Sénégal: la police des opposants à coups de gaz lacrymogènes (sic)
Des policiers ont dispersé mercredi à Dakar des opposants qui allaient participer à une manifestation interdite pour protester contre la candidature du président Wade à la présidentielle du 26 février, en utilisant des gaz lacrymogènes, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les premiers incidents ont débuté non loin du centre-ville, sur l’esplanade faisant face aux locaux de la Radio-télévision sénégalaise (RTS, publique), où devait commencer La marche du Mouvement du 23 juin (M23), coalition qui regroupe opposition et société civile.
A peine quelques dizaines de militants étaient présents, entourés d’une nuée de Journalistes. Les gendarmes, très nombreux, ont repoussé à plusieurs reprises et dans le calme les attroupements vers les trottoirs aux abords de la place, où la circulation automobile n’a même pas été interrompue.
L’un des candidats d’opposition à la présidentielle, Ibrahima Fall, accompagné de ses gardes du corps et d’une poignée de partisans, a fait mine de franchir l’esplanade et d’avancer pour rejoindre la Place de l’Indépendance, destination finale de la manifestation du M23, distante de 5 kilomètres.
Des cordons de gendarmes se sont immédiatement déployés sur la route, matraque et bouclier en main, et quelques grenades lacrymogènes ont été lancées.
Une fois la petite foule dispersée et ces incidents terminés, des groupes d’opposants, toujours accompagnés de nombreux Journalistes, sont parvenus à rejoindre à pied la Place de l’Indépendance, où un autre candidat d’opposition, Cheikh Bamba Dièye, haranguait quelques centaines de personnes, sous l’oeil des nombreux curieux et badauds.
La police était déployée en force, barrant l’avenue menant au palais présidentiel situé à proximité, alors que la foule grossissait et scandait des slogans hostiles au président Wade.
Juchés sur le toit d’un véhicule 4X4, M. Dièye et Ibrahima Fall qui venait de le rejoindre, ont dénoncé la « violation de leurs droits constitutionnels », appelant cependant à « rester vigilants » et à « ne pas céder aux provocations ».
Plusieurs militants se sont Assis sur la chaussée. Un officier de police a subitement dégoupillé au sol une Grenade lacrymogène en plein milieu des manifestants, a constaté un journaliste de l’AFP, entraînant le début des affrontements.
Les policiers ont alors lancé de nombreuses grenades lacrymogènes et tiré des balles en caoutchouc, provoquant la débandade immédiate de la foule, qui répondait par quelques jets de pierres.
Un canon à eau a brièvement été utilisé pour chasser les manifestants aux alentours de la Place de l’Indépendance où des incidents sporadiques se sont poursuivis quelques minutes.
Avec le retour au calme et la reprise de la circulation autour de la place, le chanteur populaire Yousou Ndour a fait une brève apparition dans une rue voisine sur le toit de son 4X4 aux vitres fumées, paradant sous les hourras de quelques dizaines de fans et une forêt de caméras.
« Le Sénégal a besoin de se libérer, de retrouver sa démocratie. (…) On est train de laisser la dictature s’installer chez nous », a-t-il déclaré, avant de quitter les lieux, menaçant, comme à son habitude: « la prochaine fois nous irons jusqu’au bout ».
Le M23 avait appelé à cette marche pour exiger le retrait de la candidature du président Abdoulaye Wade au scrutin du 26 février qu’il juge anti-constitutionnelle. La manifestation était interdite par les autorités.
AFP, 15 février 2012