[86] Grands projets inutiles : une nouvelle autoroute dans la Vienne ?

NdPN : réaménagement de la RN 147 ou nouvelle autoroute : et si c’était un faux débat ? Jetons le bitume et de la « croissance économique » aux orties ! La question c’est l’arrêt du saccage social et environnemental, contre la course aux profits capitalistes, réalisés sur le racket de l’argent public par l’Etat, les régions et les conseils généraux.

Une nouvelle autoroute à l’étude au sud de Poitiers

Infographie Source : Association pour la route Centre Europe Atlantique

L’État accepte de financer une étude de faisabilité pour la construction d’une autoroute dans le cadre d’une concession entre Bressuire et La Souterraine.

Le gouvernement n’a donc pas enterré le projet de création d’une nouvelle autoroute entre Bressuire et La Souterraine pour compléter la mise à 2×2 voies de l’axe Nantes-Limoges dans le cadre de l’aménagement d’une Route Centre Europe Atlantique jusqu’en Bourgogne.

« J’ai demandé à mes services d’approfondir la question de la faisabilité d’une réalisation totale ou partielle de l’aménagement dans le cadre d’une concession », a annoncé le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, il y a dix jours, en réponse à une question du député PS des Deux-Sèvres, Jean Grellier.

 «  Le choix le plus pragmatique  »

En plus des 340.000 euros déjà disponibles pour le contournement de Parthenay, le gouvernement a décidé de mobiliser 500.000 euros cette année pour financer « les études préalables à l’enquête publique » et « arrêter un fuseau de passage de 300 mètres » pour l’ensemble du tracé. Le ministre reconnaît lui-même que la création de cette nouvelle infrastructure, même confiée au privé, ne serait « pas simple ». Il évoque notamment des « problèmes d’ordre financier, voire d’acceptabilité ». Dans la Vienne, le tracé envisagé emprunte en effet un axe entre Vivonne et Bellac (Haute-Vienne), via Lussac-les-Châteaux, où les riverains sont déjà confrontés au projet de création de la ligne ferroviaire à grande vitesse Poitiers-Limoges. « Je ne suis pas fan des autoroutes mais il faut reconnaître que c’est le choix le plus réaliste et le plus pragmatique », explique Jean Grellier en rappelant que l’État rencontre des difficultés pour financer directement les infrastructures de transports depuis la privatisation du réseau autoroutier. Le député du Bocage attend des études annoncées qu’elles permettent de comparer objectivement cette création d’une autoroute payante et l’aménagement de la nationale existante. Le ministre des Transports a fait savoir que leurs résultats seraient « disponibles dans les prochains mois ». […]

Baptiste Bize, Nouvelle République, 25 juin 2013

La Région ne veut pas payer pour la RN 147

Devant le Conseil économique social et environnemental régional (Ceser), la semaine dernière, la préfète a reconnu que le Poitou-Charentes était « en retard » en matière d’infrastructures de transports en ajoutant que cela pénalisait le développement économique. Le président de l’instance consultative régionale, Jean-Paul Moinard, n’en demandait pas tant ; ce jour-là, le Ceser affichait justement ses priorités pour les routes en insistant sur l’intérêt de l’aménagement de la RN 147 entre Poitiers et Limoges.

 » Position dogmatique « 

« Depuis quelques années, il se trouve que l’État paie tout seul pour les routes nationales alors qu’il y a des régions qui acceptent de participer au financement pour accélérer la modernisation de leur réseau routier ; ici, c’est non », explique le président du Ceser. À l’Assemblée nationale, le 13 juin dernier, le ministre des Transports l’a également déploré en précisant que l’absence de contractualisation avec les collectivités réduisait les « marges de manœuvre » du gouvernement en Poitou-Charentes. « Je ne saurais que trop vous inviter à être l’ambassadeur (du) cofinancement et à vous tourner vers les collectivités régionales et départementales pour que soit décidée une contractualisation », a ajouté Frédéric Cuvillier en s’adressant à Jean Grellier, député socialiste des Deux-Sèvres. « La position dogmatique du conseil régional est dramatique », estime Olivier Chartier, le chef de file de l’opposition de droite. « Quand nous serons la majorité régionale, nous proposerons un contrat de projets à l’État qui engagera les collectivités. C’est le seul moyen de financer la mise à 2×2 voies de la RN147. » Sollicité par téléphone, hier matin, le conseil régional n’a pas souhaité expliquer sa position.

en savoir plus

 » Pas favorable « 

Par la voix de son vice-président, Guillaume de Russé, le conseil général de la Vienne fait savoir qu’il n’est « pas favorable » au projet d’autoroute Bressuire-La Souterraine. « Cette option n’irrigue pas le territoire et pénalise nos concitoyens », explique-t-il en rappelant sa préférence pour une RN147 à 2×2 voies que le Département serait disposé à financer à hauteur de 10 %.

B. B., Nouvelle République, 25 juin 2013