Les riverains du chantier de la LGV à Jaunay-Clan sont excédés : ils subiraient quotidiennement un bruit allant « de 92 à 102 db », c’est-à-dire un volume « dangereux » pour la santé… et ce, huit heures par jour.
On sait depuis longtemps que les nuisances sonores engendrent des troubles nombreux chez l’homme, en particulier si l’agression sonore s’étend dans la durée, d’autant plus qu’elle développe chez les victimes le désarroi propre au sentiment d’être privé de liberté, d’être impuissantes face à l’agression. En plus des maladies auditives, on constate ainsi un développement notable de l’irritabilité, de troubles digestifs, de la fatigue et des insomnies, de l’hypertension et de dépressions. Sans parler des effets redoutables sur la faune.
L’association Réaction TGV Jaunay-Clan réagit aujourd’hui dans la Nouvelle République, face au géant Vinci. Mais, si code civil et pénal sanctionnent les nuisances sonores pour les bruits entre particuliers, ils excluent étrangement les nuisances sonores redoutables émises par les infrastructures de l’Etat et du Capital : les « bruits de chantiers » sont ainsi une exception ! Ils n’ont toujours pas de seuils fixés et sont aussi peu sanctionnables que sanctionnés… tant qu’on reste dans « les conditions fixées par les autorités compétentes« … (articles R 1334-36 et R 1337-6 du Code de la Santé publique). Argument derrière lequel se réfugie apparemment la philanthropique Cosea (filiale de Vinci), qui renvoie la responsabilité aux élus locaux déjà (timidement) inquiets depuis un moment : en gros le maire n’aurait pas fait son boulot…
Mais tout cela importe peu car, comme on le sait, Cosea crée des emplois … fin du débat. Ces emplois sont eux aussi exposés à des maladies bien connues, liées aux nuisances sonores ; mais qu’est-ce donc, à côté de l’enjeu de la Croissance et du Progrès ?
Pavillon Noir
LGV : des riverains excédés par les travaux
Le président de Réaction TGV Jaunay-Clan dénonce les “ agressions ” que subissent les riverains du chantier de la ligne ferroviaire à grande vitesse.
Le bruit des engins de chantier trouble la quiétude des riverains, dénonce Patrick Lantrès.
LGV, les travaux et les riverains, pourrait être le titre d’une fable de La Fontaine. Mais, selon Patrick Lantrès, président de Réaction TGV Jaunay-Clan, cette « chronique d’une journée ordinaire d’un riverain du chantier » tient plutôt de la tragédie. Voici son témoignage : « Exemple du lundi 20 août : réveil à 8 h au son assourdissant d’une pelleteuse. Le calme revient de midi à 14 h, puis le bruit reprend jusqu’à 18 h. N’oublions pas les camions bennes à raison d’un toutes les 2 minutes maximum. Dit comme cela tout peut paraître une banalité quotidienne. Mais il n’en est rien.
Le bruit qui oscille entre 92 et 102 dB est subi pendant 8 heures à un niveau bien au-delà du supportable raisonnable. […] Nous supportons ce niveau de bruit sans interruption. Et que fait Cosea pour nous ? Rien. Avant de creuser si près des habitations, des merlons acoustiques auraient pu être dressés. Eh bien non ! Les responsables ont répondu qu’ils n’avaient pas les matériaux pour ! Mais selon le dicton, quand on veut on peut… Donc Cosea ne veut pas. Une pelleteuse qui attaque le sol émet périodiquement des vibrations. Nous devons nous y habituer puisque, selon les études, les vibrations sont mineures. Quant à la poussière, lorsque le vent est dans le bon sens… Ce n’est pas le tombereau qui arrose la piste toutes les demi-heures qui fait beaucoup d’effet, au vu des nuages de fumée qui s’élèvent dans le ciel. » « A partir de mardi 21 août, le réveil en fanfare devait se faire à 6 h du matin et le vacarme durer sans interruption jusqu’à 22 heures. C’est du moins ce que Cosea avait promis. Sauf que les engins jouent les prolongations de près d’une demi-heure. L’association Réaction TGV Jaunay-Clan avait prévenu : Cosea aura le même respect pour les riverains que RFF. La démonstration est faite. »
aller plus loin
» Des aménagements bien en amont «
Interrogé par la rédaction sur les nuisances de voisinage provoquées par le chantier de la LGV Tours-Bordeaux, le consortium Lisea-Cosea apporte plusieurs précisions : « Tout d’abord, concernant les nuisances sonores, sur ce genre de projet, il faut savoir qu’un dossier « bruit de chantier » est obligatoirement déposé auprès des communes impactées avant qu’elles prennent les arrêtés relatifs aux travaux. Concernant les aménagements antibruit spécifiques, cela a pu être réalisé par endroits, à la demande des communes. Comme à Fontaine-le-Comte, où un merlon a été édifié avant le chantier. Mais tout cela a été décidé bien en amont lors des nombreuses discussions préparatoires. Maintenant que le chantier est passé dans une phase opérationnelle, c’est plus difficile à mettre en place. Même si on peut discuter d’aménagements à la marge… Enfin, sur l’amplitude horaire, on peut effectivement être sur du 6 h-22 h quand on travaille avec deux équipes, mais c’est surtout l’été. Les jours raccourcissant, on va plutôt revenir sur un poste en 8 h-16 h. »
Nouvelle République, 9 septembre 2012