[Poitiers] Le long combat d’Amandine contre le viol au Guatemala

Le long combat d’Amandine contre le viol au Guatemala

Volontaire du Haut-Commissariat pour les réfugiés, Amandine Fulchiron défend la cause des femmes depuis quinze ans en Amérique Centrale.

Le Guatemala est un petit pays d’Amérique centrale au sud du Mexique, gouverné par le général Otto Pérez Molina. Un pays de 15 millions d’habitants qui comptabilise 17 homicides quotidiens et un taux de crimes violents comptant parmi les plus élevés du monde, pour la plupart liés au trafic de stupéfiants. Un pays qui sort lentement de pratiquement quatre décennies de guérilla.

 » Les femmes commencent à parler « 

Près de la moitié des habitants sont d’ascendance Maya, une population qui a subi un effroyable génocide. C’est là que travaille la jeune Poitevine Amandine Fulchiron qui a raconté sa vie au Guatemala lors d’un passage à Poitiers. Elle consacre tout son temps et toute son énergie à défendre le droit des femmes et faire reconnaître le viol comme un crime au sein du collectif Actoras decambio (Actrice du changement) qu’elle a créé. « Les femmes violées sont rejetées par leur communauté ». Amandine Fulchiron met en place tout un processus dans cette société afin que le viol soit reconnu comme un crime et que les agresseurs portent la honte sociale de ces crimes. Et non pas les femmes. « C’est tout un travail émotionnel pour se libérer de la terreur». Aujourd’hui, les victimes commencent à parler. « Au début, elles ne se regardaient même pas dans les yeux. Maintenant, elles sont à l’initiative d’actions de prévention dans leurs villages et peuvent s’exprimer au micro ». Amandine est entourée d’une équipe de treize membres: des femmes métis, des mayas, de cultures différentes. Hélas pour Amandine Fulchiron « Aucun système de justice ne fonctionne dans le pays  et les hommes sont au mieux indifférents ». Dans les campagnes, c’est encore l’homme qui est vu comme l’unique chef de famille, bien que les femmes travaillent également aux champs. « Les parents n’envoient pas leurs filles à l’école car leur place est aux côtés de leurs mères  ». Durant de nombreuses années, l’association était menacée. Puis les hommes au pouvoir les ont laissé tranquilles. « Aujourd’hui, nous sommes sous contrôle ». Les enfants issus de ces viols sont encore un sujet tabou. Pour Amandine Fulchiron, le combat est loin d’être terminé.

L’association poitevine « Ange é là » apporte son soutien au collectif. Tél. 05.49.61.11.43.

Corr. NR, Claude Mazin, Nouvelle République, 19 janvier 2013