[Poitiers] Douze détenus réclament une indemnisation

Ils contestent leurs conditions de détention à Poitiers et à Saint-Martin-de-Ré. Le cas de douze détenus a été examiné par le tribunal administratif.

Les conditions actuelles de détention à la centrale de Saint-Martin-de-Ré sont-elles dignes ? Les conditions de détention dans l’ancienne prison de la Pierre-Levée à Poitiers étaient-elles normales ? Non, pour Lee Takhedmit avocat poitevin de douze personnes qui les contestent devant le tribunal administratif de Poitiers.

« Fermez-la ou bien rénovez-la! »

L’enjeu est symbolique pour la Pierre-Levée rénovée et reconvertie depuis en centre de semi-liberté. Il est toujours d’actualité pour le site rétais où les détenus purgent des peines de longue durée.

Un premier épisode s’était joué en 2010-2011 devant le tribunal administratif pour fixer provisoirement le montant de l’indemnisation d’une cinquantaine de détenus. Hier, douze dossiers arrivaient au fond pour en fixer définitivement le montant.

« Pour Poitiers, nous avions obtenu des indemnisations provisoires. La justice avait estimé qu’il y avait effectivement des problèmes liés à l’hygiène et à l’intimité. Mais pour Saint-Martin-de-Ré les magistrats trouvaient que la situation était moins dramatique sur ce plan-là. Le souci, c’est qu’à Saint-Martin, ils sont dans des cellules de 6 m. Ils sont seuls dedans, mais le détenu est comme un hamster en cage. »

La plupart des requérants rétais sont encore dans leur cellule, indique leur avocat. « Engager une procédure n’est pas neutre. On le leur fait parfois payer. Mais il y a vraiment une volonté altruiste chez eux de faire changer les choses. Il faut soit fermer cette prison, soit la réhabiliter! »

Les détenus réclament des sommes indexées sur leur temps de détention. Elles vont de 450 à 7.950€.

Le rapporteur public a conclu au rejet des requêtes déposées. La décision du tribunal sera connue début janvier.
Ce contentieux s’était fortement développé après des décisions favorables rendues par quelques tribunaux administratifs. Devant l’inflation du nombre de requêtes, les provisions accordées alors avaient subitement beaucoup diminué.

La requête géante lancée par l’avocat poitevin, répartie en plusieurs audiences, vise à obtenir l’harmonisation des sommes octroyées pour des prisonniers qui avaient les mêmes conditions de détention. À durée égale, elles allaient parfois du simple au double.

Emmanuel Coupaye, Centre Presse, 23/12/2013

[Russie] Pussy Riot : Libération de Maria, bientôt celle de Nadejda

NdPN : Salut aux camarades anarchistes Maria et Nadejda, qui n’ont jamais cessé de lutter même en taule. Salut à tou.te.s les taulard.e.s, feu à toutes les taules !

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Russie: l’une des Pussy Riot remise en liberté après amnistie du Kremlin

Une des deux jeunes femmes emprisonnées du groupe contestataire russe Pussy Riot, Maria Alekhina, a retrouvé la liberté lundi après avoir bénéficié d’une amnistie qu’elle a dénoncé comme étant une « opération de communication » de la part du Kremlin.

La deuxième membre du , Nadejda Tolokonnikova, détenue à Krasnoïarsk, en Sibérie orientale, devrait aussi être remise en liberté de façon imminente, selon son avocate.

Arrêtées en mars 2012, les deux jeunes femmes purgeaient une peine de deux ans de détention en camp pour une « prière punk » contre le président Vladimir Poutine et devaient retrouver la liberté en mars prochain.

Cette libération intervient trois jours après celle de l’ex-magnat du pétrole et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, gracié à la surprise générale par Vladimir Poutine, un geste interprété par certains comme une volonté d’améliorer l’image de la Russie à l’approche des jeux Olympiques qui doivent se tenir à Sotchi, sur les bords de la mer Noire, en février.

La détenue, âgée de 25 ans, est sortie de son camp à Nijni-Novgrorod dans une voiture de l’administration pénitentiaire sans que les journalistes qui attendaient à la sortie de la colonie n’aient pu l’apercevoir.

« Elle a été remise en liberté aujourd’hui vers 09H00 du matin » locales, a indiqué à l’AFP Elena Nikichova, porte-parole du service d’application des peines (FSIN) de la région de Nijni-Novgorod.

Déposée à la gare de Nijni-Novgorod, Maria Alekhina est ensuite réapparue au Comité contre les tortures de la ville, où elle avait l’intention d’évoquer le sort de ses co-détenues.

« Le plus dur en prison était de voir comment ils cassent les gens », a-t-elle déclaré à la chaîne de télévision câblée Dojd depuis le siège du comité.

Elle a fustigé la loi d’amnistie qui a permis sa libération, approuvée mercredi dernier par le Parlement russe, qui prévoit d’amnistier entre autres les personnes condamnées pour « hooliganisme » et mères d’enfants mineurs. « Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un geste d’humanisme, mais plutôt d’une opération de communication », a asséné la jeune femme, mère d’un petit garçon, Philippe.

« C’est une profanation », a-t-elle également estimé, dénonçant une loi qui ne concerne « même pas 10% » des détenus. « Si j’avais eu le choix, j’aurais refusé », a-t-elle ajouté, disant en pas avoir changé d’avis sur le président Vladimir Poutine.

Elle a raconté avoir été « sous le choc » quand elle a été libérée, et estimé que sa sortie, orchestrée dans le plus grand secret, l’avait été sans doute pour éviter des « adieux bruyants » avec ses co-détenues.

Maria Alekhina, 25 ans, purgeait comme Nadejda Tolokonnikova, 24 ans, une peine de deux ans de camp notamment pour « hooliganisme », après avoir chanté en février 2012 une « prière punk » contre le président Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou.

Une troisième jeune femme, Ekaterina Samoutsevitch, avait aussi été condamnée mais libérée quelques mois plus tard, sa peine ayant été commuée en sursis au motif qu’elle avait été interceptée par les gardes de la cathédrale avant d’avoir pu prendre part à la performance. Cette dernière s’est dite « très heureuse » de la libération de Maria Alekhina, dans une interview à Dojd.

La peine de Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova devait prendre fin en mars 2014. L’ensemble de leurs recours avaient jusqu’à présent été rejetés par la justice russe, les prisonnières ayant refusé de reconnaître leur culpabilité.

Leur condamnation avait suscité un tollé international et de nombreuses stars telles que Madonna ou Paul McCartney avaient appelé à leur libération.

AFP, 23 décembre 2013

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Les Pussy Riot: des féministes adeptes de l’art contestataire contre Poutine

Les deux membres du groupe Pussy Riot détenues, dont l’une a été libérée lundi en vertu de la loi d’amnistie votée en Russie, sont des féministes adeptes des « performances » contestataires dans la Russie de Vladimir Poutine.

Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina ont été condamnées en août 2012 à deux ans de camp pour « hooliganisme » et « incitation à la haine religieuse » pour avoir chanté une « prière punk » dans la cathédrale de Moscou, demandant à la Sainte Vierge de « chasser Poutine ».

Une autre Pussy Riot, Ekaterina Samoutsevitch, condamnée pour les mêmes motifs, a été libérée en octobre 2012, sa peine ayant été commuée en appel en sursis.

– Nadejda Tolokonnikova, 24 ans

Issue du groupe d’art contestataire Voïna (la Guerre), comme son compagnon Piotr Verzilov, Nadejda Tolokonnikova est souvent apparue comme la plus déterminée des Pussy Riot. Elle a arboré lors d’audiences judiciaires, face aux caméras de la télévision russe, un sourire volontiers ironique et un T-shirt avec le slogan No Pasaran ! (Ils ne passeront pas !) de la guerre civile espagnole.

Tolokonnikova a également participé à tous les coups d’éclat du groupe Voïna, connu notamment pour avoir dessiné en 2011 un gigantesque phallus sur un pont levant en face du siège du Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB) à Saint-Pétersbourg.

En 2008, alors enceinte de neuf mois, Tolokonnikova avait participé à une séance de sexe collectif dans un musée de Moscou pour protester contre l’élection de Dmitri Medvedev à la présidence russe, parrainé par Vladimir Poutine. Une performance intitulée « Baisons pour l’ourson héritier » (« Medved » veut dire « ours » en russe).

Belle brune aux yeux noirs, Nadejda Tolokonnikova considère l’action des Pussy Riot comme « un art d’opposition, dans un contexte de répression des droits de l’homme et des libertés » en Russie.

Accusée d' »incitation à la haine religieuse » suite à la « prière punk » anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou, elle a souligné au cours de son procès que cette action visait à dénoncer la politique du locataire du Kremlin, non pas à insulter les croyants orthodoxes. « Chaque fois qu’on m’accuse de me révolter contre la religion, ça me fait très mal », a-t-elle affirmé.

Née à Norilsk (Grand Nord russe), cette ancienne étudiante de la faculté de philosophie de la prestigieuse université d’Etat de Moscou a une fille de 5 ans.

Elle a observé pluiseurs grèves de la faim en septembre et en octobre, se disant menacée de mort après avoir dénoncé les conditions de détention « proches de l’esclavage » dans le camp de Mordovie (est) où elle était détenue. Elle a ensuite été transférée dans un autre camp, en Sibérie.

– Maria Alekhina, 25 ans

Maria Alekhina, jeune femme mince aux cheveux châtain clair, a notamment participé à des actions écologistes pour la défense du lac Baïkal (Sibérie) ou contre un chantier d’autoroute dans une forêt de la banlieue de Moscou.

Elle écrit des poèmes et travaillait avant son arrestation en tant que bénévole dans un hôpital psychiatrique pour enfants à Moscou.

Se disant orthodoxe, elle a qualifié le patriarche Kirill « d’ancien collègue » de Vladimir Poutine, allusion aux liens que le futur patriarche aurait eu avec le KGB (où a servi Vladimir Poutine) à l’époque soviétique. Etudiante à la Haute école de journalisme et de littérature de Moscou, elle élève seule son fils de six ans, Philippe.

Envoyée à Perm, dans l’Oural, après la condamnation, elle a dénoncé des « violations des droits de l’Homme omniprésentes » dans sa colonie pénitentiaire.

« La chose la plus dure est de réaliser comment marche ce système, comment il forme une mentalité d’esclave chez les gens et comment ils s’y résignent », a confié Alekhina au journal d’opposition Novaïa gazeta.

Elle a ensuite été transférée dans un autre camp, à Nijni Novgorod (Volga).

Toutes ses demandes de libération anticipée, comme celles de Tolokonnikova, ont été rejetées.

AFP, 23 décembre 2013

[Notre-Dame-des-Landes] Arrêtés signés ? La résistance est prête !

NdPN : à NDDL, arrêtés préfectoraux signés permettant le début des travaux. Branle-bas de lutte !

Notre Dame des Landes, la publication des arrêtés soude les opposants

L’Etat va-t-il tenter le passage en force ? Le préfet de Loire-Atlantique vient de publier samedi après-midi les arrêtés censés permettre le début des travaux à Notre Dame des Landes. A télécharger ici. Cet acte de l’Etat devrait entraîner rapidement le dépôt de recours juridiques. Sur le terrain et dans toute la France, on se prépare à une éventuelle intervention policière.

- Correspondance, Nantes

Attendus en novembre, reportés, annoncés en fin de semaine dernière, quatre arrêtés relatifs au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes ont été promulgués ce samedi 21 décembre dans l’après-midi, sur le site du recueil des actes administratifs de la préfecture de Loire-Atlantique. Cet acte juridique entend ouvrir la voie à un début de travaux.

Quatre arrêté ont été publiés :

- deux de dérogations à la loi sur les espèces protégées :

PDF - 6.9 Mo

et

PDF - 3.6 Mo

- un de dérogation à la loi sur l’eau :

PDF - 8.4 Mo

- un sur la desserte routière du projet d’aéroport :

PDF - 8.7 Mo

Du côté du collectif de juristes qui assiste les opposants au projet, les recours sont prêts. Dès publication, un référé suspension pourra être déposé. Ils escomptent que cela interrompra la possibilité pour les porteurs de projet, Vinci et l’Etat, de s’appuyer sur la base légale des arrêtés pour lancer des préparatifs à un grand chantier de défrichage et de bucheronnage, ainsi que les expulsions de celles et ceux qui occupent le terrain.

Ce référé suspension accorderait au moins un délai avant qu’il ne soit purgé. Un délai ? « Deux mois » a évalué le préfet Christian de Lavernée lors de sa dernière conférence de presse lundi 16 décembre. Bien davantage, estiment des opposants. C’est aussi ce que semble penser Vinci : selon le témoignage d’une personne présente lors de la conférence de presse, Eric Delobel, en charge chez Vinci de la réalisation de l’aéroport, faisait la grimace quand Christian de Lavernée a parlé de deux mois.

L’autre course contre la montre concerne les espèces protégées : du fait des retards risquant de mener au dépassement de la saison favorable, la campagne de déplacement de tritons crêtés et marbrés pourrait être reportée au printemps. Un répit sur lequel certains spéculent, calculant que si Jean-Marc Ayrault n’était plus au gouvernement avant l’été prochain, ce projet épineux d’aéroport nantais perdrait un ardent défenseur et pourrait plus facilement être abandonné. Quoi qu’il en soit, il reste que les travaux préalables au chantier de l’aéroport et des ses dessertes routières, qui devaient débuter à l’automne 2012, ont  pris plus d’un an de retard. L’inauguration de l’aéroport, prévue pour 2017, est désormais envisagée pour 2020.

Malgré ces scénarios juridique et politique, les militants sur place restent très vigilants. Les deux arrêtés ouvrent en effet le risque d’un coup fourré, d’un passage en force. Personne n’évacue l’éventualité d’une intervention militaire pendant la période des fêtes, réputée moins propice aux mobilisations populaires. Ce qui n’est pas complètement vrai pour les comités anti aéroport créés l’an dernier, parfaitement au fait de la menace et plus mobiles qu’on ne croit en période de vacances scolaires.

« La mobilisation n’a jamais été aussi affûtée »

« On craint une petite opération pour tâter le terrain, mais une grosse intervention destinée à faire place nette parait plus improbable. Quoi qu’il en soit, on maintient un fort niveau de vigilance. La mobilisation, sur place, dans le département, dans l’ouest et dans toute la France, n’a jamais été aussi affutée. Tout le monde est prêt. Dans chaque département, les paysans savent qui fera quoi, où, avec des codes d’alerte par téléphones portables pour déclencher ses actions en réponse… La vigilance est forte et permanente.

« Bien sûr, on fait attention à ne pas solliciter le réseau pour rien et les gens en sont très conscients, mais s’il se passe quoi que soit, il y aura très vite du monde sur place. On s’est rendu compte que dans toute la France, les gens se suivent de près la situation. On est allé diffuser des tracts sur les marchés dans les Hauts –de-Seine récemment. J’étais surpris : le gens rencontrés étaient très au courant », dit Vincent Delabouglise, du collectif des paysans Copain44, qui regroupe des paysans bio, des membres de la Confédération paysanne, des agriculteurs en conventionnel du site et des zadistes.

L’union

Le 5 octobre dernier, une journée de remise en culture de parcelles en friches de la Zad, et de replantation de haies, avait manifesté une belle alliance entre ces différents groupes entretenant des rapports à la terre parfois divergents, des cultures conventionnelles aux pratiques bio en passant par les semailles à la main, avec traction animale par les zadistes. Trois mondes qui ont su démontrer une capacité à s’entendre en dépassant des clivages, face à la priorité de l’objectif commun. Ce jour-là avait surpris cuex qui pensaient que cette unité n’était pas possible. « Certains paysans historiques, que l’on ne voit pas tous les jours sur le terrain, étaient scotchés », note Vincent Delabouglise. Construite depuis plusieurs années, cette alliance que beaucoup pensaient improbable sera un acquis précieux quand il faudra s’opposer sur le terrain aux travaux.

Appel au clairon

« Ces deux arrêtés, c’est l’appel au clairon, pas encore la déclaration de guerre, commente Julien Bayou, nouveau porte-parole national d’EELV. Mais si les militaires interviennent sur la ZAD, alors là oui, ce sera une déclaration de guerre. Et même un très beau cadeau : les luttes sur le terrain, ca ressoude énormément… Quant à ce bocage nantais, tous les militants ont envie d’y retourner… On est en train de s’organiser pour ça. Au-delà  du seul rejet de ce grand projet inutile, on espère une victoire idéologique, sur ce modèle de développement dépassé. Aujourd’hui, c’est un mouvement planétaire : l’austérité doit s’appliquer aux projets débiles ».

Photo : Zad.nadir.org. Cette adresse est aussi celui d’une « Lettre aux comités locaux » très intéressante.

Lire aussi : L’Etat tergiverse, la mobilisation se prépare.

Nicolas de La Casinière, Reporterre, samedi 21 décembre 2013

***

Dimanche 22 décembre

Sur la ZAD

Le week-end semble plutôt tranquille sur le terrain.

On rappelle l’appel matériel pour la Châteigne en vue de la venue de comités autour des fêtes->2056]

Du côté de la Freuzière, la maison continue d’être retapée, toujours besoin de monde et de coups de mains. Les barricades ont été ouvertes et en prime la semaine prochaine les clowns débarquent en farces…

Dans la lutte contre l’aéroport

Le préfêt ayant choisi et trouvé son stylo vendredi, il a dû faire bosser son secrétariat le week-end (mais ça faire bosser les autres, il fait sans hésiter). Donc les arrêtés sont publiés :  - Arrêté n°2013354-0005 publié au Recueil Normal n°85 le 21/12/2013.  Arrêté préfectoral n° 2013/BPUP/113 du 20 décembre 2013 autorisant l’aménagement de la desserte routière du futur Aéroport du Grand Ouest sur les communes de Malville, Fay-de-Bretagne, Vigneux de Bretagne, Notre Dame des Landes, Treillières, Grandchamp-des-Fontaines et le Temple de Bretagne, au titre de l’article L.214-3 du code de l’environnement (PDF, Recueil des actes) - Arrêté n°2013354-0013 publié au Recueil Normal n°85 le 21/12/2013.  Arrêté préfectoral n° 2013/BPUP/112 autorisant l’aménagement d’une plate-forme aéroportuaire et du programme viaire sur les communes de Notre Dame des Landes, Vigneux de Bretagne, Grandchamp-des-Fontaines, Treillières et Fay de Bretagne, au titre de l’article L.214-3 du code de l’environnement (PDF, Recueil des actes) - Arrêté n°2013354-0014 publié au Recueil Normal n°85 le 21/12/2013 Arrêté préfectoral n°2013354-0014 portant dérogation aux interdictions de capture, d’enlèvement, de transport, de perturbation intentionnelle, de destruction de spécimens d’espèces protégées et de destruction d’habitats d’espèces protégées pour la réalisation de la desserte routière de l’Aéroport du Grand Ouest (PDF, Recueil des actes) - Arrêté n°2013354-0009 publié au Recueil Normal n°85 le 21/12/2013. Arrêté préfectoral n°2013354-0009 portant dérogation aux interdictions de capture, d’enlèvement, de transport, de perturbation intentionnelle, de destruction de spécimens d’espèces protégées et de destruction d’habitats d’espèces protégées pour la réalisation de la plateforme, du programme viaire et de la VC3 de l’Aéroport du Grand Ouest- (PDF, Recueil des actes)

Auxiette pérore déjà que « le calendrier et l’État de droit sont respectés, désormais plus rien ne s’oppose au lancement des travaux de l’Aéroport du Grand-Ouest ». Heu… il ne nous aurait pas un peu oublié ? Nous allons lui rappeler que nous sommes plus que « rien » !

Najat-Vallaud Belkacem, porte-parole du gouvernement invitée Najat-Vallaud Belkacem était l’invitée du Grand Rendez vous Europe 1 – Le Monde – Itélé, dimanche matin a déclaré de son côté qu’« il est temps de passer aux travaux préalables avant la réalisation du projet. Donner un calendrier précis, c’est prématuré car les opposants aux projets peuvent toujours déposer des recours, mais ce qui est sûr, c’est que l’utilité du projet a été confortée. ». Nous, on dit qu’ils ont peur non seulement des recours, mais aussi qu’on empêche leurs travaux… et là dessus illes ont raison ! Mais venir par surprise ne leur suffira pas !

La LPO, Eau et Rivières et Bretagne Vivante, SOS Loire vivante et France nature environnement ont déjà prévu de contester ces arrêtés en justice.

Après une centaine de croquis et autant de chroniques, le carnet dessiné de MCmarco sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes est achevé. A l’approche d’une nouvelle phase de la lutte contre la construction de l’aéroport, merci de relayer, éditer ce lien.

Vu sur Zad.nadir.org, 22 décembre 2013

[Poitiers] Une agression banale

Une agression banale

Je suis Madame tout le monde : âge moyen, taille moyenne, française, trois enfants. J’ai été élevée avec des principes, des valeurs, que j’essaie de leur transmettre du mieux que je peux. J’aime aller me promener, prendre l’air, décompresser, comme tout un chacun je présume.

Le jeudi 17 octobre 2013, je vais à l’îlot des Cordeliers boire un chocolat à ma pause déjeuner. Je fais mes courses, et vers 13h30, je prends la sortie qui donne sur l’arrière-cour. Avant de passer les portes coulissantes qui donnent sur le restaurant ‘le dos de la fourchette’, je m’arrête, abasourdie, et vois deux vigiles qui emmènent avec violence un gars dépenaillé, sans défense. Ils le sortent brusquement. Lui, il a un bras en écharpe, il est maigre, il ne peut rien faire. Ils le bloquent dehors dans le renfoncement de la cour, et un des vigiles le tabasse, j’entends des cris et des coups.

Après quelques secondes d’effarement, j’essaie de parler avec l’autre vigile resté en retrait, qui m’a identifiée comme témoin gênant. J’essaie de comprendre, on ne peut pas faire ‘ça’, ce n’est pas ‘acceptable’, un uniforme ne donne pas tous les droits. Le vigile qui ne fait rien use de son talkie walkie pour informer son collègue que je suis là, que je ne suis pas partie, que j’ai vu. Du coup, la porte de service métallique se referme sur la scène de violence, nous laissant dehors. J’ai bien entendu les cris et les coups, je les entends encore, juste là derrière. Mon unique recours est de continuer d’interpeller celui qui couvre son collègue : ‘que se passe t-il ? c’est grave !’’Ce n’est pas bien ce que vous faites, il faut que ça s’arrête !’Donnez moi votre nom. Je ne partirai pas tant que je ne serai pas sûre que cette personne malmenée est ressortie et va bien »…

Peine perdue. Mon interlocuteur ennuyé par mes jérémiades me plante là, et rentre dans la galerie marchande. Je le suis et essaie d’attirer l’attention, de « faire scandale ». Je me rends compte que je suis seule, tout le monde s’en fiche, tout le monde ferme ses oreilles et poursuit ses courses. Le vigile continue de marcher, refusant à nouveau de me donner son nom. Le ton monte, le temps me semble interminable. Je reste là, à suivre ce vigile, à avoir honte : une autre violence m’assaille, celle de tous ceux qui ne bougent pas autour de moi … Et si c’était moi de l’autre côté des portes coulissantes ? …Et si c’était vous ?

Le vigile, que je continue de suivre, se justifie ‘on est payé pour régler les problèmes efficacement ‘. Belle efficacité. Devant cette inertie, je lâche « on ne peut pas régler les problèmes de cette façon, et puisque c’est comme ça, je vais à la police », ‘On aura alors un deuxième problème à régler’ ? C’est bien cela que j’entends ? Je cours, pour me calmer, parce qu’il y a urgence. Arrivée au commissariat de centre ville, je suis hors de moi, j’ai envie de hurler. A l’accueil, on m’écoute, on téléphone, on m’informe qu’une patrouille part. Je donne mon numéro de téléphone ‘il ne faut pas hésiter à me joindre’.

Le soir, je les rappelle pour avoir des nouvelles.

« Selon la direction des Cordeliers ‘il ne s’est rien passé’ ». Je demande à mon interlocuteur comment être sûre d’être informée de la suite des évènements. Il me dit qu’il faut déposer une main courante. Je tiens bon et ne renonce pas malgré l’attente. A présent, je relis le document officiel enregistré et ne reconnais pas vraiment la scène : édulcorée, vidée de son émotion et de sa brutalité. Je m’interroge sur l’utilité de la démarche. Je ne sais toujours pas ce qu’est devenu cet homme. Je voudrais savoir qu’il va bien.

Je discute avec mes enfants : ils savent aujourd’hui qu’il y a des dysfonctionnements dans la belle mécanique du maintien de l’ordre, et regardent d’un autre œil l’élégante galerie commerciale du centre ville.

J’ai essayé d’agir. Cette agression reste somme toute banale. Et c’est en cela que c’est terrible.

A.

Vu sur DAL 86, 22 décembre 2013