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[Poitou-Charentes] PS… comme Patronat subventionné

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20 M€ pour les entreprises l’aide exceptionnelle de la Région

Le conseil régional de Poitou-Charentes met à disposition 20 M€ à destination des entreprises. Une mesure exceptionnelle sans lever l’impôt.

Je mesure que les entreprises sont confrontées à de véritables difficultés. Beaucoup d’entre elles souffrent. Elles différent les investissements. Il y a un attentisme, constate le président du conseil régional de Poitou-Charentes, Jean-François Macaire, et les collectivités locales ne sont pas en situation de relancer leurs projets.

Conscient de la gravité de cette période, qui ne peut être comparée à la crise de 2008 qui avait asséché les crédits, Jean-François Macaire observant le caractère durable de cette dépression a décidé, avec l’exécutif, que la Région avait « un rôle à jouer ». « A situation exceptionnelle, relance exceptionnelle », dit-il. L’élu lance un plan de soutien à l’investissement industriel pour la compétitivité et l’emploi : « Le conseil régional met une enveloppe de 20 M€ ouverte aux petites et moyennes entreprises travaillant dans les filières industrielles et disponible immédiatement. » Ajoutant : « Cette aide concerne tous les entrepreneurs qui souhaitent prendre des initiatives. » Mais pas n’importe lesquelles. Celles qui ont trait à la conquête de nouveaux marchés, à la modernisation de l’outil de travail, à la formation des salariés, aux économies d’énergie, à une meilleure gestion des déchets. Bref, des aides qui concourent à l’amélioration de la performance globale des entreprises dans la région Poitou-Charentes. Et en aucun cas à combler un déficit de trésorerie.

Le rôle de la Région

L’enveloppe exceptionnelle prise sur le budget régional « sans augmenter la fiscalité », pourra intégrer des fonds européens fléchés sur les PME. Dès octobre, la Région peut faire appel aux fonds Feder et FSE (Fonds spécial européen). Qui portent sur environ deux tiers d’une somme totale de 267 M€ affectés sur sept ans.
Il n’y aura pas de plafond, le coup de pouce peut être fléché sur un projet de quelques milliers d’euros jusqu’au million d’euros. Pour les entreprises de taille intermédiaires (ETI) de plus de 250 salariés, les sommes allouées entrent dans le cadre des règlements européens.
Cette initiative régionale, qui passera par un vote lors de la commission permanente du vendredi 19 septembre, sera présentée, par le président Macaire, aux chefs d’entreprises et aux élus de l’opposition, mercredi 17 septembre, lors d’une réunion à l’hôtel de Région. « Nous pouvons aller sur un consensus avec l’opposition », espère Jean-François Macaire. Quant aux chefs d’entreprises appartenant à ces filières industrielles et aux partenaires sociaux invités, leur présence permettra d’adapter ce plan « à partir de leurs propositions », conclut le président de Région.

Didier Monteil, Nouvelle République, 12 septembre 2013 (et souligné par nos soins)

[Châtellerault] Sud Territoriale sur la réforme des rythmes scolaires et les activités périscolaires

NdPN : où l’on mesure bien l’un des autres aspects de la réforme des rythmes scolaires, bien en phase avec les évolutions récentes au sein de l’éducation nationale : flexibiliser les travailleur.euse.s.

 » La direction a encore fait une boulette « 

C’est le titre d’un tract du syndicat de Châtellerault, Solidaires Sud, collectivités territoriales, qui dénonce un passage en force dans l’application de la réforme des rythmes scolaires et des activités périscolaires qui s’y rattachent, notamment au niveau de l’agglo.

« Ces modifications ne touchent pas que nos bambins et leurs parents puisque le personnel de l’éducation, GEPB et des services culturels de la communauté d’agglomération (CAPC) sont censés s’adapter aux nouvelles circonstances », explique Brahim Henni, du syndicat Sud.
Si au niveau de la ville de Châtellerault, direction et élus ont entamé une concertation avec les agents et les représentants du personnel, Brahim Henni regrette qu’il n’en ait pas été de même au niveau de l’agglo. « Ces rythmes scolaires n’impactent pas uniquement la ville de Châtellerault mais aussi la communauté d’agglomération puisque cette dernière assure les activités périscolaires (conservatoire, école d’art plastique, bibliothèque…). Le rôle de la direction est d’apporter une veille juridique aux élus et de prévoir une meilleure gestion du personnel (réorganisation, recrutement) pour faire face à une amplitude de travail toujours plus grande. Or, elle n’a rien prévu de cela soit par nonchalance, négligence ou incompétence. »
Il cite un exemple : « Aujourd’hui, le directeur-stagiaire du conservatoire passe en force en imposant directement aux agents et professeurs les nouveaux horaires sans concertation. » Le syndicaliste dénonce une « amplitude horaire toujours plus grande avec le même nombre d’agents ». Il résume vertement : « Toujours plus avec toujours moins de personnel ! »
Le syndicat Sud demande à la direction le « respect des agents et leurs conditions de travail, les instances représentatives du personnel et les militants syndicaux », le « recrutement du personnel pour la mise en place des nouveaux rythmes scolaires », et « la titularisation de tous les agents précaires ».

Nouvelle République, 12 septembre 2014

[Poitiers] Lutte des places au Front de gauche

Avec le slogan "Prenez le pouvoir" au lieu de "luttez contre le pouvoir", il était clair que le "débat" interne ferait long feu.
Avec le slogan « Prenez le pouvoir » au lieu de « luttez contre le pouvoir », il était clair que le « débat » interne ferait long feu.

NdPN : Si l’espoir fait vivre, si la situation sociale suscite des engagements militants sincères, un peu d’histoire sociale et de clarté politique ne font pas de mal, histoire de s’épargner déception, perte de temps et d’énergie militantes dans des impasses éculées. Entre l’alliance avec une bureaucratie PCF forte d’une histoire remarquablement constante de trahisons politiques et sociales, et celle avec une direction d’EELV qui tente avec un zèle assez admirable de rattraper son retard sur le PCF en la matière, l’espoir quelque peu naïf de nombreux.ses militant.e.s de base du Front de gauche de constituer un « pôle d’attraction ouvert » semble être confronté à la réalité banale des stratégies de pouvoir inhérentes aux partis représentativistes. Si le but est d’en finir avec les inégalités politiques, économiques et sociales, mieux vaut fuir comme la peste les écueils archiconnus d’inconséquences telles que la fin du pouvoir par la « conquête du pouvoir », la fin du capitalisme par sa « régulation », la fin des discriminations par le « droit » au sein d’institutions étatistes et bourgeoises. L’émancipation des opprimé.e.s, des exploité.e.s et des discriminé.e.s passe par l’organisation de leur autonomie et leurs luttes, et non par ces chimères pathétiques rabâchées depuis des lustres par la gauche, ayant déjà plus qu’amplement démontré non seulement leur impuissance, mais aussi leur nocivité dans les luttes sociales.

 » Pas de candidatures Front de gauche « 

Les candidats aux sénatoriales Gisèle Jean et Patrick Coronas, présentés sous la bannière Front de gauche, ont créé une polémique. Décryptage.

Cela ressemble à une déclaration de guerre, pour ceux qui s’en réclament, lorsque Gisèle Jean et Patrick Coronas, candidats aux sénatoriales, annoncent : « Nous avons été candidats pour le Front de Gauche et nous le serons à nouveau… » La réponse n’a pas tardé : « C’est scandaleux, c’est une manipulation et le Front de gauche départemental n’avait pas besoin de ça », réagit Jacques Arfeuillère (*), chargé de communication au Parti de Gauche (PG). Et il n’est pas le seul à monter au front : « Pour le Parti communiste français, le Front de gauche est un instrument, pour nous c’est un projet d’avenir », précise Séverine Lenhard, co-secrétaire du PG. Son homologue, Christian Morisset (**) assure que « jamais nous n’aurions accepté d’être représentés par quelqu’un qui a passé un accord politique avec le Parti socialiste pour les élections municipales à Poitiers de mars 2014 ».
Petit rappel pour comprendre la fracture : en juin dernier, le Front de gauche (PG, PCF, et Ensemble) rencontre EE-LV pour une liste commune à la gauche du PS dans le cadre des élections sénatoriales. Le Parti communiste français refuse cette union à cause de la présence Verts. Les négociations échouent.

« Il n’y a pas de candidatures Front de gauche aux sénatoriales dans la Vienne », répètent à l’envi les responsables du Parti de gauche. D’autant moins que deux candidatures seront présentées, vendredi, lors d’une conférence de presse : « Nous annoncerons une liste commune Parti de gauche et Europe Ecologie-Les Verts », promet Jacques Arfeuillère. Avec l’ambition de porter un message politique : « Nous nous exprimerons contre les politiques anti-austérité, contre une réforme territoriale antidémocratique, pour une autre république », explique l’élu poitevin. Ajoutant : « Comment ne pas penser alors qu’il y aurait donc, au sein du Front de Gauche, deux conceptions bien différentes entre ceux qui utilisent l’étiquette à des fins électorales et ceux qui cherchent obstinément à faire de celui-ci un pôle d’attraction ouvert. La première est suicidaire. Un démenti et une mise au point publique des candidats sont nécessaires. »

(*) Jacques Arfeuillère, (PG) conseil municipal, conseiller communautaire à Poitiers. (**) Jean-Luc Morisset, conseiller municipal d’opposition à Chauvigny.

Didier Monteil, Nouvelle République, 11 septembre 2014

[Poitiers] Linky va débarquer : désobéissance à la surveillance totale !

NdPN : collecte totalitaire de données précises sur nos vies privées, défauts flagrants de sécurisation des données, pollution électromagnétique massive, renchérissement des factures prévisible, dégraissage d’employés à terme… oui, mais privatisation croissante d’un marché juteux pour le Capital ; le tout défendu par les pouvoirs politique, économique et médiatique, sous des prétextes fallacieux d’écologie et d’emploi ! Il est plus que temps d’organiser la résistance contre l’installation prochaine (fin 2015) de ces « compteurs intelligents » dans des millions d’habitations. Alors que de nombreuses associations mènent la lutte, la NR de ce jour omet toutes les critiques… relayant de fait, hélas sans surprise, les arguments pro-ERDF.

Itron inscrit 1,2 million à son compteur

La multinationale a été retenue pour fabriquer, à Chasseneuil-du Poitou, une première série de compteurs électriques intelligents pour ERDF.

Même si ce n’est pas totalement une surprise, William Hosono, directeur général pour la France, l’Europe du sud et la Méditerranée d’Itron Électricité, ne cache pas sa satisfaction : son entreprise vient de remporter la plus grosse partie du marché des compteurs électriques intelligents mis en compétition par ERDF.

Itron France en réalisera 1,2 million, soit la plus grosse part du marché, pour un compteur arrivé en tête au classement des performances. Cinq autres entreprises ont été retenues pour ce gigantesque marché. La première tranche portera sur trois millions de compteurs, plus un million en option, ce qui pourrait porter le nombre d’appareils fabriqués à Chasseneuil-du-Poitou à 1,6 million. Pour la fabrication des prototypes mis en test et en prévision d’un marché de plus en plus probable, Itron a engagé 27 personnes ces derniers mois.

Un compteur entièrement conçu dans la Vienne

D’autres embauches pourraient venir : « On verra en fonction du calendrier des commandes », annonce prudemment William Hosono, qui indique que le début de la fourniture des nouveaux compteurs n’interviendra pas avant septembre 2015.
A terme, 80 % des compteurs électriques domestiques, soit environ 35 millions d’appareils, doivent être changés dans les années qui viennent. ERDF devra lancer de nouveaux appels d’offres pour les tranches suivantes mais il semble évident qu’Itron vient de marquer des points précieux pour l’avenir.
Une belle récompense pour les équipes poitevines d’Itron qui ont entièrement conçu le compteur communiquant Linky, destiné à faciliter les relevés mais aussi, pour chaque usager, à contrôler en temps réel sa consommation. Leur principal atout : elles travaillaient déjà depuis plusieurs années sur la technologie du compteur intelligent destiné à l’industrie.

en savoir plus

Itron, leader mondial

Leader mondial des solutions de comptage intelligent, la multinationale américaine Itron a son siège dans l’état de Washington. Il a racheté en 2007 la société Actaris, qui avait elle-même acquis en 2001 l’activité compteurs du français Schlumberger, à laquelle appartenait l’usine de Chasseneuil-du-Poitou. Le site de Chasseneuil, fondé en 1976, est installé sur 12.500 m2 et emploie 330 personnes.

Vincent Buche, Nouvelle République, 9 septembre 2014

[Poitiers] Quand la justice bourgeoise condamne la misère

NdPN : faut-il encore émettre des commentaires sur la « justice » bourgeoise ? à chaque chronique judiciaire, la même banalité du mépris de classe, la même rage devant ce système judiciaire d’Etat fait pour protéger les riches et les puissants, et écraser toujours plus les pauvres.

On comparera surtout, à titre d’exemple « qui confine au grotesque », le traitement et le réquisitoire du parquet dans cette affaire (six mois de prison ferme pour un « vol » de quelques centaines d’euros… contre une personne vivant dans la misère avec 200 euros par trimestre), avec la demande du parquet concernant, il y a quelques jours à peine, l’ex-notable De Bony (18 mois de prison… avec sursis, pour un « détournement » de 440.000 euros, de la part d’un notable ayant déjà un salaire de base de 10.000 euros mensuels).

On passera aussi sur le vocabulaire employé dans un cas et dans l’autre par les journalistes… Il y a de quoi vomir mais à force, on s’habituerait presque à la nausée : les pauvres apprennent à serrer les dents.

justiceFinalement, l’histoire se termine avec du « TIG ». En l’occurrence, cent vingt euros de travail obligatoire non rémunéré (ni plus ni moins que la définition de l’esclavage) au prétexte hypocrite d’un « intérêt général » défini par les pouvoirs ; et avec une amende pour « dommages et intérêts », versée à des policiers au motif bien connu de l' »outrage », en guise de bonus banalisé de fin de mois. Il faudrait peut-être songer à créer une rubrique supplémentaire à la fin des fiches de paye, concernant la rémunération des prolétaires en uniforme bleu marine.

Le jour où capitalisme et Etat s’effondreront, souhaitons seulement aux législateurs, aux juges, aux policiers et aux directeurs de prisons de courir vite, très vite : les anciens opprimés ont une mémoire, et ne manifesteront pas forcément, en rendant leur justice, la même civilité hypocrite que les notables en costumes, robes et uniformes… ils ne partageront peut-être pas non plus notre idéal anarchiste d’une justice débarrassée de la punition.

***

 » Je vole juste pour manger « 

Poitiers. Confronté à des conditions d’existence précaires après trente ans d’errance et quinze années de galère, un pauvre hère vit de rapine.

Le temps est lourd et le silence pesant dans la salle d’audience désertée. A la barre, un homme éclate en sanglots alors que le président du tribunal évoque sa misérable vie. « Voulez-vous qu’on arrête là ce récit s’il est trop difficile à entendre ? » « Non monsieur, continuez. ». « Vous êtes donc arrivé en France en 1999 alors que vous aviez 15 ans. Votre père est décédé, vous avez été élevé par votre grand-mère. Vous n’avez pas revu votre mère depuis très longtemps. » « Oui, trop longtemps. » Maître Émilie Hay rajoute une touche de gris à ce sombre tableau. « Mon client ne peut plus payer le loyer du studio insalubre qui lui sert de logement. » La situation administrative du Guinéen confine au grotesque. Son conseil rappelle que depuis qu’il a « malencontreusement passé son passeport à la machine à laver » il n’arrive plus à obtenir le titre de séjour indispensable pour travailler. Il n’a pas accès aux droits sociaux et doit (sur) vivre avec moins de 200 euros… Par trimestre. « Si je vole, ce n’est par plaisir. C’est pour manger. »

C’est un bon père d’un jeune garçon de nationalité française. Il ne peut donc être contraint de quitter le territoire.. « Si vous le condamnez à de la prison ferme, ce sera fini pour lui, plaide Maître Hay. Il n’obtiendra pas de titre séjour. N’en faites pas un ni-ni (ni expulsable, ni régularisable). »
Le pauvre hère est accusé d’avoir volé 280 € et des tickets restaurants dans un camion de chantier. C’était le 8 juillet dans le quartier de Chilvert. Surpris par sa victime, il avait fui en dérobant un vélo. Les policiers l’avaient retrouvé caché derrière un arbre dans un jardin de la rue Saint-Jacqaues. L’interpellation s’était mal passée. En sus des vols reconnus, il doit répondre menaces de mort et outrages à personnes dépositaires de l’autorité publique. « J’étais paniqué. Je me suis énervé. Je m’excuse sincèrement auprès des policiers que j’ai insultés et des gens que j’ai volés. » Les trois policiers, constitués partie civile, réclament chacun 500 €. Le ministère public demande six mois de prison. Ferme. Le tribunal donne une dernière chance à celui qui n’en a jamais eu : il est condamné à 140 heures de travail d’intérêt général. Les policiers recevront 100 € de dommages et intérêts.

L.L., Nouvelle République, 9 septembre 2014