Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

[No-TAV] Solidaires partout, en lutte partout

Du nucléaire au TAV, un seul et même monde à combattre !

Nous avions voulu, la semaine dernière, témoigner notre soutien aux quatre inculpés et à leur action d’avoir retardé le passage d’un train transportant des déchets nucléaires dans le Val de Suse en Italie, il y a un an, quelques semaines avant la catastrophe de Fukushima. Parmi ces quatre inculpés et signataires du texte ci-joint, « Marre d’être victimes, fiers d’être coupables » que nous avions traduit et publié, Luca Abbà se trouve aujourd’hui maintenu dans un coma artificiel, sous dialyse, avec un rein totalement détruit, plusieurs fractures, des contusions internes et de graves brûlures. Il a fait une chute d’une quinzaine de mètres, d’un pylône soutenant une ligne à haute tension sur lequel il était monté afin d’empêcher l’expropriation d’un terrain autour d’un chalet collectif (la Baïta) appartenant au mouvement d’opposition NO TAV (liaison grande vitesse entre Lyon et Turin). Pour échapper à un flic qui tenait à le déloger, Luca a subi une électrisation qui lui a fait lâcher prise.

Nous saluons celles et ceux qui ont déjà manifesté leur solidarité notamment par exemple en s’occupant des terres et des vignes que Luca cultive depuis qu’il s’est installé dans la région pour développer l’opposition au TAV. Nous rappelons ici qu’il s’était beaucoup impliqué dans l’organisation de la manifestation de 2006 à Chambéry qui avait réuni 5000 personnes dont la plupart étaient venues du Val de Suse (80 cars de manifestants du Val de Suse).

Malgré une opposition conséquente contre le TAV et contre la répression qui s’est abattue sur le mouvement (75 000 manifestants samedi dernier dans le Val de Suse), les travaux d’extension du chantier ont commencé lundi matin, une fois que les forces de l’ordre, à la demande du ministre italien de l’Intérieur, ont délogé manu militari la vingtaine d’opposants qui se trouvaient sur les lieux (à la Baïta).

« La lutte contre le monstre nucléaire tout comme celle contre le train à grande vitesse, ou bien celles contre l’autoritarisme et les inégalités sociales, sont des batailles que nous menons la tête haute en nous opposant fermement à la tentative de criminaliser toute mobilisation. » peut-on lire dans leur texte distribué avant leur procès du 15 février reporté ultérieurement.

Nous nous associons au mouvement naissant en France de solidarité avec Luca et avec les inculpés du mouvement contre les travaux du Lyon-Turin. Depuis lundi, des manifestations et des blocages paralysent certaines régions et villes en Italie en signe de solidarité.

Cette solidarité nous voulons l’exprimer, non en nous indignant de cette répression, ni en nous lamentant de ce que les États ou les mafias sont prêts à faire pour continuer à gérer les affaires des puissants et par conséquent les nôtres, mais en nous poussant à penser et à agir de manière à porter des coups dans cette organisation sociale.

La sortie immédiate du nucléaire nécessite l’arrêt immédiat du projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin. On ne peut pas sortir du nucléaire si on ne s’oppose pas aux projets dévoreurs d’énergie et à la société marchande qui les développe.

Accroche-toi Luca, le combat n’est pas fini !

Collectif anti-nucléaire 26 domicilié au Laboratoire, 8 place Saint Jean, 26000 Valence, le 29 février 2012

No-TAV – Une grande manifestation et des blocages à Rome

Aujourd’hui à Rome une grande manifestation No-TAV a bloqué la circulation. Dans la matinée la rédaction du journal des patrons « La Repubblica » avait été occupée. Pendant le cortège le siège de l’entreprise de transports ATAC a été attaqué.

L’un des périphériques principaux et l’autoroute Rome-L’Aquila ont été bloqués.

« Quelques dizaines de manifestants », selon la presse bourgeoise.

Sabotages de lignes SNCF près de Chambery

D’après RTL, un tag « non à la ligne à grande vitesse » aurait été inscrit sur une armoire électrique non loin du lieu d’un des sabotages.

AFP : Des actes de malveillance ont perturbé samedi, jour de chassé-croisé entre vacanciers, la circulation des trains dans la région de Chambéry, notamment en direction des stations de ski de Tarentaise. « En raison d’actes de malveillance, la circulation des trains est perturbée dans les deux sens sur les axes suivants: Chambéry – Modane, Chambéry-Bourg Saint-Maurice, Chambéry-Grenoble. Des retards de 20 à 50 minutes sont enregistrés en fin de matinée », a indiqué une responsable de la SNCF.

Câbles brûlés

« Des câbles électriques ont été brûlés dans la fin de nuit de vendredi à samedi sur trois communes (La Ravoire, Saint-Pierre-d’Albigny et Chamousset) ce qui indique qu’il s’agit d’actes délibérés », a affirmé le colonel de gendarmerie Jean-Claude Gin.

« Il s’agit d’un acte de sabotage et non de vol de cuivre », a précisé le gendarme. « Une centaine d’agents ont été mobilisés pour réparer les câbles et changer certaines pièces », a ajouté la SNCF, qui prévoyait samedi la circulation de cent trains dont une soixantaine de TGV dans cette zone.

« Retards jusqu’à 17h »

« La circulation devrait commencer à se rétablir en début d’après-midi, même si quelques retards résiduels devraient perdurer jusqu’à 17h environ », a précisé la même source.

Il y a un an, en pleines vacances de février, environ 30.000 voyageurs avaient été stoppés plusieurs heures après un acte de vandalisme commis par un cheminot retraité sur la ligne Chambéry/Bourg-Saint-Maurice.

Pays-Basque – Contre la Ligne à Grande Vitesse Bordeaux-Madrid

À Itxassou (Pyrénées-Atlantiques) contre la Ligne à Grande Vitesse Bordeaux-Madrid, jeudi 1er mars 2012.

Vidéo

No-TAV Paris – Assemblée sur le parvis du Centre Pompidou et manifestation

Ce samedi 3 mars 2012, c’est un peu plus de 50 personnes qui ont répondu à l’appel.

Tractage, prises de paroles sur les évènements au Val de Suse et la mobilisation dans toute l’Italie, puis l’ assemblée se tiendra : que faire ici, dépasser la simple mais nécessaire solidarité avec tous-es les emprisonné-es, comment franciser ce mouvement, quel liens ?

Le petit groupe escorté par quelques flics en civil, qui se tiennent à distance, part alors en manifestation, bloquant la circulation au Sébastopol et rue de Rivoli pour atteindre la place du Châtelet où manifestent des soutiens au peuple syrien.

Infos régulières sur le site http://notavfrance.noblogs.org/

[Poitiers] Rassemblement solidaire avec un Guinéen expulsable

Contre l’expulsion d’un Guinéen

 

A l’appel entre autres, de RESF 86, du Collectif contre les expulsions et pour le droit de vivre en France et de la Cimade, plus d’une quarantaine de personnes se sont réunies, samedi, place du Palais de justice à Poitiers, pour contester la décision du préfet obligeant un Guinéen, père de famille, à quitter le territoire. Yves Judde, de la Cimade, explique : « L’administration met en avant que le lien avec sa femme n’est pas établi alors qu’ils ont déjà eu deux enfants ensemble et que son épouse est sur le point d’accoucher d’un troisième ! » Ce père de famille a refusé, pour la seconde fois, de prendre l’avion qui devait l’expulser en Guinée.

Nouvelle République, 5 mars 2012

[Poitiers] Deux pétitions solidaires avec les étudiants étrangers

Pétition pour les étudiants étrangers, nous appelons au respect du droit au choix académique

A l’attention de la préfecture et la présidence de l’Université de Poitiers

Le cas de Désirée, étudiante salvadorienne menacée d’expulsion est en cours de résolution au terme d’une intense mobilisation, ce qui a permis de mettre au jour le rôle déterminant de la mobilisation comme moyen de pression.

En ce moment même, au moins neuf autres étudiants étrangers inscrits à l’université de Poitiers (en licence, master et doctorat), dont certains sont enseignants, sont sous le joug d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) et se trouvent dans la même impasse que notre camarade.

Eux aussi sont victimes de pratiques administratives abusives et arbitraires, victimes des politiques d’exclusion d’un gouvernement qui expulse sans considération en invoquant des motifs souvent absurdes ou incompréhensibles.

La situation de ces « indésirables » aux yeux du ministère s’ajoute à la triste liste de nombreux autres étudiants et salariés qui depuis deux ans ont été expulsés, menacés d’expulsion ou qui ont été privés de leurs droits et mis en situation irrégulière suite au non renouvellement de leur titre de séjour.

A travers cette pétition, nous appelons au respect du droit au choix académique, du droit d’exercer un emploi salarié en France et du droit à la vie familiale, et donc à l’entière implication de la Présidence de l’Université, et de l’ensemble de la communauté universitaire pour l’annulation des OQTF et la délivrance de titres de séjour.

Pour que le cas de Désirée ne soit pas qu’une exception et que la Présidence de l’Université poursuive son implication en faveur des étudiants étrangers menacés d’expulsion.

Signer la pétition

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Pétition pour Aziza Chihi

A l’attention de Préfecture de Poitiers.

Aziza est tunisienne. Elle est arrivée en France en 2002 pour continuer ses études en Sciences Humaines. Après avoir obtenu un Master 2 en Histoire, elle a entrepris un Master de Sociologie à l’Université de Poitiers, en accord avec les responsables de cette formation pour compléter son cursus. Le 27 décembre 2011, elle reçoit de la part du Préfet de la Vienne une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), arguant que ses études seraient factices ! Encore une victime de l’application de la Circulaire du 7 octobre 2008 qui autorise le préfet à remettre en cause le parcours universitaire d’un étudiant étranger. En cela, cette circulaire méprise totalement l’avis des responsables pédagogiques de la formation d’Aziza qui attestent de son engagement et de la pertinence de son projet académique.

Le calvaire d’Aziza a commencé en décembre 2010 au moment du renouvellement de son Titre de Séjour : les services préfectoraux lui ont remis un récépissé renouvelé tous les trois mois jusqu’à la réception de l’OQTF fin 2011. Aziza vit dans une situation précaire, dans l’angoisse et l’insécurité depuis plus de 13 mois mais refuse de se soumettre aux abus de la préfecture qui l’obligent, comme elle l’exprime elle-même, à «exposer sa vie privée dans ses moindres détails, pour justifier notre attachement à la France selon la vision des services préfectoraux ». Elle s’accroche aussi à la vérité de son choix académique, aux liens familiaux et amicaux solides qui l’attachent au territoire français depuis neuf ans, pour faire valoir ses droits et surmonter cette épreuve.

A travers cette pétition, nous appelons au respect du droit au choix académique et donc à la délivrance d’un titre de séjour pour Aziza CHIHI.

Signer la pétition

Site de RESF Antenne Universitaire, 4 mars 2012

[Congo] L’armée et la technologie nous protègent : explosion dévastatrice d’un arsenal

Au moins 150 morts dans l’explosion d’un dépôt de munitions à Brazzaville

Au moins 150 personnes ont été tuées et des centaines blessées dans une série d’explosions dimanche dans un dépôt de munitions à Brazzaville, la capitale du Congo, a indiqué à l’AFP une source diplomatique européenne à Brazzaville.

Un nuage de fumée le 4 mars 2012 au dessus de Brazzaville à la suite de l'explosion d'un dépôt de munitions

Un nuage de fumée le 4 mars 2012 au dessus de Brazzaville à la suite de l’explosion d’un dépôt de munitions

« On compte au moins 150 morts dans les hôpitaux militaires et environ 1.500 blessés dans un état plus ou moins grave », a indiqué cette source jointe par téléphone depuis Paris.

Toujours selon cette source, il y aurait également de nombreux blessés admis dans des hôpitaux civils de la capitale. 

Un correspondant de l’AFP dans la ville vu voir les corps de quatre personnes, dont une fillette d’une dizaine d’années, dans une clinique près de la zone touchée, et de nombreux blessés, beaucoup en uniformes, soignés à même les rues.

Cinq explosions très fortes et espacées se sont produites à partir de 08H00 locales (07H00 GMT) et jusqu’à 10H45, qui ont même secoué et fait des dégats matériels à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo voisine, séparée de Brazzaville par le fleuve Congo.

Des détonations plus légères et à intervalles irréguliers étaient encore perceptibles vers 13H00.

Un incendie dans deux magasins de munitions d’un dépôt de la caserne blindée Mpila, dans l’est de la ville, serait à l’origine de l’accident, ont indiqué à l’AFP des militaires sous couvert d’anonymat.

Selon un diplomate interrogé par l’AFP, l’incident « n’a rien de politique, et le président (Sassou Nguesso) est avec l’état-major pour coordonner les opérations » de secours.

Aucun bilan officiel n’était disponible jusque-là.

Selon des témoins l’onde de choc des principales explosions a été « très forte », et un chapelet de déflagrations a provoqué des mouvements de panique, rappelant aux habitants de la ville le temps de la guerre civile il y a une dizaine d’années.

Le périmètre de la zone touchée a été bouclé par sécurité et un hélicoptère survole la zone, a constaté l’AFP.

L’intervention des pompiers est rendue difficile autour du dépôt par des explosions sporadiques, selon une source diplomatique.

Les rues alentour étaient désertes et seuls des véhicules de secours et de police circulaient.

Plusieurs maisons ont été rasées par le souffle de l’explosion, des vitres ont volé en éclats, des toitures ont été éventrées et des portes défoncées, a constaté le journaliste.

Des habitants ramassaient des éclats de munitions dans ou près de leurs maisons, selon lui.

Une église catholique, près de la caserne, a également été endommagée, alors que les explosions se sont produites au moment de la messe.

Un vent de panique a soufflé dans la zone touchée et les habitants ont quitté le quartier en direction de la périphérie de Brazza, selon ce correspondant.

« J’ai vu deux blessés. Un avait une plaie à la jambe et un autre à l’épaule, sans doute blessés par des maisons qui sont tombées. Chez moi, un mur est tombé », a témoigné une habitante à l’AFP.

« Il y a beaucoup de gens dans la rue: ils fuient avec leurs bagages sur la tête, pieds nus, certains sont à peine habillés. Il n’y a pas de circulation, pas de bus, pas de taxi », a-t-elle ajouté.

Le trafic des passagers sur le fleuve entre Kinshasa et Brazzaville a été suspendu jusqu’à lundi, selon une source au port de Kinshasa.

Les explosions ont provoqué des dégâts jusqu’à Kinshasa, la capitale de la RD Congo, juste en frace de Brazzaville de l’autre côté du fleuve: bâtiments endommagés, vitres soufflées, a constaté l’AFP.

Les détonations ont créé un court mouvement de panique à Kinshasa, surtout dans le quartier de la présidence et de la résidence présidentielle, qui fait face à Brazzaville.

« Pas de panique, nous demandons aux habitants de vaquer à leurs occupations », a déclaré le directeur de la télévision nationale en RDC dans message télévisé.

AFP, 4 mars 2012

[Cameroun] L’huile de palme contre les populations

Au Cameroun, l’huile chasse la forêt

Exploitation du bois dans une forêt camerounaise, en octobre 2007Exploitation du bois dans une forêt camerounaise, en octobre 2007 (Photo Delphine Ramond. AFP)

Avec l’appui du gouvernement, les multinationales, comme l’américain Herakles Farms, s’implantent dans le pays pour produire de l’huile de palme, au détriment des populations.

L’atmosphère est tendue au Cameroun, dans le Ndian et le Koupé-Manengouba, deux départements montagneux et boisés du sud-ouest du pays. Le projet d’une société américaine, Herakles Farms, de planter 60 000 hectares de palmiers à huile suscite une vive polémique. Alors que les uns se réjouissent des 7 500 emplois promis par la compagnie, d’autres sont révoltés à l’idée de perdre leurs terres, attribuées pour un bail de 99 ans à Herakles. Des jeunes ont même tenté de bloquer les bulldozers de l’entreprise. Mais cette dernière ne renoncera pas à ses plans, tant elle a à gagner : la demande mondiale en huile de palme est en pleine croissance.

Pendant longtemps, c’est en Asie du sud-est que s’est concentrée l’industrie du palmier à huile, bien que cette plante oléagineuse soit originaire d’Afrique, où elle est majoritairement cultivée par de petits paysans. Désormais portées par les cours élevés de l’huile, et à cause de la réduction des surfaces en Malaisie, les multinationales du secteur se ruent sur les terres africaines. Malaisiennes, indonésiennes ou chinoises, elles ont obtenu ces trois dernières années des centaines de milliers d’hectares au Gabon, au Liberia, en république démocratique du Congo, en Angola, etc. Quant aux quelques industries déjà installées, elles augmentent leurs superficies.

ONG et experts s’inquiètent. «On n’est pas contre la culture du palmier à huile. Mais il ne faut pas qu’elle se fasse de manière anarchique et au détriment des populations, comme c’est souvent le cas», souligne Samuel Nguiffo, du Centre pour l’environnement et le développement (CED). Dans un rapport publié le 14 février, cette ONG estime que la vie de 25 000 personnes serait affectée par le projet d’Herakles.

Aires protégées. Au Liberia, le mal est déjà fait : des centaines de villageois ont manifesté en janvier contre les expropriations dont ils ont été victimes au profit de la firme Sime Darby (Malaisie). Autre crainte : l’environnement. L’industrie du palmier à huile est souvent une cause de déforestation, responsable de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. D’après les informations qui ont filtré, Patrice Levang, chercheur à l’IRD et au Cifor, à Yaoundé, a calculé que la surface demandée à l’Etat camerounais par les géants de l’huile atteint un million d’hectares. Si cette superficie est accordée, «où ira-t-on le prendre ?» s’interroge-t-il. Pas dans les zones agricoles déjà exploitées, au risque de créer de graves conflits. «Le seul endroit qui reste, c’est le domaine forestier permanent. Ce qui signifie encore plus de déforestation», prédit l’agroéconomiste. Le projet d’Herakles est préoccupant : situé à proximité de quatre aires protégées, il va entraîner la destruction de forêts primaires, s’alarme l’ONG allemande Save Wildlife Conservation Fund, qui a lancé une pétition «Stop Herakles deforestation».

En 2011, une petite ONG camerounaise, Struggle to Economise Future Environment, a obtenu de la justice l’arrêt des activités d’Herakles. Mais le jugement n’a pas été respecté et le juge a été dessaisi du dossier. Ce qui n’est guère étonnant : au Cameroun, comme dans la plupart des pays ciblés par les agro-industriels, le niveau élevé de la corruption permet bien des arrangements. Le contrat signé en 2009 entre Herakles et le ministre camerounais de l’Economie de l’époque, Louis-Paul Motaze, est symptomatique : on y lit que l’entreprise paiera un prix de location de la terre insignifiant (de 0,5 à 1 dollar l’hectare par an), sera exemptée de taxes pendant dix ans, etc. Et en cas de conflit entre une loi camerounaise et une disposition du contrat, il est prévu que ce dernier l’emporte…

Planification. Si les autorités n’ont pas réagi officiellement à la publication, par le CED, de ces informations restées jusque-là confidentielles, il semble, par contre, que le Premier ministre ait réuni en urgence les élites administratives et politiques partisanes du projet. Non pour s’offusquer des termes du contrat, mais pour leur assurer… qu’Herakles mènerait bien ses opérations comme prévu.

«Au lieu d’augmenter les surfaces, pourquoi ne pas d’abord améliorer le rendement des plantations existantes, dont celles des petits producteurs [qui représentent 100 000 hectares au Cameroun] ?» se demande Samuel Nguiffo, qui plaide pour une planification urgente de l’utilisation de l’espace national. Une marge de progression existe :«Le rendement à l’hectare des plantations villageoises est inférieur à une tonne d’huile de palme brute, alors que le rendement potentiel est de trois tonnes», constate Patrice Levang.

Repères : Cameroun

L’huile de palme est partout dans l’alimentation. Chips, frites, pâtes à tartiner, margarines… C’est l’huile végétale la plus abondante et la moins chère : 46,7 millions de tonnes ont été produites en 2010. Aussi utilisée comme agrocarburant, elle ne représente que 1 % de la consommation.

88 % de la production mondiale est assuré par la Malaisie et l’Indonésie. Le palmier à huile est l’une des principales causes de déforestation en Indonésie.

4 tonnes d’huile/ha par an, c’est le rendement moyen du palmier à huile qui est 7 à 10 fois plus élevé que celui du soja ou du colza.

Libération, Fanny Pigeaud, 2 mars 2011