L’État va ficher 45 millions de Français

L’État va ficher 45 millions de Français

Sous prétexte de lutte contre l’usurpation d’identité, la loi sur la « protection de l’identité », défendue par Claude Guéant, a été votée par les députés ce 13 décembre. Si certains amendements ont été retirés, comme la possibilité de la reconnaissance faciale via la vidéosurveillance, cette loi va instaurer, dès 2012, le fichage généralisé des Français de plus de 15 ans.

Photo : Leo Reynolds via Flickr

La création du fichier des « gens honnêtes », contenant les données biométriques de 45 millions de Français, a été adoptée par l’Assemblée nationale, le 13 décembre, en deuxième lecture. La loi sur la « protection de l’identité » prévoit, à partir de 2012, la mise en place d’une carte d’identité contenant des informations biométriques, munie d’une puce « commerciale » facultative, et la création d’un fichier d’une ampleur jamais égalée en France. Un projet qui suscite de nombreuses questions et critiques (lire notre enquête).

Pour défendre son projet, dont l’objectif affiché est la lutte contre l’usurpation d’identité, Claude Géant, ministre de l’Intérieur, évoque « ces Français empêchés de voyager, de louer un appartement ou d’inscrire leurs enfants à l’école parce qu’un fraudeur a accaparé leur identité », et qui parfois « plongent dans la dépression en voyant (…) leur vie paralysée ». « Le législateur ne saurait laisser à leur triste sort les quelque 100 000 victimes de fraude à l’identité [1] en adoptant un système volontairement dégradé », poursuit Philippe Goujon, rapporteur de la loi, qui défend la mise en place d’un fichier centralisé « à lien fort ». Un lien entre fichier et données biométriques qui permettrait non seulement l’authentification du porteur de la carte (et la lutte contre l’usurpation d’identité), mais aussi l’identification de n’importe quel Français répertorié dans le fichier à partir de ses seules empreintes digitales.

Face aux réserves de la gauche (et des sénateurs UMP qui ont refusé en masse de valider les propositions de Claude Guéant en juillet), le gouvernement a fait des concessions, souligne le ministre de l’Intérieur : l’exclusion des processus de reconnaissance faciale de la loi, la limitation à deux empreintes digitales prélevées et enregistrées, l’interdiction de croiser la base de données avec les autres fichiers administratifs. « Vous prétendez bâtir un fichier administratif, mais vos amendements successifs visent, avec constance, à en permettre une utilisation judiciaire », assène à l’Assemblée le socialiste Jean-Jacques Urvoas. Selon les amendements votés, le fichier pourra être utilisé par les forces de l’ordre en cas d’usurpation d’identité, d’escroquerie, d’atteinte aux services spécialisés de renseignement, de fraude au permis de conduire, d’entrave à l’exercice de la justice, de mention d’une fausse adresse aux agents assermentés des… Bien loin, donc, d’un banal outil administratif.

Sans compter que le remède préconisé pourrait être pire que le mal : un piratage de ce fichier aux données hautement sensibles pourrait entraîner un regain d’usurpations d’identité. Mais qu’importe ! « Souhaitons-nous entraver le travail de la justice ? Certes non ! », martèle le député UMP Philippe Goujon. Pour les libertés publiques, on repassera plus tard. Une commission paritaire mixte sera chargée de trouver un compromis entre le Sénat, qui a voté contre le « lien fort » entre fichier et données, et l’Assemblée nationale, dans les prochaines semaines.

Agnès Rousseaux

Notes

[1] Un chiffre fortement contesté, puisque la police et la gendarmerie ont constaté 14 000 faits en 2009, et le problème concernerait chaque année 13 900 personnes, selon l’Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale. Source : Rapport au Sénat.

Bastamag, Agnès Rousseaux, 14 décembre 2011

Relaxe de Michel et Jean-Paul, poursuivis pour avoir chanté Brassens à la face des cognes

Michel (groupe Kropotkine) et Jean-Paul, valeureux quoique infortunés interprètes de l’Hécatombe de tonton Georges, sont tous deux relaxés « au bénéfice du doute », dixit le président de la 17e chambre, un peu crispé, face aux prévenus et à la salle, un peu hilares.

Belle plaidoirie de Maître Halimi et réquisitoire modéré – on comprendra pourquoi dans un article à suivre du ML de rentrée – de madame la procureure.

Félicitations renouvelées à nos deux amis, mort aux lois, et vive l’anarchie !

mail d’un membre du groupe Claaaaaash (FA), 14 décembre 2011

màj : Voir aussi une brève dans le canard local (L’Union) ainsi que sur le site des Inrocks

Un an de prison pour l’évadé de Corbas

Un an de prison pour l’évadé de Corbas

La liberté coute cher, surtout quand on la perd. Le détenue de la prison de corbas qui s’était évadé jeudi dernier, alors qu’avait lieu devant la prison une manifestation contre le système carcéral, avait été rattrapé par les flics deux heures plus tard, dénoncé par des habitants de Corbas. Il a été condamné pour cette évasion, en plus de sa peine, à un an d’emprisonnement.

Rebellyon, 14 décembre 2011

[Florence] Double meurtre raciste

A Florence, le fascisme assassine ! 

Deux vendeurs ambulants sénégalais ont été tués, mardi, par un homme d’une cinquantaine d’années à Florence. Selon les carabiniers cités par les médias italiens, l’homme, un militant d’extrême-droite, a ouvert le feu sur un marché avant de se suicider.

Deux vendeurs ambulants ont été tués sur le coup, tandis qu’un troisième a été conduit dans un état jugé très grave à l’hôpital. Selon des témoignages cités sur le site Internet du quotidien « La Repubblica », l’auteur de l’agression, un homme aux cheveux poivre et sel d’environ 50 ans, arrivé sur place à bord d’un véhicule blanc, a tiré trois coups de feu avant de repartir.

Une personne qui l’a vu s’enfuir a pris des photos avec son téléphone portable alors qu’il remontait à bord de son véhicule a été entendue par les enquêteurs.

Deuxième fusillade

Des représentants de la communauté sénégalaise sont arrivés rapidement sur place, au milieu des larmes de désespoir des confrères des trois Sénégalais, tous vendeurs ambulants exerçant fréquemment sur ce marché.

Après avoir quitté Piazza Dalmazia, lieu de la première fusillade, le tireur s’est rendu dans un autre marché dans le centre historique, où il a de nouveau ouvert le feu, faisant deux blessés. Il s’est ensuite suicidé avec son arme, un 357 Magnum.

Après la tragédie, un cortège spontané de 200 personnes, dont une majorité de Sénégalais et de proches des victimes, s’est ébranlé depuis Piazza Dalmazia vers le centre aux cris de « Honte ! Honte ! » et « Racistes ».

Le Réveil, 14 décembre 2011