Clément M, la naissance d’un militant libertaire

NdPN : voir l’appel (dont la Fédération signataire est l’un des signataires) : Le fascisme tue. Ensemble, combattons-le !

Clément M, la naissance d’un militant libertaire

Quand il entre à 15 ans au lycée à Brest, il y a de cela quatre ans, Clément joue de la basse avec son groupe de musique et fréquente des militants d’Alternative Libertaire.

Ce qu’il entend au niveau national, ce sont les discours fascisants sur l’ « Identité Nationale » de l’époque Sarkozy. Ce qu’il voit, c’est la lutte pour la retraite à 60 ans.

Pendant ses années de lycée, Clément milite en soutien aux sans-papiers.

Il devient aussi un végétalien convaincu.

Il est dans les luttes écologiques et de défense des animaux.

En classe de première, ses premiers pas en politique sont stoppés net par la maladie. Son 16ème anniversaire, il le passe en chambre stérile à lutter contre une leucémie. Au début on croît le perdre. Le choc est rude et le moral à zéro. Mais il se bat et il se bat aussi pour que sa guitare puisse entrer dans sa chambre. On stérilise donc la guitare ! Des mois de traitements lourds, des mois de chambre stérile et le soutien des élèves de sa classe, des profs et des amis. Après des mois de lutte et de courage, le voilà de retour au lycée. Il retrouve son cocktail préféré à Brest : musique et politique. Et il fonce pour croquer la vie.

Bac en poche, il veut entrer à Science Po à Paris. Lors de l’entretien d’admission il affirme ses doutes sur notre société ainsi que son opposition au système économique capitaliste. Il parle des conditions de vie des sans-papiers. Il se présente sans équivoque comme libertaire. Dans un entretien d’admission, c’est risqué mais il est admis. Faut croire que Sciences Po a besoin de se donner l’image d’une officine de formation ouverte et tolérante.

A Sciences Po, qu’il surnomme très vite « PIPO », au milieu de beaucoup de « nés bourgeois » comme il l’écrit, Clem cherche des ami-e-s et un syndicat étudiant. « L’unef beurk ! La CNT, à Pipo y a pas ! Un Sud-étudiant  va se remonter. La première réunion est dans quelques heures, j’y serai« .     Il fréquente aussi la CNT. C’est là qu’il va commencer à discuter avec des militants antifascistes. Très vite, Clem entre dans l’AFA « action anti fasciste ».

Son engagement c’est sa force et il fonce !

Par ailleurs Clément ne peut pas rester longtemps sans jouer de la basse. Il trouve et retrouve des amis musiciens et participe à de nombreux concerts « off ».

Au début 2013 les mails de Clément portent essentiellement sur les manifs contre le mariage pour tous et sur la lutte contre l’homophobie : citons « Qu’ils nous laissent libres d’aimer qui on veut. D’ailleurs ce n’est pas à l’Etat de s’occuper de ça« .

Clément découvre avec horreur le nazisme affiché des fascistes, les croix gammées gravées dans la peau, les saluts nazis. Il est traumatisé par les « ratonnades » auxquelles ces fascistes se livrent contre des jeunes originaires du nord de l’Afrique. Il ajoute « L’usage que le FN et les « groupustules » fachos font du drapeau français, c’est leur « cache secte nazie« .

Dans un dernier mail, il écrit : « je m’ennuie dans les cours de macro-éco : c’est pipeau. En plus je commence à détester le discours dominant de Pipo. » A se demander alors s’il arrivera à supporter cela trois, quatre ans.

Clément préfère l’action aux palabres. Cependant l’étudiant calme, doux, discret, qui paraît si fragile,  a des propos incisifs, raides parfois. Mais des propos qui résultent d’une analyse politique fine sur la France et l’Europe. Voici, tiré de ses derniers mails …

Sur la vie syndicale à Brest il écrit sur sa page Face Book : »L’arsenal n’est plus aussi rouge qu’avant, mais c’est un devoir de mémoire.« 

Sur la lutte antifasciste : « Cette lutte n’a pas l’air d’intéresser les partis et syndicats de la gauche classique. Des discours oui, mais pas d’actes. Que sont-ils devenus ? »

Sur sa lutte AntiFa : « Etre AntiFa ce n’est pas une posture morale, c’est une lutte politique et de tous les jours. Pour tous les jeunes d’Europe !  T’as vu en Hongrie, en Angleterre, tous ces fachos ?« 

Sur la construction de la gauche : « Depuis la chute du mur de Berlin, la gauche est dans la broyeuse : débris et divisions partout. A la CNT, au NPA, au front de gauche, c’est partout la merde. Nous ne construirons pas une autre politique à gauche avec les gravats du mur ! »

Sur les sans-papier et le mariage pour tous : « On se bat pour l’égalité des droits, mais le mariage je m’en cale. Les manifs des droites sont des démonstrations de force homophobes. Finalement on dit mariage pour tous, papiers pour tous, mais ce que nous préférons, c’est pas de papiers du tout, pour personne et pas de mariage du tout !« 

Dans ce parcours politique de quatre ans,

quatre petites années,

un militant politique libertaire est né …….

et …….. ils lui ont volé sa vie  le 5 juin 2013.

Il avait 18 ans.

(8 juin 2013. JB. Extraits de courriels entre Clément et un ami de la famille)

Vu sur le site de la Fondation Pierre Besnard, 13 juin 2013

[Chasseneuil – 86] Bonilait : la grève continue !

Bonilait : le bras de fer continue

Depuis lundi matin une quarantaine de salariés CGT Bonilait Protéines, bloquent l’accès à l’usine de Chasseneuil-du-Poitou de transformation du lait. Lundi en soirée le syndicat a déposé sur le bureau de la direction une liste de revendications et parmi les plus importantes une augmentation des salaires à hauteur de 75 € bruts pour tous, une amélioration des conditions de travail, une meilleure communication, la reconnaissance et le respect des salariés.

« Les ateliers de séchage nous ont rejoints « précise Alain Hérault délégué CGT. « Aujourd’hui la direction refuse de négocier dans le seul but de voir le mouvement s’essouffler, mais les agents sont déterminés… » Les grévistes qui bloquent l’entrée à l’usine 24 h/24, se sont rendus à la préfecture mercredi après-midi dans le but d’obtenir un rendez-vous avec l’administration.

Alain Chauveau, Nouvelle République, 13 juin 2013

[Poitiers] CHU : la grève continue !

Les agents du CHU de Poitiers manifestent devant l’ARS ce matin

La grogne se poursuit au CHU de Poitiers. Hier, ils ont été 22 % à suivre le mouvement et l’intersyndicale CGT, CFDT et FO a voté le prolongement de la grève.

Le personnel a refusé la nouvelle proposition de Jean-Pierre Dewitte, directeur général du CHU, quant aux mesures budgétaires : quatre jours de RTT supprimés au lieu de six pour le personnel à repos variable et uniquement le jour de sujétion supprimé au lieu de deux jours de RTT pour le personnel à repos fixe. « Nous sommes reçus demain (NDLR : aujourd’hui) à l’Agence régionale de santé à 10 h 00 en présence de Jean-Pierre Dewitte afin de récupérer nos 5 millions d’euros », déclare Marie-Thérèse Pintureau, porte-parole de l’intersyndicale. Une assemblée générale aura lieu à 14 h 30 dans le hall Jean-Bernard pour un compte-rendu. De son côté, la Coordination nationale infirmière qui n’appartient pas à l’intersyndicale, appelle au rassemblement devant l’ARS à 11 h 30. « Nous allons déposer nos 1.500 signatures au directeur général de l’agence, François-Emmanuel Blanc et nous invitons tout le corps soignant à venir nous rejoindre », précise Christian Trianneau, président de la CNI et infirmier au CHU. La CNI a fait appel au soutien du maire de Poitiers, Alain Claeys, en saisissant le conseil de surveillance.

Aurore Ymonnet, Nouvelle République, 13 juin 2013

[Poitiers] Cordon sanitaire contre l’homophobie

NdPN : un nouveau rassemblement de « veilleurs » a eu lieu mardi. Une nouvelle fois, un contre-rassemblement a eu lieu. Nous avons trouvé ce communiqué sur Indymedia Nantes. Le ton est assez virulent, mais il y a en effet de quoi éprouver de l’exaspération à voir s’étaler sur la place publique des discours sexistes et homophobes insupportables, et de voir qui plus est la protection policière dont les personnes qui les tiennent bénéficient. A Montpellier, ce mardi 11 juin, les policiers ont ainsi durement réprimé un picnic convivial et festif qui s’opposait aux veilleurs… L’homophobie et le sexisme ne relèvent pas de la « liberté d’expression », pas plus que le racisme : c’est juste intolérable ! Il n’y a aucun « respect » ni « débat » à avoir avec des ennemi-e-s de la liberté et de l’égalité.

[Poitiers] Cordon sanitaire contre l’homophobie

Hier soir, 11 juin 2013, un nouveau rassemblement du collectif des veilleurs a eu lieu sur les marches du palais de justice de Poitiers.

Ces rassemblements hebdomadaires s’inscrivent dans le sillage du mouvement réactionnaire qui tente de s’opposer à l’extension du mariage aux couples de même sexe.

Nous nous sommes rassemblées face à cette engeance afin de signifier qu’il n’était pas question pour nous d’abandonner la rue aux cathos, fachos et autres réactionnaires de tous poils. Nous avons formé un grand cordon sanitaire afin de nous protéger de cette canaille et avons gueulé des slogans et chanté notre passion pour la liberté et l’égalité.

Notre présence a évidemment ameuté quelques porcelets en uniforme qui sont venus protéger les » veilleurs » qui pourtant disposent déjà d’un service d’ordre. Les porcs (mille excuses aux vrais cochons qui n’ont pas mérité cette comparaison insultante) n’ont, pour une fois, pas jugé opportun d’interpeller l’un.e d’entre nous. La prochaine fois peut-être ?

Nous avons salué le départ des « veilleurs » par quelques « Homophobes, gros débiles ! » et autres « Homophobes assassins, police complice ! ».

Nous reviendrons, sans doute…

Vu sur Indymedia Nantes, 12 juin 2013

Sur le démantèlement annoncé de l’usine Michelin de Joué-les-Tours

NdPN : vous l’aurez remarqué, nous ne dressons pas franchement de lauriers aux journalistes de la Nouvelle République… pour employer un euphémisme ! Néanmoins il y en a qui font du bon taf : une fois de plus, c’est le cas de ce journaliste, qui produit ici deux bons papiers sur le démantèlement annoncé de l’usine Michelin à Joué-les-Tours.

Quand Michelin a déménagé

Le démantèlement annoncé ces jours-ci de l’usine Michelin de Joué-lès-Tours s’est déroulé à Poitiers il y a quelques années. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Une image forte. Le Bibendum jeté au sol, puis brûlé, comme une statue de dictateur au Proche-Orient. C’était le 12 octobre 2005, à Poitiers. Le groupe Michelin venait d’annoncer l’arrêt de la production de pneus poids lourds, pour la transférer à… Joué-les-Tours. 432 salariés étaient concernés. 60 sont restés sur place dans l’unité de logistique et de montage (*), 129 avaient l’âge de bénéficier d’un départ anticipé, 133 ont fait le choix de monter dans la navette pour aller travailler en Touraine (voir ci-dessous), et 111 ont été licenciés.

 Depuis, il n’y a eu que Kramp, «  c’est loin de faire la balle  »

Aujourd’hui, c’est l’usine de Joué qui est dans le collimateur du groupe. Fermeture annoncée. « Bis repetita, ça fait mal au cœur, commente Laurent Sapin, l’un des soixante qui est resté à Poitiers. A l’époque, pour faire passer la pilule, le directeur nous vantait les mérites de l’usine de Joué-les-Tours et du pneu X One qui allait révolutionner le transport. » Le pneu a fait flop en Europe et, aujourd’hui, Michelin veut se débarrasser de son Joué. A Poitiers, les anciens se souviennent des promesses de l’époque. Et rigolent de celles qu’ils entendent aujourd’hui. Quand Michel Sapin, le ministre du Travail, assure que personne n’ira à Pôle Emploi, Hervé Daumand, syndicaliste de l’époque, rappelle « les 111 qui ont été licenciés, et qui n’ont rien gagné devant la justice ». Combien ont retrouvé un boulot ? « 64 avaient un CDI en 2009, après, j’ai arrêté de tenir les comptes, c’est trop déprimant. » Et la revitalisation du site abandonné, comme le promet Michelin, aujourd’hui en Touraine ? A Poitiers, le site a été rasé, puis la société Prologis a reconstruit des bâtiments, dont l’un loué par Michelin justement. En 2008, Prologis annonçait « 600 emplois d’ici 4 ans ». Aujourd’hui, on les cherche. Il y a bien eu l’installation de l’usine Kramp (125 salariés), mais elle a été délocalisée de Civray. « C’est loin de faire la balle », sourit, jaune, Laurent Sapin qui avoue avoir une pensée, chaque jour « pour les anciens potes de Michelin, qui font la route tous les jours, et ceux qui ont été virés ». Ceux-là, ne croient plus aux promesses.

 (*) A Poitiers, Michelin conserve un site pour le montage des pneus (le seul en Europe) et la logistique, avec 50 salariés. L’unité reçoit des pneus des usines européennes du groupe et les renvoie, montés, dans toute l’Europe du nord. Pour l’heure, de source syndicale, ce site connaît une activité très satisfaisante et n’est pas menacé.

repères

Les dates-clés du Bibendum à Poitiers

> 1972 : Michelin installe une usine à Poitiers, sur un site de 34 hectares à l’ouest de la ville, qui deviendra la zone industrielle de la République. > 1982 : L’entreprise emploie 1.200 salariés, un pic qu’elle ne retrouvera jamais. > 2002 : Michelin met en place une direction commune pour les deux sites de Poitiers (700 salariés à l’époque) et de Joué-lès-Tours, qui fabriquent tous les deux des pneus pour les poids lourds. > 2003 : Michelin annonce « le transfert progressif » de 190 emplois de Poitiers vers Joué. Les syndicats protestent contre le déménagement des machines, synonyme de fermeture à court terme du site de Poitiers. > 2005 : Le 22 juin, Michelin annonce l’arrêt de la production de pneus à Poitiers : 432 postes vont être supprimés. Le groupe auvergnat n’entend conserver qu’une soixantaine de salariés sur le site pour du montage et de la logistique. Les volontaires sont reclassés vers l’usine de Joué-lès-Tours, un bus les y conduira trois fois par jour. Les autres seront licenciés. Le 12 octobre, au plus fort du mouvement de grève consécutif à l’annonce, le Bibendum qui trônait à l’entrée de l’usine part en fumée. > 2006 : La production est stoppée le 16 février. 111 salariés reçoivent leur lettre de licenciement. > 2008 : La cheminée historique de l’usine de Poitiers est abattue. Le nouveau propriétaire des lieux, Prologis, construit à la place une plateforme logistique, pour laquelle on annonce la création de 600 emplois en quatre ans. > 2009 : La cour administrative d’appel de Bordeaux rejette les derniers recours déposés par des salariés qui contestaient leur licenciement. C’est la fin de trois ans de combats judiciaires qui a vu Michelin gagnant sur toute la ligne.

Philippe Bonnet, Nouvelle République, 13 juin 2013

 » C’est du copier-coller « 

Ce mercredi matin, à l’heure de monter dans la navette Véolia qui le conduit chaque jour à l’usine de Joué, depuis 2005, Patrick Guichet est en colère. Il vient de voir Jean-Pierre Raffarin, à la télé, dire « que les socialistes sont incapables de gérer le déclin industriel » : « Et lui, en 2005, qui venait d’être Premier ministre pendant trois ans, qu’est-ce qu’il a fait pour que Michelin reste à Poitiers ? » A l’époque, Patrick avait 50 ans. Il n’avait pas d’autre choix que d’accepter la mobilité vers Joué-lès-Tours. Sept ans plus tard, le voici confronté à une nouvelle fermeture. « C’est du copier-coller, la décision qui vous arrive sur la tête comme ça, d’un seul coup, explique-t-il. L’onde de choc va être terrible, il y a des gars qui vont craquer là-bas. » Lui, espère faire partie du plan « fin de carrière » qui accompagnera la fermeture de l’usine : « On nous dit que ça concernera ceux qui sont nés avant le 30 septembre 1957. » C’est son cas, il a 57 ans et, en plus, 39 ans « de boîte ». Mais la perspective d’un départ anticipé, alors que se profile une énième réforme des retraites, lui semble quand même incongru. « Surtout quand on sait qu’il y a Laurence Parisot et Louis Gallois au conseil de surveillance de Michelin »…

Ph.B., Nouvelle République, 13 juin 2013