Archives de catégorie : Répression

[Bilbao] Grande manifestation pour la libération des prisonnier-e-s basques

Espagne: première marche pour les prisonniers basques depuis le retour de la droite

Aux cris de « prisonniers basques au Pays basque ! », une immense marche a traversé Bilbao samedi, la première de ce type depuis l’annonce de l’abandon de la lutte armée par l’organisation séparatiste basque ETA et le retour au pouvoir de la droite en Espagne.

Des milliers de personnes défilent le 7 janvier 2012 à Bilbao pour demander le regroupement des prisonniers basques

Des milliers de personnes défilent le 7 janvier 2012 à Bilbao pour demander le regroupement des prisonniers basques

Un cortège compact s’est étendu sur au moins la moitié du parcours d’environ deux kilomètres entre « La Casilla », située sur l’avenue Autonomia, et la mairie, dans le centre-ville, a constaté un correspondant de l’AFP.

« Il y a beaucoup plus de monde qu’à la manifestation du 22 octobre qui avait rassemblé 65.000 personnes » à Bilbao, deux jours après l’annonce historique de l’ETA ayant mis fin à plus de 40 ans de violence qui ont fait 829 morts, a déclaré à l’AFP l’un des organisateurs Benat Zarrabeitia.

En l’absence d’évaluations officielles, des médias évoquaient plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Derrière la banderole de tête où était écrit en basque et en anglais « les prisonniers basques au Pays basque », environ 3.000 membres de familles de détenus ont ouvert la marche en agitant le drapeau symbole des prisonniers basques. Quelque 700 prisonniers de l’ETA sont dispersés dans les prisons espagnoles et françaises.

S’en tenant à scander « les prisonniers basques au Pays basque ! » sur fond de chants nationalistes, les manifestants venus en famille semblent avoir respecté les interdits, aucune photo de détenus condamnés pour terrorisme n’ayant été visible.

Mais si aucun slogan ne mentionnait les « prisonniers politiques », tous les manifestants avaient ces mots sur les lèvres.

« Tous les prisonniers politiques basques ne sont pas de l’ETA. Mon fils a été arrêté le 17 janvier 2011. Il était membre de Batasuna » (aile politique de l’ETA interdite en 2003), affirme Consu Mayo, dont le fils Gorka, 32 ans, père de deux enfants, est détenu dans une prison au nord de Madrid.

« Depuis un an, il est détenu sans jugement », poursuit-elle.

La marche, qui s’est dispersée dans le calme vers 19H00 GMT, répondait à l’appel d’Egin Dezagun Bidea (« Faisons le chemin »), une nouvelle organisation qui se présente comme une initiative citoyenne de soutien aux prisonniers basques.

Dans un manifeste écrit en 13 langues, ce collectif appelle notamment « au regroupement des prisonniers politiques basques dans le Pays Basque », à « la libération des prisonniers ayant purgé les trois quarts de leur peine » et de ceux « gravement malades ».

L’ensemble de la gauche abertzale dont la mouvance Batasuna et plusieurs partis indépendantistes comme Aralar et Eusko Alkartasuna (EA) étaient représentés.

Cette marche en faveur des prisonniers a lieu chaque année à la même date à Bilbao, capitale de la Biscaye. Mais cette année, elle prend une dimension toute particulière.

Elle est la première depuis l’annonce historique du 20 octobre de l’ETA qui n’a toutefois pas annoncé sa dissolution.

La première depuis que le Parti populaire (PP, conservateur) a remporté haut la main les élections du 20 novembre après quasiment huit ans de pouvoir socialiste.

Et enfin la première depuis que les indépendantistes basques ont fait leur grand retour au Parlement, avec sept sièges pour la coalition Amaiur contre cinq au parti nationaliste de droite PNV.

Le député d’Amaiur Xabier Mikel Errekondo a réclamé, peu avant le début de la marche, une « solution démocratique complète pour le conflit basque », demandant au chef du gouvernement de droite Mariano Rajoy de « commencer à faire des pas » dans ce sens.

Le PP écarte lui toute amnistie et estime que l’unique issue acceptable passe par le désarmement complet et une dissolution sans contreparties de l’ETA, avant d’examiner d’éventuelles solutions individuelles pour les prisonniers.

AFP, 7 janvier 2012

[Grasse] En mémoire d’Abdelhakim : « Nous sommes tous des victimes potentielles »

Manifestation à Grasse en mémoire d’un jeune homme mort lors d’une interpellation

Deux cents personnes se sont rassemblées samedi à Grasse en mémoire du jeune Abdelhakim Ajimi, mort au cours d’une interpellation mouvementée en 2008, alors que sept policiers devront s’en expliquer devant la justice du 16 au 20 janvier.

Les parents (G et D), les frères et la soeur (C) de Abdelhakim Ajimi, mort au cours d'une interpellation mouvementée, participent à un rassemblement, le 07 janvier 2012 à Grasse

Les parents (G et D), les frères et la soeur (C) de Abdelhakim Ajimi, mort au cours d’une interpellation mouvementée, participent à un rassemblement, le 07 janvier 2012 à Grasse

« Cela fait quatre ans qu’on se bat pour ce procès, affirme Boubaker Ajimi, le père de la victime. C’est un combat dur, on a perdu un enfant de 22 ans, ce n’est pas facile ».

« Ce n’est pas un procès contre la police, mais contre des policiers qui doivent être jugés comme des citoyens », précise à l’AFP l’homme, qui a toujours appelé les jeunes de Grasse à « rester calmes » face à l’affaire.

Deux fonctionnaires de la brigade anti-criminalité (Bac) seront jugés dans une semaine pour « homicide involontaire » et « non-assistance à personne en danger » devant le tribunal correctionnel de Grasse. Les cinq autres sont poursuivis pour « non-assistance à personne en danger ».

A bout, Lasse de croiser ces policiers, la famille Ajimi a fini par déménager de Grasse il y a deux ans. « Ils tournent la tête, je ne parle pas à des gens inhumains », dit Boubaker Ajimi.

Pour leur ancien voisin de palier Walid Klai, « Hakim » Ajimi, arrivé de Tunisie à 16 ans, était un jeune homme « beau et bien intégré ». Après une altercation dans une agence bancaire, il avait été interpellé par la police en rentrant chez lui, puis menotté et plaqué au sol dans la rue.

Nora Benameur, militante d’une association venue spécialement d’Avignon dans un autocar d’une cinquantaine de personnes, s’est déplacée « par solidarité envers la famille », a-t-elle dit à l’AFP.

Plus généralement, elle entend aussi dénoncer « des crimes similaires qui sont perpétrés en France », des actions policières qui « ciblent les quartiers populaires, notamment les Noirs et les Arabes ». « Nous sommes tous des victimes potentielles », affirme-t-elle.

Après divers épisodes judiciaires, la Cour d’appel d’Aix-en-Provence avait infirmé en 2010 une ordonnance de non-lieu rendue par un juge d’instruction de Grasse.

Les rapports d’expertise médicale ont conclu que la mort du jeune homme était due à une asphyxie mécanique, résultat d’une compression thoracique et d’une clef de Bras pratiquées par les policiers avec trop de force et durant trop longtemps.

Selon Me Gérard Baudoux, qui défend les deux policiers de la Bac, ses clients risquent un maximum de 3 années de prison. « Je ne vois pas ce que l’on peut reprocher à l’un ou à l’autre, il n’ont fait qu’appliquer ce qu’on leur apprend à l’école de police », plaidera-t-il.

AFP, 7 janvier 2012

[Clermont] Wissam dans le coma : des centaines de manifestant-e-s réclament justice contre les flics

Deux policiers visés par la justice après une interpellation « musclée » à Clermont

Deux policiers sont visés par une information judiciaire pour coups et blessures volontaires, après l’interpellation « musclée » à Clermont-Ferrand la nuit du réveillon d’un homme de 30 ans, dans le coma depuis, pour lequel plus de 500 personnes ont réclamé justice samedi.

Quelque 500 à 600 personnes défilent le 7 janvier 2012 à Clermont-Ferrand en soutien à un homme de 30 ans arrêté de façon "musclée" la nuit du réveillon

Quelque 500 à 600 personnes défilent le 7 janvier 2012 à Clermont-Ferrand en soutien à un homme de 30 ans arrêté de façon « musclée » la nuit du réveillon

« Il y a eu une interpellation avec une force certaine en raison du comportement désordonné de l’intéressé », a indiqué le procureur de la République par intérim à Clermont, Gérard Davergne. Il a ouvert vendredi une information judiciaire pour « coups et blessures volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ».

Wissam El-Yamni était sous l’emprise de l’alcool, du cannabis et de la cocaïne au moment des faits.Il a été arrêté vers 2H30 dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, près d’un centre commercial dans le quartier de la Gauthière, alors qu’il était très excité, d’après les forces de l’ordre, et s’en était pris aux policiers, lançant des projectiles sur leur véhicule.

Après une course-poursuite, il a été plaqué au sol, menotté puis conduit au commissariat. Il est tombé dans le coma après un malaise cardiaque durant son transport. Il n’avait pas d’antécédents médicaux.

Il présentait des fractures et des lésions au cou lors de l’arrivée des secours.

L’information judiciaire devra déterminer si l’interpellation, que le procureur qualifie lui-même de « musclée », était « nécessaire ou illégitime » compte tenu « de l’état de la victime ».

M. Davergne s’est appuyé sur l’enquête menée sur place cette semaine par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) de Lyon pour désigner les deux fonctionnaires qui ne sont pas suspendus à ce stade de l’enquête.

Selon l’avocat des proches de M. El-Yamni, Me Jean-François Canis, « la famille est déçue que l’information ne concerne que deux policiers » alors qu' »une dizaine de voitures de police étaient présentes lors de l’interpellation », d’après les éléments qu’elle a recueillis. Ce chiffre est contesté par le procureur, qui évoque au maximum trois véhicules.

La famille doit se constituer partie civile lundi.

Environ 500 à 600 personnes ont défilé silencieusement samedi après-midi à Clermont-Ferrand pour réclamer justice.

Les participants, des jeunes gens issus des quartiers populaires de la ville pour l’essentiel, se sont rendus devant le commissariat pour un rassemblement Assis, derrière une banderole sur laquelle était inscrit « Personne au-dessus des lois, stop bavure, on est tous avec toi Wissam ».

Depuis son interpellation, une tension palpable est perceptible à Clermont-Ferrand. Au cours des deux dernières NUITS, une trentaine de véhicules au total ont brûlé dans différents quartiers de la ville. « Ce soir pas de violence, aucune voiture brûlée, aucune vitre cassée », a exhorté un des organisateurs de la protestation silencieuse, ami de la victime.

Le préfet du Puy-de-Dôme Francis Lamy a affirmé lors d’une conférence de presse qu’il « ne laisserai(t) pas s’installer de zone de non-droit à Clermont-Ferrand ». Environ 200 policiers, dont deux compagnies de CRS, ont été mobilisés pour la nuit de samedi à dimanche.

« Chaque personne qui sera en situation d’être interpellée le sera », a ajouté le représentant de l’Etat.

AFP, 7 janvier 2012

[Nancy] Un compte-rendu de la manif antifa du 5 janvier

Bilan de le manif anti-fasciste le jeudi 5 Janvier à Nancy

De Paris, de Lille, d’Arras ou encore de la Belgique, des militant-e-s antifasciste sont venu-e-s soutenir la Faction Est de Nancy ce Jeudi 5 Janvier 2012 au soir pour une contre-manifestation (officieuse) face aux identitaires !

Cette action a regroupé entre cinquante et soixante personnes du côté antifasciste, contre une petite trentaine voir moins du côté de l’extrême-droite, le chiffrage du groupe raciste ayant été difficile face à un déploiement de la police d’État très important pour l’évènement (on a dénombré 9 camionnettes, sans compter les autres dispositifs près de la mairie) !

Le contact des deux groupes a donc été impossible, mais de cours affrontement ont eu lieu avec les lignes de CRS. Le bloc, après avoir marché quelques minutes du point de rassemblement au lieu de la manifestation, s’est vu bloquer le chemin, après le chant de slogans antifascistes (par la suite anti-police), une banderole a été déployée (à l’envers comme nous l’a fait remarqué un flic), puis nous avons avancé et commencé à tenter de faire reculer les CRS. Ceux-ci ont dès lors gazé et matraqué, ils ont mis sur le carreau de nombreuses personnes (dont les brûlures aux visages se sont fait encore sentir un jour après, nous laissant deviner des gazeuses à poivres et CS) et faisant un blessé à la tête (qui rejoindra l’hôpital à la fin de manifestation avec peut-être un traumatisme crânien…).

La possibilité pour passer étant très faible, la décision a été prise de faire une marche dans la ville. Cela afin d’une part d’éviter de rester dans un endroit trop fermé, et d’autre part pour limiter le nombre d’arrestations en allant dans des endroits permettant plus de solutions ou de protection. A ce titre des projectiles ont été pris pour permettre la mise à l’écart de la police politique française qui, pendant que les CRS étaient en train de remonter dans les camions sans qu’on ne le sache, on continué d’avancer vers nous à 10 ou 15 mecs de la BAC, voiture à l’appui derrière et dont un flasball à la main.

Des rues ont été partiellement bloquées le temps de notre passage, banderole tendues, et vers les dernières minutes des poubelles renversées sur la route pour ralentir la progression des baqueux et par la suite des fourgons de CRS revenus à la charge… Entre temps, la police est passée de l’humour aux insultes et surtout au mode « chasse à l’homme ». L’arrivée à un pont a sonné la charge de la BAC contre le groupe qui a décidé de de disperser, et à ce moment trois personnes ont été arrêtées plus ou moins délicatement…

On notera que cette police fait, sans remords, appel aux fachistes pour attraper les antifa qui se sont dispersé-e-s dans la ville pour se regrouper dans un appartement afin de faire un bilan de l’action et de la situation. Avec l’arrestation d’un jeune nancéien mineur relâché assez rapidement, d’un belge relâché un peu moins de 24h après les évènements (qui se sont déroulés vers 18h30- 19h00), et d’un vosgien dont je n’ai pour ma part aucune nouvelle, mais il a surement été libéré en même temps que notre camarade de Belgique.

Les RG ont comme d’habitude pris des photos et filmé, ainsi que deux tiers personnes qui, j’espère, auront l’intelligence de ne pas poster nos visages sur le net pour aider la police… Cher-e-s con-citoyen-ne-s, ils/elles ne vous donneront rien en échange, pas de sous pour vous et seulement plus de misère pour nous alors un acte solidaire aujourd’hui !

A la liberté, au respect, à la tolérance, à l’égalité, et à tous nos espoirs pour une société meilleure !

Merci à T d’Arras pour la rédaction et sa présence sur les lieux

Groupe d’Arras et Bethune

Blog du groupe de Béthune, 7 janvier 2012

[Patras, Grèce] Les flics incendient un campement de migrants

Patras, Grèce : Les flics incendient un campement de migrants

Le jeudi 5 janvier 2012 à 7h du matin la police a pénétré dans l’ancienne usine de Peiraiki-Patraiki, dans la ville de Patras, où s’abritaient des dizaines de migrant-e-s et de réfugié-e-s. Les porcs en uniforme ont frappé les gens qui dormaient dans les ruines, déchirant et brûlant les papiers de tous-tes et arrêtant probablement plus de 50 personnes (le nombre exact n’a pas encore été confirmé).

Avec l’aide des fonctionnaires de l’Organisation du Port de Patras (ce bâtiment appartenant à cette organisation) et probablement avec des fonctionnaires de la ville, les flics ont réunis tous les vêtements, les couvertures, les matelas, les chaussures et le reste des objets des migrants en tas et y ont mis feu. Les flammes se sont propagées à plusieurs pièces et d’autres bâtiments proches, laissant certains complètement brûlés. Comme ont informé les migrant-e-s, il y avait deux bus pleins de personnes séquestrées, dont l’un a été transféré, selon d’autres informations, à Athènes.

A 18h il y a eu un rassemblement et une marche de solidarité avec les migrant-e-s et les refugié-e-s otages de l’État dans les rues principales de Patras. En ce moment, il y a un besoin urgent de couvertures, de matelas, de chaussures, d’une batterie de cuisine et d’aliments. Depuis le 6 janvier à 17h, les portes de l’espace occupé Parartima au croisement des rues Korinthou et Aratou  seront ouvertes pour recevoir les biens de première nécessité.

Depuis le 6 janvier à 17h, les portes de l’espace occupé Parartima au croisement des rues Korinthou et Aratou seront ouvertes pour recevoir les biens de première nécessité.

Il faut souligner que le 22 décembre 2011 près de 400 personnes, en majorité des migrants, sont descendues dans les rues de la ville en une manifestation de répudiation de l’opération policière du 20 décembre dans la zone de Rio, à Patras, durant laquelle un jeune afghan de 16 fut gravement blessé.

Plus d’info vont suivre.

Source et plus de photos ici (Indymedia Athènes)

Traduit du grec par Contra Info, 6 janvier 2012