NdPN : Pour rappel, rendez-vous ce soir à Poitiers à la maison du peuple (rue Arsène Orillard), à 18H30, pour une réunion d’info !
C’est plutôt tranquille sur la ZAD, une AG de préparation de la manif de réoccupation du 17 novembre propose à tout le monde, vues les récupérations politicardes, d’adopter un même drapeau.
Cette démarche vient d’une mise au point contre pas mal de politicards, participant à la dissociation entre bons et mauvais habitant-e-s de la ZAD, comptant débarquer à Notre-Dame-des-Landes. Trois textes parus hier sur zad.nadir :
Nous voulons une manif, pas une parade
Le 17 novembre aura lieu une manifestation de réoccupation, pensée comme un moment de réaction collective aux expulsions de squats sur la ZAD.
Nous sommes des occupantEs de la ZAD. Nous ne sommes pas dans des logiques de parti. Nous ne croyons pas à la pseudo-démocratie et à son jeu de représentation. Ce qui fait la force de ces moments vécus depuis le déclenchement des expulsions, c’est de se retrouver avec un tas de gens autour de notre refus de ce projet d’aéroport, et du monde qui va avec. Nous voulons que cette manif soit celle de tou-te-s les opposantEs, et que touTEs celles et ceux qui sont en lutte y trouvent une place.
Depuis quelques jours, les stars de la politique politicienne se relaient pour annoncer leur venue. Depuis quelques jours on n’entend plus qu’elles/eux. Nous ne voulons pas que toute l’attention se braque ce jour là sur quelques têtes d’affiche qui ont déjà tout l’espace médiatique pour s’exprimer, et qui ne fouttront jamais les pieds sur la zone si il n’y a pas 50 caméras pour les accompagner.
Nous voulons une manif d’opposant-e-s au projet d’aéroport, pas un podium pour politicardEs.
AmiEs en lutte, bienvenue !
Le mouvement d’occupation.
Nous ne voulons pas voir les bureaucrates d’Europe Ecologie – Les Verts
Depuis quelques jours, des dirigeant-e-s d’EELV prennent position par rapport aux expulsions en cours sur la ZAD : ils/elles expriment leur soutien aux habitant-e-s et appellent à la manifestation de réoccupation du 17 novembre. Depuis que le mouvement d’occupation existe, les dirigeant-e-s d’EELV n’ont fait que s’en désolidariser par presse interposée. Ils/elles ont parlé d’ultras, de violent-e-s agitateurs/ices et d’extrémistes ; et n’ont cessé de dénoncer des actions menées conte l’aéroport et les porteurs du projet.
Aujourd’hui, des responsables d’EELV se désolidarisent encore des « minorités violentes ». Au cas ou ils/elles ne le sauraient pas, la manifestation du 17 est appelée notamment à l’initiative de ces mêmes « minorités violentes », de celleux qui montent des barricades et lancent des pierres pour défendre leur maison, en l’occurence les occupant-e-s de la ZAD.
Comment peut-on autant chier sur la gueule d’un mouvement, le fragiliser, pour ne pas dire essayer de le broyer ; et en même temps appeler à le soutenir au moment ou il prend de l’ampleur ? Serait-ce l’attrait des caméras ? Si les prétendu-e-s « porte-paroles » d’EELV ont tant envie de parler, ils n’ont qu’à s’expliquer d’abord sur 3 ans de declarations odieuses à notre sujet.
De notre côté, nous n’acceptons pas que celleux qui se dissocient des actes de résistance aux expulsions viennent à cette manifestation. Les responsables et figures médiatiques d’EELV ne sont pas les bienvenu-e-s à nos yeux.
PS : à tout-e-s les adhérent-e-s et sympathisant-e-s d’EELV qui luttent sincèrement contre l’aéroport, vous êtes les bienvenu-e-s. Et c’était chouette de partager des moments autour des barricades avec certain-e-s de vous…
Le mouvement d’occupation
VERTS DE COLÈRE ou la manif de récupération ?
« C’est compliqué… On est démunis, ces ultras sont totalement autonomes, on ne sait pas comment les virer [1] ». Jean Philippe Magnen, « patron d’EELV 44 », participait dans le Presse Océan du 14 septembre 2011 à l’opération de stigmatisation médiatico-policière des squatteurs, désigné.e.s par le qualificatif d’inquiétants « ultras » à « passer au karcher » [2], après une action menée contre la caravane des primaires du PS.
Aujourd’hui, EELV ne lésine pas sur les moyens pour s’afficher comme « une figure de proue dans le combat politique contre le projet de nouvel aéroport » [3]. EELV se prononce désormais « pour l’arrêt immédiat des opérations de destructions en cours » et « condamn[e] l’évacuation de personnes, la destruction de maisons, la dégradation de cultures et les atteintes à l’environnement » [4]. Communiqués indignés et prises de positions se succèdent. Soudainement, EELV boycotte même le magazine régional jugé trop partial en faveur de l’aéroport. On lit dans Ouest France [5] qu’une quinzaine d’élu-e-s verts seraient en ce moment « sur le terrain » [6], expression lancée comme une formule magique pour s’acheter une nouvelle légitimité.
« Les squats de maisons à NDDL ne servent pas la lutte des vrais opposants au projet d’aéroport que sont les agriculteurs, la population [sic] et les politiques [7] » déclarait il y a quelques mois François de Rugy, député EELV de loire atlantique. Apparemment, les expulsions de squats, elles, sont une belle opportunité pour les vautours de tribunes d’Europe Ecologie qui appellent désormais à la mobilisation pour la manifestation de réoccupation à l’initiative d’occupant-e-s et de collectifs solidaires8. Les infréquentables « ultras » d’hier seraient-ils aujourd’hui devenus de « vrais opposants » ? Plus probablement ces élites ont-elles flairé qu’elles pourraient regagner une crédibilité vis à vis de leur base, voire faire leur beurre sur la vague de refus qu’ont provoqué les expulsions de squats à NDDL.
Barbara Pompili, coprésidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, opère tout de même la dissociation habituelle et nécessaire avec ce qui n’est pas récupérable [8]. Ces « activistes d’extrême gauche qui sont dans la lutte pour la lutte », sont « minoritaires » dans ce combat et bien loin des « vraies questions » que soulèvent « les agriculteurs et expropriés (…) vraiment pas extremistes ». « Je ne veux pas qu’on caricature les opposants de Notre Dame des Landes simplement en les réduisant à ces quelques extrémistes ». Dans l’opération de tri selectif dictée par les dirigeants d’EELV, les « mauvais opposants » sont donc toutes ces personnes qui ont partout, ces dernieres semaines, exprimé leur solidarité en ciblant les porteurs du projet. Probablement, ceux que Jacques Auxiette appelle « les professionnels de la guérilla urbaine » sont aussi toutes celles et ceux, d’horizons divers, qui se sont rencontré-e-s dans ce moment pour faire face avec colère à la violence d’Etat, en compliquant pendant plus de trois semaines sa tâche de destruction sur la ZAD. Après avoir lancé l’offensive de récupération jusqu’au mouvement d’occupation, il s’agit donc de vider ces moments de rage partagée largement de leur contenu subversif (qui va au-delà de la question de cet aéroport) pour pouvoir servir les étroits intérêts des partis politiques.
« Je le dis les yeux dans les yeux, l’accord de 2012 avec le PS, s’ils ne lachent pas sur Notre Dame des Landes, ce sera non. » fanfaronnait Cécile Duflot à l’Université d’été des Verts en aout 2010. Cécile Duflot est devenue depuis ministre du logement du gouvernement Ayrault, après que la direction d’EELV ait enterré les sujets de lutte que sont l’EPR et l’Aéoroport du Grand Ouest en échange de quelques sièges au chaud, probablement pour mieux « changer les choses de l’intérieur », c’est plus confortable.
Disparaître, mais aussi apparaitre au moment opportun est probablement l’art premier de la politique, ainsi les têtes d’EELV espèrent faire d’une pierre deux coups. En prenant position in extremis et au cas où le projet s’écroulerait, cela donne du crédit à cette prétention d’être une force d’opposition à l’intérieur même des innombrables majorités partagées avec le PS, à tous les niveaux décisionnels qui génèrent ce projet d’aéroport. Mais aussi, en interne, cela permet de calmer et de satisfaire sa base militante et électorale la moins frileuse ou carriériste. Comme le veut l’usage démocratique, nous ne doutons pas que la base au sein d’EELV ne soit jamais consultée avant chacune de ces prises de positions, opportunistes et réversibles selon le rapport de force politique du moment. « Je ne mets pas tout le monde dans le même sac » a déclaré Barbara Pompili. Nous non plus.
Une énergie énorme a été déployée dans cette lutte depuis des années pour créer des liens larges et forts de complicité hors de la sphère politicienne, mais sous ses insultes et ses appels à la répression. Sans surprise, la force militaire a frappé dur sur le mouvement d’occupation. Sans surprise aussi, mais avec une colère forte, nous voyons les stratégies politiciennes qui tournent autour de nos têtes, et qui, après avoir souhaité si souvent nous jeter aux ordures, tentent de nous recycler avec profit. Nous affirmons ici notre volonté de construire l’unité d’un mouvement horizontal et populaire contre l’aéroport, et ce en faisant face aux fréquentes dissociations officielles d’organisations ou partis politiques inscrits dans cette lutte. Nous reconnaissons les innombrables actes de solidarité exprimés comme faisant partie de cette lutte et la nourrissant. Nous n’attendrons pas d’avoir le vent dans le dos et refuserons toujours de nous allier à des girouettes. Dirigeant-e-s écologistes, votre présence n’est pas la bienvenue.
9 novembre 2012Hors Pistes un groupe en lutte contre l’aéroport et son monde issu du mouvement d’occupations