NdPN : une grève illustrant d’une part la solidarité ouvrière, d’autre part l’atomisation salariale voulue par le patronat.
Availles-en-Châtellerault. Des salariés de Johnson squattent depuis lundi le parking de l’usine. Ils demandent 60 € de plus par mois. La direction refuse.
Depuis lundi, c’est piquet de grève non-stop pour une partie des 156 salariés sur le parking de l’entreprise Johnson Screens d’Availles-en-Châtellerault, spécialisée dans la conception et la fabrication de filtres inox pour forages d’eau, traitement des eaux, pétrochimie et raffinage […].
« On veut l’équité salariale »
Sur les 156 salariés de l’usine, un tiers, selon les syndicats, est en grève, principalement les ouvriers de la production. « On est 90 % de la production dehors, soit une cinquantaine de personnes », revendiquent Gilles Comesse, délégué syndical FO et Pierre-Yves Grall, son homologue de la CGT. Si depuis deux jours, ils refusent de mettre le bleu de travail, c’est qu’ils sont en conflit ouvert avec la direction au sujet des négociations salariales. « Les NAO (Négociations annuelles obligatoires) sont ouvertes depuis le début du mois mais la direction ne nous écoute pas. Il n’y a pas de négociations. Ce sont des NAO mais sans le N », déplorent les représentants syndicaux. Que propose la direction du site ? « Une hausse de 2,4 % en moyenne sans fixe pour les salaires », d’après les syndicats. Imprécis et insuffisant pour ces derniers. « Autrement dit, on nous propose un minimum pour chacun sans donner de taux. C’est une mauvaise répartition des augmentations des salaires qui se fait à la tête du client. On voudrait un minimum qui correspond à un fixe. On demande au moins 60 € nets par mois et par personne. Ce qu’on réclame, c’est juste l’équité salariale, avec une revalorisation des salaires les plus bas. » Un salarié gréviste s’avance : « Je suis ajusteur-fraiseur et je touche 1.615 € au bout de 35 ans de boîte. »
« Des augmentations au mérite »
De son côté, la direction, accusée par les grévistes de rester sourde à leurs demandes et de sécher la table des négociations, estime qu’elle a déjà consenti à des efforts. « On propose une revalorisation de la masse salariale de 2,4 %, ce qui ne me semble pas ridicule, relève Pascal Yvernault, le directeur. On reste dans un contexte international et concurrentiel fort. J’ai déjà accepté un certain nombre de choses comme la revalorisation des tickets restaurants. Je regrette qu’on en arrive à un point de blocage sur ce sujet. J’ai du mal à comprendre cette radicalisation. Chez nous, on fait les augmentations au mérite. C’est la politique historique de l’entreprise. On est une entreprise qui a une bonne charge de travail. On a quelques embauches de prévu au niveau personnel atelier. Tout ne va pas mal. »
Denys Frétier, Nouvelle République, 26 juin 2013