[86] Center Parcs : opération juteuse… pour qui et sur le dos de qui ?

Center Parcs : le projet est désormais irréversible

Claude Bertaud, le président du conseil général de la Vienne, a signé ce matin les contrat avec les banques et le le groupe Pierre&Vacances pour le financement et la location-vente des équipements collectifs du futur Center Parcs (dont l’espace aquatique, vitirine emblématique de ces villages vacances), pour un montant de 138M€ (dont 68M€ d’emprunts). Le partenariat est désormais irréversible et les acteurs du projet n’ont eu de cesse de se féliciter au cours de la signature officielle. Une seule ombre à ce tableau idyllique : comment concrétiser en espèces sonnantes et trébuchantes la promesse de participation de l’État faite par Nicolas Sarkozy en novembre 2011 et toujours pas finalisée ?

Dépêche Nouvelle République, 15 mai 2013

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La palme touristique est attribuée à Center Parcs

C’est signé. Les collectivités vont engager 138 M€ pour construire les équipements collectifs du futur Center Parcs. Toutes s’en félicitent.

Il ne manquait que le tapis rouge sur les marches du conseil général, hier matin, pour se croire au Festival de Cannes. Comme s’ils avaient décroché la palme, les acteurs du projet de village vacances Center Parcs n’ont pas cessé de s’envoyer des remerciements au moment de signer les deux contrats qui scellent le sort du projet : celui du financement bancaire et celui de la vente par anticipation des équipements collectifs.

> Qui paye quoi ? C’est le nœud du dossier, qui a nécessité 33 mois de négociations. Côté privé, le groupe Pierre & Vacances finance tout seul la construction des 800 cottages que comptera le village vacances, « pour 200 à 220M€ », explique le président du groupe, Gérard Brémond. Côté public, la société anonyme (SAEML) montée par les collectivités locales, le conseil général en tête et en majorité, suivi par la Région et la Caisse des dépôts, va financer la construction des équipements collectifs, dont l’espace aquatique, fleuron du projet, pour un total de 138 m€. Un groupe de huit banques a été constitué pour accorder un prêt de 68M€ à la SAEML, dont 50 % sont garantis par le conseil général. La SAEML récupérera sa mise de fonds grâce au loyer. > Combien ça coûte au contribuable ? « Rien du tout, assure Claude Bertaud. L’essentiel de notre participation provient de la vente des parts du Futuroscope. » L’opposition, si elle soutient le projet, est un peu plus réservée sur ce point. « On devait s’engager pour 20M, finalement ça sera près de 50, note le socialiste Jean-Daniel Blusseau. Les conséquences pour les finances du Département d’ici cinq ans ne sont pas claires, même si le président a déclaré que pas un centime de plus ne serait dépensé dans ce dossier. » > Ça rapporte quoi ? Un projet à plus de 300M€, c’est évidemment une aubaine pour les entreprises locales qui se sont constituées en groupements pour accéder au marché. C’est aussi une promesse de 600 emplois directs dans le village, dont 85 % d’embauche locale. En période de chômage record, c’est la carotte après laquelle tous les politiques courent. Attention, toutefois, à ne pas financer n’importe quel recrutement. « L’État sera très attentif à ce qu’un maximum de ces emplois soit à temps plein », a prévenu la préfète.

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Qui va tenir la promesse de Sarkozy ?

Une ombre au tableau idyllique dressé par les protagonistes du projet de Center Parcs : comment concrétiser la promesse faite en novembre 2011 (en pleine période électorale) par l’ancien président de la République selon laquelle l’État apportera 15M€ ? A quel titre, sur quel budget, dans quel ministère ? La préfète, Élisabeth Borne, a bien rappelé que l’État s’est engagé et le restera pour que le projet soit mené à son terme. Mais en se gardant bien dire où sera prélevée cette somme et en invitant les partenaires, Pierre & Vacances, la Caisse des dépôts, la Région, le Département, etc., à trouver quels leviers pourraient être utilisés. A vot’bon cœur messieurs dames ?

la phrase

« Hier soir, en lisant le livre de Madame Royal sur le courage, je me suis dit que Claude Bertaud aurait mérité qu’elle lui consacrât un chapitre. ».

Le sénateur Jean-Pierre Raffarin a évidemment soulevé les rires de son auditoire, en saluant ainsi l’activité du président du conseil général en faveur du dossier du Center Parcs, hier matin, à l’occasion de la signature officielle des contrats avec les banques et avec l’entreprise Pierre & Vacances.

Philippe Bonnet, Nouvelle République, 16 mai 2013