Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

[DAL 86] Squat l’Etape : Petit compte rendu de l’audience de ce matin au TI

Squat l’Etape : Petit compte rendu de l’audience de ce matin au TI

Une trentaine de personnes dont les assignés et leurs soutiens, autres habitants du squat, roms, géorgiens, arméniens, azéris, congolais…, habitants de l’autre squat, et militants, de DNSI, du Dal86, de la Cimade, de RESF86, d’EELV, des Alternatifs, de la FA et de la GA. Les plaidoiries ont duré une bonne heure.

De la même façon que Logiparc la semaine dernière, la ville de Poitiers a plaidé avec cynisme son seul droit de propriété en évoquant un trouble manifestement illicite. Du genre : “même si je n’en faisais rien depuis 18 mois, c’est CHEZ MOI et vous devez dégager. Tout le reste, situation des familles, droit au logement, droit des enfants, droit à avoir une vie décente, je m’en tamponne !”.

Refus de tout dialogue, refus de la médiation, demande d’indemnités d’occupation exorbitantes (10 000 € par mois) sans compter les frais d’avocat hallucinants de 2500 €, le maire de Poitiers est passé pour quelqu’un d’autoritaire et de brutal qui a comme seul objectif d’écraser sans pitié des personnes fragiles et de se faire de l’argent sur le dos de gens qui n’ont que 250€ par mois pour faire vivre leurs enfants.

Délibéré le 28 juin.

Vu sur DAL 86, 31 mai 2013

[DAL 86] Squat l’Étape : Tous au tribunal d’instance le 31 mai à 10h45 pour soutenir les assignés

Squat l’Étape : Tous au tribunal d’instance le 31 mai à 10h45 pour soutenir les assignés

Jeudi 30 mai soit la veille du procès que fait la mairie de Poitiers pour expulser une quarantaine de personnes, roms, sans papiers azéris, arméniens, géorgiens… du squat de l’Etape et à une semaine du rendu du procès que fait Logiparc pour expulser 21 roms du squat des Glières, un frère mineur de 15 ans et une sœur jeune adulte, congolais en demande d’asile ont contacté le Toit du Monde. Arrivés à Poitiers le 22 mai, ils ont couché dans la rue depuis, c’est-à-dire durant 8 nuits. Tous les soirs ils ont appelé le 115 et tous les soirs ils ont été refusés faute de place. Ils ont même passé plusieurs nuits sous la pénétrante devant le CHUS, et ce sur les « bons » conseils de ce dernier. Démunis de tout, ne mangeant pas tous les jours, et même se faisant voler le peu d’affaires personnelles qu’ils ont, leur situation est dramatique. La situation est kafkaïenne, car puisqu’il y a un mineur non accompagné par son représentant légal, le CHUS dit ne pas pouvoir l’héberger. Et d’un autre côté l’Aide Sociale à l’Enfance refuse car ce n’est pas un mineur isolé et ils ne veulent pas héberger sa sœur. De qui se moque-t-on ? Il faut que la Croix Rouge et l’Aide Sociale à l’Enfance arrêtent de balader les gens ainsi et de les exposer à de graves dangers.

Surtout que l’OFII leur a donné un rendez-vous pour examiner leur situation le… 19 juin et la préfecture le… 28 juin. Vingt-huit long jours et nuits à la rue avant leur rendez-vous à l’OFII et trente sept longs jours et nuits à la rue avant leur rendez-vous à la préfecture, et ce pour un mineur de 15 ans, c’est carrément criminel !

Le Toit du Monde a contacté le Dal86 et les deux sinistrés ont été accueillis dans le squat de l’Etape, ce qui porte à 42 personnes ses occupants. Les habitants de l’Etape, en particulier les roms ont mis tout en œuvre pour les aider pour nettoyer une chambre, et ont partagé le peu qu’il ont afin de leur trouver un matelas et des couvertures et leur donner à manger.

Les habitants du squat l’Etape ont l’habitude d’accueillir des personnes refoulées par le 115 qui a une pénurie chronique de places. Nous soupçonnons même la Croix Rouge de profiter de l’existence de ce squat pour ne pas trouver des solutions et avoir bonne conscience de laisser des familles avec des enfants souvent en bas âge dormir dans la rue. Par exemple, cette famille azerie-arménienne, qui est arrivée mardi 16 avril au squat de l’Etape, a été hébergée dans un premier temps par la Croix Rouge au CHUS « 115 ». Puis dans un CHRS et lorsqu’elle a été déboutée de sa demande d’asile, la Croix Rouge lui a demandé de partir et l’a mise à l’hôtel. Puis, la Croix rouge leur a demandé de trouver quelque chose par eux-mêmes car il n’y avait pas de place au CHUS « 115 » – chose facile c’est sûr pour des personnes parlant et comprenant mal le français, – et de partir de l’hôtel vendredi 12 avril. Une place au CHUS « 115 » a malgré tout été trouvée à l’arrache la veille par la Croix Rouge après l’intervention du Dal86. Vu les conditions de vie lamentables au CHUS « 115 » et les maladies des enfants, la famille a laissé quelques affaires et est partie chez un ami à Saintes. Lorsqu’ils ont voulu revenir mardi dernier, ils n’avaient plus de place au CHUS « 115 » et étaient à la rue. Heureusement alors qu’il y a eu le squat l’Etape pour les mettre en sécurité. La Croix Rouge refusant depuis cette date de les prendre en charge malgré leur appel quotidiens au 115.

Autre exemple, mardi 21 mai une militante du DAL86 qui passait devant le CHUS et voyant qu’une famille avec deux enfants d’environ un et trois ans n’était pas prise en charge et allait se trouver à la rue, a proposé qu’ils viennent au squat l’Etape. Ce que la Croix Rouge a accepté volontiers. Et comme ils étaient fatigués et avaient de jeunes enfants et des bagages a demandé à la maraude de les y amener. D’abord, ils n’ont pas voulu. Puis ils ont accepté et les ont déposé à 50 m du squat. Heureusement alors qu’il y a eu le squat l’Etape pour les mettre en sécurité. Cette famille semble dorénavant prise en charge par la Croix Rouge c’est-à-dire dans les locaux du CHUS qui sont très vétustes et où la vie en dortoirs sépare les couples et les familles. En sortant à 10h30 le matin et en n’y revenant pas avant 16h15 et pas après 21h. Et pour le père en n’étant hébergé qu’un jour par semaine. Et tout cela sans repas servis le soir ni a fortiori le midi.

Rappelons que le Maire de Poitiers monsieur Alain Claeys a décidé, en pleine pénurie d’hébergement et de logement pour les familles sans papiers, – nous connaissons une centaine de personnes, dont une cinquantaine d’enfants, qui sont sans logis ou mal logées alors que le CHUS a seulement 25 places d’hébergement d’urgence et est bondé tous les soirs -, notre bon maire a donc décidé d’assigner au tribunal d’instance les occupants du squat l’Etape afin d’obtenir leur expulsion immédiate, si nécessaire avec le concours de la force publique, au seul prétexte qu’ils sont rentrés illégalement dans une propriété privée.

Merci de venir soutenir ces familles au tribunal d’instance, 21 rue Saint Louis, vendredi 30 mai à 10h45.

Monsieur le maire semble en faire une affaire personnelle. Comment monsieur Claeys peut-il faire valoir le seul droit de propriété privée – surtout d’un bien municipal donc public – contre le droit au logement, le droit des enfants et le droit à avoir une vie décente ? Si peu de sens moral a de quoi laisser pantois.

Surtout que monsieur Claeys ne peut pas faire comme si il découvrait le problème. Au moins dès l’automne 2010 soit depuis deux ans et demi quand même, il a été mis au courant par les associations de soutiens des sans papiers de l’état lamentable de l’hébergement d’urgence sur Poitiers, ce qui a conduit à une entrevue avec M. Berthier le 22 février 2011  dans le compte-rendu duquel nous pouvons lire : « La municipalité est évidemment au courant de la situation. Nous avons pu faire part de nos inquiétudes. Aucune solution n’a été envisagée. » Cela a conduit aussi à un petit déjeuner avec le maire, dans le compte rendu duquel nous pouvons lire : « Interpellé par nous [RESF] sur la question de l’hébergement de manière plus générale, le maire est satisfait de son bilan: Poitiers fait plutôt plus qu’ailleurs en moyenne. La mairie ne peut se substituer à l’Etat dans le contexte actuel tout est plus difficile. Les villes sont en concurrence face à l’accueil (ou au non-accueil) des migrants. On ne peut en faire plus car il y a un risque d’afflux de ces personnes « en errance » en provenance des villes moins accueillantes. Il faut aussi gérer l’intégration des personnes qui sont arrivées ». Donc la tactique est bien de durcir les conditions d’existence des sans papiers, au risque de les rendre inhumaines, afin de les dissuader de rester ou de venir sur Poitiers.

Le maire de Poitiers a même participé à cette infamie en prêtant main forte au préfet UMPiste Tomasini et à son âme damnée Setbon en décembre 2010, en occultant la question de l’hébergement d’urgence derrière la question des marchands de sommeil et des passeurs. VOIR

Alors Monsieur Claeys ne manque pas d’air aujourd’hui lorsqu’il reproche aux familles de s’être mises à l’abri dans les locaux municipaux de l’ex-foyer de l’Etape. Elles y sont rentrées et certaines y rentrent encore pour se protéger des dangers de la rue auxquels, la Croix Rouge, la préfecture et l’Aide Sociale à l’Enfance les exposent.

Nous envisageons même de traîner le maire de Poitiers, ainsi que le préfet de la Vienne, le président du conseil général, les présidents des associations d’hébergement, en particulier celui de la Croix Rouge qui est sensé gérer le 115 et le SIAO, devant le tribunal, de grande instance cette fois-ci, pour mise en danger de la vie d’autrui et non assistance à personne en danger.

Nous ne lâcherons rien – Un toit est un droit

Revue de presse :

Poitiers: un bâtiment du centre-ville occupé par une famille roumaine soutenue par le DAL France3 07-04-13 La vente des locaux de l’ex-foyer de l’Etape : une vraie provocation à l’égard des sans logis et mal logés Dal86 07-04-13 – Squat l’Etape : halte aux intimidations ! Dal86 16-04-13 –  Squat du foyer L’Étape : le bras de fer engagé NR 17/04/2013ROMS : à Poitiers comme ailleurs une situation indigne et inacceptable ! DNSI 18-04-13POITIERS Squat rom à L’Étape : les écologistes interpellent le maire et le préfet NR 18-04-13Squat rom : un foyer à réactions NR 19/04/2013Non à l’expulsion des familles de Roms ! NPA 19-04-13– – Déclaration de la Ville de Poitiers concernant l’occupation du 6 rue d’Oléron 19-04-13 Squat de l’Etape : communiqué du 21-04-13 Dal86 – Squat l’Etape : tous au tribunal d’instance vendredi 3 mai 2013 à 9h Dal86 24-04-13 – Lettre du Collectif des familles et des personnes seules du squat l’Etape au maire de Poitiers 30-04-13 Appel au soutien du Collectif des familles du squat l’Etape Dal86 01-05-13 – Réponse du maire de Poitiers au Collectif des familles de l’Etape 03-05-13 POITIERS Squat du foyer L’Étape : la mairie réclame 10.000 € aux occupants NR 03/05/2013POITIERS Squat de L’Étape : renvoi au 17 mai 04/05/2013Deuxième lettre du Collectif des familles et des personnes seules du squat l’Etape au maire de Poitiers 06-05-13 Le maire de Poitiers élude la demande d’audience du Collectif des familles du squat l’Etape Dal86 09-05-13 – Squat l’Étape : Tous au tribunal d’instance le 17 mai à 9h pour soutenir les assignés Dal86 12-05-13 – Un nouveau squat pour un énième débat 13/05/2013Propos du secrétaire général de la préfecture France3 13-05-13 POITIERS Squat du Plateau des Glières : la ville de Poitiers était déjà intervenue NR 14/05/2013Pour défendre la cause des Roms NR 20/05/2013Solidarité avec les familles du squat Des Glières Dal86 20-05-13 – Cause commune Jeudi 23 Mai à 20h30 au Dietrich Dal86 23-05-13 – POITIERS La cause des Roms fait salle comble au Dietrich NR 29/05/2013

«Il est urgent de remettre en cause le droit absolu à la propriété» Libération 21-05-13

Les habitants du squat l’Etape ont besoin :

– de nourriture ; – de matelas et de sommiers, de couvertures, de meubles, de tables de chaises ; – de vêtements et de chaussures (adultes et enfants de 1 ans à 15 ans) – d’ustensiles de cuisine, d’assiettes de verres de couverts ; – de gazinières, plaques de cuisson et réchauds, de machines à laver le linge, de réfrigérateurs ; – de produits et ustensiles de toilette, d’entretien ; – d’outils, de matériel, de produits de fabrication et réparation, – de téléphones portables désimlockés ou « tout opérateurs » – de fournitures scolaires et matériel informatique ; – de jouets et de jeux pour les enfants et les adultes : – …

→ les ustensiles, machines et outils peuvent bien sûr être seulement prêtés.

Un toit pour tous avec ou sans papier

Vous pouvez aussi aussi faire un don. Chèques à l’ordre du DAL86 a envoyer à DAL86, Maison de la Solidarité, 22 rue du pigeon blanc 86000 POITIERS en précisant au dos « Squat l’Étape ».

Pour tous renseignements : dal86@free.fr ou au 05 49 88 94 56 (laisser un message nous vous rappellerons)

DAL86dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56

Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h et tous les mardis soirs de 17h à 18h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

Vu sur DAL 86, 30 mai 2013

[Poitiers] Avec Le Crédit Lyonnais, « demandez plus à votre banque »… sauf si vous êtes jeune et noir

NdPN : petit florilège des slogans du crédit lyonnais au cours de ces vingt dernières années : « Le pouvoir de dire oui » (Début des années 1990), « Votre banque vous doit des comptes » (1994), « Aujourd’hui, qui peut se passer d’une bonne banque ? » (2003)… celui de 2012, toujours en cours, mérite aussi qu’on s’y attarde : « Demandez plus à votre banque » (2012). Arrêter de discriminer les jeunes et les migrant-e-s, en voilà une idée !

 » Faut arrêter d’ouvrir des comptes aux Blacks à Poitiers « 

Les propos “ maladroits ” du directeur régional du Crédit Lyonnais en Poitou-Charentes, tenus en marge d’une réunion paritaire, ont ému la CGT.

Il faut arrêter d’ouvrir des comptes aux Blacks à Poitiers. La phrase a été lâchée par le directeur régional du Crédit Lyonnais (LCL) en Poitou-Charentes, Olivier Chasseriaud. C’était le 24 septembre dernier, en marge d’une réunion du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Elle n’a pas été rapportée dans le compte rendu de la réunion. Mais elle a ému la représentante de la CGT, qui a alerté ses cadres.

«  Une expression tout à fait inappropriée  », reconnaît le directeur

En décembre, le délégué syndical national CGT, Jean-Philippe Lambs, s’est fendu d’un courrier au banquier poitevin pour lui demander des explications. La réponse est arrivée le 14 janvier. En préambule, Olivier Chasseriaud s’y dit personnellement étranger à toute forme de racisme et d’intolérance, mais confirme qu’il a employé « avec une totale maladresse, une expression tout à fait inappropriée ». Sur la forme, le directeur régional rappelle qu’il s’agissait « d’une discussion à bâtons rompus ». Sur le fond, il explique que la discussion portait sur l’ouverture de comptes bancaires aux étudiants étrangers qui ne restent que quelques mois sur le territoire français, ce qui représente « la majorité des ouvertures de comptes sur Poitiers ». Une situation qui lui pose une double problématique : « L’exposition au risque de contrepartie et l’impact en matière de PNB pour notre établissement ». Il ajoute que le fait que les étudiants d’origine africaine soient nombreux à Poitiers l’a conduit à prononcer cette phrase. Et assure « qu’elle ne recouvre aucune démarche discriminatoire de ma part ».

Une plainte au pénal ?

Joint au téléphone, l’intéressé n’a pas souhaité nous en dire plus : « On s’est expliqué, ça s’est solutionné. » Sauf que la CGT ne veut pas en rester là. Dans un tract diffusé auprès des salariés de LCL pour le Sud-Ouest, le syndicat remet en cause la politique commerciale de l’entreprise envers les étudiants. Le « dérapage du DR » ne serait que la conséquence d’une recherche toujours plus forte de profits : « S’il faut écarter les étudiants étrangers, alors il faut revoir les objectifs qui ont été donnés aux commerciaux. » Sur un autre terrain, à Poitiers, le secrétaire de la CGT du Crédit Lyonnais, Alain Bozier, compte quant à lui saisir le procureur de la République pour dénoncer « des propos discriminatoires ».

à chaud

La direction parisienne de LCL reconnaît « le propos maladroit » de son directeur régional. Chargé des relations avec la presse, Olivier Tassain explique le contexte : « Une agence du périmètre (NDLR : à Poitiers, donc) a été victime de plusieurs découverts qui n’ont pas été régularisés, sur des comptes d’étudiants étrangers qui avaient quitté la France. Aucune consigne discriminatoire n’a été donnée, mais nous avons décidé d’être plus attentifs aux ouvertures des comptes. Quand on ferme des comptes à perte, ça pénalise tous nos clients au final. »

en savoir plus

Peut-on refuser d’ouvrir un compte ?

La législation est claire. Toute banque peut refuser d’ouvrir un compte sans avoir à se justifier. En revanche, elle doit informer le demandeur de la possibilité de saisir la Banque de France pour bénéficier de la procédure « droit au compte ». La Banque de France peut ensuite contraindre un établissement bancaire à ouvrir un compte muni des services bancaires de base, notamment une carte à autorisation systématique.

Philippe Bonnet, Nouvelle République, 20 mai 2013

[Poitiers] Les bidasses sont de retour !

Les marsouins de retour après quatre mois au Mali

revenez-a8d7dLes 130 soldats du RICM engagés au Mali sont rentrés hier à Poitiers. Ils ont pu retrouver leur famille après une mission éprouvante.

L’attente a été longue pour les familles des 130 soldats du RICM déployés en mission au Mali depuis le mois de janvier. Quatre mois de projection au cœur du conflit où leur engagement a été total. Projetés dans le nord du pays, ils ont vécu de violents combats dans le cadre de l’opération Serval. Hier après-midi, les retrouvailles ont donc été particulièrement émouvantes…

«  On y pense tous les jours  »

Arrivé avant ses hommes, le capitaine Jean-David raconte : « Ce fut une mission intense. Certains hommes ont été blessés mais tout le monde est rentré, c’est le plus important. Nous avons rencontré des conditions climatiques rudes, avec des températures entre 40 et 50 °C. Le terrain désertique a aussi été difficile. Les conditions les plus dures que j’ai connues ». Quelques explications avant de prendre dans ses bras ses deux jeunes enfants.
A 14 h 45, les cars transportant les soldats de retour se sont garés à un peu en retrait. Les hommes ont défilé sur la place d’armes, leur chef de corps, le colonel Loïc Mizon, a salué « leur courage et leur abnégation » puis ce fut la délivrance vers les familles et notamment leur « moitié ». Si Émilie, également engagée au sein du RICM, a trouvé que « le temps est passé assez rapidement même si la mission s’est déroulée dans un contexte particulier, on est toujours très occupé », pour Sofia « Ce fut très long. Tous les jours on y pense. Surtout que je n’ai pas pu joindre mon futur époux (Fredy) au moment des combats. Je ne pouvais que suivre les informations ».
Au bras de son compagnon, Amandine ne cache pas sa joie : « C’est magique. C’est même difficile d’exprimer ce que l’on ressent ». Les 130 marsouins vont maintenant profiter de trois semaines de permission.

Samy Magnant, La Nouvelle République
18/5/2013

[Lyon] La France construit sa politique anti-Roms sur des cadavres

La France construit sa politique anti-Roms sur des cadavres

Dans la nuit du 12 au 13 mai, un incendie a ravagé une usine désaffectée de Lyon, où vivaient 200 Roms. Bilan : trois morts. Pour des « raisons de sécurité », l’électricité avait été coupée quelques jours auparavant, obligeant les habitants à s’éclairer à la bougie. Face à la souffrance des familles endeuillées, Manuel Valls n’apporte aucun réconfort. Et promet de continuer sa politique de démantèlement et d’évacuation des campements.

Depuis lundi 13 mai 2013, la politique de stigmatisation menée par le gouvernement français contre les Roms ne se chiffre plus seulement en nombre de reconduites à la frontière ou en nombre de destruction de bidonvilles. Elle se chiffre désormais en nombre de cadavres. Beni, un garçon de 12 ans, ainsi que 2 femmes, Pamela et Patrina, sont morts, brûlés vifs, dans l’incendie de l’immeuble dans lequel ils vivaient à Lyon depuis 8 mois.

Il y a quelques jours, en prévision d’une expulsion à venir, la mairie de Lyon, dirigée par le très socialiste Gérard Collomb coupe l’électricité, tenez-vous bien, pour des raisons de sécurité… Les squatteurs ont osé se brancher sur un distributeur de courant et monsieur Collomb craint probablement que des enfants s’électrocutent. Bien lui en a pris, personne n’est mort électrocuté. Il oublie juste que les Roms sont comme nous, ils ont besoin de lumière. Faute de courant, ils s’éclairent donc à la bougie. Et trois d’entre eux en sont morts.

Quelques heures après l’incendie, alors que les pompiers travaillent toujours sur les lieux du sinistre et que de nombreux journalistes sont présents, les familles se regroupent sur la place voisine. C’est toute la communauté rom de Lyon qui vient présenter ses condoléances aux familles endeuillées. Un peu plus tard dans la matinée, des hommes en noir affublés d’oreillettes blanches descendent de grosses berlines. Les journalistes quittent la place et le bruit commence à courir que Manuel Valls arrive sur les lieux du drame. Dans la confusion la plus totale et en évitant soigneusement les familles, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, Christine Taubira, ministre de la Justice, Gérard Collomb, maire de Lyon, Jean-François Carenco, préfet de la région Rhône-Alpes, vont se présenter devant le bâtiment qui fume encore.

Aucun mot, aucun regard

Pas une de ces personnalités qui représentent les plus hautes institutions de la République et élevées dans le sérail des grandes écoles françaises où on n’enseigne visiblement pas la politesse la plus élémentaire, ne va venir présenter ses condoléances aux familles qui attendent à quelques mètres. Les Roms sont-ils dangereux ? Manuel Valls aurait-il peur de femmes et d’enfants tétanisés par la douleur ? Un geste, une parole, un simple regard d’un ministre pour dire aux familles que la République française s’incline devant leur douleur ? Non, rien. Rien de rien. Roms vous êtes, Roms vous resterez.

Au contraire, Manuel Valls, oubliant la souffrance dans laquelle sont plongées les familles endeuillées va réaffirmer le leitmotiv de sa pré-campagne présidentielle, qui est également devenu le fondement de la politique du gouvernement français contre la minorité rom : « Il faut poursuivre le travail de démantèlement et d’évacuation des campements ». « Comme l’a si bien commencé Nicolas Sarkozy », aurait-il pu ajouter. Aucune pudeur, aucune retenue. Alors qu’il a sous les yeux le résultat de plusieurs années d’expulsions à répétition, il répète inlassablement les même paroles et promet la même politique, responsable de la mort de trois personnes. Manuel Valls tient absolument à continuer la chasse aux femmes, aux enfants, aux vieillards. Il tient absolument à les condamner à vivre dans des endroits de plus en plus dangereux. Quitte à ce qu’ils en meurent.

Madame Taubira, qu’on a connue plus inspirée, se contente d’approuver les propos de son « ministre de tutelle », comme si elle n’avait plus aucun rôle politique et humain à jouer après sa loi sur le mariage homosexuel.

Au moment de repartir, Manuel Valls se fait interpeller par un homme. Le ministre refuse de parler à un père et une mère qui sont submergés par la douleur d’avoir perdu un fils, mais il n’hésite pas à venir serrer la main d’un riverain qui demande l’expulsion des familles depuis des mois. Le voisin se plaint de vivre dans des « conditions épouvantables », abandonné de tous (rassurez-vous, il n’a jamais mis les pieds dans le squat, il parle seulement de la vue depuis son balcon). Manuel Valls vient le saluer et tente de répondre à ses critiques. Alors que la discussion s’engage et que les journalistes commencent à enregistrer l’échange, monsieur Carenco, préfet de région, visiblement surexcité, repousse violemment plusieurs d’entre eux afin d’éviter une médiatisation des propos le mettant en cause.

L’ambiance sur la place est lourde

Carenco. Préfet sous Sarkozy, préfet sous Hollande. Préfet pour toujours ? On garde les mêmes pour appliquer la même politique raciste de stigmatisation des étrangers. A Lyon, on gaze les enfants roms (lire ici), on les parque dans des classes ghetto, et on met en garde-à-vue des bébés [1]. En revanche on n’applique pas la circulaire inter-ministérielle censée apportée d’autres solutions que les expulsions. Carenco sera-t-il aussi préfet sous Le Pen ? « Le préfet de région a une grande part de responsabilité… sur le terrain les expulsions se poursuivent malgré la circulaire du 26 août 2012 », accuse le sénateur Guy Fischer (PCF).

Dans l’après-midi, alors que journalistes et politiques sont partis, les proches des victimes attendent que les pompiers sortent les corps du bâtiment. L’ambiance sur la place est lourde. L’odeur âcre de la fumée fait mal à la gorge. Certains espèrent toujours et demandent désespérément s’il est possible qu’il y ait encore des survivants : « Il ne sont peut-être pas morts… ». Alors que la grande échelle s’approche d’une fenêtre afin de permettre à un pompier de prendre des photos, plusieurs dizaines de personnes s’approchent du bâtiment en criant le nom de l’enfant : « Béni, Béni ». Face à ce mouvement de foule, un policier – bien formé à l’école de Manuel Valls – se fait menaçant et sort de son gilet une bouteille de gaz lacrymogène, histoire de montrer aux femmes et aux enfants de quel bois il se chauffe.

Pendant plusieurs heures, les familles sont totalement abandonnées à leur sort. Une femme perd connaissance plusieurs fois. La police municipale, à quelques mètres, reste les bras croisés. Il n’y a aucun médecin, aucun psychologue, aucun soutien.

Nouvelles expulsions

Mardi matin, alors que les corps calcinés de Beni, Pamela et Patrina viennent à peine d’être sortis des décombres fumants de l’immeuble, le préfet Carenco ordonne l’expulsion d’un nouveau squat. Une trentaine de personnes, dont 15 enfants, sont jetées à la rue, sans aucune proposition d’hébergement. Elle dormiront dans la rue, avec des enfants en bas âge, dans les conditions d’insécurité que l’on peut facilement imaginer, avant de retrouver un autre squat, probablement encore plus dangereux et insalubre. Manuel Valls nous expliquera à nouveau qu’il faut les expulser pour leur plus grand bien. Voilà une preuve de plus du discours mensonger du ministre qui, quelques heures auparavant, soulignait qu’il fallait poursuivre les expulsions tout en proposant des « solutions dignes ». Pour Manuel Valls, la rue est plus digne que le cimetière. Je n’en suis pas sûr.

L’extrême droite à de beaux jours devant elle. Après Sarkozy, elle peut compter sur François Hollande, Manuel Valls et les socialistes pour tenir le même discours de haine contre les étrangers et appliquer la même politique discriminatoire et hors la loi contre les Roms. La France profonde applaudit, l’Union Européenne par son silence est complice. Marine Le Pen se frotte les mains. Manuel Valls, lui, ne pense qu’à la présidentielle. Le fait que son chemin soit désormais parsemé de cadavres ne le perturbe pas un seul instant. « Il faut continuer le travail », ose-t-il dire.

Mardi soir, la préfecture du Rhône fait savoir que les expulsions vont s’accélérer dans les jours à venir. La chasse aux Roms est ouverte. La campagne des municipales également.

Manuel Valls prétend que les Roms n’ont pas vocation à s’intégrer en France. En les obligeant à vivre comme des chiens errants à la rue ou à prendre le risque de brûler vifs dans des squats, il est certain d’avoir raison.

Philippe Alain

Lire son blog

Notes

[1] Lire ici

Philippe Alain (vu sur Bastamag, 15 mai 2013)