Archives de catégorie : Répression

[Grenoble] Rassemblement contre l’inauguration de Clinatec

Rassemblement contre l’inauguration de Clinatec, mardi 31 janvier 2012 [tract]

Vous trouverez ici le tract contre l’inauguration de Clinatec le 31 janvier 2012.

Le tract

Fermez Clinatec, le laboratoire de la contrainte

Rassemblement contre l’inauguration de Clinatec, mardi 31 janvier 2012 à 17h30, parvis Louis Néel (Minatec)

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« Avec les électrodes et les implants cérébraux, on peut changer la personnalité de quelqu’un qui était anormal, pour le remettre dans la normalité. On peut faire passer les gens d’un état suicidaire à un état jovial. Faut-il en conclure qu’on peut manipuler les gens et les faire marcher au pas cadencé ? Certes, mais on les fait tellement marcher au pas cadencé par d’autres moyens. » Professeur Benabid, neurochirurgien, promoteur de Clinatec, présentation à Saint-Ismier (38) le 17 janvier 2012.

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- Faut-il implanter des électrodes dans le crâne des malades de Parkinson pour calmer leurs symptômes (dans certains cas) par du courant électrique, ou stopper le déversement des pesticides qui fabriquent des malades en quantités industrielles ?

- Faut-il stimuler électriquement le cerveau des fumeurs pour les dégoûter du tabac, ou se demander à quels besoins physiques et psychiques répond l’addiction à la nicotine ?

- Faut-il envoyer du courant dans le cerveau des anorexiques pour modifier leur comportement alimentaire, ou offrir aux jeunes filles d’autres modèles de silhouettes que celui de squelettes publicitaires ?

- Faut-il mettre des implants neuro-électroniques dans le crâne des dépressifs et des suicidaires ou changer les conditions de travail chez France Telecom/Orange et Renault ou à l’hôpital de Lille ?

À Clinatec, on a tranché. Les maladies neurodégénératives et les souffrances psychiques explosent sous l’effet d’un environnement chimique, économique, technologique, social, délétère ? Les neurotechnologues choisissent de gommer les effets du monde-machine pour rétablir l’illusion de la normalité. L’homme-machine, nous y voici. Et c’est à Grenoble, au centre Clinatec, issu du Commissariat à l’énergie atomique/ Minatec, que nos chercheurs et nos industriels l’élaborent, en font la promotion et le mettent en service. Etes-vous fiers ? honteux ? révoltés ? indifférents ? des millions des subventions que vous financez aux laboratoires de la technopole pour aboutir à ce résultat ?

Clinatec est une « clinique expérimentale » destinée entre autres à tester sur des cobayes volontaires des dispositifs électroniques implantables dans le cerveau. Ceci d’une part afin d’agir sur certaines zones neuronales pour corriger des symptômes de maladies (électrodes miniaturisées) ; d’autre part de développer des interfaces cerveau-machine pour piloter « par la pensée » des objets ou des prothèses électroniques (œil, oreille, bras artificiels, exosquelette, etc). Bref, il s’agit d’appliquer les propriétés des nanotechnologies aux neurosciences.

C’est le 31 janvier 2012 que sera inauguré Clinatec, peut-être avec Nicolas Sarkozy, mais de toutes façons en catimini. Ont-ils quelque chose à se reprocher ? Nous avons des choses à leur reprocher.

- Comme d’habitude dans la technopole, la liaison recherche-industrie est le moteur du développement de Clinatec. Il est moins question ici de prévenir et de soigner que de chercher des applications rentables à une technologie. Les « kits de stimulation » sont commercialisés par des industriels tels que Medtronic (partenaire du professeur Benabid), toujours en quête de nouveaux débouchés. Comme dit Benabid : « Donnez-moi une maladie, je traite ». En quoi le promoteur de Clinatec est conforme aux préconisations de son collègue Feuerstein, directeur de Grenoble Institut des Neurosciences : « Il est ainsi de la responsabilité de la Région de soutenir les développements futurs de cette thérapeutique fonctionnelle efficace [qui] contribue au rayonnement des équipes régionales remarquables qui la font progresser pour l’optimiser et étendre ses applications, en vue de permettre à Rhône-Alpes de maintenir son rôle pionnier mondial. (…) une collaboration avec le CEA et le LETI devrait être à même de développer de nouvelles innovations technologiques très pointues (…) conduisant vraisemblablement à des retombées industrielles non négligeables. » [1]

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- Les nouveaux débouchés des implants cérébraux, c’est l’homme-machine. Ce qui soulage des malades sert aussi à « augmenter » des bien-portants (vision nocturne, super ouïe, « cognition augmentée », supermémoire). Déjà, l’armée américaine contraint ses soldats à accepter toute technologie d’augmentation de leurs performances. Ceux qui pourront se payer les prothèses neuroélectroniques gagneront la course à la compétitivité économique et à la rentabilité individuelle. Comme le proclament les hérauts américains des nano-bio-neurotechnologies : « Tout moyen d’améliorer la santé mentale pour augmenter les marges de profit sera recherché. La diffusion des neurotechnologies dans l’industrie créera un nouveau « terrain de jeu » économique sur lequel les individus qui les utilisent auront la capacité d’atteindre un plus haut niveau de productivité que ceux qui ne les utilisent pas. » [2]

- Mais la fabrique de quelques hommes « augmentés » produira plus encore des hommes diminués, contrôlés – des robots marchant au « pas cadencé » selon Benabid. Au point que le Parlement européen même s’inquiète de l’usage de cette technologie « par des acteurs puissants pour contrôler les gens. » [3] On peut déjà effacer des souvenirs, en créer de nouveaux, télécommander des rats, des singes et des humains.

- En traitant des problèmes de santé publique du point de vue le plus étroit – les symptômes plutôt que les causes – et le plus réductionniste – les neurones plutôt que la personne – les promoteurs de Clinatec se comportent en techniciens et non en médecins. Leur conception mécaniste de l’homme, conforme à l’idéologie technicienne au pouvoir, irrigue le projet de monde-machine, rationalisé, optimisé, machinisé, bref, anti-humain. Écoutez plutôt ces deux neurobiologistes en vue : « L’avènement des cerveaux machines pourrait modifier de façon radicale la manière dont nous pourrons interagir avec notre entourage. Quelle défaite pour les fanatiques de l’âme et de ses mystères ! À moins qu’il ne s’agisse simplement d’une défaite de l’humain, s’il faut en croire le chœur des lamentations des humanistes transis. » [4]

- Dévoyer la recherche dans les neurotechnologies est un choix politique, et non technique. Les décideurs suivent les chercheurs qui promettent de « révolutionner nos vies », construisent à leur demande Clinatec avenue Félix Esclangon, le financent (2,2 millions d’euros pour la Ville de Grenoble) et en assurent la promotion. Rien à voir avec un quelconque processus naturel – ce progrès qu’on n’arrête pas : il s’agit d’un projet porté, programmé, calculé. Avons-nous voulu cette révolution sociale et anthropologique ? L’homme-machine est-il votre rêve pour vos enfants ? Qu’importe, il faudra obéir.

Avec les neurotechnologies, nous franchissons un seuil dans l’histoire de l’Homme. Nous vous parlons du techno-totalitarisme, de l’incarcération de l’homme-machine dans le monde-machine. Tout ce qui est possible sera réalisé. Nous vous parlons de la société de contrainte par possession technologique. Par possession, on entend l’état de ceux que gouverne une puissance technologique, qui les prive de la libre disposition de leur pensée ou de leurs actes et en fait l’instrument de sa volonté. En termes de gouvernance pour le pouvoir, une population de cyborgs, d’organismes pilotés, d’hommes bioniques, bio-électroniques, d’hommesmachines enfin, est insurpassable. Nous vous parlons de la cyber-police, de la neuro-police, de la police totale, d’un dispositif permettant au pouvoir de contraindre les sans-pouvoir à exécuter ses volontés tels des marionnettes, un robot, un individu sous hypnose. On voit que la technologie est la continuation de la police, du pouvoir politique par d’autres moyens, et que cybernétique et neuro-technologie couronnent ce rationalisme policier qui prétend faire de nous des insectes sociaux et de l’humanité une fourmilière machine.

C’est maintenant que nous pouvons encore décider. Et vous, que voulez-vous ?

Pièces et main d’œuvre & les Humains Associés

Pour en savoir plus : L’Industrie de la contrainte, par Pièces et main d’œuvre et Frédéric Gaillard (Editions L’Echappée, 2011), ou www.piecesetmaindoeuvre.com.

[1] www.grenoble-universites.fr/1163429…

[2] M. Roco, W. Bainbridge : « Managing Nano-Bio-Info-Cogno innovations – Converging technologies in society », 2005

[3] Etude « Human enhancement », parlement européen, mai 2009. Traduit par nos soins.

[4] Jean-Didier Vincent, Pierre-Marie Lledo, Cerveau sur mesure (éditions Odile Jacob, 2012)

dimanche 29 janvier 2012 par PMO & les Humains Associés

Vu sur Indymedia Grenoble

[Israël] Soutien international à Igor Bakal !

Face à la répression d’Etat, aidez notre camarade Igor Bakal !

Les anarchistes russophones et israéliens font appel aux anarchistes de tous les pays et tout simplement aux personnes non indifférentes.

 

Chers camarades !

Notre camarade, Igor Bakal (Israël), connu de nombreux militants des mouvements sociaux russophones sous le nom d’Egor Joyeux et aux activistes israéliens – comme Igal Levin, a besoin de votre soutien.

Anarchiste-communiste, suivant la voie de sa conscience et de ses convictions, il a décidé de refuser de servir dans l’armée israélienne et d’être par la suite envoyé dans la bande de Gaza…

Igor est moralement  prêt pour résister à la répression que l’Etat israélien exercera à son égard.

Mais… ayant purgé 4 ans en tant qu’officier dans l’armée israélienne, où il a participé à la deuxième guerre du Liban et à l’opération « Plomb Durci », il y a été décoré.  Paradoxalement, ce sont ces faits de sa biographie qui suscitent particulièrement la colère chez les bureaucrates d’Etat, et la décision d’Igor peut être qualifiée non comme un refus d’effectuer son service militaire (ce qui entraînerait la sanction d’emprisonnement de 3 mois à 3 ans), mais comme un acte de trahison, ce qui engendrera une détention beaucoup plus longue.

Il a urgemment besoin d’un avocat, pour lequel ni Igor ni sa famille, ni ses camarades n’ont pas d’argent.

Si vous voulez apporter une aide financière à notre camarade Igor, contactez-nous à cette adresse :
troyes@federation-anarchiste.org

Vous pouvez aider également, en organisant des rassemblements de solidarité devant l’ambassade israélienne de votre pays.

Nous vous prions de diffuser ces informations au niveau international pour organiser une campagne de soutien à Igor.

C’est la seule façon d’aider notre camarade !

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Anarchist Black Cross SRS-U (ABC Union des Socialistes Révolutionnaires, Ukraine),
MSA (Union Internationale des Anarchistes),
Front anarcho-communiste « Edinstvo »
(en français, “Unité”), Israël

Traduction : liaison de Troyes de la Fédération Anarchiste,

source : http://revsoc.org/archives/8343
Contact : troyes@federation-anarchiste.org

A titre d’information, ci-dessous nous présentons le programme du groupe anarcho-communiste israélien Front anarcho-communiste « Edinstvo » dont Igor Bakal est membre actif. 

 Programme du Front
anarho-communiste « Edinstvo »


1. Front anarho-communiste« Edinstvo »
Le Front anarcho-communiste « Edinstvo » (appelé ci-dessous plus simplement « Edinstvo », « Unité » en fr., NdT) est une section de la M.S.A. (Union Internationale des anarchistes) au Proche-Orient. Les activités de ce groupe couvrent l’ensemble du territoire d’Israël et des territoires sous l’autonomie palestinienne (Cisjordanie). La raison principale de la création de notre organisation était la volonté de faire renaître le mouvement anarchiste organisé (éteint dans les lointaines années quatre-vingt du siècle dernier) et mobiliser des anarchistes convaincus (ayant connaissance des idées anarchistes) au Proche-Orient.

2. Principes et objectifs
Notre objectif principal est de construire la société sur les principes de liberté, d’autogestion, d’auto-organisation, de solidarité, et de fédéralisme. Réunir des gens autour de ces principes devrait constituer une base solide pour le libre et complet développement de chaque individu. «Edinstvo» suit et promeut les principes tels que: absence du pouvoir et de la coercition, liberté d’associations, entraide, diversité, égalité, fraternité. L’objectif principal de « Edinstvo » est de consolider nos efforts pour accélérer le développement du mouvement anarchiste et des mouvements sociaux afin de contribuer à la naissance du communisme libertaire (fondé sur des soviets, sans Etat). Celui-ci devrait naître au cours du processus évolutif et révolutionnaire lorsque des associations autogestionnaires et des conseils (unions, communes, coopératives, institutions et entreprises – industrielles, scientifiques, culturelles, etc.) domineront dans la société.

3. Buts prioritaires
1. Association avec des anarchistes convaincus (ayant connaissance des idées anarchistes).
2. Aide aux mouvements sociaux, aux communes, aux associations.
3. Aide humanitaire aux couches nécessiteuses de la population.
4. Action directe : différentes actions, marches, manifestations, grèves, sabotages, etc.
5. Préparation des bases pour la révolution sociale au Proche-Orient.
6. Lutte contre le fascisme sous toutes ses formes et manifestations.
7. Création des coopératives, communes et conseils ouvriers.
8. Diffusion des idées anarchistes par la parole et par les actes.

Courriel de la liaison Troyes de la Fédération Anarchiste, 29 janvier 2012

[Davos] Ion Proton, mascotte nécrotechnologique du bal des vampires

La recherche médicale a bon dos, quand on sait qu’en France 2 millions de personnes (soit 3% de la population) ont déjà leur ADN inscrit dans le fichier policier FNAEG. « L’innocence » importe peu, refuser un prélèvement d’ADN peut coûter cher – même en cas de relaxe pour les faits reprochés.

Ce fichier, créé à l’origine pour ficher les criminels sexuels, est désormais incrémenté à quasiment chaque passage en garde à vue. Sauf pour les délits financiers bien sûr : bourgeois dormez tranquilles… Avec cette nouvelle mascotte des saigneurs de ce monde, Big Brother a de beaux jours devant lui.

A Davos, une machine pour décoder le génome individuel en quelques heures

C’est la révélation de Davos, une lueur d’espoir dans un océan de morosité: une machine miracle qui permet de décrypter le génome humain en quelques heures et pourrait révolutionner les soins.

Le Ion Proton, machine permettant de décoder rapidement l'ADN , est présenté le 11 janvier 2012 à Las Vegas, aux Etats-Unis.

Le Ion Proton, machine permettant de décoder rapidement l’ADN , est présenté le 11 janvier 2012 à Las Vegas, aux Etats-Unis.

 

Au Forum économique mondial, le Ion Proton a été présentée pour la première fois en Europe par son créateur l’Américain Jonathan Rothberg, un biotechnicien de 48 ans, directeur général de Ion Torrent Systems, propriété de la société américaine Life Technologies qui produit le Ion Proton.

Grâce à cette machine permettant de décoder rapidement l’ADN d’un individu grâce à des puces à semi-conducteurs, les malades n’auront plus besoin d’attendre des semaines pour savoir s’ils ont un cancer et les médecins sauront immédiatement de quelles maladies ils souffrent, ce qui leur permettra de choisir le type de thérapie adaptée, d’éviter des retards préjudiciables ou, pire, des erreurs, et de sauver des vies.

Plus tard, des chercheurs dans les pays en développement pourront grâce à cette machine identifier de nouveaux virus ou vérifier la qualité de l’eau.

Et la police scientifique pourra rechercher le profil ADN d’un suspect aussi rapidement que dans les séries policières télévisées et les militaires sur le terrain pourront identifier les corps de leurs compagnons d’armes ou de leurs ennemis.

A Davos où la finance internationale fait grise mine, Rothberg a été accueilli comme une rock star de la science.

« C’est un génie. Je veux acheter ses machines », s’enthousiasme Sami Sagol, un neuroscientifique israélien qui soutient la recherche.

« J’étais Assis à côté de lui lors du dîner. Il est époustouflant », dit un jeune banquier qui a trouvé les débats scientifiques du Forum plus attrayants que les sujets économiques.

Rothberg, bonnet de ski sur la tête et chemise rayée aux couleurs vives, explique que sa trouvaille permet de passer de la tâche laborieuse du séquençage du génome humain à l’ère des puces à semi-conducteurs.

Sans fausse modestie, il compare cette révolution à celle qui a permis de passer du gros ordinateur occupant toute une salle au PC à usage domestique. Il prédit qu’un jour, le Ion Proton actuellement de la taille d’une photocopieuse, pourra être réduit et transporté à la main comme les ordinateurs portables.

« C’est la première machine qui permet de séquencer le génome entier d’un individu pour moins de 1.000 dollars et en deux heures », a-t-il dit dans une interview à l’AFP à Davos.

« Auparavant, elles pouvaient coûter plus d’un demi-million de dollars et cela prenait des semaines pour avoir les informations sur votre génome », dit-il. Le génome d’un individu est l’ensemble du matériel génétique codé dans son ADN. Chaque individu a un génome unique.

« Le Ion Proton est destiné à la recherche pour découvrir de nouveaux gènes dans les maladies du cancer, de l’autisme ou des diabètes », explique-t-il encore.

« Mais il est aussi destiné à la médecine clinique pour être certain que l’on donne le bon traitement à la bonne personne et pour aider à diagnostiquer les maladies chez les nouveaux-nés », ajoute Jonathan Rothberg.

Les échantillons d’ADN sont introduits dans une puce de 2,5 cm, puis dans le Ion Proton, à l’instar d’une carte Sim dans un téléphone portable, et deux heures plus tard, le code génétique peut être déchiffré dans sa totalité.

« Quand mon fils Noah est né, il a été immédiatement emmené aux soins intensifs car il avait des difficultés à respirer. J’ai réalisé alors que j’étais moins intéressé par le génome humain en tant que concept abstrait que par celui de mon propre fils », raconte-t-il. « Il me fallait une technologie adaptée. Et pendant qu’il était en soins intensifs, j’ai eu l’idée des puces à semi-conducteurs ».

Noah s’est rétabli. Il n’avait pas une maladie génétique en fin de compte. Mais une fois que le Ion Proton sera utilisé communément dans les hôpitaux, d’autres parents attendront moins longtemps d’être fixés sur le sort de leur enfant.

AFP, 29 janvier 2012

[Poitiers] Manif d’Anonymous contre ACTA

Ils sont contre  » le flicage d’Internet « 

Une quinzaine (au moment où nous les avons rencontrés) de jeunes gens se revendiquant des idées du collectif Anonymous se sont rassemblés, hier à Poitiers, sur la place Charles-de-Gaulle. 

Une quinzaine (au moment où nous les avons rencontrés) de jeunes gens se revendiquant des idées du collectif Anonymous se sont rassemblés, hier à Poitiers, sur la place Charles-de-Gaulle.

Un groupe de jeunes gens sur la place Charles-de-Gaulle, un samedi à Poitiers. Rien d’étonnant. Jusqu’à ce que trois d’entre eux sortent un masque blanc de leur poche. En un tournemain, ils ne sont plus des anonymes, ils sont des Anonymous (1). Et ça change tout.

Hier, à Poitiers, ils étaient donc une quinzaine à avoir répondu à un appel du collectif Anonymous à se rassembler pour protester contre « le contexte répressif qui prend possession d’Internet », que ce soit au travers de lois ou de traités (Hadopi en France, Acta à l’international (2), ou d’actions ciblées comme la fermeture du site Megaupload (3) survenu le 19 janvier dernier.

Le gendarme du monde

« On dénonce le flicage qui se met en place contre la liberté d’expression sur Internet, expliquent-ils. Le FBI a fermé le site Megaupload sans qu’aucune décision de justice ne l’y autorise. Il s’agit d’une décision américaine unilatérale, un choix du gendarme du monde qui prive l’accès des internautes de toute la planète. » Les Anonymous poitevins, étudiants pour la plupart, expliquent que Megaupload n’est pas seulement un site de téléchargement, « il héberge également des fichiers personnels, des documents importants qui n’ont rien d’illégal ». Selon eux, la législation en cours et future est essentiellement motivée par des raisons commerciales : « On vote des lois et on signe des traités qui ne vont pas dans l’intérêt de la population, mais seulement dans ceux de certains groupes. » Interdire l’accès à l’Internet parce qu’on pourrait en faire un usage illégal n’est pas une motivation valable, estiment-ils : « Un couteau de cuisine, ça peut être utilisé de manière pénalement répréhensible, mais on n’interdit pas la vente des couteaux de cuisine pour autant. » Ils pensent qu’Internet doit rester un espace de liberté, « où c’est à l’utilisateur de trier lui-même des informations qu’on lui propose et de faire sa propre police ».

(1) Anonymous est un collectif d’activistes défenseurs du droit à la liberté d’expression sur Internet et en dehors. (2) L’Accord commercial anti-contrefaçon (Acta) est un traité international multilatéral concernant les droits de propriété intellectuelle. (3) Megaupload est un site web qui permettait à un internaute de mettre en ligne n’importe quel type de fichier à la disposition libre des utilisateurs.

Nouvelle République, Ph. B., 29 janvier 2012

ndPN : si le journaliste était resté, il aurait vu les flics arrêter la manif dès le départ, en imposant aux personnes de retirer leur masque (rappelons que l’Etat interdit désormais aux gens de se dissimuler sur la voie publique – le prétexte ayant été la burka). A noter que certaines personnes ont ensuite participé à l’assemblée populaire Démocratie réelle 86, où des échanges intéressants ont eu lieu.

[Poitiers] C’est fini pour les salarié-e-s du Printemps. Au maire : « Vous êtes le fossoyeur du commerce du centre-ville ! »

Poitiers : pour le Printemps le rideau est tombé

La “ veillée funèbre ” du Printemps a réuni une centaine de salariés et clients du magasin hier soir lorsque ses portes se sont fermées. Définitivement.

Le rideau de fer du Printemps vient de tomber. Les messages de soutien y affluent déjà.

 Le rideau de fer du Printemps vient de tomber. Les messages de soutien y affluent déjà. – (Photo Marie-Catherine Bernard)

Cette fois, c’est bien fini. Ce samedi soir, il n’est pas encore 19 heures lorsque les salariés, majoritairement des femmes, mais aussi les derniers clients du Printemps, sortent du magasin. On allume des bougies, des regards sont déjà embués. Sous la lumière des caméras, la foule s’épaissit peu à peu jusqu’à compter entre 100 et 150 personnes. Les salariés, bien sûr, des clients solidaires, mais aussi des retraités du Printemps venus soutenir leurs anciens collègues. Le maire, Alain Claeys, s’avance à son tour : « C’est mon devoir de maire d’être là ce soir. La mairie accompagne les salariés dans le cadre de la convention de revitalisation pour que leurs droits soient respectés… »

  «  On aurait pu fêter les 50 ans en 2015…  »

Un peu plus tard, des voix discordantes vont se faire entendre, agressant verbalement Alain Claeys : « Vous êtes le fossoyeur du commerce du centre-ville ! » lance un homme. Quelques personnes applaudissent, d’autres se scandalisent. « Ce n’est pas l’endroit pour ça, on est là pour le Printemps ! » Entourée de ses collègues, la secrétaire du comité d’entreprise, Chantal Choisy, prend la parole : « Le couperet est tombé le 17 mai, nous l’avons tous très mal vécu. Le Printemps a apporté une vie commerciale intense au centre-ville depuis 1965. Nous aurions pu fêter les 50 ans en 2015… » Elle dénonce la stratégie du groupe Borletti : « Depuis le rachat, tout est décidé par Paris, on a favorisé les grands magasins et laissé tomber les petits. Lorsque j’avais fait part début 2010 de mes inquiétudes au P-DG Paolo de Cesare, il m’avait répondu : «  Ayez confiance en l’avenir  »… » Chantal Choisy se tait. En pleurs, elle n’arrive plus à lire sa feuille.

Ses collègues la soutiennent : « Allez Chantal ! » Elle reprend : « On nous dit que Poitiers mettait le groupe en danger alors qu’il se gave de chiffres d’affaires… On nous a culpabilisés en ne faisant aucun investissement… » L’émotion est décuplée lorsqu’elle indique que les salariés sont ce soir « doublement effondrés après le décès brutal, mercredi dernier, de Pascal », un de leurs collègues… Évelyne, salariée du Printemps depuis 29 ans, arrive au bout de cette ultime journée de sa carrière professionnelle qu’elle redoutait tant : « Des clientes sont venues encore aujourd’hui pour nous dire au revoir, avec un petit mot gentil… Mais c’est vraiment dur… » Il est 19 heures et le rideau de fer du Printemps tombe pour une dernière fois. Une page de l’histoire du centre-ville de Poitiers vient de se tourner. Dans la douleur.

 Voir la vidéo

Nouvelle République, Frédéric Delâge, 29 janvier 2012