[86] Manifs contre l’austérité

Hier donc, a eu lieu à Poitiers et dans toute la France une énième « journée d’action » : compte tenu d’un contexte qui mérite depuis longtemps une grève générale reconductible, et d’une journée européenne de grève, ce choix des directions des centrales syndicales a de quoi consterner. Quelle honte ! Qui plus est dans la Vienne, les manifs, les lieux et heures de rassemblements-manifestations n’étaient guère ou à peine annoncées par les directions syndicales locales, à croire que tout était fait pour éviter de mobiliser ! Résultat : huit cent personnes à Châtellerault et trois cent à Poitiers… Les syndiqué-e-s combattifs-ives, qui ont sacrifié un jour de salaire pour montrer leur colère, apprécieront une fois de plus l’attitude sidérante de leurs « directions »…

Les manifs en France ont été hier, de façon générale, largement en-dessous des capacités de mobilisation. Stratégies pitoyables et divisions minables des bureaucraties syndicales, ajoutées au contexte des élections – mouroir des mouvements sociaux – annoncées comme une échéance importante par des cadres syndicaux qui négocient l’inacceptable ! Hier soir, la TVA sociale et « l’encadrement » de la grève dans l’aérien ont été définitivement adoptés par le parlement.

Des pays comme la Grèce, le Portugal ou l’Espagne, ont connu des mobilisations bien plus importantes hier. Et pourtant, en France aussi, la colère est bien là… C’est par une solidarité réelle des syndiqué-e-s, avec les non-syndiqué-e-s, que nous pourrons enfin déborder le carcan institutionnalisé des directions syndicales et des partis. Elle ne tombera pas du ciel, il nous faut la tisser inlassablement, ici et maintenant, dans les luttes.

Pavillon Noir

800 manifestants contre l’austérité

Les manifestants étaient plus nombreux que prévu, hier. En tête de cortège, les fondeurs d’Ingrandes ont rappelé leur situation. Ils restent inquiets.

Les manifestants ont défilé pendant une heure dans les rues de Châtellerault contre « l'austérité » en Europe.

 

Les manifestants ont défilé pendant une heure dans les rues de Châtellerault contre « l’austérité » en Europe.

Trop c’est trop ! Hier, à 10 heures, environ 800 personnes (550 selon la police et 1.200 selon les syndicats) se sont rassemblées sur l’esplanade François-Mitterrand, en face de la mairie, pour protester contre les politiques d’austérité que le Conseil européen doit voter aujourd’hui et demain. « C’est une première ! Tous les syndicats de l’Union européenne se mobilisent le même jour avec la même préoccupation, clame Franck Renard, représentant de l’Union locale de la CGT. L’austérité et la discipline budgétaire vont mener tous les pays européens à la récession. »

A l’appel du syndicaliste, les manifestants forment un cortège et défilent boulevard de Blossac avant d’emprunter la rue Faubourg Saint-Jacques puis le boulevard Victor-Hugo pour rejoindre l’esplanade par l’avenue de Treuille.

Les Fondeurs décrètent 24 h de grève

Dans les rangs, des salariés de la Snecma, d’Aigle, d’Auchan, des personnels médico-sociaux, quelques enseignants, des retraités… Tous ne portent pas la bannière d’un syndicat. « Je suis là en tant que simple citoyen, affirme Nacer Bouhraoua, retraité. Je suis scandalisé par les restrictions, par ce qui se passe en Grèce. »
En tête de cortège, les fondeurs d’Ingrandes. Ils sont nombreux et invitent la foule à scander : « Compétitivité, plan du gouvernement, plan d’austérité, Montupet : on n’en veut pas ! ». En grève depuis mardi soir et pour 24 heures, les fondeurs battent à nouveau le pavé. « Notre dossier n’avance pas, explique Jean-Yves Huet, délégué du personnel CGT. Nous sommes toujours dans la tourmente. Nous ne voulons pas du plan de continuation de Montupet. Nous voulons une réintégration chez Renault. »
Les fondeurs restent inquiets quant à leur avenir. La date limite des dépôts de candidatures pour une reprise de la Fonderie Alu du Poitou est fixée au 14 mars.

«  La reprise ou la liquidation !  »

Le tribunal de commerce de Nanterre devrait statuer le 11 avril : « Il décidera d’une reprise ou ordonnera une liquidation », commente Frédéric Gouy, représentant FO au comité d’entreprise de la fonderie.
Les fondeurs sont prêts à se mobiliser de nouveau. Et ils ne seront pas seuls. Hier, beaucoup de manifestants l’ont affirmé : « Nous sommes là avant tout pour les soutenir. »

Nouvelle République, Magalie Lépinoux, 1er mars 2012

 » L’austérité conduit à la récession « 

300 personnes ont manifesté hier contre les politiques européennes d'austérité « dont les victimes seront les salariés ».

 

300 personnes ont manifesté hier contre les politiques européennes d’austérité « dont les victimes seront les salariés ».

Environ trois cents personnes ont manifesté dans le centre-ville de Poitiers, hier après-midi, à l’appel de la CGT et de la FSU, dans le cadre d’une journée européenne de mobilisation syndicale contre « les politiques d’austérité ». Les mêmes motifs avaient rassemblé 800 personnes à Châtellerault dans la matinée (lire en page 14).

Cette manifestation était relayée partout en Europe à la veille de la réunion du Conseil européen qui doit entériner le mécanisme européen de stabilité (MES) qui imposera aux États membres la mise en place d’une politique budgétaire d’austérité.
« On sait ce que cela signifiera pour les salariés, a expliqué Wilfried Durand, secrétaire départemental de la CGT au micro. L’austérité et la discipline budgétaire conduiront inévitablement à la récession et à la baisse du pouvoir d’achat du plus grand nombre. » Les manifestants ont notamment pointé du doigt (et du slogan) le projet de TVA sociale de Nicolas Sarkozy « une double lame qui diminue le pouvoir d’achat et fragilise la protection sociale », appelant à une politique alternative « de partage équitable des richesses ».
Dans la matinée, une délégation de Force ouvrière, qui ne participait pas à la manifestation, s’était rendue à la préfecture pour déposer une motion qui affirme notamment « qu’en voulant graver dans le marbre l’austérité par l’instauration d’une «  règle d’or  », les gouvernements en général, le gouvernement français en particulier, suivent une logique économiquement et socialement suicidaire ».

Nouvelle République, Ph. B., 1er mars 2012