Hier samedi, pendant plus d’une heure, a eu lieu une manif contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, en soutien aux camarades de la ZAD (Zone à défendre) vivant sur place en projet d’autonomie, et ciblés par une répression féroce depuis plusieurs semaines sous l’égide du gouvernement PS. Cette manif avait été décidée la veille, lors d’une soirée projection-débat proposée par le comité poitevin contre le projet d’aéroport. La manif s’inscrivait dans le cadre d’un week-end (inter)national d’actions de soutien.
Le rassemblement était prévu devant le local du PS (situé rue du mouton, ça ne s’invente pas). Pas mal de pluie, mais une trentaine de personnes étaient présentes, avec pancartes et banderoles aussi hétéroclites que sympathiques. Des flics étant aussi présents devant la grille baissée du siège du parti « socialiste », les manifestant-e-s n’ont pas pu s’approcher du lieu de rendez-vous. L’un des flics, sur les ordres de sa hiérarchie « qui donne des ordres bien au chaud », est venu demander s’il y avait un responsable. N’en trouvant aucun, il a commencé à discuter avec les gens rassemblés, évoquant son ras-le-bol, sa sympathie personnelle pour le mouvement et sa position personnelle sur le projet d’aéroport. Pas mal de gens l’ont questionné sur le pourquoi de son obéissance aux ordres, et le flic n’en menait pas bien large, l’argument ultime étant (une fois de plus) qu’il « faut bien manger ». Des manifestant-e-s n’ont pas manqué de lui dire que ce que les zadistes avaient aussi comme projet était précisément de s’organiser dans la solidarité pour vivre autrement que suspendu à un salaire. Un flic consterné, suivi par ses collègues à l’air pas non plus très folichon, et des manifestant-e-s pleins de pêche, tableau saisissant de deux logiques et de deux mondes. Reste que les flics étaient armés, « avec des grenades et des lacrymos dans la bagnole », et que les manifestant-e-s n’étaient armés que de leur joie et de leurs mots.
Le cortège s’est ensuite égayé vers le centre-ville, en déployant deux banderoles sur la largeur des petites rues. Hormis les classiques « Vinci dégage, résistance et sabotage », « des tritons, pas du béton », les manifestant-e-s se sont amusé-e-s à inventer des slogans fleuris. Florilège : « des légumes, pas du bitume », « Des tomates, pas des matraques », « des légumineuses, pas des pelleteuses », « des poireaux, pas des lacrymos », « des carottes, pas des menottes », « des papillons, pas des avions », « on veut du sexe, pas des serflex » ! Bref, une bonne poilade malgré la pluie battante et les piteuses caméras des flics.
De nombreuses personnes ont pris des tracts. Du coup le cortège a tourné deux fois en centre-ville. En passant par le triste désert social de la place d’armes devant l’hôtel de ville, aussi morne et aussi morte que d’habitude avec ses passant-e-s qui passent, autre symbole des méfaits de cet autre cocktail Vinci-PS qu’est le dispositif « Coeur d’Agglo » dans la métropole pictave, on a aussi pu entendre : « on veut des ZAD, pas des places d’armes ».
Occupons la campagne, occupons la ville, occupons nos vies ! La ZAD est partout !
Pavillon Noir, 20 janvier 2013