L’opposition russe a mobilisé des milliers de personnes dimanche à Moscou, constituant une chaîne humaine le long du boulevard circulaire autour du centre-ville avec pour slogan « Ne laissons pas Poutine entrer au Kremlin », à une semaine de la présidentielle du 4 mars.
Les militants d’opposition, se tenant par la main, constituaient une chaîne pratiquement ininterrompue le long de ce périphérique d’une circonférence de 16 kilomètres, ont constaté plusieurs Journalistes de l’AFP.
Beaucoup de participants portaient des rubans blancs à la poitrine ou d’autres emblèmes de cette couleur, choisie par l’opposition comme le symbole de la contestation depuis les manifestations de décembre.
La police de Moscou a estimé le nombre de participants à 11.000, l’opposition à 30.000.
Un des leaders de l’opposition libérale, Boris Nemtsov, s’est félicité de la réalisation de ce « cercle blanc » autour du centre de Moscou.
« Ne laissons pas Poutine entrer au Kremlin », a-t-il lancé, dans un reportage de la chaîne de télévision privée Dojd, un des rares médias à couvrir la manifestation.
Alexeï Navalny, un leader nationaliste et pourfendeur de la corruption, l’ancien champion du monde d’échec Garry Kasparov, engagé dans l’opposition libérale, l’écrivain Boris Akounine, le leader du Front de gauche Sergueï Oudaltsov ont aussi participé au rassemblement.
Les manifestants se tenaient par endroit sur le trottoir, ailleurs étaient descendus sur la chaussée, faisant des signes de la main aux automobilistes.
Nombre de voiture klaxonnaient en passant, certains conducteurs ralentissant pour faire des signes ou brandissant eux aussi par la fenêtre de leur véhicule des rubans ou écharpes blanches.
Des cars de police anti-émeute OMON étaient garés de place en place, ont constaté les Journalistes de l’AFP. Des hélicoptères se faisaient également entendre dans le ciel de Moscou.
« Nous sommes venus parce que nous n’acceptons pas les fraudes qui ont eu lieu lors des législatives en décembre (remportées avec près de 50% par le parti au pouvoir Russie unie, ndlr), nous ne voulons pas que cela se reproduise le 4 mars », a déclaré à l’AFP Mikhaïl, un participant de 22 ans.
« Les gens sont venus parce qu’ils espèrent que cette fois leur voix sera prise en compte », a dit un autre participant, également Mikhaïl, 48 ans.
« Nous voulons un gouvernement démocratique. Ce que nous avons en Russie s’appelle une dictature », a-t-il ajouté.
Selon l’agence Interfax, des manifestants pro-Poutine se sont rassemblés sur une portion du boulevard circulaire. « Poutine aime tout le monde! », disaient leurs pancartes ornées d’un coeur, selon l’agence.
La manifestation s’est achevée sans heurts. Une bagarre a cependant éclaté par la suite Place de la Révolution, près du Kremlin, où des militants d’opposition s’étaient rendus, selon Interfax.
Une autre manifestation a réuni dimanche environ 3.000 personnes à Saint-Pétersbourg, selon l’estimation d’une correspondante de l’AFP sur place.
Des manifestations ont également eu lieu dans d’autres villes de Russie, rassemblant notamment selon l’opposition plusieurs centaines de personnes à Ijevsk, Oufa, Saratov, Rostov-sur-le-Don, Tomsk, Kemerovo.
La présidentielle russe se tiendra le 4 mars dans un climat de contestation sans précédent depuis l’arrivée au pouvoir il y a plus d’une décennie de Vladimir Poutine, l’actuel Premier ministre qui ambitionne de revenir au Kremlin.
L’ex-agent du KGB, président de 2000 à 2008, est resté l’homme fort du pays après avoir laissé en 2008 la présidence à son subordonné Dmitri Medvedev, faute de pouvoir enchaîner plus de deux mandats consécutifs.
Les sondages lui accordent entre 50 et 66% d’intentions de vote, rendant probable son élection dès le premier tour comme en 2000 et 2004.
AFP, 26 février 2012