[Poitiers] Non à la bagnole électrique !

NdPN : promotion aujourd’hui à Poitiers de la voiture qui roule au nucléaire… et un article de l’excellent site carfree, qui remet les pendules à l’heure !

Poitiers : lancement du Tour Poitou-Charentes des véhicules électriques

Avant la première étape prévue mercredi, les concurrents participant au tour Poitou-Charentes des véhicules électriques se réuniront place Leclerc à Poitiers de 16h à 18h30 ce mardi, pour l’inauguration de ce rallye, vitrine itinérante pour les modèles et leurs constructeurs. Des essais de véhicules électriques et un village destiné aux entreprises est prévu de 11h à 15h au Futuroscope.

Nouvelle République, 17 septembre 2013

Passer à la voiture électrique, c’est comme changer de marque de cigarettes

La voiture électrique n’est pas la solution écologique que les constructeurs et les médias voudraient nous vendre. En fait, l’objectif réel de la voiture électrique semble être de continuer à vendre toujours plus de voitures à des consommateurs occidentaux qui se désintéressent de plus en plus de la voiture. Mais passer de la voiture thermique à la voiture électrique revient en fait à changer de marque de cigarettes, la pollution n’est pas exactement la même mais le résultat final est le même.

Comme chacun le sait, les ventes de voitures en France et en Europe n’en  finissent pas de plonger, ce qui n’est pourtant pas le cas à l’échelle  mondiale. Sur le premier semestre 2013, les ventes de voitures ont  progressé de 2,8% à l’échelle mondiale, ce qui représente le chiffre  faramineux de 42.64 millions de voitures neuves vendues sur la planète,  soit en rythme annuel plus de 80 millions de voitures neuves qui  viennent s’ajouter à un parc automobile mondial composé de plus d’un  milliard de voitures en circulation.

Il semblerait bien que les pays européens aient atteint leur taux de saturation: trop de voitures partout, et plus assez de place pour les faire rouler. Les villes anciennes européennes ne permettent pas d’accueillir indéfiniment des quantités toujours plus grandes de nouvelles voitures. La vieille Europe a bien essayé de copier le contre-modèle américain de l’étalement urbain et de la pavillonarisation, les rues de nos villes restent peu ou prou aussi larges qu’à l’époque pré-automobile. A moins de détruire des secteurs entiers des villes pour doubler la largeur des rues, la voiture européenne est condamnée à rouler au ralenti dans les rues embouteillées.

En outre, avec la crise, quel sens cela a-t-il de continuer à acheter des voitures neuves qui coûtent une fortune quand les alternatives à l’automobile individuelle se multiplient (transports en commun, vélo, autopartage, etc.) sans les contraintes inhérentes à la possession et l’entretien d’une voiture?

Ajoutez à cela la pollution, le réchauffement climatique et la fin du pétrole, et n’importe qui de sensé devrait réaliser que l’automobile individuelle est un mode de déplacement inapte à assurer durablement le transport de dizaines de millions de personnes tous les jours.

Sauf que dans le monde capitaliste, il n’y a pas d’alternative crédible au « make money or die » (faites de l’argent ou mourrez). Du point de vue de l’industrie, ce n’est pas exactement la même chose de vendre aux clients des voitures à 25.000 euros ou des vélos à 250 euros…

Alors, il fallait inventer d’urgence un nouveau concept pour reconquérir le gogo client, à savoir la voiture électrique. Pour l’industrie automobile, le traditionnel client de l’automobile a subi probablement un « lavage de cerveau » de la part du lobby écologiste mondial, aussi il faut lui fournir désormais un produit adapté à sa nouvelle lubie, à savoir une voiture « zéro pollution », « zéro émissions », voire même une voiture qui nettoie l’air pollué des villes!

Comme il n’y a pas 36 façons de produire une voiture et que tout a déjà été à peu près inventé, on nous a ressorti la voiture électrique inventée il y a plus de 100 ans. Les services marketing de l’industrie automobile ont sans doute pensé que puisque la pollution générée par la voiture électrique ne sortait plus du pot d’échappement mais d’une quelconque centrale située ailleurs, le client serait persuadé de « faire un geste pour la planète » tout en pouvant continuer à utiliser une voiture qui pèse toujours plus d’une tonne pour transporter son précieux corps de 70 kg.

Le problème, c’est que le client de l’automobile s’en fout assez royalement de la planète! Ce qui est assez normal car quelqu’un qui a roulé des dizaines d’années en diesel qui pue et qui tue a quand même montré assez clairement que la planète n’était pas sa première préoccupation…

En effet, les ventes de voitures électriques ne décollent toujours pas. On l’a dit ici-même en janvier dernier, le journal Le Monde le confirme encore aujourd’hui, « c’est plat comme un encéphalogramme de coma dépassé ». Voire même, les ventes de voitures électriques qui n’étaient pourtant pas bien hautes auraient presque tendance à baisser! Et pourtant, l’Etat qui comme chacun le sait est plein aux as, accorde de généreuses subventions à l’achat de voitures électriques.

Comment expliquer une telle bérézina? Toutes les explications sont envisageables. Même largement subventionnée, la voiture électrique reste encore très chère. Au passage, plus personne ne parle désormais de la voiture électrique qui allait coûter quelque chose comme 0,02 centime par km… Le client de la bagnole est sans doute un pigeon mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin non plus. Tout le monde a compris que la simple « coque » d’une voiture électrique coûtait quasiment aussi chère qu’une voiture thermique normale et que la batterie était une sorte de mini-centrale coûtant une fortune, avec une durée de vie des plus faibles pour vous fournir au bout du compte une autonome de 250 km maximum.

Donc, même avec les meilleures intentions du monde, l’automobiliste qui ne souhaite probablement pas sauver la planète mais au moins avoir l’impression de faire un petit geste pour l’environnement, reste avant tout un consommateur lambda dont le pouvoir d’achat a l’autonomie d’une voiture électrique, c’est-à-dire peu de chose.

Mais surtout, une autre explication commence peut-être à se faire jour. Nous le disons maintenant depuis longtemps, mais la voiture électrique n’a rien d’écologique. Malgré le discours des constructeurs, de tout le marketing et de la pub, le consommateur est peut-être en train de comprendre qu’une fois de plus on essaye de l’enfumer.

La chaîne de télévision Arte a publié récemment un article de Ozzie Zehner, de l’Université de Californie à Berkeley, auteur d’un récent ouvrage qui va faire date: « Green Illusions » (« Illusions vertes »), un manifeste dénonçant « les secrets sales des énergies propres ».

Et dans cet article Ozzie Zehner utilise une métaphore particulièrement forte pour parler de la voiture électrique:

En y regardant de plus près, abandonner la voiture à essence au  profit de la voiture électrique s’apparente plutôt au fait de changer de  marque de cigarette ».

Cette phrase toute simple résume assez bien toute la question de la voiture électrique. Si on fait le bilan global, une voiture électrique est tout aussi polluante qu’une voiture thermique, même peut-être plus. Ce qui est en cause, ce sont les modes de production de ces voitures, particulièrement énergivores,  ainsi que les sources d’énergie utilisées pour leur alimentation, tel  que le photovoltaïque.

Dans les pays occidentaux nucléarisés, la voiture électrique est censée rouler pour une bonne part à l’énergie nucléaire. Si vous êtes pro-nucléaire, pas de problème, jusqu’au jour où la centrale située à 300 km de chez vous explosera et que vous devrez déménager pour ne pas être contaminé. A l’échelle mondiale, la voiture électrique est censée rouler au charbon, dont le bilan écologique reste, comment dire, à démontrer.

C’est pourquoi, les partisans de la voiture électrique se sont trouvé une nouvelle passion, les énergies renouvelables. Si on les écoute, on va remplacer le milliard de voitures en circulation sur Terre par des voitures électriques qui rouleront avec l’énergie solaire ou éolienne ou marémotrice ou je ne sais quoi. Sur le papier, c’est magnifique, enfin une solution propre! Sauf que la réalité est bien évidemment tout autre.

En fait, sans compter les voitures électriques, on a déjà du mal à dépasser à l’échelle mondiale les 10% d’énergie renouvelable. L’écrasante majorité de l’énergie produite et consommée à l’échelle mondiale relève du charbon, du gaz, du pétrole et du nucléaire. La-dessus il faudrait ajouter un milliard de voitures électriques?

Alors on nous dit qu’on va couvrir la Terre d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques. Sauf que ça coince aussi. Les cellules photovoltaïques contiennent des métaux lourds et leur  production libère des gaz à effet de serre tels que l’hexafluorure de  soufre qui, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur  l’évolution du climat, a un potentiel de réchauffement climatique 23 000  fois plus élevé que le CO2. De plus, des carburants fossiles  sont utilisés pour extraire les matières premières requises pour la  production de cellules solaires et d’éoliennes, de même que pour leur  fabrication, assemblage et maintenance. Il en va de même pour les  centrales électriques utilisées à titre de sécurisation. Par ailleurs,  le démantèlement de ces installations exige lui aussi un recours massif  aux carburants fossiles.

Selon Ozzie Zehner, une étude menée par des universités américaines conclut que, d’ici 2030,  les véhicules hybrides et électriques tributaires du réseau électrique  provoqueront davantage de dommages environnementaux que les véhicules  traditionnels à essence, même si l’on tient compte du progrès technique.

Et en matière de lutte contre le réchauffement climatique, le soi-disant argument fort de la voiture électrique, ce n’est pas mieux. Une évaluation réalisée par la Royal Society of Chemistry a montré que  si l’on adoptait intégralement la voiture électrique en Grande-Bretagne,  cela ne réduirait que de 2 % les émissions de CO2 dans tout  le pays. L’année dernière, une étude lancée par le Congressional Budget  Office des Etats-Unis a révélé que les véhicules électriques  subventionnés « ne permettront pas ou quasiment pas de réduire la  consommation totale d’essence et les émissions de gaz à effet de serre  du parc automobile national dans les prochaines années »

Sauf que pour en arriver à ces piètres résultats, il faut produire des voitures électriques qui nécessitent des matériaux toujours plus polluants, toujours plus énergivores. Bref, c’est l’impasse.

Alors, il y a désormais une chose insupportable qui saute aux yeux. Que les constructeurs, les agences de marketing ou les médias alimentés par la pub vantent les mérites de la voiture électrique, on peut le concevoir, c’est la loi du capitalisme. Mais que des associations, des groupes ou des personnes qui prétendent se soucier d’environnement se fassent les avocats de la voiture électrique, cela devient proprement scandaleux.

Comme le dit Ozzie Zehner, c’est un peu comme si un médecin vous conseillait de changer de marque de cigarettes…

Vu sur Carfree, 13 septembre 2013