NdPN : ça y est c’est fait. Le lieu emblématique du Théâtre, ce cinéma bien connu d’art et d’essai place d’armes, disparaît. Il sera en partie privatisé, en « partenariat public-privé », pour accueillir… des commerces. Les commerçants et la droite se réjouissent. Avec l’autre salle en difficulté, celle du Dietrich, Poitiers s’enfonce dans le désert cinématographique. Blockbusters partout, cinéma nulle part… Encore une belle facette du rouleau-compresseur marchand nommé Coeur d’agglo. Merci le maire, merci le parti « socialiste ».
La Ville vendra une partie de l’ancien théâtre
Les élus ont acté la cession à un opérateur privé pour qu’il y réalise des commerces. La Ville conservera “ un espace culturel dédié aux arts plastiques ”.
L’information aurait dû être donnée ce jeudi soir lors de la réunion de 20 h au centre de conférences de la gare. Réunion à laquelle sont conviés les conseils et comités de quartier de toute la ville. Mais un grain de sable s’est glissé : les Verts ont annoncé hier qu’ils s’étaient opposés à la vente du théâtre lundi en commission des finances (NR d’hier). Du coup, Alain Claeys, actuellement à Paris, a demandé à cinq élus de la majorité de faire le point avec la presse dès hier soir. Jean-Marie Compte (patrimoine), Anne Gérard (culture), El Mustapha Belgsir (économie), Maurice Monange (Cœur d’agglo) et Georges Stupar (commerce) s’y sont employés. Le dernier en simple auditeur.
Après un rappel historique, ils ont confirmé ce que le maire ne cachait plus : le bâtiment de l’ancien théâtre sera mis en vente.
« Nous resterons copropriétaires »
Explication : « la Ville n’a plus les moyens de l’entretenir », a dit Maurice Monange. La vente, toutefois, ne portera pas sur la totalité du bâtiment. « Nous resterons copropriétaires », a ajouté El Mustapha Belgsir. Anne Gérard a précisé que la partie qui resterait municipale accueillerait « un espace culturel dédié aux arts plastiques. » Un cahier des charges sera rédigé d’ici l’été pour préciser aux candidats à l’acquisition les conditions que la Ville met à la vente. Ces conditions portent tout particulièrement sur le respect des prescriptions architecturales émises par l’Architecte des bâtiments de France. L’architecte les a transmises à la Ville le 5 décembre. Le projet a été présenté aux adjoints le 10 décembre en bureau municipal qui réunit toutes les composantes de la majorité, élus verts compris. Celui-ci a validé à l’unanimité la préservation du bâtiment, des miroirs et des verreries, l’implantation de surfaces commerciales, la création d’une salle publique d’exposition d’arts plastiques et la constitution d’un comité de pilotage. Lundi, une commission générale a acté les orientations définies le 10 décembre. Mais cette fois-ci les élus écologistes ont voté contre. Ce qui n’empêchera pas le projet d’être lancé… et avec lui, la campagne des municipales.
le billet
Municipales : c’est parti
Après avoir présenté les préconisations de l’Architecte des bâtiments de France, les élus qui participaient hier à la conférence de presse ont dit – avec véhémence – leur étonnement face aux déclarations de leurs « amis » écologistes. « Oui, il y a une concertation. Mais la concertation ne consiste pas à arriver devant la population avec une page blanche. Nous avons défini un cadre. Maintenant, nous allons écouter les Poitevins. » Parmi ces Poitevins : les élus d’EELV. Hier soir, leurs oreilles ont sifflé. Une maison des associations comme les Verts le demandent ? « Il y a plus de 600 associations sur Poitiers. On ne comprendrait pas qu’elles aient toutes leur siège social place Leclerc. » Une salle pour des artistes locaux ? « Tous les quartiers en disposent ; on ne va pas les en priver ». Un lieu de partage de savoirs sur le vélo ? « C’est risible ! » Avec de tels échanges, combien de temps va encore tenir l’actuelle majorité ?
Jean-Jacques Boissonneau, Nouvelle République, 7 février 2013
« Je regrette que le projet de cinéma qui avait été imaginé dans l’ancien théâtre n’ait pas vu le jour, relève Denis Garnier, ancien directeur de la Scène nationale de 1992 à 2012. Il est dommage qu’un lieu culturel emblématique comme celui du théâtre disparaisse, même si on conserve son caractère architectural. J’espère maintenant que le cinéma se maintienne dans son nouveau lieu. »
« Je suis très déçu par le projet municipal. » Nicolas Hay, le président de Poitiers Jeunes, qui avait suggéré de faire de l’ancien théâtre un lieu associatif largement ouvert sur la jeunesse et la création, ne cache pas son indignation. « Et en plus, nous ne sommes même pas invités à la réunion de ce jeudi soir. A chaque fois que nous faisons des propositions, nous sommes renvoyés dans nos 22. C’est très frustrant. »
« Le maire va faire ce que nous avons suggéré, c’est parfait, se félicite Claude Lafond, le président des commerçants du centre-ville. L’ancien théâtre est un lieu idéal pour le commerce. Je ne pense pas que les projets d’animation mis en avant par les écologistes drainent plus de dix personnes. Je ne vois pas autre chose que le commerce pour faire venir du monde dans le centre de Poitiers. »
« La vente de l’ancien théâtre est une sage décision, indique le porte-parole de l’UMP au conseil municipal. La ville n’a plus les moyens d’entretenir ni de rénover le bâtiment. Une forme de partenariat public-privé me paraît plutôt bien. C’est la deuxième fois, après le Parc des expositions, que le maire fait le choix d’une privatisation. Maintenant, il faudra voir la cohérence des futurs commerces avec ceux qui sont annoncés au Printemps. »
Nouvelle République, 7 février 2013