Des particules cancérigènes dans l’eau du robinet
Un inventaire est en cours dans la Vienne pour identifier les canalisations en PVC fabriquées avant 1980 à l’origine de la présence de chlorure de vinyle.
Le président du Syndicat intercommunal de la Gartempe en eau potable (SIGEP) ne craint pas de faire le parallèle avec l’amiante. « Ça fait trente ans qu’on boit de l’eau du robinet qui passe dans ces tuyaux et tout à coup on découvre qu’il y a un risque », déplore Roger Tarteau.
Des particules cancérigènes de chlorure de vinyle monomère qui se détachent de certaines canalisations en PVC, fabriquées avant 1980, représentent en effet une menace pour la santé publique. Suffisamment sérieuse pour que l’Agence régionale de santé (ARS) demande à toutes les structures de distribution de l’eau du département de procéder à l’inventaire de leur réseau, avant l’automne prochain, pour identifier la présence de ces canalisations potentiellement dangereuses.
Le risque est plus élevé dans les zones rurales
Le SIGEP des communes de Lathus, Plaisance, Moulismes, Adriers et Saulgé n’a pas perdu de temps : « Sur 280 km de conduites, 110 km peuvent poser problème », précise son président. Seuls sont concernés certains tuyaux fabriqués avant 1980 : « Ceux dont les unités de production ne disposaient pas de système d’extraction de l’air », explique Jean-Claude Parnaudeau qui suit le dossier à la Direction de la santé publique en Poitou-Charentes. « C’est comme ça que le chlorure de vinyle a été identifié comme cancérigène à l’époque puisque des ouvriers de ces usines ont développé une forme très rare de cancer du foie, l’angiosarcome hépatique… » Cette maladie toucherait toujours une dizaine de personnes en France chaque année, selon l’ARS. Le risque est plus élevé en zone rurale où les canalisations en PVC ont été posées entre 1960 et 1980 que dans les villes où les réseaux plus anciens sont constitués en grande partie de conduites en fonte. « Ce risque existe surtout dans des sections longues où le débit est très faible, ajoute le spécialiste de l’Agence régionale de santé. Des concentrations anormalement élevées de chlorure de vinyle ont été constatées dans certains départements et ont conduit le ministère a procédé à un recensement au niveau national. »
Principe de précaution
Au Siveer, le principal réseau de distribution de la Vienne, les 5.600 km de conduites sont actuellement auscultés. « C’est un très gros travail, admet le directeur des territoires, Jean-François Demousseau. Après, il s’agira d’identifier les canalisations à changer le cas échéant… » Le travail pourrait là aussi être colossal. Et surtout très coûteux. « On va cibler les recherches en 2014 avant d’envisager le remplacement systématique ; la purge peut aussi représenter une solution, ajoute Jean-Claude Parnaudeau. Ce qui est terrible, c’est que l’on est incapable de faire une évaluation épidémiologique précise. Le danger est potentiel. » Si les autorités décident d’interdire ces canalisations en PVC à l’issue du recensement, ce sera donc sur la base du désormais sacro-saint principe de précaution.
Baptiste Bize, Nouvelle République, 2 avril 2013