[Poitiers] Ouverture d’un lieu

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Nous, occupants de l’immeuble situé au 89 rue des Feuillants (à Poitiers) depuis
près de deux semaines, avons aujourd’hui, 15 juin 2011, ouvert ce lieu au public
après avoir prévenu le voisinage de notre présence.

Notre démarche est politique, nous entendons par là faire de cette habitation un
lieu d’échange, de rencontre (repas de quartier, friperie, expressions diverses, …).
Nous vous invitons donc à venir participer à différents débats ainsi qu’à proposer
des sujets de discussion.

Nous souhaitons nous organiser sur l’initiative de chacun et chacune afin de nous
réapproprier, à notre mesure, la ville, le temps et l’espace.

À très bientôt !

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IMC Nantes, 17/06/2011

Au pays du touche-pipi

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Après le DSK circus voici, en piste, le Tron show, du nom de ce secrétaire d’État qui, selon ses employées, aimait à caresser leurs pieds. Mazette, quelle affaire ! Et les pisse-copies de se jeter sur le podophile en position de démissionnaire, comme la misère (du journalisme) sur le pauvre monde politique. N’écoutant que son courage et aussi, un peu, son penchant pour les perversités de toutes sortes, l’autruche s’est renseignée au sujet de la podophilie. Elle a ainsi appris que cette pratique s’inscrivait dans le cadre, plus large, des « paraphilies ». Bien. Kézako cette chose, l’amour des parachutes ? Ladite podophilie n’en concerne pas moins des milliers de gens dans ce pays, et connait nombre de variantes telles le footjob, acte qui, comme son nom l’indique, consiste à masturber le sexe du partenaire avec ses pieds, ou le trampling : se faire marcher sur le corps, par quelqu’un de chaussé ou non, plus subtil encore, le crushing, qui revient à écraser sous ses talons, aiguilles ou non, des insectes, à défaut de petits animaux — des bisons, non : trop compliqué. Au détour du blog « Onanisme and Co » (oui monsieur, quand l’autruche enquête elle le fait avec sérieux), on apprend également que « dans l’argot des maisons closes, sucer les pieds d’une prostituée était appelé « faire petit-salé ». Ça donne soif. Mais comme si Tron ne suffisait pas au bonheur des journaux du soir, voilà t-y pas que le philosophe au nom de bateau moche s’y met. Ferry, Luc, balance. Lâche tout de go le cas « d’un ancien ministre qui s’est fait poisser dans une partouze à Marrakech avec des petits garçons. » Son nom ? Là, silence. « Quand on n’a pas de preuves, on ferme sa gueule », précise très élégamment le présumé philosophe. C’est surtout que la transparence a ses limites, n’est-ce pas, des limites imposées par le code implicite de la caste à laquelle appartient Luc Ferry. Il risque des poursuites, dit-il, s’il cite le ministre pédophile. M’est avis qu’il risque bien pire, de son point de vue du moins, s’il brise l’omerta : la pure et simple mise au ban. Quoi qu’il en soit, au cœur même de ce Sarkozystan en totale capilotade, les affaires de cul risquent fort de s’accumuler durant l’année qui vient, au point que les solides armoires du ministère de la Justice verront leurs gonds céder sous le poids des dossiers. Ce n’est plus le pays des droits de l’homme, mais celui de sa langue, de son sexe, de ses doigts. Le pays du touche-pipi.
Même le concombre s’y met, cuisiné à la mode serial killer ! À l’observer, comme ça, comme à la dérobée sur l’étal du concombrier, il nous paraissait jusqu’à lors parfaitement inoffensif. Que nenni, le voilà qui tue, en rafale, bien qu’aux dernières nouvelles ça ne serait pas lui mais la laitue, mais les radis, mais les tomates tueuses !… Cinq fruits et légumes par jour, qu’ils disent. Pas de doute, ils veulent notre peau.
Elles devaient ne valoir pas cher, la peau des 250 passagers disparus en mer et au large de la Tunisie. Bougres et braves et courageux, embarqués de fortune, qui jamais ne verront ces côtes européennes rêvées comme accueillantes. Selon d’aucuns, aux macabres comptes, depuis 1988 il y aurait eu dans cette région, le détroit de Sicile, environ 12 000 noyés. « Ce qui en fait le plus grand cimetière marin, au monde », indique le journaliste en queue de reportage. Cimetière des espoirs, cimetière des illusions. Les murs de la forteresse Europe sont dressés, droits, solides, imperméables, inflexibles. Et l’Europe, depuis longtemps, ne rêve plus.

Frédo Ladrisse, Le Monde libertaire n°1639

[Poitiers] Les Indignés sans toit place du Marché

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Hier soir, vers 22h40, la police a mené une opération éclair place du Marché à Poitiers pour effectuer quelques contrôles d’identité. Des toiles de tentes ont été saisies, « arrachées des mains » selon l’un des Indignés. « Ils n’ont pas voulu nous dresser un procès-verbal. » Aucune interpellation n’a été effectuée. Des moyens conséquents (cinq voitures et une camionnette) ont été déployés pour cette opération.
Le mouvement des Indignés, qui s’était installé place de la Liberté à Poitiers, avait décidé dans la journée d’aller se réunir sur la place du Marché. Excédés par les confiscations de matériel et après avoir été chassés déjà deux fois de leur campement de fortune, ces Indignés de tous âges espèraient ainsi gagner en visibilité à défaut d’obtenir la tranquillité. « On ne craint pas d’être chassés puisque de toute façon nous l’étions déjà avant. On va bien voir comment ça va se passer cette fois. » Le mouvement avait encore gagné quelques membres depuis le début de la semaine: pour la plupart des jeunes de l’agglomération mais aussi un Belge et des Bretons. « L’un de nous revient même de Bilbao où il a côtoyé les Indignados espagnols. » Le noyau dur du mouvement était mieux organisé puisqu’il prévoyait de passer la nuit dans des tentes et non plus sous des cartons. Mais la police est venue hier soir.

Centre Presse, 10/06/2011

Brésil : l’Italie déboutée, Cesare Battisti retrouve la liberté

L’ex-activiste italien d’extrême gauche Cesare Battisti est sorti, jeudi peu après minuit, heure locale (5 heures, heure de Paris) de la prison près de Brasilia où il était incarcéré depuis quatre ans, après que la Cour suprême du Brésil a rejeté son extradition vers l’Italie, a constaté un journaliste de l’AFP.

La libération de cette figure des « années de plomb » des années 70 en Italie, où il a été condamné pour meurtres, met un point sans doute final à une cavale de trente ans, suivie d’une bataille judiciaire et d’une crise diplomatique avec Rome.

Accompagné de ses avocats, Cesare Battisti, 56 ans, vêtu d’un pantalon clair et d’une chemise blanche, est apparu serein à la foule de reporters et de photographes postés devant la prison de haute sécurité de Papuna, où il était en attente de son extradition depuis son arrestation en 2007 à Rio de Janeiro. Il n’a fait aucune déclaration en retrouvant la liberté.

« AUCUNE INTENTION DE QUITTER LE BRÉSIL »

Un de ses défenseurs, Luis Roberto Barroso, a indiqué aux journalistes que Battisti « n’avait aucune intention de quitter le Brésil ». Il a précisé que son client se rendrait dès jeudi au ministère de la justice pour solliciter un visa de résident permanent. Il devait passer la nuit dans un condominium fermé, dans les environs de Brasilia.

Battisti était réclamé par l’Italie après avoir été condamné en 1993 par contumace à la réclusion à perpétuité pour quatre meurtres et complicité de meurtres à la fin des années 1970, crimes dont il se dit innocent.

Quelques heures plus tôt, les juges de la Cour suprême avaient jugé par six voix contre trois que l’Italie ne pouvait contester la décision souveraine de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva de ne pas extrader Battisti.

« VIVE AMERTUME » DE L’ITALIE

Rome a aussitôt réagi vivement par la voix de la ministre de la jeunesse, Giorgia Meloni, qui a dénoncé ce refus comme étant une « énième humiliation » pour les victimes. Le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, a ensuite exprimé dans un communiqué « la vive amertume » de son pays et indiqué que Rome entendait contester devant la Cour internationale de justice de La Haye.

Selon le président du conseil, la décision du Tribunal suprême fédéral brésilien « ne tient pas compte de l’attente légitime que justice soit faite en particulier pour les familles des victimes de Battisti ». « L’Italie continuera son action et activera les instances judiciaires opportunes pour assurer le respect des accords internationaux qui lient deux pays unis par des liens historiques d’amitié et solidarité », a poursuivi M. Berlusconi.

Le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a également fait part dans un communiqué de sa « profonde amertume » pour la décision brésilienne et annoncé que Rome « utilisera tout mécanisme de tutelle juridique possible auprès des institutions multilatérales compétentes en particulier auprès de la Cour internationale de justice de La Haye ». Rome a pour objectif « d’obtenir la révision d’une décision que nous ne considérons pas comme cohérente avec les principes généraux du droit et les obligations prévues dans le droit international », a précisé M. Frattini.

« SOUVERAINETÉ NATIONALE »

La plus haute juridiction du Brésil a statué à l’issue d’un débat houleux de six heures. « Ce qui est en jeu ici, c’est la souveraineté nationale. C’est très simple. La Cour, elle-même, a décidé que le président de la République pouvait décider », a dit le juge Luiz Fux en justifiant son vote contre l’extradition.

En 2009, la Cour avait accepté d’extrader Battisti mais, dans un jugement controversé, avait laissé le président Lula décider en dernier ressort. Le refus de Lula d’extrader Battisti avait provoqué une crise diplomatique entre Brasilia et Rome qui avait rappelé son ambassadeur à Brasilia.

Arrêté dans son pays en 1979 quand il militait dans le groupuscule des Prolétaires armés pour le communisme (PAC), Cesare Battisti avait été condamné à douze ans de prison. Il s’est évadé en 1981 et a alors commencé une longue cavale au Mexique, en France où il est devenu auteur de romans policiers et finalement au Brésil.

LEMONDE.FR avec AFP | 09.06.11 | 06h23 • Mis à jour le 09.06.11 | 08h57