[Poitiers] Après Foucault, Debord ?

Les institutions, à travers le TAP organisant le festival « A corps », n’ont décidément peur de rien : voici qu’elles nous proposent de reprendre le concept de dérive de Debord, avec un spectacle nommé « Walk in the city« . Le machin consistera en une promenade à Poitiers, du 6 au 8 avril prochain… sous les instructions « d’artistes » données dans un casque ! Défense de rire…

On est aux antipodes de la proposition subversive de Debord (le critique de « La société du spectacle« , justement), de dérive comme libre réappropriation de l’espace réellement vécu :

« Ainsi, quelques plaisanteries d’un goût dit douteux, que j’ai toujours vivement appréciées dans mon entourage, comme par exemple s’introduire nuitamment dans les étages des maisons en démolition, parcourir sans arrêt Paris en auto-stop pendant une grève des transports, sous le prétexte d’aggraver la confusion en se faisant conduire n’importe où, errer dans ceux des souterrains des catacombes qui sont interdits au public, relèveraient d’un sentiment plus général qui ne serait autre que le sentiment de la dérive. » (Guy-Ernest Debord, in Les Lèvres nues n° 9, décembre 1956 et Internationale Situationniste n° 2, décembre 1958).

Après la récupération de Foucault (voir notre article ici), voici donc celle de Debord (à laquelle on assiste aussi à la BNF de Paris). Et si nous nous réappropriions le vrai discours de Debord ? Pas certain que les institutions poitevines, qui répriment depuis quelque temps le moindre « rassemblement illégal », apprécieraient nos « plaisanteries d’un goût douteux« …

Juanito, Pavillon Noir, 3 avril 2013