Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

[Paris, Barbès] Rafle de sans-papiers – le fascisme ne se limite pas à des groupuscules fachos !

Rafle de sans papiers en ce moment sur Barbès

les fachos assassinent hier, les socialos raflent aujourd’hui,  énorme rafle en ce moment sur barbès, des centaines  de flics encerclent le quartier depuis plus de deux heures, quatre cars d’embarquement présents, l’un rempli de sans papiers vient de partir, des copains sont sur place, les sans papiers vont peut être être amenés rue de l’évangile.

6 juin 2013, Indymedia Paris

Violences d’extrême-droite, violences d’Etat

Mercredi 5 juin 2013, un jeune camarade de notre union syndicale a été battu à mort par un  fasciste. Le lendemain, à l’heure même où nous étions réuni-e-s en silence à l’endroit où Clément  avait été tué, nous recevions des sms  nous informant que le ministre de l’intérieur organisait une rafle massive de sans-papiers à quelques stations de métro de là, à Barbès.

Ceci n’est pas possible, nous vivons cela comme une insulte à la mémoire de Clément, de ses engagements. Le fascisme c’est un ensemble. Un gouvernement PS ne peut appeler à participer à un rassemblement contre la violence fasciste et dans le même temps organiser une rafle. Une époque ne se définit pas comme fasciste uniquement lorsque  quelques individus extrémistes se sentant tout puissants tuent en plein cœur de la ville.

Quand un gouvernement rafle des personnes par centaines dans un quartier bouclé, cela participe d’un ensemble. La chasse aux rroms qui ont des papiers européens et aux africain-e-s qui n’en ont pas participe du même contexte politique que les manifs et discours homophobes et que les violences de rue des skinheads et groupes nationalistes fascistes. Le fascisme c’est un ensemble.

Face à la montée du fascisme, chacun-e se retrouve placé-e face à sa responsabilité. Appeler à des manifs ne suffira pas à dédouaner ceux qui ont fait le choix de la discrimination vis-à-vis des étrangers. Clément Méric (nous citons son prénom et son nom, car c’est ainsi qu’on parle d’un militant adulte et responsable) ne restreignait certainement pas son combat antifasciste aux seuls extrémistes au crâne rasé. Ce soir nous sommes en colère, nous sommes écœuré-e-s, et nous pensons devoir à sa mémoire de ne rien concéder ni sur les violences d’extrême droite, ni sur les violences d’état : les rafles organisées doivent cesser ! Liberté de circulation pour tou-te-s ! Le fascisme est une gangrène, soit on l’élimine soit on en crève !

Isabelle et Olivier, instits et syndicalistes

Indymedia Paris, 7 juin 2013

Mise à jour 11 juin 2013 :

voir l’article paru sur le Jura Libertaire

[Poitiers] Manif en soutien aux migrant-e-s et aux habitant-e-s des squats en lutte

Pour la régularisation des sans-papiers

Hier soir, au départ de la manifestation devant le palais de justice.

Plus d’une centaine de personnes ont manifesté hier dans le centre-ville pour demander l’arrêt des expulsions des Roms et des sans-papiers. A l’appel du collectif poitevin « D’ailleurs, nous sommes d’ici » qui fédère de nombreuses associations, mouvements et partis politiques, celles-ci ont défilé du palais de justice à la mairie en passant par la préfecture. Depuis plusieurs semaines, dénonce le collectif, « quelque 70 personnes (Roms, Géorgiens, Arméniens et Azéris) se sont réfugiées dans un ancien foyer d’accueil de la ville et dans deux pavillons désaffectés de Logiparc. La seule réponse qu’on leur apporte, c’est de demander à la justice leur expulsion. » Le collectif soutient ces occupations et demande à la mairie et à Logiparc l’annulation des procédures judiciaires et la mise en place, sous l’autorité de la préfecture, d’une « véritable concertation ». Au-delà, estiment les manifestants, cette situation des Roms renvoie à d’autres situations de précarité vécues par de nombreux sans papiers. Ainsi les taxes de régularisation (jusqu’à 600 € par personne) instituées par le gouvernement précédent n’ont pas été abrogées. « Comment trouver une telle somme quand on est sans papiers et donc sans autorisation de travailler » s’insurge enfin le collectif.

J.-M.G., Nouvelle République, 6 juin 2013

[Poitiers] Des proches d’Ali Bongo à la Maison des étudiants ce jeudi

Avis aux étudiant-e-s de Poitiers : des éminences d’Ali Bongo vont débarquer à Poitiers. Dont « Son Excellence » l’ambassadeur du Gabon en France, Germain Ngoyo Moussavou, ancien directeur de cabinet adjoint d’Omar Bongo et proche intime d’Ali Bongo. Dont aussi un « conseiller spécial du président ». Du beau monde, assurément.

Ces messieurs seront présents à la maison des Etudiants, ce jeudi à 16 heures, à l’occasion de la diffusion d’un film scientifique – sans doute très intéressant par ailleurs, là n’est pas la question.

Pour rappel, l’Etat gabonais est un pilier historique de la Françafrique… qui est « une question qui n’existe pas », selon Ali Bongo.

Ali Bongo donc, fils d’Omar Bongo, et élu dans des conditions pour le moins très critiquées dans le monde entier, a renforcé l’autocratie d’un régime déjà hyper-présidentiel. Richissime, Bongo fils a été l’objet de plusieurs plaintes dans les affaires dites des « biens mal acquis », sans parler de nombreuses autres accusations de corruption émises par des ONG et des associations. Il réprime régulièrement les opposants à son régime ; lors de son « élection », des dizaines de personnes sont mortes par balles selon des opposants, lors des manifestations de Port-Gentil.

Thierry Mombo, 19 ans, mort par balle en septembre 2009 à Port-Gentil
Thierry Mombo, 19 ans, mort par balle en septembre 2009 à Port-Gentil

Rappelons aussi la répression du mouvement « ça suffit comme ça » l’an dernier, avec tabassages de manifestant-e-s ; les procès politiques et condamnations contre des opposant-e-s ayant dénoncé le régime ; les poursuites contre des journalistes pour « délits de presse » ; les gazages au lacrymo et les emprisonnements contre des étudiants en lutte…

Malgré les belles déclarations de l’Etat français PS contre la Françafrique, Ali Bongo avait été reçu à l’Elysée en juillet 2012. Dans un communiqué, l’Elysée avait annoncé que l’entretien avait « permis de passer en revue les priorités du partenariat franco-gabonais et d’examiner les domaines où il pourrait être renforcé, en particulier en matière de développement économique et de protection de l’environnement ». Les vieilles ententes sont tenaces, entre Etats complices de longue date.

Bienvenue au Bongholland...
Bienvenue au Bongholland…

L’Université de Poitiers prend une lourde responsabilité en invitant des personnages aussi influents du pouvoir gabonais. Les journalistes de la Nouvelle République auraient quant à eux pu se montrer plus solidaires de ce qui arrive à leurs confrères gabonais-es ayant le malheur de dénoncer le pouvoir en place : pas un mot de la NR sur le régime que représente l’ambassadeur du Gabon.

Pour notre part, notre solidarité indéfectible va aux gabonais-es qui luttent contre la répression, hier comme aujourd’hui.

Pavillon Noir, 5 juin 2013

***

Extraits de la Nouvelle République du 5 juin 2013 :

De cette aventure humaine et scientifique sort, cinq années plus tard, un film intitulé « A la recherche des origines : 2 milliards d’années au Gabon ». Ce document sera diffusé, jeudi 6 juin à 16 heures, à la Maison des étudiants, sur le campus à Poitiers. […]

Jeudi, à la MDE, seront présents l’ambassadeur du Gabon en France, un conseiller spécial du président de la République du Gabon, le directeur général de l’institut gabonais « Son et Image » notamment.

[Turquie] Solidarité avec les révolté-e-s !

NdPN : plus de mille blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les syndicats locaux de médecins et des associations. Un nouveau mort hier, dans la province du Hatay. Ci-joints les communiqués de nos compagnes et compagnons du DAF, un communiqué de féministes turques et le communiqué Relations internationales de la Fédération Anarchiste.

Occupy_Gezi

1er juin : Émeutes massives contre le terrorisme d’État en Turquie

Après deux jours de protestation contre la gentrification urbaine de Gezi Park (le plus grand parc de la place Taksim, où les espaces verts sont sans cesse détruits), les gens ont eu marre de la brutalité policière et la violence. Le silence des médias, qui augmente les histoires d’attaques contre la gouvernement et les libertés individuelles, répond aux objectifs de l’État qui essaye de tirer profit de la situation en Syrie et qui a transformé le récent conflit en émeutes. Les affrontements se sont poursuivis toute la journée et la nuit d’hier. Au moins sept personnes ont été tuées par les attaques de la police, des centaines ont été blessées, des centaines sont en garde à vue où ils sont battus et certains torturés. Tous les temples du capitalisme ont dû fermer à Taksim. Il y a beaucoup de solidarité dans les rues, beaucoup de petits magasins, les maisons et universités, toutes les pharmacies ont ouvert leurs portes aux manifestants. La Chambre des architectes et les bureaux d’ingénieurs turcs sont transformés en hôpital avec des médecins et des infirmiers bénévoles. Et ils soignent les manifestants blessés. Dans de nombreux endroits à Istanbul, les postes de police ont été attaqués. Les groupes fascistes ont été battus par des anarchistes. Les gens de la rive asiatique qui voulaient rejoindre les émeutes ont été bloqués par la police, mais ils ont marchaient après minuit, en traversant le pont du Bosphore à pied. Le premier ministre a blâmé les réseaux sociaux d’informer sur les meurtres, et il a ironiquement traité les personnes qui partagent ces informations de fascistes. La protestation s’est propagée dans toute la Turquie. Les gens sont dans les rues d’Ankara, Izmir, Eskisehir, Sakarya, Isparta et bien d’autres. Ces protestations ne sont pas seulement pour le parc Gezi, comme les médias inféodés le clament. Les émeutes sont désormais l’expression de la révolte de centaines de milliers de personnes qui protestent contre l’oppression de l’État et contre la violence. Nous, en tant qu’anarchistes et en tant que révolutionnaires, avons été et nous allons être dans les rues, contre le terrorisme d’État et contre les violences policières. Nous attendons des actions de solidarité de tous les anarchistes et anti-autoritaires dans le monde entier. Istanbul est partout et la résistance est partout contre le terrorisme d’État, la violence de la police et l’exploitation capitaliste. Nous continuerons à diffuser des informations tant que l’émeute se poursuit.

Action Révolutionnaire Anarchiste (DAF)

2 juin : Dernières informations concernant les émeutes en Turquie

Les affrontements ont commencé hier matin avec la même intensité que le premier jour de la résistance. La police a bloqué les voies entrant à Taksim. Bien que les attaques de la police étaient plus dures que la veille, près d’un million de personnes se sont battues, déplaçant les barricades pour virer la la police. Ensuite, toutes les personnes ont occupé Taksim et Gezi Park. La police a dû s’échapper et leurs voitures qui ne pouvaient s’échapper ont été brûlées. Hier, les affrontements se sont propager dans tout le pays. Dans de nombreuses autres villes, la police a attaqué les manifestants avec des bombes de gaz, d’eau toxique sous pression et des balles en plastique. Les manifestants ont organisé des zones libres protégées derrière des barricades. Hier, nous, en tant que DAF (Action révolutionnaire anarchiste), étions sur le front et, pendant les premiers instants qui ont suivi l’entrée dans la place, nous avons écrit une déclaration publique :

Ce n’est que le début, la lutte continue.

La révolte est hors du temps et de l’espace. Pendant environ 40 heures, de Istiklal à Harbiye, de Tarlabasi à Besiktas, la liberté de la rébellion se fait sentir. Nous arrivons à la place Taksim de Istiklal, après 40 heures d’affrontements. Les agents d’application de la loi s’enfuient avec leurs véhicules. Quarante heures, quarante ans, la place a été notre monde. Il s’agissait bien de la liberté de la rébellion, et c’est peut-être le slogan le plus effrayant, ce n’est que le début, la lutte continue. Oui, notre lutte continue jusqu’à ce que nous construisions le monde libre, que nous portons dans nos coeurs.

Action Révolutionnaire Anarchiste (DAF)

3 juin : Les anarchistes révolutionnaires à la solidarité internationale pour organiser une révolte générale contre le terrorisme d’État

La semaine dernière, un groupe de manifestants a commencé une action de sauvegarde de l’environnement après que quelques arbres ont été abattus illégalement au nom de projets de gentrification urbaine. Au deuxième jour de la protestation, très tôt le matin, la police a attaqué les manifestants avec des bombes de gaz, des canons à eau et des balles en plastique. De nombreuses personnes ont été blessées. Ce fut l’étincelle de la lutte contre ce terrorisme d’État qui s’est répandue dans tout le pays et s’est transformée en une action massive et organisée de révolte globale. Les gens impliqués contre l’augmentation des attaques, le terrorisme d’État et la violence de la police ont transformé les rues en zones de résistance. Cette révolte générale a grandi pendant quatre jours et se répand. Des centaines de milliers de manifestants ont résisté, place Taksim, où le gouvernement a bloqué les entrées et la violence de la police a atteint un sommet. Finalement, le square a été occupé après la construction de barricades autour de la place Taksim et les manifestants ont pris le contrôle de Taksim. Les manifestants à Ankara ont occupé les rues en solidarité avec Istanbul et des barricades ont été construites dans les lieux importants de la ville, diffusant la révolte. Des centaines de manifestants à Izmir, une autre grande ville, ont brûlé le bâtiment du parti au pouvoir. La solidarité et le soutien aux mouvements de protestation et dans les zones d’affrontements sont très importants. Dans chaque ville où des affrontements sont en cours, les gens ont ouvert leurs maisons aux manifestants et aux personnes blessées. Beaucoup de gens ont mis à disposition des trousses de premiers soins et de la nourriture dans leurs cours pour les manifestants. Les équipes médicales volontaires auto- organisées se sont rendues dans les zones d’affrontements et ont aidé instantanément les manifestants blessés. Des avocats bénévoles aident les manifestants en détention. Alors que les affrontements se poursuivent, le nombre de morts et de blessés est en augmentation. Les grands médias agissent toujours comme si rien ne s’était passé. Le nombre de morts serait d’une dizaine, mais ce n’est pas certain, car il n’y a pas de déclarations officielles. Un manifestant à Istanbul a été renversé par une voiture alors qu’il bloquait une rue, un autre a reçu un coup à cause des bombes à gaz, un autre encore a été renversé par la police et tous ont perdu la vie. Un manifestant à Ankara a été blessé à la tête par le feu de la police et il est en état de mort cérébrale. Alors que l’action et les affrontements se poursuivent ici, la solidarité mondiale est en augmentation. Les « Anonymous » ont piraté les sites du parti au pouvoir, de la police d’Istanbul, de la municipalité d’Ankara et de nombreux autres organismes gouvernementaux. Les « Anonymous » ont déclaré qu’ils vont continuer les cyber-attaques tant que le terrorisme de l’État turc se poursuit. Alors que des millions de personnes résistent dans les rues aux attaques de la police dans tout le pays, certains partis de l’opposition tentent de tirer profit, de manipuler l’action en la politisant. Tout comme ce que nous avions vu dans certaines régions au cours du printemps arabe, les partis d’opposition (en particulier les kémalistes) tentent de s’approprier la portée des actions menées. Les parties d’opposition, en profitant de politisation sociale, tentent de profiter de la situation dans l’espoir de prendre le pouvoir. La révolte en cours a laissé les politiciens et l’État dans une mauvaise position. Alors que le gouvernement tente de manipuler la révolte en la qualifiant d’être la manifestation d’« un groupe de radicaux », la crise se propage dans l’économie. La crise économique a montré de premiers signes dans le marché boursier. Cependant, c’est une des plus grande révolte massive dans l’histoire du pays et les gens sont dans les rues afin de s’opposer à la hausse des politiques d’interdiction, d’oppression et de suppression, à la terreur d’État et à la violence policière que n’a cessé d’augmenter pendant une longue période. Les personnes, que l’État avait essayé de dompter par une oppression de centaines d’années, sont maintenant directement en révolte contre lui. Nous appelons tous les camarades qui luttent partout dans le monde : faites entendre la voix de la révolte générale, partout où vous pouvez, contre l’État turc et les grands médias qui tentent de la réduire au silence. Organisez des actions de solidarité pour être avec les millions de gens dans les rues. Joignez votre voix à la révolte du peuple que l’État avait ignoré, opprimé et exploité pendant des années. Que le feu de la révolte contre l’État turc que nous avons commencé avec une étincelle et qui ne cesse de croître, se développe davantage. Istanbul est partout et la résistance est partout contre le terrorisme d’État, la violence de la police et contre l’exploitation capitaliste. Nous continuerons à diffuser les informations tant que l’émeute se poursuit.

Action Révolutionnaire Anarchiste (DAF)

Les femmes résistent aussi !

Les femmes se rebellent ! Et vous ne nous arrêterez pas avec des gaz, des tanks et des matraques ! Les femmes résistent avec les autres groupes opprimés depuis deux jours. Travailleurs, Kurdes, LGBT, Alaouites, Musulmans, non-musulmans, athées et tous les opprimé(e)s, exploité(e)s, insulté(e)s et blâmé(e)s comme des « traîtres » sont en train de se rebeller en Turquie. La résistance qui a commencé dans le parc Gezi de la Place Taksim à Istanbul est en train de déborder sur de nombreuses autres villes.

Nous, les femmes, sommes sur le front de cette résistance. Nous rejoignons la rébellion parce que :

Le Premier ministre Tayyip Erdogan et sa clique ont cherché à promouvoir le lynchage des femmes par les hommes ; Ils ont tolérés l’assassinat de femmes par des hommes avec leur loi sur les « provocations injustifiées » ; Ils n’ont pas ouverts de lieux d’accueil pour permettre aux femmes d’échapper à la violence domestique des hommes ; Ils ont stigmatisés les femmes violées et harcelées en les traitant d’immorales et de non-chastes ; Ils ont mis la pression sur les femmes violées pour qu’elles accouchent des enfants issus de ces viols ; Ils ont qualifiés l’avortement de meurtre ; Ils n’ont pas ouvert de crèches mais ont imposés aux femmes de donner naissance à au moins trois enfants ; Ils nous ont condamnés à la pauvreté, au travail précaire, aux emplois incertains et à vivre dans des conditions proches de l’esclavage ; Ils ont définis le travail domestique comme le devoir des femmes ; Ils se sont acharnés sur les femmes et les familles qui vivaient de manière indépendante des hommes avec leurs lois.

Mais nous, femmes, nous résistons !

Parce que le Premier Ministre Tayyip Erdogan et sa clique nous ont condamnés à subir l’oppression et l’exploitation des hommes, nous appelons toutes les femmes à descendre dans la rue et à se rebeller pour notre libération !

Socialist Feminist Collective

Traduction française pour Avanti4.be : Sylvia Nerina

Vu sur DNDF, 3 juin 2013

Turquie : Les violences étatiques et policières doivent cesser

Suite à un sit-in pacifiste pour la conservation du Parc Gezi, au sein du quartier central de Taksim à Istanbul, qui doit être démoli pour la construction d’un centre commercial, la police turque a lancé une attaque violente contre ces manifestants paisibles : gaz lacrymogènes visés directement sur les corps, eau à haute pression, incendie des tentes… Dès lors, une mobilisation spontanée s’est créée dans le quartier et les conflits se sont étendus dans d’autres quartiers de la ville. Ainsi, plus de 50 000 personnes étaient dans les rues et la police turque a redoublé de violence et a sévèrement réprimé ces contestations. Actuellement, une centaine de personnes sont hospitalisées et l’accès au parc est bloqué sans base légale. Malgré tout, les manifestations se sont répandues dans toutes les villes en Turquie regroupant toutes les couches sociales et organisations politiques et syndicales. Pourquoi une telle colère ? Au pouvoir depuis 2002, le gouvernement d’AKP, issu du mouvement islamiste de Mili Gorus (Vision nationale) a pu intégrer à la fois les politiques néolibérales et son conservatisme qui se base sur la religion et le nationalisme. Malgré quelques réformes positives par rapport aux critères de Copenhague afin d’entrer dans l’Union européenne, il s’est révélé rapidement être un gouvernement autoritaire et dictatorial. Il y actuellement, 10.000 prisonniers kurdes parmi lesquels de nombreux élus, une trentaine de maires, des députés, des journalistes, des avocats…S’y ajoute des syndicalistes, des étudiants et les opposants au pouvoir…Dernièrement, le gouvernement a interdit la consommation d’alcool dans la rue et après une certaine heure créant un énorme débat dans la société turque. De plus, les médias turcs, qui sont directement contrôlés ou ont des liaisons politiques et économiques avec le gouvernement, refusent de traiter des incidents et les agences de presse turques bloquent la diffusion de l’information sur les événements concernant le parc de Gezi. Au delà du problème du parc Gezi, c’est donc une accumulation de colère contre les privations des libertés de la presse, d’expression, syndicales et politiques, sexuelles et des droits de minorités ethniques et religieuses. La Fédération anarchiste (FA), membre de l’Internationale des Fédérations anarchistes (IFA), dénonce l’autoritarisme instauré par le gouvernement turc de l’AKP de Recep Tayyip Erdoğan, qui est souvent considéré comme un modèle exemplaire pour des pays du Moyen-Orient. Nous souhaitons apporter tout notre soutien aux mouvements de contestation en Turquie, notamment au mouvement anarchiste, face à la répression étatique et religieuse.

Fédération Anarchiste, dimanche 2 juin 2013.

La cour de cassation confirme la condamnation des 4 de Tours

Procès des 4 de Tours : la cour de cassation confirme. Rendez vous devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Dans un communiqué, SOIF D’UTOPIES et RESF 37 avaient fait part de leurs soupçons quant à la transformation d’enfants en appât afin de pouvoir satisfaire les chasseurs de sans papiers en uniforme. Ils soupçonnaient également que fichier Base Elèves soit, entre autres, utilisé à cette fin. Ils avaient osé comparer ces méthodes avec celles employées par la police sous Vichy.

La cour de cassation vient de rejeter le pourvoi que les 3 des 4 de Tours avaient formulé. Une militante de RESF 37 a été relaxée par le tribunal correctionnel et la cour d’appel. Les trois prévenus sont donc condamnés à payer 7000 €. Grâce à la solidarité, nous pouvons faire face.

La cour de cassation entérine le jugement de la cour d’appel d’Orléans. Celui-ci précisait que  « compte-tenu de la longueur et des difficultés soulevées tout au long de cette procédure, il apparaît équitable d’accorder à la victime [c’est-à-dire le ministre de l’intérieur] une somme de 3.000 Euros pour les frais irrépétibles engagés en appel » (Les frais irrépétibles comprennent, notamment, les droits de timbre, d’envoi postaux, de reprographie ou d’avocat.). Rappelons que c’est le tribunal correctionnel de Tours qui a reporté 3 fois l’audience, obligeant les témoins, les personnes apportant leur solidarité et les prévenus à revenir 4 fois devant celui-ci.

La cour de cassation entérine l’appréciation à propos des témoins exprimée par la cour d’appel. « Leurs témoignages relèvent plus d’une tribune politique et d’un désir d’exprimer leur opinion, que d’un apport utile et précis aux faits imputés, qu’ils approuvent parfois de façon outrancière. ». Le tribunal correctionnel de Tours avait décidé qu’ « il lui [la victime] sera alloué 3000 euros, au regard de la longueur des débats consécutive aux exceptions soulevées et aux témoins cités. »

En clair la cour de cassation, comme les deux autres juridictions, bafoue les droits de la défense. Nous sommes, entre autres, condamnés parce qu’on a fait citer 18 témoins à la barre et que les débats ont été longs.

La Cour d’appel d’Orléans fait écho au Tribunal correctionnel de Tours ! Ni l’une, ni l’autre ne veulent répondre aux questions de fonds qui ont été soulevées lors de chacune des audiences. Elles ont duré pour celle d’Orléans 6 h et celle de Tours 8 h. On se demande toujours, au regard des deux délibérés ce qui s’est passé et dit pendant toutes ces heures ! La Justice ne veut pas se prononcer sur le fond car elle n’assume pas le caractère politique de ce procès ; l’assumer signifierait qu’elle relaxe les prévenus puisque c’est un débat de choix de société dont il s’agit. Officiellement, les tribunaux ne peuvent trancher ces questions.

La Cour de cassation est dans cette logique. Elle affirme que :
* des individus, des structures ne peuvent faire part publiquement de leurs soupçons sur d’éventuelles exactions, dérives de la part de l’administration, de la police ou de la gendarmerie
* on ne peut pas faire des comparaisons historiques afin d’analyser les évolutions actuelles au regard de l’expérience, notamment, du régime de Pétain. Précisons qu’une comparaison n’est pas un amalgame. Il est hors de question de dire que Sarkozy c’est Pétain, etc. Comparer c’est prendre en compte l’expérience historique que nous apporte, en l’occurrence la période de Vichy, afin d’interroger notre passé pour agir sur le présent et tenter d’envisager différents avenirs. Faire des comparaisons et alerter est plus que nécessaire.
* le ministre peut censurer une opinion qui le dérange
* l’Etat peut traiter différemment des individus selon qu’ils soient notables ou manants. Seul le personnel de la caste politique peut porter des propos jugés diffamatoires. Cela confirme que la critique politique ne doit être faite que par les professionnels que sont les élus et responsables de partis reconnus par le système. Cela ne peut-il conduire à l’interdiction de conceptions anticapitalistes, comme l’anarchisme ?
* il n’est pas normal, ni souhaitable de s’insurger contre la politique raciste et xénophobe de l’Etat. Par exemple, comment qualifier la décision du ministère de l’intérieur ordonnant, à travers la circulaire du 5 août 2010, la chasse aux Rroms ? Comment se fait-il qu’aucun fonctionnaire (de l’administration, de la police et de la gendarmerie) n’ait refusé d’exécuter cet ordre illégal ? Ces questionnements sont encore
d’actualité. La chasse aux Rroms n’a pas cessé, bien au contraire. Valls est un plus grand virtuose en la matière que ses prédécesseurs. Fondamentalement, si l’on ne veut plus que ce genre de procès ait lieu, si l’on ne veut plus voir des militants, des personnes traînés devant des tribunaux parce qu’ils dénoncent des exactions de la police, de la gendarmerie ou de l’administration (qui ne sont pas des bavures, mais inhérentes à la xénophobie d’Etat, voire au racisme de celui-ci), cela passe avant tout par la régularisation de tous les sans papiers, l’ouverture des frontières, la liberté de circulation et d’installation, la fermeture et la destruction des camps de rétention. Sinon, l’Etat continuera d’organiser la chasse aux sans papiers, générant les drames humains que nous connaissons tous les jours, les dérives policières et administratives. Le régime de Vichy est de ce point de vue riche d’enseignements. Il faudra bien se confronter à une question fondamentale. Comment se fait-il que la passage de la Troisième république au régime de Vichy se fasse sans heurt au sein de l’administration, de la police et de la gendarmerie ? La politique xénophobe, raciste des années 30 n’a-t-elle pas contribué à faciliter ledit passage ?

Nous n’acceptons aucune condamnation. Nous irons devant la Cour européenne des droits de l’homme. Nous verrons si elle entérine les remises en causes des droits de la défense. Nous lui poserons les questions de fond que nous n’avons jamais cessés de soulever devant les tribunaux.

Tours, le 3/06/2013

Jean Christophe Berreir
Muriel El Kolli
du collectif SOIF D’UTOPIES

soifdutopies@yahoo.fr

Vu sur Mille Babords, 3 juin 2013