Le chômage frappe de plus en plus fort dans le Poitou-Charentes

NdPN : La Nouvelle République fait aujourd’hui un point alarmant (et alarmiste) sur les emplois en Poitou-Charentes, en berne. En relayant cet article, nous ne déplorons pas la chute du nombre d’emplois en elle-même : nous sommes partisan-e-s de la fin de l’esclavage salarial ; nous ne voulons plus engraisser des patrons en nous faisant racketter, ni participer à la machinerie de destruction des liens sociaux et de destruction écologique qui est au coeur de la logique capitaliste. Nous déplorons plutôt les effets de cette situation qui nous est imposée par le pouvoir économique et politique, en termes de conditions de vie. Le chômage, aussi bien que le travail salarié, sont des armes redoutable au services des exploiteurs pour briser nos vies : les autorités conditionnent en effet notre droit à vivre, au chantage odieux du travail consistant à trimer comme des esclaves dans des tafs de merde, et nous contraignent à les implorer de nous donner des « emplois » quand nous en sommes privés. Dans les deux cas, on subit, avec le couteau sous la gorge : obéis ou crève de faim. Nous sommes en colère face à cette organisation autoritaire et cynique de la société, contraignant tant de gens parmi nous à des conditions de vie de plus en plus éprouvantes voire misérables, pour le seul profit éhonté de quelques-uns. Et en disant merci s’il-vous-plaît ! Nous sommes aussi en colère face à ces bureaucraties syndicales, biberonnées de subventions, qui pour maintenir leur caste méprisable, ne font qu’implorer plus d’emplois et négocient des ANI et autres collaborations répugnantes, pour participer à nous plonger toujours plus dans l’aliénation et la soumission. Face à cette situation consternante, l’alternative n’est pas de bosser ou de pas bosser, mais de nous organiser pour ne plus avoir à subir, ni l’esclavage salarié ni la misère. A savoir, pourvoir ici et maintenant à nos besoins en partageant et en nous entraidant, salarié-e-s ou non, et en reprenant l’offensive contre ce système d’oppression généralisée, prêt-e-s à rendre coup pour coup !

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Le Poitou-Charentes dans le rouge

A l’exception de l’agriculture, du ferroviaire et du tourisme, tous les indicateurs économiques régionaux sont dans le rouge selon l’Insee.

Didier Blaizeau, le directeur régional de l’Insee, s’en excuserait presque : « Nous n’allons rien vous apprendre que vous ne sachiez déjà. » L’Institut de la statistique présentait hier à Poitiers le bilan économique de l’année 2012. Et effectivement, il n’y a pas de surprise : il est catastrophique. Jamais depuis la guerre, la région (comme d’ailleurs la France entière) n’avait connu une succession de trimestres (six) à croissance nulle, voire négative.

Quatre domaines, pas un de plus, échappent à la sinistrose : la production céréalière, grâce à une récolte et des prix exceptionnels qu’on ne reverra pas cette année ; les exportations de cognac ; l’industrie ferroviaire, dopée par les résultats d’Alstom à l’export ; et le tourisme, qui maintient ses positions, ce qui n’est pas si mal dans le contexte ambiant.

En 2012, la région a perdu 2.150 emplois

Tous les autres indicateurs sont « dans le rouge ». En un an, le secteur marchand non agricole a perdu 2.150 emplois dans la région. La Charente et la Charente-Maritime s’en sortent plutôt moins mal en perdant respectivement 0,1 % et 0,6 % de leurs emplois. A lui seul, l’intérim, qui s’effondre depuis la mi-2011 (-5,4 % en un an), explique 800 de ces pertes d’emplois salariés. Après avoir été, jusqu’à la crise de 2008 le gros pourvoyeur de travail en Poitou-Charentes, la construction a perdu tout ce qu’elle avait gagné. Et la baisse des permis de construire accordés (sauf en Charente-Maritime, grâce aux immeubles collectifs) ne laisse pas présager un retournement de situation. Autre signe de la dégradation considérable du contexte économique : le nombre de créations d’entreprises a baissé de 20 % dans la région. Poitou-Charentes avait la réputation d’être la région de France où on créait le plus de PME et de TPE : elle détient aujourd’hui le triste record des baisses de création. Si la Charente limite la casse (-7 %), la Charente-Maritime fait exploser les compteurs : -28 % ! Certes, les créations d’autoentreprises viennent compenser en nombre le manque de créations « classiques ». Mais on sait désormais que l’envolée du nombre d’autoentrepreneurs est tout sauf un signe de santé économique. Telle sœur Anne dans son donjon, les observateurs de l’économie picto-charentaise scrutent l’horizon en quête d’un bien improbable signe de reprise : « Si l’intérim redémarre, ce sera un signe avant-coureur », prévient sans grande conviction Didier Blaizeau.

Vincent Buche, Nouvelle République, 28 mai 2013