Sainte alliance et chiffon de papier
« Pensez-vous qu’on puisse légitimement justifier les violences faites aux femmes au nom des coutumes, des traditions ou de considérations religieuses ? »
Aussi surprenant que cela puisse paraître en ce début de vingt et unième siècle, cette invraisemblable question, à laquelle tout individu doté d’un minimum d’humanité répondrait au quart de seconde par la négative, a fait l’objet d’un âpre débat au sein de la commission de l’ONU sur le statut des femmes.
Apre débat, en effet, car il n’aura pas fallu moins de deux semaines – deux semaines ! – pour vaincre la sainte alliance d’abord opposée, avant de céder, à cette affirmation que rien ne peut légitimer ces violences.
Nombre de pays où l’islam demeure religion d’Etat ont eu bien sûr le plus grand mal à se rallier au texte proposé par cette commission, les Frères musulmans de l’Egypte « révolutionnée » allant même jusqu’à déclarer que des articles de ce genre « conduiraient à une déchéance totale de la société ». Il est néanmoins intéressant d’apprendre, à l’heure où le « progressisme » attendu de l’Eglise catholique interroge, que ces pays ont pu compter dans ce débat sur le soutien d’un allié de poids, le Vatican, tandis que se joignaient à cette ineffable front rétrograde les représentants de la Russie de Poutine le couillu.
Si l’on peut évidemment se réjouir à première vue de voir une organisation internationale de cette importance condamner la violence faite aux femmes partout dans le monde, il est toutefois permis de craindre qu’une fois encore cette résolution ne soit, compte tenu des réticences qu’elle a fait naître et de l’absence de mesures concrètes pour la rendre efficiente, qu’un chiffon de papier supplémentaire, à court, moyen et long terme.
Il y a longtemps, par exemple, qu’à travers l’UNICEF ou par le biais de diverses commissions l’ONU a condamné le travail des enfants. Aujourd’hui, d’après l’OIT, il serait 218 petits millions de par le monde à travailler…
Blog de Floréal, 18 mars 2013