Lettre du Dal86 au préfet de la Vienne 24-06-13
Droit Au Logement 86 Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc 86000 POITIERS dal86@free.fr – www.dal86.fr
à Monsieur le Préfet de la Vienne Préfecture 1 place Aristide Briand 86000 POITIERS
Poitiers, le 24 juin 2013
Monsieur le préfet de la Vienne,
une délégation d’Europe Écologie-Les Verts que vous avez reçue le 30 mai dernier, nous a informé que vous étiez prêt à recevoir, dans le cadre de l’application de la circulaire interministérielle NOR NTK1233053C du 26/08/2012 relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites, une délégation de trois associations accompagnant les Roms en grande précarité dont Dal86.
Nous ne voulons pas perdre du temps à discuter alors que vous avez tous les éléments en main et nous ne voulons pas servir d’alibi à cette politique hors la loi et inhumaine que nous réprouvons. Les lois existent et il vous faut les appliquer.
Vous n’êtes pas sans connaître les carences du 115 et du SAIO, et l’indignité du CHUS. D’abord, l’accueil inconditionnel et pérenne prévu par la loi est très déficient. Puisqu’il n’y a que 27 places d’accueil d’urgence sur Poitiers, les refus, aussi bien de personnes seules que de familles, sont nombreux et si les femmes et les enfants hébergés le sont tous les soirs, le manque de places fait que les hommes « tournent » et ne sont hébergés qu’un jour sur deux voire, qu’un jour sur 3 ou 4.
Ensuite, malgré la loi qui prévoit un « accueil digne », les locaux du CHUS sont très vétustes et la vie en dortoirs sépare les couples et les familles. Les personnes et les familles doivent sortir à 10h30 le matin et ne pas y revenir avant 16h15 et pas après 21h, et, malgré la loi qui, outre le gîte et l’hygiène, prévoit le couvert, il n’y a pas de repas servis le soir ni a fortiori le midi.
Enfin, le SIAO est asphyxié par le nombre des demandes et ne permet pas comme la loi y oblige une orientation « vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation ».
D’autre part vos services, les travailleurs sociaux et les associations subventionnées, connaissent parfaitement les dossiers des personnes.
Nous pensons que maintenant il faut des actes. Dal86 milite pour un toit pour tous. En particulier pour un 115-CHUS et un SIAO efficaces et dignes. Précisément, pour une prise en charge inconditionnelle et pérenne – c’est-à-dire, un logement décent et les moyens de vivre dignement – de toutes les familles et personnes seules qui le nécessitent, comme la loi le prévoit.
Dans un premier temps, Dal86 ni ne voulant ni ne pouvant se substituer aux familles, voulait vous transmettre leur invitation à venir les rencontrer sur place afin de constater la situation et de leur faire des propositions concrètes de logement, mais aussi afin qu’elles puissent vivre dignement.
Mais aujourd’hui ce n’est plus possible. Vous aviez, monsieur Séguy, précisé au journal du 13 mai 19h de France 3 Poitou-Charentes que vous « n’expulserez pas les roms par avion dans leur pays ». Or, mardi dernier 11 juin, Florin, qui habite le squat des Glières avec ses deux enfants de 4 et 8 ans et leur mère, est contrôlé à la gare de Poitiers par la police puis conduit au commissariat. On lui signifie qu’il a une OQTF et il est envoyé à Paris en centre de rétention et a été expulsé vendredi 14 juin par avion en Roumanie.
Les familles ne voient donc pas l’intérêt qu’elle auraient à rencontrer quelqu’un qui ment de la sorte.
Dal86 considère que l’une des premières choses à faire serait de réquisitionner les logements vacants en particulier l’ex-foyer l’Etape et la maison du 26 avenue du plateau des Glières et de donner les moyens à ces familles et personnes seules de s’organiser ensemble.
Cordialement,
DAL86
Vu sur DAL 86, 24 juin 2013