[Etats-Unis] Nucléaire : 15 dysfonctionnements graves en 2011

Pour l’année 2011, un groupe indépendant de scientifiques pointe 15 dysfonctionnements dans treize centrales nucléaires étatsuniennes, et parle de « problèmes graves évités de justesse »… soit « plus d’un par mois » ! 

L’industrie nucléaire américaine accusée de laxisme par des experts indépendants

Laxiste, l’industrie nucléaire américaine accumule les déficiences qui pourraient avoir des conséquences graves, accuse mardi un groupe indépendant de scientifiques privés, qui juge aussi que la Commission fédérale chargée de réglementer le secteur manque de poigne.

Dans son rapport, l’Union of Concerned Scientists (UCS) indique que quinze dysfonctionnements et pratiques risquées ont été signalés en 2011 dans 13 des 104 réacteurs nucléaires en service aux Etats-Unis.

Ce document examine en détail des « problèmes graves évités de justesse » et évalue la réponse de la Commission américaine de réglementation nucléaire (Nuclear Regulatory Commission ou NRC).

« Un grand nombre de lacunes significatives de sécurité dans les centrales nucléaires aux Etats-Unis en 2011 se sont produites parce que les propriétaires, mais aussi souvent la NRC, ont soit toléré des problèmes connus ou n’y ont pas répondu de façon adéquate », écrivent les auteurs de ce document de 45 pages.

Il décrit des inspections spéciales menées par la NRC en réponse à 15 problèmes de sécurité posés par des équipements et des déficiences.

« Aucun de ces 15 problèmes potentiellement graves n’a blessé des employés ou la population mais leur fréquence, de plus d’un par mois, est élevée pour une industrie ayant atteint sa maturité », jugent ces experts.

Parmi ces incidents, le rapport cite la centrale d’Oconee en Caroline du Sud (sud-est) où les services d’entretien ont découvert en 2011 qu’un système de refroidissement de secours du coeur des réacteurs, installés en 1983, n’aurait jamais fonctionné en cas de nécessité, vu que les coupe-circuits étaient mal réglés.

L’UCS souligne que cette centrale est identique à celle de Three Mile Island en Pennsylvanie (est) dont l’un des réacteurs avait subi une fusion partielle en 1979 en raison d’un dysfonctionnement du système de refroidissement.

Le rapport dénonce également les centrales nucléaires de Braidwood et Byron dans l’Illinois (nord). Le personnel d’entretien avait, depuis 1993, institué une pratique consistant à utiliser l’eau des circuits vitaux de refroidissement des réacteurs pour des pompes auxiliaires.

Cette pratique visait à ne pas utiliser les eaux non traitées d’un lac afin de réduire la corrosion. Mais en cas d’urgence, le système de refroidissement n’aurait pas pu fonctionner normalement en raison d’un manque d’eau, souligne l’UCS.

« Le bilan 2011 montre que la NRC est tout à fait capable d’être une agence efficace de surveillance qui protège la population et empêche l’industrie nucléaire de céder à ses pires penchants », estime Dave Lochbaum, directeur du projet de sécurité nucléaire à l’UCS et principal auteur du document.

« Mais trop souvent, l’agence n’est pas à la hauteur de son potentiel », estime cet ingénieur nucléaire qui a travaillé 17 ans dans des centrales.

Il cite de « nombreuses défaillances persistantes qui pourraient trop facilement provoquer un grave accident », pointant du doigt le fait que la NRC ait laissé subsister des problèmes pendant plusieurs décennies.

Le rapport souligne que 47 des 110 réacteurs américains ne se conforment toujours pas aux réglementations anti-incendie établies par la NRC en 1980. La NRC est également consciente que 27 réacteurs restent en service même si leurs systèmes de sécurité ne sont pas conçus pour résister suffisamment à des séismes, selon le rapport.

« Les accidents de Three Mile Island en 1979, de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima en 2011 se sont produits quand une poignée de problèmes connus et non-corrigés ont abouti à une catastrophe », a averti Dave Lochbaum, disant craindre que « l’industrie nucléaire américaine et la NRC n’aient rien appris de ces accidents et qu’un jour la chance leur fasse défaut ».

AFP, 28 février 2012

[Belgique] Un patron d’équipement automobile fait appel à une milice contre des grévistes

En Belgique des miliciens investissent une usine en grève

L’intervention musclée d’une vingtaine de membres d’une société allemande de sécurité recrutés par la direction dans une usine belge en voie de délocalisation a provoqué un tollé lundi en Belgique. Dimanche après-midi, ces hommes vêtus de noir, portant des cagoules et des gilets pare-balles et armés de matraques et de bombes lacrymogènes, ont investi l’usine de l’équipementier automobile Meister Benelux de Sprimont, dans le sud-est du pays.

Ces hommes appelés clairement «les miliciens» par les  médias belges, avaient pour mission de «récupérer» les pièces produites ces derniers jours. Mais les salariés, qui craignent la fermeture de leur site après l’annonce du transfert à l’étranger d’importantes commandes, n’entendaient pas les laisser sortir. Depuis plusieurs jours, la concertation était au point mort et l’ambiance tendue. Mercredi, la direction avait été séquestrée dans ses locaux par les syndicats pendant quelques heures.

Les «gros bras» venus du pays voisin ont molesté «deux ou trois ouvriers qui tentaient des les empêcher de rentrer dans l’usine», a dénoncé un responsable syndical, Gabriel Smal. Les membres du «commando» se sont alors retrouvés enfermés dans l’usine par une centaine de salariés et responsables syndicaux appelés en renfort. Ils ont été évacués par la police dans la nuit de dimanche à lundi, laissant derrière eux les pièces convoitées.

Lundi, les syndicats de Meister Benelux ont déposé plainte au civil et au pénal, pour dénoncer des «agissements indignes d’un Etat démocratique». «Ces actes s’apparentent à de véritables méthodes terroristes et de sauvageries totalement inconnues dans notre système de concertation sociale», a déclaré le délégué syndical.

De son côté, la ministre de l’Emploi, Monica De Coninck, a condamné «avec la plus grande fermeté» cette intervention. Elle a estimé que «le recours à ce que les différents témoignages qualifient de « milice privée » et la violence avec laquelle celle-ci semble avoir opéré relèvent d’un comportement inqualifiable digne d’un autre temps et contreviennent aux principes fondamentaux de notre Etat de droit». Ce qui nous laisse bien rire car en France comme en Belgique les gouvernements sont dans les mains d’un patronat, qui ne cherche qu’a augmenter ses profits et celui de ces actionnaires peut importe les moyens.

Blog du Groupe de Bethune de la fédération Anarchiste , 28 février 2012

[Hongrie] Travail obligatoire pour les Roms

ndPN : Nous évoquions il y a deux mois la fascisation de la Hongrie.

Les Roms au chômage sont désormais mis au travail obligatoire !

La « garde hongroise », milice du Jobbik, parti facho allié au gouvernement nationaliste de Viktor Orban.

Le travail obligatoire pour les Roms hongrois est devenu réalité

Depuis le 1er septembre, le gouvernement nationaliste de Viktor Orbán oblige un millier de bénéficiaires d’allocations chômage, en majorité des Roms, à travailler sur des chantiers publics. A terme, ce dispositif est censé toucher 300 000 personnes. Sandor Szöke, à la tête du « Mouvement des droits civiques hongrois », s’est rendu sur le site de Gyönggyöspata: il décrit des conditions de travail indignes, l’absurdité de ces chantiers et l’absence de réaction de la population.

Ils sont désormais une réalité: presque un mois déjà que les travaux forcés pour les chômeurs ont démarré en Hongrie. En avril 2010, la droite nationaliste et son leader, Viktor Orbán, remportaient une large victoire au Parlement en reprenant à leur compte une partie des thèmes de l’extrême-droite. Le 1er septembre 2011, entrait en vigueur un programme obligeant les prestataires de minimas sociaux à travailler sur des chantiers publics.

La Hongrie ne donnera plus d’avantages à ceux qui sont en mesure de travailler, alors qu’il y a tant de travail à accomplir »,

déclarait Viktor Orbán en juin dernier. Il a au moins le mérite de tenir ses promesses.

Mais quelles promesses! Mille chômeurs sont pour l’instant réquisitionnés pour participer à des travaux d’aménagement, sous peine d’être privés de leurs allocations. Ils sont répartis sur six lieux, de véritables « labos-test » avant l’extension du dispositif à des centaines de milliers de personnes dans les prochains mois. La Commission européenne a déclaré le 20 septembre ignorer l’existence de tels travaux.

« Outils du XIXème siècle »

Et pourtant… Sandor Szöke, qui dirige le « Mouvement des droits civiques hongrois », s’est rendu à plusieurs reprises sur le chantier de Gyönggyöspata, au nord-est du pays. Il témoigne:

Avant d’arriver sur le lieu de travail, les personnes doivent parcourir environ 7,5 km. Elles enchaînent dix heures de travail sur la journée. Elles nettoient un terrain boisé en vue de la construction de résidences pour la classe aisée. Les outils semblent tout droit sortis du XIXème siècle: on travaille à la faucille ! Il n’y a rien à disposition : pas d’eau, pas de toilettes, pas d’abri contre le soleil, pas de protection contre les guêpes… C’est humiliant. Le dirigeant du chantier, du parti d’extrême-droite Jobbik, n’a pas hésité à brusquer une dame de 58 ans à demi-paralysée pour qu’elle aille plus vite. La paye est de 180 euros bruts mensuels, pour un travail qui aurait pu être fini en une après-midi par des tracteurs. »

Camps de travail pour Roms?

Si le lieu de travail est à plus de 35 km, les travailleurs pourraient, alors, être obligés de dormir sur place dans des containers transformant alors, bel et bien, les chantiers en camps de travail. 

A l’annonce du programme en juillet, le quotidien allemand Die Tageszeitung estimait:

Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour comprendre que cette mesure vise principalement les Roms ».

En effet, près de 50 % des Roms, faiblement qualifiés et discriminés à l’embauche, seraient sans emploi. Nombre de familles vivent ainsi de l’aide sociale. Szandor Szöke a pu le vérifier à Gyönggyöspata:

Sur les quarante travailleurs du chantier, 39 sont des Roms. En réalité, les Hongrois ‘de souche’ ont trouvé des justificatifs pour échapper à ce travail forcé. Ce que ne peuvent évidemment pas faire les Roms. »

Ce n’est pas un hasard si le village de Gyönggyöspata est en pointe de la nouvelle politique. En avril dernier, une milice formée par le parti d’extrême-droite Jobbik avait défilé pour intimider les Roms et affirmer sa politique sécuritaire. Une démonstration de force qui a manifestement plu à la population puisque le Jobbik a gagné les élections municipales il y a un mois et demi.

Le peuple hongrois sans réaction

La dernière fois qu’un programme visait un groupe racial, c’était dans le début des années 1940 ! »,

s’insurge Sandor Szöke. Des propos qui peuvent sembler alarmistes, mais qui trouvent un écho dans certains détails du programme. En effet, le gouvernement  projette à terme d’encadrer les travaux forcés par des anciens de la Police et de l’Armée. A Gyönggyöspata, le parti Jobbik met peu à peu en place une gendarmerie,  un corps disparu en 1945 qui traîne une sinistre réputation… C’est cette gendarmerie qui mettait les juifs dans les wagons en partance pour les camps de concentration pendant la Seconde guerre mondiale ; elle encore qui sévissait lors de la dictature communiste. Mais le plus étonnant de l’affaire reste l’absence de réaction du peuple hongrois. Sandor Szöke explique:

Le populisme du gouvernement se nourrit de l’ignorance de la population, et inversement. La Hongrie n’a pas suffisamment travaillé sur son Histoire, donc celle-ci se répète. De 5 000 à 25 000 militants, tout au plus, s’affichent ouvertement contre ce programme. Le problème principal tient au fait qu’il n’y a pas d’opposition, pas d’alternative politique valable. Le Parti socialiste hongrois, le MSZDP, est vieillissant. Ses membres ne proposent plus rien, ils s’entredéchirent dans des luttes internes. De l’autre côté de l’échiquier, on trouve le Jobbik, crypto-fasciste et antiparlementaire… Enfin, la presse est muselée par les lois récentes instituant une pseudo-déontologie que doivent respecter les médias sous peine d’être sanctionnés financièrement. »

Main d’œuvre bon marché pour les Chinois

Il se pourrait que la persécution d’une minorité ne soit pas la seule motivation du gouvernement. Le Tageszeitung soulignait en juillet que

ce n’est pas un hasard si l’annonce de ces mesures intervient après la visite du Premier ministre chinois Wen Jiabao en Hongrie. La grande puissance asiatique veut racheter la dette hongroise mais aussi investir dans l’industrie et les projets d’infrastructures du pays ».

Les bénéficiaires d’allocations pourraient ainsi constituer une main-d’œuvre bon marché. D’autant que les perspectives économiques sont menaçantes, avec la récente baisse de la monnaie hongroise face à l’euro. D’un côté, Viktor Orbán n’a de cesse de vilipender les banques pour leur rôle dans la crise que traverse le pays. De l’autre, il innove avec une solution que peu d’économistes suggéraient jusque-là: mettre les Roms au travail à plein temps.

Myeurop.info, Baptiste Becquart, 26 février 2012

[Poitiers] Fin de l’Ajudevi, huit salariées licenciées

Tiraillements autour de l’aide aux victimes

L’Association judiciaire d’aide aux victimes a été liquidée, ses huit salariées sont licenciées. Le Prism prend le relais dans un contexte difficile et tendu. Après vingt-six années de présence, l’Association judiciaire d’aide aux justiciables de la Vienne (Ajudevi) stoppe ses activités le 1er mars. Contrainte et forcée.

Le tribunal de grande instance de Tours a prononcé sa liquidation judiciaire le 10 janvier dernier avec une poursuite d’activité jusqu’à ce jeudi. Le temps d’expédier les affaires courantes. L’association n’était pas en cessation des paiements, mais sa situation financière devenait de plus en plus ingérable. Et insoluble. « Des décisions ont été retardées trop longtemps », relèvent des salariées. Un poste de directeur, doté d’un salaire élevé, plombait les finances de l’association. S’en séparer revenait à payer de lourdes indemnités en déstabilisant un budget très contraint. Le garder entraînait à plus ou moins long terme le licenciement de tous les salariés.

 «   Des décisions trop retardées  « 

« Ces décisions-là auraient dû être prises il y a longtemps, ça fait deux ans que ça traînait. Le bureau n’a pas assumé », jugent les salariées licenciées. En plus des problèmes internes à cette petite structure, sont venues se greffer des restrictions budgétaires générales accentuant les difficultés. « Les subventions venues des collectivités, de la CAF, de l’État, du conseil général, allaient en diminuant », note aussi Me Françoise Blet, dernière présidente de l’Ajudevi. « Notre activité connaissait des fluctuations très fortes et on n’avait pas assez de trésorerie pour assumer », complètent les salariées. La voie du redressement judiciaire n’a pas été jugée crédible par le tribunal de grande instance de Tours. « Quand on nous demande d’assurer la permanence d’orientation pénale, il faut mobiliser une personne d’astreinte », expliquent ainsi les salariées de l’Ajudevi. « Ce n’est pas pris en charge financièrement. Des tractations sont en cours pour savoir qui va s’occuper de ça. C’est dévoreur en temps et en argent. » Désormais, ces risques-là, c’est le Pôle de réparation pénale d’investigation de soutien éducatif et de médiation (Prism) qui va devoir les assumer dans un contexte tout aussi difficile. La crise poitevine sur la question de l’aide aux victimes arrive paradoxalement alors que les autorités viennent de communiquer à grand renfort de campagnes publicitaires sur le numéro national d’appel 08VICTIMES.

Le Prism se prépare à prendre le relais

Pour le moment, rien n’est prêt. Pas de plaquettes à distribuer dans les gendarmeries et les commissariats, pas de convention définitivement signée avec les autorités judiciaires, pas de local installé et pas de téléphone. « Tout est en cours », tempère Nadine Delcoustal, directrice du Prism, l’organisme désormais désigné par la justice pour assurer à la fois l’aide aux victimes et les mandats judiciaires. « La signature de la convention par tous les intervenants, c’est une question de jours. On a trouvé un local, juste à côté de nos bureaux actuels, au n° 16 de la rue de la Demi-Lune. » Ils devraient être prêts pour l’accueil du public le 12 mars. En attendant que le téléphone soit installé, le Prism conseille d’appeler le 08 VICTIMES, soit le 08.842.846.37. Lorsque l’on cherche le nom de l’association d’aide agréée le site internet du ministère de la Justice renvoie toujours vers.. l’Ajudevi !

Une double mission

L’Ajudevi, et désormais le Prism, assument une double mission : l’aide aux victimes, c’est-à-dire un accompa- gnement psychologique et juridique gratuit pour expliquer aux victimes d’un crime ou d’un délit, quels sont leurs droits et quelles démarches elles peuvent entreprendre ; les mandats judiciaires, qui consistent en des missions confiées par la justice à l’association qui est alors rémunérée à l’acte, cela va du stage de citoyenneté, à la médiation pénale en passant par le contrôle judiciaire…

2.200

C’est le nombre de victimes qui prenaient contact annuellement avec l’Ajudevi. Sur ce nombre de démarches, environ 300 débouchaient sur une prise en charge nouvelle par les intervenants de l’association. Elles venaient s’ajouter aux 300 à 400 personnes qui faisaient toujours l’objet d’un suivi. Le deuxième volet de l’activité de l’Ajudevi était constitué par les mandats judiciaires : 50 enquêtes, 60 contrôles judiciaires, 80 médiations pénales, une quinzaine de stages consacrés à la citoyenneté, aux stups ou à la violence conjugale. Le Prism assure déjà certaines de ces missions comme les enquêtes pour les juges aux affaires familiales (120), les médiations familiales ordonnées par le parquet (120), les missions spécifiques de protection des mineurs (20)…

Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 28 février 2012

L’amertume des salariées licenciées

Les milliers de dossiers montés par l'Ajudevi sont prêts à partir à la poubelle. 

Les milliers de dossiers montés par l’Ajudevi sont prêts à partir à la poubelle.

Le plus dur, c’est le téléphone qui continue à sonner. Au bout du fil, des victimes auxquelles il est difficile de faire comprendre la situation actuelle. Un entre-deux mouvant où l’Ajudevi n’est plus aux affaires et la structure qui prend la suite pas encore à l’œuvre. La situation se profilait depuis de long mois mais elle laisse aux salariées licenciées économiques un sentiment de gâchis et d’amertume. La faute à qui ? A des financeurs qui n’ont pas toujours joué le jeu. A des atermoiements dans la prise de décisions en interne. A des choix de gestion mal négociés. « On nous a demandé comment on faisait notre travail. Mais, c’est tout. Pour le reste, si on doit être reprises, on a bien compris que ça serait par défaut », témoignent plusieurs salariées du site (1). « Les 8.000 fiches rédigées sur les victimes qui sont venues nous voir, on les a gardées jusqu’au dernier moment. Personne n’en veut. Maintenant, on jette ! » La salle de réunion sert à entasser les sacs poubelles lestés de vingt-six années de travail. « C’est un vrai gâchis, c’était notre expérience du terrain qui était là. Notre double activité, l’aide aux victimes et les mandats judiciaires c’était pour nous un gage de complémentarité. Les deux services peuvent cohabiter. Il faut juste l’organiser en matière de locaux pour assurer la confidentialité. »

Nouvelle République, 28 février 2012