Le Monde Libertaire n° 1711 (du 20 au 27 juin 2013)

NdPN : le Monde Libertaire hebdo est sorti jeudi dernier en kiosques. Un exemplaire a été déposé au Biblio-Café de Poitiers, pour consultation libre. Vous pouvez aussi nous contacter pour vous en procurer un à prix libre. Ci-dessous, vous trouverez trois liens web vers des articles déjà en ligne sur le site du Monde Libertaire. Bonne lecture !

Le Monde Libertaire n° 1711 (du 20 au 27 juin 2013)

« Quand les éboueurs sont en grève, les orduriers sont indignés. » – Jacques Prévert

Sommaire du Monde Libertaire n° 1711

Actualité

Pour quelques millions d’euros, par R. Pino, page 3

Actualité de l’homophobie, par P. Schindler, page 5

Météo syndicale, par J.-P. Germain, page 6

Dialectique du démonte-pneus, par G. Goutte, page 7

La Chronique néphrétique de Rodkol, page 8

International

Femmes d’Afrique, par P. Sommermeyer, page 9

Retour sur l’Alter-sommet, par J.-F. Aupetitgendre, page 10

Arguments

La gauche comme nouvelle droite, par L. Janover, page 12

Histoire

La CGT face à l’État, par A. Sauvage, page 14

Sciences

Une histoire de gènes (partie II), par L. Magrou, page 16

À lire

Sénac ou le citoyen du volcan, par N. Potkine, page 18

L’État en question, par A. Bernard, page 19

Le mouvement

Naissance de l’Urco, par Urco, page 20

Violence policière à Nantes, par Collectif, page 21

Illustrations

Aurelio, Jahno, Kalem, Krokaga, Manolo Prolo, Riri, Valère

Editorial du Monde Libertaire n° 1711

On dit souvent, y compris dans nos colonnes, que le mouvement social se trouve actuellement dans une phase d’atonie profonde qui permet aux gouvernements successifs et aux patrons de nous en mettre plein le buffet. Et c’est vrai. Pourtant, les luttes sont là. Un peu partout. Du monde du travail aux problèmes de logement, les pauvres se mobilisent pour améliorer le quotidien, tout en se questionnant, parfois, sur les possibles d’un lendemain meilleur. L’actualité de ces derniers jours en témoigne d’ailleurs largement : débrayage à Michelin, grève massive des aiguilleurs du ciel contre la privatisation de leur activité, grève aussi chez les cheminots, occupation de Virgin par ses salariés, etc. Les travailleurs ne sont donc pas amorphes, mais la réalité du capitalisme et l’état de la syndicalisation nous obligent aujourd’hui à nous replier sur des luttes pragmatiques pour défendre notre gagne-pain. Ce qui nous manque, en fait, ce sont des revendications globales, dépassant le cadre, au demeurant inévitable, du corporatisme. Gageons que ce que nous prépare le gouvernement sur les retraites pour la rentrée de septembre nous donne des billes pour rassembler tous ceux qui, aujourd’hui, affrontent le capital en face. Et, dans ce merdier, les anarchistes ont un rôle à jouer, comme n’importe quel autre acteur du mouvement social, pour ne pas laisser notre avenir aux mains des politiciens de tous poils. À nous, donc, de prendre nos responsabilités et de travailler, au-delà des appels incantatoires, à l’élaboration de revendications communes susceptibles de fédérer les révoltés et de faire émerger chez les plus frileux le sens de l’engagement.

[Limoges] Rassemblement contre l’ouverture du musée Urêka à Bessines par Areva

AREVA doit ouvrir son effroyable musée de la mine courant juillet

Ce musée a coûté 10 millions d’euros sans compter l’argent des citoyens dépensé par la région Limousin pour les infrastructures d’accès. Il se trouve à Bessines sur Gartempe dans l’enceinte d’AREVA où sont stockés 180 000 tonnes de déchets « faiblement » radioactifs.

Les anti-nucléaires limousins et ZAD87 organisent une manifestation le 6 juillet à Limoges pour dénoncer ce scandale.

Vu sur Zad.nadir, 22 juin 2013

[Poitiers] Rions (jaune) avec Alain Claeys

Deux  citations d’Alain Claeys, tirées de son interview avec des journalistes de la NR :

« Pour moi, un squat n’est pas la solution. Concernant les Roms, je vous dis qu’il y a un certain nombre de personnes qui instrumentalisent ces populations. Moi je n’ai jamais utilisé la misère de quiconque pour mener un quelconque combat politique ! »

Nous avions déjà produit un article sur cette accusation d’instrumentalisation, pour le moins culottée. Pour Alain Claeys, responsable des questions du logement, soutenir des personnes qui tentent tant bien que mal de se débrouiller pour trouver un toit, face à une politique désastreuse du logement de la mairie et de la préfecture, c’est de « l’instrumentalisation » ! On croit rêver. Pour lui, les squats ne sont pas la solution… monsieur le maire, la solution, c’est dormir dans la rue ? Le problème c’est que pour l’instant, les solutions d’Alain Claeys consistent à attaquer en justice les habitant-e-s de ces squats et renvoyer les gens à un 115 surbondé et inadapté ! Les gens qui dorment dans des squats ont pourtant tenté et tentent toujours de faire valoir leur droit à un logement décent auprès des institutions. Si ces personnes occupent des squats, ce n’est pas de gaieté de cœur, mais pour ne pas dormir à la rue !

Autre citation, sur l’inégalité économique et sociale entre les quartiers :

« Rebattre les cartes dans les quartiers. Il y a des inégalités. La puissance publique doit pouvoir les corriger. Ouvrir, par exemple, des classes de musique dans les écoles et permettre à des enfants de faire du poney. »

Là, on tient le podium !

Pavillon Noir, 22 juin 2013

[Dangé-Saint-Romain – 86] Brionne : 16 licenciés  » écoeurés « 

Brionne : 16 licenciés  » écoeurés « 

Dangé-Saint-Romain. Seize salariés de Brionne ont reçu leur lettre  de licenciement mardi. Hier, ils sont allés à l’usine pour la dernière fois…

Les seize salariés (sur 59) de Brionne, à Dangé-Saint-Romain, avaient entre 15 et 41 années de boîte. Hier, ils se sont probablement rendus, pour la dernière fois, dans les locaux de « leur » entreprise, spécialisée dans la quincaillerie décorative.

«  On a reçu notre lettre de licenciement mardi  »

Pas pour travailler. Mais pour rencontrer les agents de Pôle Emploi venus leur présenter le CSP (Contrat de sécurisation professionnelle : 80 % de salaire brut pendant un an). « On a reçu notre lettre de licenciement mardi. Aucune négociation n’a abouti. On est écœuré », fulminent un représentant syndical CFDT et un salarié. Ce plan de licenciement, mis en place par cette société détenue depuis vingt ans par le groupe parisien Souchier, est lié à la crise dans le secteur du bâtiment. Mais pas seulement d’après les 16 salariés licenciés. « C’est la faute d’une mauvaise gestion financière et d’un manque d’investissement. L’absence du directeur commercial depuis avril 2012, pour lequel l’entreprise a été condamnée à verser 182.000 € pour ses indemnités de licenciement, est aussi une des raisons », expliquent-ils. Parmi les seize licenciements, « deux sont des personnes handicapées », précisent-ils, et trois sont des salariés protégés : un syndicaliste CFDT et deux représentants du CE (comité d’entreprise) « récemment élus ». « Ils veulent baisser la masse salariale mais pourquoi n’ont-ils pas touché aux cadres ni aux agents de maîtrise ? Du coup, il reste plus d’improductifs dans l’usine que de productifs. »

«  Ils ont peur  »

Quel est le comportement des salariés épargnés par le plan de licenciement ? « On n’est pas soutenu. Il n’y a eu ni grève ni débrayage. Mais on les comprend. Ils ont peur », réagit le représentant syndical. Faut-il pour autant craindre d’autres mauvaises nouvelles, sachant que Brionne (qui dégage un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros, en baisse, selon les licenciés) est placée en redressement judiciaire avec une période d’observation de six mois ? « On considère que la boîte va à sa perte si ça continue. Ou, à défaut, vers un nouveau plan de licenciements. »

Denys Frétier, Nouvelle République, 21 juin 2013

[Civaux – 86] Des nouvelles de la centrale nucléaire

NdPN : pauvre direction de la centrale de Civaux… elle se serait fait remonter les bretelles pas assez diplomatiquement par l’ASN. On constate que la préfecture place sa priorité dans le bien-être psychologique de la direction de Civaux.

A côté de ça, on apprend qu’un nouvel incident a eu lieu à la centrale, qui aurait pu conduire à la catastrophe si d’autres paramètres fâcheux s’étaient invités… touchons du bois pour la prochaine fois, il paraît que ça marche.

Par contre, le plan particulier d’intervention (PPI) en cas d’accident nucléaire n’a été rendu (enfin) public que récemment sur le site de la préfecture. S’il n’avait pas été publié, c’était « pour des raisons un peu mystérieuses » dixit la préfète…

Ce qui est bien avec la nucléocratie, c’est qu’elle trouve toujours les mots pour rassurer.

Centrale de Civaux : vous avez dit manque de rigueur ?

L’autorité de sûreté nucléaire a été invitée à préciser les critiques formulées par la chef de la division de Bordeaux, hier. En l’absence de l’intéressée.

Anne-Cécile Rigail n’était pas présente à Poitiers, hier, pour l’assemblée extraordinaire de la commission locale d’information (CLI) de la centrale de Civaux. La chef de la division de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de Bordeaux avait délégué son adjoint, Bertrand Frémaux. Ce sont pourtant ses propos qui ont conduit la préfète de la Vienne à convoquer cette réunion exceptionnelle après avoir été publiquement interpellée par le député-maire de Poitiers.

« Le fait est qu’à Civaux, il y a culturellement parfois une certaine souplesse avec l’application des règles qui n’est pas acceptable pour un exploitant nucléaire », avait dénoncé Mme Rigail, le mois dernier, au cours d’une conférence de presse organisée à Toulouse. Elle avait aussi précisé que la centrale poitevine d’EDF ferait l’objet d’une « vigilance accrue » : « Nous la contrôlons avec beaucoup d’attention dans la mesure où depuis plusieurs années nous alertions la direction parce que le niveau de culture et de rigueur nous paraissait insuffisant. »

«  Le débat est très passionnel  »

Dans un langage à la fois plus technique et plus diplomatique, Bertrand Frémaux a une nouvelle fois présenté le rapport annuel sur la sûreté nucléaire et la radioprotection en France pour l’année 2012. L’occasion de rappeler les bons et les mauvais points du site de Civaux, en particulier les facteurs organisationnels et humains dans l’exploitation du site et ses conséquences sur l’environnement. Mais là n’était finalement pas le véritable enjeu du rendez-vous. « Le débat est très passionnel et la communication de l’ASN a suscité une certaine émotion », explique la préfète, Elisabeth Borne. « On a un gendarme exigeant et attentif dans le nucléaire. Il est indépendant et c’est très bien… J’ai quand même demandé à (son) directeur général que les gens pèsent bien la façon dans les termes qu’ils utilisent peuvent être reçus. » Message destiné à Anne-Cécile Rigail, donc, qui avait donc parlé un peu trop fort. « Tout cela a été très dur à vivre pour les personnels », ajoute le directeur de la centrale de Civaux, Louis Bellegarde. « On a été obligé de tous les réunir pour leur dire qu’ils étaient de bons professionnels et que c’est justement parce qu’ils sont de bons professionnels qu’ils doivent sans cesse s’améliorer. » L’ASN y veillera.

bon à savoir

Transparence

Interpellé par les antinucléaires, la préfète de la Vienne a accepté que le Plan particulier d’intervention de Civaux, document de référence en cas d’alerte pour l’organisation des secours dans le périmètre et l’information au public, soit consultable sur le site Internet de la préfecture. C’est chose faite. « Pour des raisons un peu mystérieuses, il ne l’avait pas été », a précisé Elisabeth Borne.

en savoir plus

Un événement de niveau 1

Un événement de niveau 1 (sur l’échelle INES qui en compte 7) a été déclaré le 23 mai dernier à la centrale de Civaux à la suite de l’indisponibilité partielle du circuit de refroidissement intermédiaire. Pour le savoir, il fallait consulter les sites Internet d’EDF et de la Commission locale d’information. Pendant treize heures, deux échangeurs sont restés simultanément indisponibles. Or, en cas d’indisponibilité simultanée des deux échangeurs d’une même voie de ce circuit, l’exploitant dispose d’une heure pour procéder au repli du réacteur. « Cette prescription n’a donc pas été respectée », précise l’ASN. Les antinucléaires qui siègent à la CLI s’en sont émus hier.

Baptiste Bize, Nouvelle République, 21 juin 2013