[Bar-le-Duc] Enfouissements des déchets nucléaires à Bure : débat bordélisé, débat annulé !

NdPN : loin des appels au débat du parti Europe-Ecologie-Les-Verts, qui tentent de rafistoler la vieille lune de la participation démocratique pour préserver leur créneau politicard, les opposant-e-s présent-e-s à la réunion publique ont compris qu’il n’y avait rien à débattre, et que seul le rapport de forces compte. Réunion annulée ! Le nucléaire ne s’aménage pas, le nucléaire ne se débat pas. Voilà de quoi donner des idées pour lutter contre d’autres projets mortifères.

Le débat sur le stockage des déchets nucléaires à Bure de nouveau empêché

« Dégage ! » « Référendum ! »… Les opposants au projet de site de stockage de déchets radioactifs envisagé à Bure (Meuse) ont à nouveau empêché la tenue d’un débat public qui devait avoir lieu lundi 17 juin à Bar-le-Duc. Le premier débat, le 23 mai, avait connu un sort similaire.

La réunion a été interrompue au bout d’une demi-heure, après que les opposants ont empêché la prise de parole d’une élue EELV du conseil régional de Champagne-Ardenne, Patricia Andriot, pourtant elle-même hostile au projet.

« Je pense qu’empêcher le débat est contre-productif. Je comprends qu’il y ait des gens exaspérés, mais le débat, c’est la démocratie, et il faut que l’on puisse s’exprimer en tant qu’opposant », a estimé Mme Andriot après avoir quitté la salle sous les huées. Debout, les opposants ont rendu inaudible son intervention.

« LE BORDEL (…) TANT QUE NOUS N’AURONS PAS DE RÉFÉRENDUM »

La réunion de lundi avait commencé par une prise de parole de Jean-Luc Bozon, un élu de la Haute-Marne, département voisin du Centre industriel de stockage géologique (Cigéo), qui a remis une pétition réclamant un référendum.

« Vous aurez le bordel dans toutes vos réunions tant que nous n’aurons pas de référendum », a-t-il lancé, dénonçant « des technocrates parisiens qui vont faire crever la Meuse et la Haute-Marne », sous les applaudissement nourris d’une bonne moitié des quelque 300 participants.

Dans le laboratoire de recherche souterrain de Bure, à la frontière de la Meuse et de la Haute-Marne, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) évalue les propriétés de confinement de l'argile à 500 m de profondeur.
Dans le laboratoire de recherche souterrain de Bure, à la frontière de la Meuse et de la Haute-Marne, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) évalue les propriétés de confinement de l’argile à 500 m de profondeur. | AFP/JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN 

« Y en a marre qu’on nous prenne pour des cons. Vous avez beau faire couler le pognon à flots dans les communes, plus personne ne croit à vos conneries », a-t-il poursuivi, en visant les organisateurs du débat.

« Y aura-t-il d’autres débats ? On va voir. On trouvera d’autres formes », a indiqué Jacques Archambault, vice-président de la Commission nationale du débat public (CNDP).

« TROUVER DES NOUVELLES FORMES DE DIALOGUE »

Lancé début mai sur Internet, le débat sur le Cigéo de Bure, que la loi impose puisque faisant partie des grands projets ayant un impact sur l’environnement et l’aménagement du territoire, doit normalement durer jusqu’à la mi-octobre.

Après le fiasco du premier débat à Bure même les organisateurs avaient indiqué qu’ils souhaitaient « trouver des formes nouvelles de dialogue avec la population, d’abord avec des petites réunions ultralocales, plutôt que des grand-messes telles que les réunions publiques peuvent apparaître ».

Ils avaient également promis « des moyens d’ordre public pour que les gens qui viennent perturber les réunions ne puissent pas le faire ». Aucun opposant n’a cependant été évacué par la force lundi à Bar-le-Duc. Un autre débat, programmé jeudi 20 juin à Nancy, n’est « pas annulé », ont affirmé les organisateurs.

Le site de Bure, qui abrite déjà un laboratoire test à 500 mètres sous terre, devrait accueillir le futur Centre de stockage devant voir le jour en 2025. Le Cigéo sera le seul site de ce type dans l’Hexagone, capable de stocker 100 000 mètres cubes de déchets radioactifs français de très longue durée à haute et moyenne activité. Il doit encore recevoir le feu vert de l’Autorité de sûreté nucléaire. « Nous ne considérons en aucun cas que le projet est acquis », répète la directrice du site.

Vu sur Le Monde.fr, 18 juin 2013