Egypte: les islamistes empêchent des manifestants d’atteindre le Parlement
Des partisans des Frères musulmans, qui dominent l’Assemblée, ont empêché mardi plusieurs centaines de manifestants réclamant le départ des militaires au pouvoir de parvenir au siège du Parlement, selon des photographes de l’AFP.
Des militants avaient appelé à une marche depuis la place Tahrir, épicentre de la révolte qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak le 11 février 2011, jusqu’au siège du Parlement, pour presser la nouvelle Assemblée de réaliser les objectifs de la révolution: fin des procès de civils devant des tribunaux militaires, refonte du ministère de l’Intérieur, respect des libertés et de la justice sociale.
Alors qu’ils commençaient leur marche en direction du Parlement jouxtant la place Tahrir, les manifestants ont été bloqués par des militants des Frères musulmans.
« Nous ne tenons là comme des boucliers humains car si les manifestants vont plus loin, ils s’affronteront avec la police. Ils veulent entrer à l’Assemblée, que voulez-vous que je fasse », a déclaré à l’AFP un membre de la confrérie Hamdy Adbdelsamad.
Derrière lui, les manifestants scandaient des slogans contre le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis le départ de l’ancien président, mais aussi contre la confrérie.
« Badie, tu es en train de vendre la révolution », ont scandé les manifestants, en référence au guide suprême de la Confrérie, Mohammad Badie.
Les Frères musulmans ont, au travers de leur formation politique, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), raflé 47% des sièges aux premières élections législatives depuis la chute du président Moubarak.
L’ensemble des formations islamistes détient les trois quarts des sièges de l’Assemblée, dont la séance inaugurale s’est tenue le 23 janvier.
Après plusieurs heures, les manifestants ont renoncé à leur projet de parvenir à l’Assemblée et sont retournées manifester non loi, devant le siège de la télévision.
Ces derniers jours, la commémoration du premier anniversaire de la révolte anti-Moubarak lancée le 25 janvier 2011 s’est accompagnée d’une poussée de contestation contre le pouvoir militaire.
L’armée a promis de céder la place une fois un président démocratiquement élu, avant la fin juin, mais beaucoup l’accusent de perpétuer la politique répressive de l’ancien régime et de chercher à préserver les privilèges de l’institution militaire.
AFP, 31 janvier 2012