[Poitiers] LaSer contact, non mais allô quoi

Débrayage chez LaSer Contact

Le syndicat CGT de la société LaSer Contact a appelé à un débrayage spontané, ce mercredi, pour protester contre la mise à pied d’une salariée ayant refusé de gagner le poste où elle avait été mutée. La plateforme téléphonique, qui emploie actuellement 1.200 personnes (dont 800 sur la technopole du Futuroscope), souffre de la défection de plusieurs gros clients et doit se réorganiser.

Dépêche Nouvelle République, 3 avril 2013

La tension monte d’un cran chez LaSer Contact

Avec 800 salariés sur le site du Futuroscope, LaSer Contact est le plus gros employeur privé de la Vienne. – (Photo Patrick Lavaud)

La CGT appelait hier à un débrayage spontané pour protester contre la mise à pied d’une salariée, dans un contexte de forte inquiétude.

Début novembre, la nouvelle tombe comme un coup de massue sur le site LaSer Contact du Futuroscope : Orange, l’un des plus gros clients de l’entreprise, récemment rachetée (en juin) par le groupe Armatis, vient de décider de réduire la voilure. Plusieurs contrats avec des prestataires extérieurs en matière de télémarketing, d’assistance à distance… ne seront pas renouvelés.

Délocalisation

Parmi les entreprises victimes de ce retrait, figure LaSer Contact, dont un site internet spécialisé annonce même à l’époque que l’avenir est compromis. En réalité, la direction annonce aux salariés que, pour éviter un plan social, elle se propose de redéployer les effectifs au sein du site poitevin, qui emploie actuellement 1.200 personnes. Une mesure d’autant plus nécessaire que d’autres gros clients, selon le syndicat CGT de l’entreprise, ont fait défection : Bouygues Télécom a décidé de délocaliser au Portugal et Voyages SNCF.com a signé avec un concurrent de LaSer Contact. Au total, ce sont environ 150 employés qui doivent être reclassés.

Des craintes pour le label responsabilité sociale

Or, explique la CGT, les choses se passent plutôt mal : pas de concertation, pas de formation adaptée, pas de prise en considération de l’ancienneté des personnels concernés, déplore le syndicat, qui appelle à la mobilisation, le 9 avril, à l’occasion du mouvement national contre l’accord national interprofessionnel (ANI) : « Avec l’ANI, notre direction pourra très bien prendre prétexte du départ d’un client pour nous muter à l’autre bout de la France », proteste Julien Hémon, l’un des responsables de la CGT chez LaSer Contact. Le syndicat accuse la direction de jouer sur le fort contingent de Contrats à durée déterminée dont elle dispose : ceux-ci, dit-il, ne sont pas renouvelés, et remplacés par des CDI faisant l’objet d’une mutation.

Débrayage

La pression qu’on sentait monter n’a pas résisté jusqu’au 9 avril : hier, la CGT a appelé à un débrayage spontané pour protester contre la mise à pied d’une salariée ayant refusé de gagner le poste où elle avait été mutée. Face à ces événements, la direction agite, toujours selon la CGT, la menace de la perte de son label « responsabilité sociale », véritable sésame pour obtenir les marchés de grands donneurs d’ordre, sésame sans lequel l’avenir de l’entreprise serait effectivement compromis. C’est ainsi que la crainte de perdre ce label a conduit récemment, au gand désarroi de la CGT, le comité d’entreprise à accepter de retirer la plainte pour délit d’entrave qu’elle avait déposé contre le directeur après la cession de LaSer Contact à Armatis.

Invitée dès hier matin à présenter par écrit son point de vue sur ce conflit, la direction de LaSer Contact ne nous avait rien fait parvenir hier soir.

le chiffre

2.800

C’est approximativement, le nombre de salariés travaillant pour un centre d’appel sur le technopôle du Futuroscope, soit plus d’un emploi sur quatre du site, qui en compte environ 10.000. Hormis LaSer Contact, les principaux acteurs du secteur des centres d’appel, qui s’est considérablement développé ces dernières années, en dépit de quelques fermetures, sont Aquitel, Carglass, Chronopost, Groupama… Si le développement des centres d’appel à Poitiers constitue une incontestable bouffée d’oxygène pour l’emploi, la concurrence des pays émergents plus ou moins francophones est croissante.

Vincent Buche, Nouvelle République, 4 avril 2013