Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

[Poitiers] Un futur papa guinéen expulsable

Elle va accoucher il risque l’expulsion

Un Guinéen risque d’être expulsé demain vers son pays d’origine alors que sa femme, de nationalité française, est en passe d’accoucher une nouvelle fois. La Cimade et son avocate tentent l’impossible pour lui éviter un retour express au pays dans des circonstances qu’ils jugent particulièrement choquantes. En situation irrégulière, il était assigné à résidence et devait pointer régulièrement. Lors du dernier pointage, mardi dernier, il a été embarqué en direction du centre de rétention du Mesnil Amelot. Sa rétention avait été confirmée par la justice. A Poitiers, le tribunal administratif avait déjà confirmé l’obligation de quitter le territoire délivrée par la préfecture qui considérait que le couple ne répondait pas aux critères de la communauté de vie. « Il était allé à Grenoble pensant avoir des papiers plus facilement. C’est pour cela que la préfecture considère qu’il n’y a pas de communauté de vie », réagit la Cimade.

Nouvelle République, 29 février 2012

Arrestation de 25 anonymous en Espagne et en Amérique latine

Arrestation de 25 hackers liés aux Anonymous en Espagne et en Amérique latine

Vingt-cinq hackers supposés appartenir au groupe des « Anonymous » ont été arrêtés en février à la suite de cyber-attaques menées depuis l’Argentine, le Chili, la Colombie et l’Espagne, a annoncé mardi l’organisation policière internationale Interpol, faisant craindre une riposte des Anonymous.

« L’opération +Unmask+ a été lancée à la mi-février après une série de cyber-attaques coordonnées lancées depuis l’Argentine, le Chili, la Colombie et l’Espagne contre le ministère colombien de la Défense et des sites web de la présidence », précise dans un communiqué Interpol, dont le siège est à Lyon.

La compagnie chilienne d’électricité Endesa a aussi été la cible de ces cyber-attaques, entre autres.

Quatre de ces pirates informatiques ont été interpellés en Espagne, dix en Argentine, six au Chili et cinq autres en Colombie. Les interpellations de ces personnes, âgées de 17 à 40 ans, ont été effectuées sous l’égide d’Interpol.

Les quatre personnes arrêtées en Espagne sont notamment accusées d’avoir publié en ligne des données personnelles de gardes du corps travaillant pour le chef du gouvernement espagnol et d’agents de la police nationale, a annoncé dans la journée la police espagnole.

Elles sont en outre soupçonnées d’avoir attaqué des sites internet officiels, soit en les bloquant, soit en les modifiant.

L’un de ces hackers, qui a été incarcéré, est soupçonné d’avoir été « chargé d’administrer et de gérer l’infrastructure informatique utilisée par +Anonymous+ en Espagne et en Amérique Latine, principalement ».

« Les serveurs qu’il administrait étaient hébergés en République tchèque et en Bulgarie », selon la police.

Un autre membre du groupe est soupçonné d’être responsable des « attaques les plus notoires et des fuites revendiquées par +Anonymous+ » en Espagne.

L’opération « Unmask », menée dans une quarantaine de villes, a permis la saisie de matériel informatique, de téléphones portables, d’argent, de cartes de crédits.

L’organisation « Anonymous » est considérée comme une « menace » par l’Otan pour les risques de piratage ou de blocage informatique qu’elle fait peser sur les systèmes de l’Alliance Atlantique, avait précisé la police espagnole.

Mais ce groupe de pirates activistes disséminés dans Le Monde entier et représentés par un masque blanc et noir au sourire ironique se présente de son côté comme un défenseur des libertés sur internet.

Ces arrestations pourraient provoquer une riposte, à l’image de celle menée en janvier, au Brésil, après la fermeture du site Megaupload.com, une des plus importantes plates-formes de partage de fichiers sur internet, accusé de violation des droits d’auteur.

Pour protester contre cette fermeture, Anonymous s’en est pris notamment à des sites du gouvernement américain, après avoir mis hors service pendant plusieurs heures les sites du FBI et du ministère de la Justice américain.

Il s’en était aussi pris brièvement au site internet de la présidence française, après que Nicolas Sarkozy eut salué la décision de la justice fédérale américaine de fermer le site.

AFP, 28 février 2012

[Hongrie] Travail obligatoire pour les Roms

ndPN : Nous évoquions il y a deux mois la fascisation de la Hongrie.

Les Roms au chômage sont désormais mis au travail obligatoire !

La « garde hongroise », milice du Jobbik, parti facho allié au gouvernement nationaliste de Viktor Orban.

Le travail obligatoire pour les Roms hongrois est devenu réalité

Depuis le 1er septembre, le gouvernement nationaliste de Viktor Orbán oblige un millier de bénéficiaires d’allocations chômage, en majorité des Roms, à travailler sur des chantiers publics. A terme, ce dispositif est censé toucher 300 000 personnes. Sandor Szöke, à la tête du « Mouvement des droits civiques hongrois », s’est rendu sur le site de Gyönggyöspata: il décrit des conditions de travail indignes, l’absurdité de ces chantiers et l’absence de réaction de la population.

Ils sont désormais une réalité: presque un mois déjà que les travaux forcés pour les chômeurs ont démarré en Hongrie. En avril 2010, la droite nationaliste et son leader, Viktor Orbán, remportaient une large victoire au Parlement en reprenant à leur compte une partie des thèmes de l’extrême-droite. Le 1er septembre 2011, entrait en vigueur un programme obligeant les prestataires de minimas sociaux à travailler sur des chantiers publics.

La Hongrie ne donnera plus d’avantages à ceux qui sont en mesure de travailler, alors qu’il y a tant de travail à accomplir »,

déclarait Viktor Orbán en juin dernier. Il a au moins le mérite de tenir ses promesses.

Mais quelles promesses! Mille chômeurs sont pour l’instant réquisitionnés pour participer à des travaux d’aménagement, sous peine d’être privés de leurs allocations. Ils sont répartis sur six lieux, de véritables « labos-test » avant l’extension du dispositif à des centaines de milliers de personnes dans les prochains mois. La Commission européenne a déclaré le 20 septembre ignorer l’existence de tels travaux.

« Outils du XIXème siècle »

Et pourtant… Sandor Szöke, qui dirige le « Mouvement des droits civiques hongrois », s’est rendu à plusieurs reprises sur le chantier de Gyönggyöspata, au nord-est du pays. Il témoigne:

Avant d’arriver sur le lieu de travail, les personnes doivent parcourir environ 7,5 km. Elles enchaînent dix heures de travail sur la journée. Elles nettoient un terrain boisé en vue de la construction de résidences pour la classe aisée. Les outils semblent tout droit sortis du XIXème siècle: on travaille à la faucille ! Il n’y a rien à disposition : pas d’eau, pas de toilettes, pas d’abri contre le soleil, pas de protection contre les guêpes… C’est humiliant. Le dirigeant du chantier, du parti d’extrême-droite Jobbik, n’a pas hésité à brusquer une dame de 58 ans à demi-paralysée pour qu’elle aille plus vite. La paye est de 180 euros bruts mensuels, pour un travail qui aurait pu être fini en une après-midi par des tracteurs. »

Camps de travail pour Roms?

Si le lieu de travail est à plus de 35 km, les travailleurs pourraient, alors, être obligés de dormir sur place dans des containers transformant alors, bel et bien, les chantiers en camps de travail. 

A l’annonce du programme en juillet, le quotidien allemand Die Tageszeitung estimait:

Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour comprendre que cette mesure vise principalement les Roms ».

En effet, près de 50 % des Roms, faiblement qualifiés et discriminés à l’embauche, seraient sans emploi. Nombre de familles vivent ainsi de l’aide sociale. Szandor Szöke a pu le vérifier à Gyönggyöspata:

Sur les quarante travailleurs du chantier, 39 sont des Roms. En réalité, les Hongrois ‘de souche’ ont trouvé des justificatifs pour échapper à ce travail forcé. Ce que ne peuvent évidemment pas faire les Roms. »

Ce n’est pas un hasard si le village de Gyönggyöspata est en pointe de la nouvelle politique. En avril dernier, une milice formée par le parti d’extrême-droite Jobbik avait défilé pour intimider les Roms et affirmer sa politique sécuritaire. Une démonstration de force qui a manifestement plu à la population puisque le Jobbik a gagné les élections municipales il y a un mois et demi.

Le peuple hongrois sans réaction

La dernière fois qu’un programme visait un groupe racial, c’était dans le début des années 1940 ! »,

s’insurge Sandor Szöke. Des propos qui peuvent sembler alarmistes, mais qui trouvent un écho dans certains détails du programme. En effet, le gouvernement  projette à terme d’encadrer les travaux forcés par des anciens de la Police et de l’Armée. A Gyönggyöspata, le parti Jobbik met peu à peu en place une gendarmerie,  un corps disparu en 1945 qui traîne une sinistre réputation… C’est cette gendarmerie qui mettait les juifs dans les wagons en partance pour les camps de concentration pendant la Seconde guerre mondiale ; elle encore qui sévissait lors de la dictature communiste. Mais le plus étonnant de l’affaire reste l’absence de réaction du peuple hongrois. Sandor Szöke explique:

Le populisme du gouvernement se nourrit de l’ignorance de la population, et inversement. La Hongrie n’a pas suffisamment travaillé sur son Histoire, donc celle-ci se répète. De 5 000 à 25 000 militants, tout au plus, s’affichent ouvertement contre ce programme. Le problème principal tient au fait qu’il n’y a pas d’opposition, pas d’alternative politique valable. Le Parti socialiste hongrois, le MSZDP, est vieillissant. Ses membres ne proposent plus rien, ils s’entredéchirent dans des luttes internes. De l’autre côté de l’échiquier, on trouve le Jobbik, crypto-fasciste et antiparlementaire… Enfin, la presse est muselée par les lois récentes instituant une pseudo-déontologie que doivent respecter les médias sous peine d’être sanctionnés financièrement. »

Main d’œuvre bon marché pour les Chinois

Il se pourrait que la persécution d’une minorité ne soit pas la seule motivation du gouvernement. Le Tageszeitung soulignait en juillet que

ce n’est pas un hasard si l’annonce de ces mesures intervient après la visite du Premier ministre chinois Wen Jiabao en Hongrie. La grande puissance asiatique veut racheter la dette hongroise mais aussi investir dans l’industrie et les projets d’infrastructures du pays ».

Les bénéficiaires d’allocations pourraient ainsi constituer une main-d’œuvre bon marché. D’autant que les perspectives économiques sont menaçantes, avec la récente baisse de la monnaie hongroise face à l’euro. D’un côté, Viktor Orbán n’a de cesse de vilipender les banques pour leur rôle dans la crise que traverse le pays. De l’autre, il innove avec une solution que peu d’économistes suggéraient jusque-là: mettre les Roms au travail à plein temps.

Myeurop.info, Baptiste Becquart, 26 février 2012

Ca pète en Val de Suse !

Ca pète en Val de Suse !

Aujourd’hui, soit moins de 48h après la manifestation NO TAV qui a réuni 75’000 personnes, a eu lieu une opération militaire surprise pour l’élargissements de la zone de chantier du TAV en Val de Suse. Des appels à se rassembler fleurissent un peu partout tandis que des autoroutes ont été bloquées.

On peut suivre l’info en direct (en italien) ici.

Un agriculteur du coin, Luca Abbà, âge de 37 ans, a été blessé en s’électrocutant et en chutant d’un pylône électrique qu’il tentait d’escalader durant une action de protestation. Il est actuellement à l’hôpital dans un état grave.

Un rassemblement est prévu à Bussoleno, dans la vallée, à 18h, un autre se déroule actuellement à Turin.

Actualisations :

18h Des actions de solidarité et de blocage, ainsi que des manifestations, ont lieu en ce moment dans plusieurs villes (Rome, Palerme…)

18h50 Action de solidarité d’Anonymous : le site de la police nationale italienne est down.

Le Réveil, 27 février 2012