La Belgique tourne au ralenti pour protester contre l’austérité
Les syndicats belges ont salué la « réussite » de la grève générale organisée lundi en Belgique pour protester contre les mesures d’austérité en Europe et réclamé une « politique de relance » aux dirigeants des 27 attendus plus tard dans la journée à Bruxelles.
Des membres des différents syndicats belges bloquent l’entrée d’une artère menant au port de Zeebrugge dans le cadre d’une grève générale, le 30 janvier 2012
« Cette grève générale est manifestement une réussite », a déclaré à la mi-journée le secrétaire général de la centrale chrétienne CSC, le premier syndicat du pays, Claude Rolin.
La circulation ferroviaire, y compris celle des trains internationaux à grande vitesse Thalys et Eurostar qui relient Bruxelles à Paris, Amsterdam, Cologne et Londres, était à l’arrêt et devait le rester toute la journée de lundi.
Aucun tramway, bus ou métro ne circulait à Bruxelles. Et ailleurs dans le pays les transports en commun étaient très perturbés.
De nombreux Belges ayant anticipé le mouvement, les bouchons redoutés ne s’étaient en revanche pas concrétisés.
Quelques vols ont été annulés à l’aéroport de Bruxelles et des retards étaient enregistrés mais le trafic restait globalement assez proche de la normale. L’aéroport de Charleroi (sud) était toutefois fermé.
Les salariés du port d’Anvers, l’un des plus importants d’Europe, avaient décidé de se joindre au mouvement et des grévistes organisaient plusieurs blocages de routes et autoroutes, principalement à l’entrée des zones industrielles.
Dans le privé, la grève est « très bien suivie », notamment dans la sidérurgie, la pétrochimie, la grande distribution, selon le syndicat socialiste FGTB.
Cette grève générale, la première en Belgique depuis 2005, « est nécessaire » car les « mesures que le gouvernement est en train de prendre sont inéquitables et injustes », ont souligné les trois grands syndicats du royaume.
Si la coalition libérale-socialiste-centriste du Premier ministre Elio Di Rupo n’entend pas revenir sur les 11,3 milliards d’euros d’économies prévues en 2012, les organisations syndicales espèrent que leur démonstration de force pèsera sur le nouveau train de mesures déjà annoncé pour la fin février.
Le gouvernement, qui a bousculé les syndicats en adoptant sans concertation les mesures de rigueur, repoussant notamment l’âge de la retraite anticipée, souhaite la relance du dialogue social dans les prochaines semaines.
La ministre de l’Intérieur, la centriste Joëlle Milquet, a lancé un appel pour « fédérer les énergies pour voir comment investir dans un plan de relance et d’emploi ».
Un message que souhaite faire également passer la Belgique lors du sommet européen informel consacré à la situation économique de l’UE qui doit se tenir lundi après-midi.
Mais, vu l’état des finances publiques des 27, il n’y aura pas d’argent frais à mettre sur la table, a déjà prévenu le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
« L’austérité, c’est vraiment la mauvaise réponse », estime pourtant Claude Rolin. Pour le responsable syndical, la « règle d’or » limitant les déficits publics que les 27 devraient entériner va « empêcher les Etats de faire leur travail ».
Les syndicats belges et européens réclament que la Banque centrale européenne puisse émettre des euro-obligations, une option rejetée notamment par l’Allemagne. « Les Etats pourraient alors rembourser leurs dettes à des taux normaux sans être victimes de la spéculation des marchés financiers » et financer la relance, avance la secrétaire générale de la FGTB, Anne Demelenne.
Pour pouvoir évoquer ces questions, les dirigeants de l’UE devront d’abord arriver à Bruxelles.
En raison des perturbations à l’aéroport de Bruxelles, les vols des chefs d’Etat et de gouvernement ont été déroutés sur la petite base militaire de Beauvechain, au sud de Bruxelles.
AFP, 30 janvier 2012