[86] Boum, le monde entier fait boum, tout l’univers fait boum, lorsque Vinci fait boum-boum

NdPN : Vinci lance depuis un mois ses tractopelles et manitous à l’assaut du bocage de Notre-Dame-des-Landes, mais dans la Vienne Vinci saccage aussi. Entre autres travaux socialement et écologiquement destructeurs, nous l’avions déjà relaté, Vinci (par sa filiale Lisea) procède à des tirs de mine pour construire sa fichue LGV Tours-Bordeaux : 800 à 900 tonnes d’explosifs seront utilisés pour broyer plusieurs millions de mètres cube de terre vivante, pour transformer un biotope en champ de ruines lunaire. Les explosifs c’est pas un truc de militaires ou de « terroristes » ça ? D’ailleurs même les militaires obéissent aux employés de Vinci… Ah non, faut pas confondre ! Quand l’Etat offre un contrat juteux à une multinationale du béton pour utiliser des monceaux d’explosifs ouvrant une gigantesque saignée à ciel ouvert dans nos paysages, en expropriant les habitants et en détruisant l’environnement, on appelle pas ça du terrorisme ; mais du progrès.

PARTOUT VINCI DEGAGE !

La LGV avance à coups de tirs de mines

Liséa effectue régulièrement des tirs de mines pour enlever des milliers  de tonnes de terre. Pendant ce temps-là, la circulation sur l’A 10 est coupée.

C‘est nous qui tenons la baguette, pour une fois qu’on commande les gendarmes, lance fièrement Maurice, bout de feu. Trente-cinq ans de métier, des centaines de milliers de m3 explosés et pas un accident grave à déplorer. Le conducteur de travaux minage n’a pas besoin de hausser la voix pour être entendu. Le silence s’installe. Tout s’arrête sur le chantier de Fontaine-le-Comte : Les engins ne perforent plus la pierre, le ballet des camions s’immobilise, les godets des grues chargés jusqu’à la gueule restent en suspension, même l’autoroute est fermée. Les deux voitures-balais parcourent le tronçon pour une dernière vérification.

Des tirs tous les 25 millièmes de seconde

Les trois cornes de brume annoncent la couleur puis « deux coups pour tout le monde » précise Frédéric. Après ça va très vite. A cent mètres du dispositif de mise à feu, soixante-dix trous bourrés d’explosifs, dix kilos par cavité, enfouis à deux mètres de profondeur, attendent de sauter. C’est l’histoire de quelques secondes : 1.700 m3 de glaise et de calcaire sortent des entrailles de la terre dans un écran de fumée. Peu spectaculaire mais tellement efficace. « Un petit tir », raconte Maurice. Juste de quoi faire sauter un tout petit immeuble de trois étages. Le matin même, il a mis quatre tonnes d’explosifs un peu plus loin, pour broyer 11.500 m3 de pierres. Une routine pour ce professionnel qui, malgré la longue expérience, ne badine pas avec la sécurité. Les problèmes peuvent exister lorsque le souffle est horizontal : « On ne peut rien faire, il est à son maximum de puissance », raconte le conducteur de travaux minage. Mais, hier, pas de surprise : la poussée était verticale. Parfois ça monte à six ou sept mètres. C’est la charge unitaire (mise dans chaque trou) qui donne la puissance du tir. Des tirs séquentiels qui partent tous les 25 millièmes de secondes, « c’est une chaîne pyrotechnique », explique le spécialiste. Il faudra environ entre 800 et 900 tonnes de cette composition chimique pour venir à bout des 300 kilomètres de chantier de la nouvelle ligne LGV SEA (Sud Europe Atlantique) Tours-Bordeaux. Sur la commune de Fontaine-le-Conte, l’ouvrage doit passer huit mètres en dessous de l’autoroute pour construire un tunnel de 147 mètres de long. Et les tirs ne font que commencer. Les compteurs sismiques, relevés après chaque opération, qui mesurent les vibrations, sont là pour rassurer la population riveraine.

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Didier Monteil, Nouvelle République, 15 novembre 2012