NdPN : pas moins de deux articles dans la presse quotidienne régionale pour vanter les mérites de « l’expérimentation » de tablettes numériques en milieu scolaire, auprès de cobayes élèves de 6ème et élèves de terminale. Florilège de « neutralité » journalistique : les élèves « risquent de susciter des jalousies » parce qu’ils ont eu la chance d’être choisis pour expérimenter ces « petites merveilles », des parents « subjugués »… un collégien « ravi »… « je ne sais pas s’ils se rendent compte de ce qui leur arrive ce matin », dit la principale du collège.
N’en jetez plus : Alleluja !
Dans de nombreuses académies, l’introduction de ce gadget technologique, imposé à grands renforts de propagande journalistique, a été planifiée comme une campagne de lancement de produit. Notamment par le ministère de l’Education nationale et les Rectorats, en rapport avec les inspections pédagogiques, les collectivités locales, les CRDP, les missions académiques TICE (techniques de l’information et de la communication dans l’éducation), les conseillers académiques TICE… toute l’armée de l’éducation étatiste au service des « nouvelles technologies » !
Pour « l’intérêt pédagogique », on ne sait pas trop : comme d’habitude, la « nouveauté » est bien pratique pour ne rien changer à ce système de merde. Les autorités-VRP quant à elles n’hésitent pas à justifier cette débauche de pognon public, pour le plus grand bonheur d’industriels esclavagistes, en recourant aux arguments du handicap ou du décrochage scolaire, avec un cynisme assez effarant.
Des brochures académiques en font une véritable apologie, confinant à la publicité forcenée. Des rapports ministériels confinent quant à eux à une quasi-étude de marché…
On parle ainsi de « mobilité », de « rapidité ». Bref, tous les critères du productivisme capitaliste appliqués à l’école. Pas grave si des élèves de 11 ans sont ainsi exposés à une « addiction » suscitée par l’utilisation de ces bidules, et qui touche même leur prof, quitte à oublier de manger, comme le suggère le premier article…
Comme pour nombre de « technologies de l’information et de la communication » (TIC) appliquées à l’éducation (TICE), on commence par « expérimenter » sur des classes « volontaires », puis on généralise… comme par exemple en obligeant les profs à ficher les mômes sur des fichiers numériques, ou à remplir des cahiers de textes numériques pour mieux être fliqués. Hélas trop peu de syndicats enseignants s’inquiètent du fait que l’Education Nationale soit un outil de contrôle social, en même temps que de propagande éhontée de l’Etat pour aider les capitalistes à écouler massivement des marchandises de haute technologie et imposer aux esprits leur utilisation.
Si l’on voulait vraiment « éduquer » les élèves, on pourrait tout de même rappeler que ces joujous, qui coûtent les yeux de la tête, sont dans l’immense majorité fabriqués dans des pays où les conditions de travail sont épouvantables. Qu’ils utilisent des matériaux rares dont l’extraction a lieu dans des conditions non moins horribles. Pour exemple, le conflit du Kivu en RDC, le plus meurtrier de la planète depuis la seconde guerre mondiale, puisqu’il a fait six millions de morts depuis plus de quinze ans, tourne autour de l’extraction du coltan, entrant dans la composition de la plupart des gadgets numériques.
S’éduquer ne commence pas par devenir « accro » et dépendant à une béquille technologique, mais au contraire à s’émanciper de toutes les velléités de sujétion de l’individu. A commencer par le projet d’un meilleur des mondes à la Big Brother ! Pas besoin d’écrans tactiles pour trouver soi-même et avec les autres les savoirs et connaissances, les partager, les discuter, nous les approprier, pour nous approprier vraiment nos vies. On souhaite aux élèves et aux professeurs bloqués sur les écrans du mirage capitaliste de lever les yeux vers les autres, et de foutre un bon coup de pied au cul à tous les éducastrateurs hiérarchiques, et un bon coup de sabot dans tous les projets technologiques de contrôle social.
Poitiers – Des tablettes pour étudier
Une classe de 6 e du collège Ronsard va expérimenter l’utilisation de la tablette numérique tactile dans le cadre scolaire. Elle leur a été remise, hier.
Les 21 élèves de la classe de sixième B du collège Ronsard, aux Trois-Cités, risquent susciter des jalousies. Depuis hier, ils sont en possession d’une tablette numérique tactile (*) .
En un tour de doigt, ils découvrent – par exemple – les différentes étapes de la construction de Paris à travers les siècles, en trois dimensions. Cet outil qui risque détrôner l’ordinateur portable est destiné à l’enseignement, pas aux jeux. Ceux-ci ont été « bloqués ».
Pour l’instant, la tablette reste au collège
Ces petites « merveilles » technologiques leur ont été remises très officiellement, mardi. « Je ne sais pas s’ils se rendent compte de ce qui leur arrive ce matin, » commentait la principale Annie Arsicot après avoir rappelé que le collège est intégré dans le Réseau de réussite scolaire. Henri Colin, vice-président du conseil général en charge de l’Éducation, déclarait aux enfants qu’ils avaient eu la chance d’être choisis car leurs enseignants se sont portés volontaires pour cette expérimentation qui doit révéler les aspects positifs et négatifs de son utilisation. Hier, les collégiens avaient du mal à décrocher leurs yeux et leurs doigts de l’écran quitte à rater le déjeuner. « Nous sommes perturbés, car c’est excitant. C’est une nouvelle expérience pour nous. C’est agréable et un peu plus amusant de travailler dessus. Nous sommes impatients d’étudier avec », s’enthousiasment Romane et Samira. Les enseignants ne boudent pas davantage leur plaisir. La prof de SVT avoue qu’elle est devenue « accroc ». Elle a plein d’idées pour mettre en mouvement ses cours. Mais s’attachera « à les faire réfléchir sur l’aspect addictif de cet outil et sa place dans notre quotidien ». Le prof de français les plongera dans les dictionnaires en ligne « pour utiliser le mot juste ». Ils échangeront également sur le thème de la lecture, avec les élèves d’une classe de CM2, de l’école Tony-Lainé, qui expérimentent la tablette depuis octobre. Même les parents semblent subjugués. Mais pour l’instant, les tablettes restent au collège.
(*) Cette expérimentation est également conduite au collège de Saint-Gervais-Les-Trois-Clochers.
Marie-Catherine Bernard, Nouvelle République, 16 janvier 2013
Civray – Des voeux de succès pour les lycéens
Que peut-on souhaiter à un établissement scolaire ? C’est qu’il fasse réussir tous ses élèves. C’est ainsi que le proviseur, Pascal Maillou, a démarré son discours lors de la cérémonie des vœux organisée au lycée André-Theuriet en présence de la communauté éducative et de personnalités locales.
Il a souhaité aux 66 personnes travaillant dans l’établissement de s’épanouir au mieux sur leur lieu de travail et aux partenaires du lycée la poursuite de la collaboration dans l’intérêt du territoire. « Je souhaite que notre établissement devienne un établissement de référence en Poitou-Charentes. » Il a cité le projet en partenariat avec le lycée du Futuroscope concernant le travail sur tablettes numériques. […]
Nouvelle République, 16 janvier 2013