Les aides ne sont pas aidées
Les aides à domicile manifesteront jeudi. A Lussac, les salariées de l’ADMR tentent de mesurer les conséquences de la nouvelle convention collective.
Elles sont une bonne vingtaine qui se pressent dans la petite salle de la Maison de l’entraide de Lussac-les-Châteaux où siège l’ADMR lussacoise. Il est 15 h tapantes quand Jean-Claude Compain, président de l’ADMR, lance la réunion. « Si nous devions prendre le train, vous seriez pile à l’heure », félicite-t-il.
L’ancien siège de la gendarmerie locale a sans doute l’habitude de cette ponctualité. Et puis, les troupes de cette petite armée d’aides à domicile sont rompues à la politesse des rois. Les 33 titulaires, 5 CDD et deux secrétaires de l’association travaillent avec une horloge dans la tête. C’est que pour enchaîner les rendez-vous chez les personnes en perte d’autonomie de Lussac-les-Châteaux, Persac, Gouëx, Mazerolles et Sillars, il ne faut jamais prendre de retard. Leur journée, ces aides à domicile la passent à enchaîner les séances de toilettes, ménage, courses et les aides au repas.
Les frais kilométriques en font les frais
Avec l’accord des caisses de retraite et de la Direction générale des Affaires sociales, chaque personne en perte d’autonomie se voit allouer une plage horaire. En gros, une demi-heure pour une séance de toilette. Pas plus, pas moins. Même si la personne âgée ou handicapée se trouve incapable désormais de prendre son déjeuner seule… Ensuite, c’est la route. Surtout, ne pas arriver en retard au rendez-vous suivant. Quelqu’un attend pour se lever, faire sa toilette ou prendre son repas. Le métier est un enchaînement de rencontres parfois écourtées. Et voila que la nouvelle convention collective (voir « comment fera-t-on demain ? ») que toutes les salariées de l’ADMR viennent de découvrir, ajoute un motif d’inquiétude. « Nous n’avons pas été informés de ces négociations nationales. Nous avons été mis devant le fait accompli, notent Jean-Claude Compain et ses troupes. D’autant que la convention a un effet rétroactif. » Mais dans un secteur rural où l’habitat est diffus, les bénéficiaires d’aides à domicile éloignés, ce sont surtout les frais kilométriques qui coincent. « Quand on fait 500 km/mois voire 2.000, ça ne paie pas l’usure, les charges et le carburant. »
comment fera-t-on demain ?
Avec la nouvelle convention collective, le trajet du domicile au premier rendez-vous de la journée n’est plus remboursé qu’à 60 %, les kilomètres fictifs (trajet entre le dernier rendez-vous de la matinée et le premier de l’après-midi) ne sont plus remboursés… Certaines aides à domicile annoncent une perte de 30 % de leurs indemnités de déplacement. Avec un SMIC et des déplacements qui réduisent le temps de travail effectif bien en deçà des 35 heures, ça compte. Ajoutez à cela la révision de la grille des congés, les modifications des montées en grade… Il n’y a guère que l’obligation de souscrire la mutuelle choisie par la Fédération qui trouve des supportrices. D’autant que la Fédération prend en charge une partie de cette cotisation.