Archives de catégorie : Répression

[Etats-Unis] Des nouvelles de Mumia

Des nouvelles de MUMIA depuis son transfert à la prison de Frackville …

Johanna Fernandez (*) a rendu visite à Mumia le 15 décembre dans le centre pénitentiaire où il vient d’être transféré. Elle nous rapporte quelques informations sur son transfert et ses conditions de détention.

Il décrit ce qu’il a cru être son dernier jour dans le couloir de la mort comme « un tourbillon fou ». Il a en effet passé son temps à emballer des livres, des lettres et d’autres choses. C’était le 9 décembre, jour du grand hommage qui lui fut rendu à Philadelphie pour marquer le 30ème anniversaire de son arrestation. Il fut particulièremnt impressionné par l’ovation que lui réservèrent ses soutiens lors de son appel téléphonique en direct. Il ne sera finalement transféré que le 14 décembre 2011, vers 4 heures du matin. Malgré les 7 heures de voyage dans un véhicule déshumanisé et lourdement blindé, il a été ravi de l’opportunité de voir des vaches, des chevaux, et de beaux paysages de Pennsylvanie. Mumia est désormais incarcéré à la SCI Mahanoy à Frackville, prison pour hommes de moyenne sécurité. Lors de son escorte vers sa cellule, il rapporte que les prisonniers qu’il a pu apercevoir étaient noirs en majorité. Dans l’attente de les rejoindre, il est maintenu en isolement administratif. Cela signifie qu’il n’a aucun contact humain. Les visites ont lieu dans les mêmes conditions que pour les condamnés à mort, toujours derrière un plexiglas. Il n’a pour l’instant aucun effet personnel. Il a droit à un stylo, 8 feuilles de papier et 8 enveloppes, une heure par jour de sortie dans une cour et une seule visite par semaine.

Conscient des défis de cette nouvelle période, il reste fort et plein d’espoir. Il est toujours aussi déterminé à poursuivre le combat pour faire reconnaître son innocence. Et le premier combat est d’exiger qu’il sorte de l’isolement qui lui est imposé pour rejoindre les autres prisonniers et pour bénéficier des mêmes droits de détention et de visite !

(*) Johanna Fernandez est l’une des porte-parole de Mumia Abu-Jamal, professeur d’histoire, écrivain, membre de « Educators for Mumia Abu-Jamal ». Elle est aussi productrice du film « Justice on trial : the case of Mumia Abu-Jamal ».

Libre Lucha, 20 décembre 2011

[Nice] L’horreur : quatre policiers accusés de viol acquittés !

Viol d’une prostituée : « Le défaut de consentement doit exister pour toutes »

Quatre policiers impliqués dans une affaire de viol aggravé pendant leur service sur la personne d’une prostituée ont été acquittés par la cour d’assises des Alpes-Maritimes à Nice ce jeudi 15 décembre. Hier, le parquet général a fait appel de la décision. Me Ariane Fatovich, avocate de la plaignante, revient sur ce procès.

En quoi ce procès pour viol peut-il être perçu comme particulièrement sensible ?

Quatre policiers et une prostituée étaient mis en cause, et évidemment la question soulevée dans ce procès était celle de la valeur de la parole d’une prostituée, ainsi que la question de savoir si une prostituée a les mêmes droits que toute autre citoyenne. La décision rendue répond à ces deux questions de manière aberrante.

Pourtant, beaucoup d’éléments jouaient contre les quatre inculpés…

Ces policiers ont avoué facilement des faits de corruption passive : ils reconnaissaient par exemple ne pas payer dans certains restaurants de la ville, dans certains bars… Clairement, ils abusaient depuis longtemps de leur position au quotidien, mais se sont défendus en disant « on ne peut pas forcer les gens à accepter notre argent ».

Dans cette affaire, là encore, ils se sont servis. Sauf que cette fois, au-delà du service gratuit qu’ils ont obtenu, ils ont démoli une jeune femme. Car ils ont reconnu les relations sexuelles tout en prétendant que la jeune femme était à l’initiative des ébats. On a beaucoup entendu dire par la défense que c’est elle qui l’avait voulu.

Une fois le processus de plainte amorcé, ces quatre policiers ont-ils selon vous tiré des avantages de leur position ?

Grâce à la radio de la police, ils ont su dès 2h45 du matin, soit quelques heures après les faits, que la jeune femme portait plainte. Or, ils n’ont pas été séparés les uns des autres avant qu’ils ne fassent leurs premiers aveux, soit deux jours et demi après. Leur version était donc concertée : au procès ils ont presque évoqué un scénario de porno : elle les aurait « chauffés », ne leur aurait « pas donné le choix », leur aurait proposé de faire ça « tous ensemble… ».

Ce que ma cliente a vécu est une histoire très différente : elle a dit avoir été interpellée et embarquée par ces policiers, qui lui ont imposé de faire ce qu’ils lui demandaient sous contrainte claire.

Par ailleurs, n’oublions pas que lorsque l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a initialement interrogé ces policiers juste après les faits, ils ont tous commencé par nier qu’il se soit passé quoi que ce soit dans leur fourgon ce soir-là. Ensuite, lorsque les preuves ont commencé à s’accumuler – la saisie des vêtements, entre autres –, ils ont tous les quatre décidé de parler de relations consenties. Donc, lors du procès, lorsque la défense avançait qu’ils n’avaient jamais menti, c’était totalement faux. Pourtant leur parole a été entendue, et celle de ma cliente, cohérente depuis le début et qui n’avait rien à sauver dans cette affaire à part sa dignité, a été discréditée par le jugement rendu.

Le profil atypique de la victime a-t-il joué en sa défaveur ?

On peut dire que c’est une victime de viol qui ne ressemble pas à une autre victime de viol, tout simplement parce qu’elle tente désespérément de prendre de la distance par rapport aux faits. Dès la première audition, elle a essayé de minimiser son traumatisme. En réalité, les actes sont peut-être moins choquants pour elle que pour d’autres, mais le défaut de consentement reste le même et c’est le défaut de consentement qui fait le viol. Le défaut de consentement existe de la même façon quelque soit la personne. Ce qui est répréhensible ce n’est pas l’acte sexuel, c’est le fait que la personne n’y ait pas consenti : elle l’a subi, elle a été soumise et avilie.

Ceci dit, le fait qu’elle n’ait mis aucun pathos dans son discours devant la cour n’aurait pas dû légitimement jouer en sa défaveur, ni remettre en cause son statut de victime. Elle parlait des faits de manière contrôlée, mais elle reste une jeune femme fragile, pour qui la prostitution était très occasionnelle et dont la famille et les amis ignoraient complètement la situation.

Nous avons longtemps discuté d’une possibilité de procès à huis clos, mais finalement nous avons opté pour une audience publique dans l’optique d’exposer au regard tous ces policiers. Il était important qu’ils ressentent de la honte.

Mais c’était un choix difficile : cela signifiait également mettre à nu ma cliente pour qu’elle se fasse entendre, ce qu’elle a fait avec beaucoup de courage. La décision rendue sous-entend qu’une prostituée qui a le courage de porter plainte pour viol, en l’occurrence contre des agents de la sécurité publique, fait une démarche irrecevable.

Pour ma cliente, l’acquittement de ces quatre personnes a été terrible psychologiquement.

Qu’elle était la ligne de défense des quatre policiers ?

Leur ligne de défense était incroyable et particulièrement choquante : ils soutenaient que la victime n’en était pas une parce que, selon eux, elle était « active ». Le fait que ce soit elle qui ait posé les préservatifs, ou encore qu’elle ait pratiqué une fellation, seraient des preuves qu’elle était consentante.

Rappelons tout de même que le préservatif est un moyen de contraception et de protection contre des maladies mortelles, ma cliente en tous cas en était bien consciente. Et le juge a rappelé à la cour, fort heureusement, que toute forme de pénétration, buccale comprise, pouvait potentiellement être regardée comme un viol.

C’est malheureux, mais on en revient aux vieux débats : il y a soixante-dix ans, une femme qui ne portait pas de culotte avait, aux yeux de l’opinion publique, rétroactivement justifié son viol ; il y a vingt ans, le consentement d’une victime de viol était déduit du fait que, pour sauver sa vie, elle avait réussi à persuader son agresseur de mettre un préservatif…

Aujourd’hui avec cette affaire, on constate que le consentement d’une prostituée se déduit en quelque sorte de son attitude expéditive : elle a essayé d’affronter les événements, de faire le plus vite possible, de sortir de la situation sans dommages graves.

A la fin, elle a tenté de réclamer aux policiers la somme de 20 euros. C’était une tentative maladroite de se replacer dans le conteste d’un contrat. En effet, malgré son agression violente, elle souhaitait essayer de gérer psychologiquement les faits en les reportant sur la base d’un service, même s’il n’y eut aucun accord à aucun moment.

Bien entendu, les policiers ont refusé en riant. Ils l’ont encore davantage humiliée au procès en avançant qu’il s’agissait bien d’une relation consentie, car autrement, s’il s’était agi d’une relation tarifée à 20 euros, ils avaient largement les moyens de payer.

Quel est la situation de ces policiers aujourd’hui ?

Le chef de patrouille a été révoqué, uniquement parce que son dossier était déjà très lourd et qu’il comportait déjà une sanction pour une autre affaire. En effet, il s’est amusé à accumuler les mensonges pour justifier les mauvaises notes obtenues lors de son stage de gardien de la paix, en 2005. Au menu de ses allégations : mère et père décédés, frère atteint d’une maladie incurable…

Deux autres ont été suspendu 24 mois pour les faits reconnus – relations sexuelles pendant le service. Le dernier a eu six mois de suspension, dont trois ferme, car il a été témoin des faits sans y participer, mais sans non plus les dénoncer ou tenter de les empêcher.

Qu’attendez-vous aujourd’hui de la justice ?

Aujourd’hui nous attendons le procès en appel. Le parquet général a effectivement fait appel de la décision, hier. Ma cliente veut que justice soit faite et que la prochaine cour d’assises ne pense pas : « Elle a l’habitude, elle s’en remettra ».

Propos recueillis par Terry Dupont

EGALITE Paca, 20 décembre 2011

[Wukan] Le pouvoir commence à reculer

Chine : 3 leaders rebelles de Wukan bientôt libérés

Des villageois de Wukan attendent le retour de leur leader Lin Zulian, après sa rencontre avec les autorités, le 21 décembre 2011à Wukan

Des villageois de Wukan attendent le retour de leur leader Lin Zulian, après sa rencontre avec les autorités, le 21 décembre 2011à Wukan

Trois meneurs de la rébellion des villageois chinois de Wukan, qui accusent leurs dirigeants locaux de corruption, vont être libérés par les autorités, a annoncé mercredi un porte-parole des habitants.

« Les trois vont être libérés l’un après l’autre aujourd’hui (mercredi) et demain (jeudi) », a déclaré aux résidents Lin Zulian, après des discussions entamées avec les responsables communistes locaux dans le but de faire retomber la tension dans ce gros bourg du sud de la Chine.

« Ce n’est pas une victoire mais un début de victoire », a estimé M. Lin, qui a confié être « très satisfait ». Selon lui les autorités communistes ont également promis de rendre au village, à une date non précisée, le corps d’un autre des meneurs de la révolte, Xue Jinbo, mort récemment en détention.

Les villageois de Wukan accusent la police d’avoir battu à mort M. Xue, qui avait pris la tête de manifestations ayant dégénéré en violences en septembre contre des expropriations.

Les autorités ont affirmé que l’homme était mort de cause naturelle, précisément d’une « défaillance cardiaque » à l’âge de 42 ans.

Les 13.000 habitants de Wukan, un village situé sur la côte de la province méridionale du Guangdong, avaient obtenu que leurs représentants puissent s’entretenir mercredi avec Zhu Mingguo, un responsable local du Parti communiste. Cela les avait conduits à reporter une marche prévue ce même jour.

Les forces de sécurité, qui maintenaient un blocus depuis plus de dix jours autour de Wukan, ont par ailleurs levé certains de leurs barrages.

Les résidents de Wukan sont en révolte ouverte contre les autorités pour demander des réparations après des saisies de terres qu’il jugent illégales.

En dépit de la censure, le soulèvement de Wukan est très suivi sur les sites de microblogs en Chine.

Selon M. Lin, Zhu Mingguo a promis que les villageois de Wukan recevraient des compensations pour les terres saisies, même si le responsable communiste n’est pas rentré dans les détails.

La révolte de Wukan est devenue une épine dans le pied du Parti communiste du Guangdong, province prospère située aux portes de Hong Kong et considérée comme la vitrine de l’époustouflante réussite économique de la Chine.

Les expropriations de terres sont un problème de plus en plus épineux en Chine où des paysans accusent les cadres locaux corrompus de s’allier à des promoteurs véreux pour s’enrichir sur leur dos en permettant la réalisation de nombreux projets immobiliers.

AFP, 21 décembre 2011

Haimen (Guangdong, Chine) : manifestation contre une centrale thermique

Haimen (Guangdong, Chine) : manifestation contre une centrale thermique

Chine : une manifestation dégénère, violences de la police

 

Une manifestation contre une centrale thermique accusée de polluer l’environnement dans une ville du sud de la Chine, Haimen, a dégénéré, la police anti-émeute frappant brutalement les protestataires et les repoussant avec des gaz lacrymogènes, ont rapporté des témoins.

Ces violences se sont déroulées dans la province du Guangdong (sud), où est concentrée une part importante de l’industrie manufacturière chinoise travaillant pour les exportations, et où une série de conflits sociaux ont éclaté ces dernières semaines.

Des protestataires parlant par téléphone à l’AFP ont affirmé qu’un adolescent de 15 ans avait trouvé la mort et que plus de cent autres manifestants avaient été violemment frappés par les forces de l’ordre.

L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer ces faits de façon indépendante. Les autorités locales n’ont pas répondu à des appels téléphoniques de l’AFP et une femme contactée au Bureau de sécurité publique de Haimen a nié que des troubles aient éclaté dans la ville.

La ville de Haimen se trouve à environ 115 kilomètres au nord-est de Wukan, un village actuellement en rébellion contre les dirigeants locaux qu’ils accusent de corruption.

AFP, 20 décembre 2011

vu sur Brèves du désordre

Psychiatrie, institution détraquée

L’organisation de la psychiatrie encore défaillante, selon la Cour des comptes

Six ans après le plan « psychiatrie et santé mentale », lancé en 2005, la psychiatrie souffre toujours d’une organisation défaillante, en particulier dans les prisons, où la prise en charge des détenus est insuffisante, relève la Cour des comptes dans un rapport publié mardi.

Ce plan avait été mis en place par Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, à la suite de l’émotion soulevée par le double meurtre d’une infirmière et d’une aide-soignante dans un hôpital psychiatrique à Pau en 2004.

La Cour s’est plus particulièrement penchée sur la situation des détenus souffrant de maladies mentales, une population « en forte croissance ».

Sur 65.000 détenus, « plus du tiers souffre de pathologies psychiatriques », selon le président de la Cour Didier Migaud.

Locaux vétustes et peu adaptés, manque de coordination entre services médicaux et pénitentiaires, difficultés d’orientation après la détention: alors que l’objectif du plan était d’offrir une meilleure prise en charge des détenus, celle-ci n’a été que « modestement améliorée ».

Si « des moyens significatifs » (134,5 milliards d’euros) ont été consacrés aux investissements, de sécurité principalement, « les locaux demeurent souvent dans un état de vétusté proche de l’indignité » et le nombre de psychiatres travaillant en milieu pénitentiaire « est parfois insuffisant », a dit M. Migaud.

Le rapport cite notamment la prison des Beaumettes à Marseille dont « la notoriété n’a d’égale que le délabrement et l’insalubrité de son SMPR (service médico-psychologique régional) ».

« de.json »>Le Monde pénitentiaire offre comme un concentré de toutes les difficultés rencontrées en psychiatrie », a déclaré M. Migaud.

Dans ses recommandations, la Cour propose de mettre aux normes hospitalières l’ensemble des locaux pénitentiaires où sont délivrés les soins et d’améliorer la gestion du temps de consultation.

Par ailleurs, le rapport est accompagné d’une évaluation du Haut conseil de la santé publique (HCSP) faisant état de « progrès » liés au plan mais jugeant « décevant » le bilan des mesures concernant les enfants et les adolescents.

Plus généralement, la Cour note que le recours à l’hospitalisation des patients qui devait « être évitée dans toute la mesure du possible », demeure « excessif », faute de solutions en aval et de prise en charge en amont.

Le rapport évoque « une tradition asilaire encore très présente » et « un premier accès aux soins souvent tardif », alors qu’un million de personnes en France relèvent de soins psychiatriques.

La saturation de l’hospitalisation complète résulte « d’un dysfonctionnement de l’offre de soins ». Ainsi, « de nombreux patients » sont « placés à tort en séjour prolongé ». Conséquence: un patient hospitalisé de manière inadaptée réduit fortement la disponibilité de l’hôpital.

« L’objectif de favoriser les prises en charge extra-hospitalières et de désengorger les lits d’hospitalisation complète n’a pas été atteint, malgré quelques progrès », soulignent les auteurs du rapport.

La Cour, qui recommande la création d’une mission de service public de la psychiatrie, note également des disparités territoriales persistantes en matière d’équipements comme de présence de psychiatres.

Autre constat: le pilotage du plan, « initialement robuste » s’est « délité en 2007 ». La Cour juge que d’importants moyens ont été consacrés à la rénovation des bâtiments et à la sécurité (1,8 milliard d’euros jusqu’en 2017) mais les créations d’emploi sont « difficiles à mesurer avec exactitude » tandis que la recherche est « sous dotée ».

AFP, 20 décembre 2011