mais seulement dans ceux de certains groupes. » Interdire l’accès à l’Internet parce qu’on pourrait en faire un usage illégal n’est pas une motivation valable, estiment-ils : « Un couteau de cuisine, ça peut être utilisé de manière pénalement répréhensible, mais on n’interdit pas la vente des couteaux de cuisine pour autant. » Ils pensent qu’Internet doit rester un espace de liberté, « où c’est à l’utilisateur de trier lui-même des informations qu’on lui propose et de faire sa propre police ».

(1) Anonymous est un collectif d’activistes défenseurs du droit à la liberté d’expression sur Internet et en dehors. (2) L’Accord commercial anti-contrefaçon (Acta) est un traité international multilatéral concernant les droits de propriété intellectuelle. (3) Megaupload est un site web qui permettait à un internaute de mettre en ligne n’importe quel type de fichier à la disposition libre des utilisateurs.

Nouvelle République, Ph. B., 29 janvier 2012

ndPN : si le journaliste était resté, il aurait vu les flics arrêter la manif dès le départ, en imposant aux personnes de retirer leur masque (rappelons que l’Etat interdit désormais aux gens de se dissimuler sur la voie publique – le prétexte ayant été la burka). A noter que certaines personnes ont ensuite participé à l’assemblée populaire Démocratie réelle 86, où des échanges intéressants ont eu lieu.