Archives de catégorie : Répression

[Françafrique] Le changement, c’est pas maintenant

Blaise Compaoré à Paris : la Françafrique fait sa rentrée à l’Élysée !

Deux mois après le gabonais Ali Bongo et alors que l’on annonce la visite prochaine à Paris du tyran tchadien Idriss Déby, le président burkinabè Blaise Compaoré est à son tour reçu par François Hollande ce mardi 18 septembre. Un criminel de plus à l’Élysée, une promesse de moins de tenue : celle d’en finir avec la Françafrique.

Après la réception du dictateur Ali Bongo début juillet, qui a permis aux autocrates gabonais de se revendiquer du soutien du Parti socialiste [Voir le communiqué de Survie du 28 août 2012, « Régime gabonais : le Parti socialiste et le gouvernement doivent se positionner fermement »], c’est au tour du criminel Blaise Compaoré d’être reçu par François Hollande. En prétendant coordonner ou « faciliter » l’émergence d’une solution à la crise malienne, les autorités françaises cherchent une fois de plus à faire passer des vessies pour des lanternes et des dictateurs pour des hommes de paix. Salué pour sa « gouvernance » et ses « médiations », Blaise Compaoré cumule l’absence complète de légitimité démocratique et une implication dans les pires conflits et crises d’Afrique de l’Ouest, mais il est le meilleur défenseur des intérêts françafricains dans la sous-région.

Arrivé au pouvoir la même année que le tunisien Ben Ali, que le Parti socialiste a trop tardivement rangé au rang de tyran, Blaise Compaoré se maintient depuis 25 ans à la tête du Burkina Faso. D’abord par la terreur et les assassinats impunis, dont ceux de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987 [Thomas Sankara, qui dérangeait beaucoup d’intérêts dont ceux de la Françafrique, a été assassiné le 15 octobre 1987. Une pétition déjà signée par plus de 10’000 personnes demande que les autorités françaises fassent toute la lumière, 25 ans après, sur l’implication des services secrets français dans cet assassinat. Lire à ce sujet la Lettre de Mariam Sankara à François Hollande après l’annonce de la réception de Blaise Compaoré à l’Élysée prévue le 18 septembre 2012.] et du journaliste Norbert Zongo en 1998 [En décembre 1998, ce journaliste et ses compagnons furent mitraillés dans leur véhicule, ensuite incendié. Les émeutes qui ébranlèrent le pays obligèrent le pouvoir à admettre qu’il s’agissait d’un assassinat, pour lequel les burkinabè attendent toujours justice : symbole de l’impunité générale, le dernier procès des inculpés, membres de la sécurité présidentielle, s’est traduit par un non lieu.], puis par un tripatouillage constitutionnel et des élections truquées à répétition : le scrutin de novembre 2010, qui l’a prétendument reconduit dans ses fonctions avec 80% des suffrages, en est la dernière caricature [Voir le communiqué de Survie du 26 novembre 2010, « Burkina Faso : des imposteurs valident la nouvelle imposture électorale de Blaise Compaoré »]. Après avoir fait voter une loi d’amnistie pour se protéger, il semble pousser son frère François Compaoré au rang de successeur potentiel, craignant sans doute d’autres réactions populaires s’il modifiait à nouveau la constitution pour rester au pouvoir. Quelques semaines après sa prétendue réélection triomphale, une explosion de colère avait en effet traversé toutes les principales villes du pays pendant plusieurs mois. Protestant contre la mort de plusieurs collégiens dans des violences policières, la jeunesse envahissait régulièrement les rues, brûlant au passage tous les symboles du pouvoir : villas des dignitaires du régime, bâtiments administratifs, locaux de la police, etc. Mais le plus désastreux pour ce pouvoir s’appuyant sur une grande partie de l’armée, est que de nombreux militaires en sont également venus à se mutiner, se livrant à des viols, des pillages et des tirs à armes lourdes, montrant toute l’étendue de la décomposition de l’État Compaoré.

Corruption, appropriation d’une bonne partie de l’économie par le clan Compaoré, spoliation de terres au profit des dignitaires pour l’agro-industrie, paupérisation de la population, telle est la sombre réalité d’un régime honni par son peuple pour qui sait regarder au-delà des apparences.

Mais Blaise Compaoré, cité par Robert Bourgi en septembre 2011 comme un des fournisseurs de valises de billets à destination des politiques français, est aussi sans conteste le pilier de la Françafrique dans la sous-région, qu’il a souvent contribué à déstabiliser. Son ami Charles Taylor vient d’être condamné à 50 ans de prison par le tribunal spécial pour la Sierra Leone, à l’issue d’un procès fleuve où Blaise Compaoré a été maintes fois cité, au côté de Kadhafi, pour leur implication dans ce conflit et celui du Liberia. Ces guerres civiles se sont traduites par « le meurtre, le viol et la mutilation de 500’000 personnes en Sierra Leone et de près de 600’000 au Liberia » [Bilan annoncé par M. Crane, ancien procureur du Tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone (TSSL)]. Le reste du bilan international de cet « ami de la France » est tout aussi terrifiant : trafic de diamants au profit de l’UNITA [Mouvement rebelle dirigé par Jonas Savimbi, impliqué dans la guerre civile qui a dévasté l’Angola jusqu’en 2002] dans les années 90, soutien aux rebelles qui ont embrasé la Côte d’Ivoire depuis 10 ans, et plus récemment exfiltration du chef du MNLA [Mouvement National de Libération de l’Azawad, qualifié abusivement de « mouvement touareg » impliqué dans les conflits au Nord Mali et qui revendique la sécession et la création d’un État laïc, qui a subi d’importants revers militaires face aux mouvements se revendiquant du Djihad. L’information sur l’exfiltration du chef du MNLA avec l’aide des autorités burkinabè a été largement reprise dans la presse africaine.] qui vient de tenir son congrès à Ouagadougou, alors que le journal Jeune Afrique, citant des sources françaises, évoque la livraison d’armes au MUJAO dans le nord du Mali via le Burkina [Une information démentie depuis par les autorités burkinabè]. Pourtant, Blaise Compaoré est régulièrement propulsé comme médiateur des conflits de la région, au point d’être invité à expliquer son expérience en la matière devant la cour pénale internationale, devant laquelle il devrait plutôt comparaître.

Il ne doit cette bienveillance internationale qu’à son allégeance aux puissances occidentales. Longtemps décrié par les États-Unis, Blaise Compaoré a su gagner leur soutien grâce à leur obsession de la lutte contre le terrorisme, en les laissant installer des bases d’où partent les drones américains pour surveiller la région. Les Français ne sont pas en reste : soucieux de maintenir leur présence au Sahel et leur exploitation de ses richesses, dont les mines d’uranium du proche Niger, ils disposent également d’une base au Burkina Faso où sont cantonnées les troupes d’élite françaisesdu COS [Commandement des Opérations Spéciales].

C’est cet hôte criminel que François Hollande s’apprête à recevoir, pour discuter ensemble d’une « sortie de crise » au Nord Mali. Il est également de plus en plus question que l’Élysée reçoive le dictateur tchadien le mois prochain, au même prétexte. La France, le Tchad d’Idriss Déby et le Burkina Faso de Blaise Compaoré au chevet du Nord Mali : c’est l’armée des pompiers pyromanes qu’on envoie éteindre l’incendie sahélien.

L’association Survie exige à nouveau que le président et le gouvernement français mettent fin à toute compromission diplomatique et à toute coopération militaire et policière avec ces régimes.

Un rassemblement est organisé ce lundi à Paris pour protester contre la réception de Blaise Compaoré par François Hollande, à 18h30 à la Fontaine des Innocents.

Survie, 17 septembre 2012 (repris par le Jura Libertaire)

[Poitiers] Un comm du DAL en soutien à une famille

Halte à la politique discriminatoire des bailleurs sociaux

Jean-Claude Servouze le président de l’entraide sociale poitevine et administrateur de Logiparc affirmait dans Centre Presse le 05/04/2012 « Le logement social n’est pas en tension sur la ville. Il y a des solutions pour chacun ». Dans la Nouvelle République le 07/09/2012, c’est Dominique Clément, le maire de Saint Benoît, qui affirme dans l’article Logements sociaux les élus veulent plus de temps : qu’« il n’y a pas de tension sur le logement social sur Grand-Poitiers ». Pour lui, il suffit de faire une demande de logement social pour obtenir ce que l’on souhaite dans la « semaine […] sur Grand Poitiers » et « si l’on est pressé, […] à Saint-Eloi, […] dans la journée ».

Pour le Dal86, si ces élus peuvent dire cela, c’est entre autres, parce que les bailleurs sociaux trient ceux qui déposent des dossiers selon des critères discriminants.

Par exemple, une famille avec 4 enfants, qui est actuellement escroquée chez un bailleur privé, a demandé un logement social. Les bailleurs sociaux ont écarté ou mis en attente leur dossier explicitement parce qu’ils ont des dettes.

A l’heure où la mairie de Poitiers se vante de la lutte contre les discriminations, qu’elle mène depuis 2007 en faisant un appel à projets auprès des associations, les bailleurs sociaux qui manquent de moyens financiers, discriminent à qui mieux mieux en écartant les dossiers selon des critères illégaux.

Venez avec nous jeudi 20 septembre à partir de 16h30 au siège d’Habitat 86, 107 rue des Couronneries à Poitiers, pour dénoncer ces pratiques honteuses et exiger que ce bailleur social attribue un logement à cette famille.

DAL86dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56 Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

DAL 86, 17 septembre 2012

[Cherbourg] Le 9 octobre, tous au procès des 3 inculpés de Valognes !

Tous au procès des trois inculpés de Valognes ! Mardi 9 octobre au tribunal de Cherbourg

Un train vaut mieux que deux tu l’auras

Le 23 novembre dernier, aux alentours de Valognes dans la Manche, 800 personnes se mettaient en tête de retarder un train CASTOR de déchets radioactifs et y réussirent. Pour la première fois depuis longtemps en France, le mouvement anti-nucléaire reprenait le chemin de l’action directe de masse. Il faisait entendre une voix qui ne tremble pas. Il répondait aux dizaines de milliers d’Allemands qui bloquent ce même train chaque année depuis vingt ans. Dans la région la plus nucléarisée du pays le plus nucléarisé du monde, ce n’était pas chose acceptable. Et puisqu’on a coutume de passer sous silence les incidents qui ponctuent l’existence des centrales et des installations dites de retraitement, on voudrait aussi faire taire les opposants.

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Ainsi, sur le terrain et six mois plus tard, on a lâché toute bride à la police et le camp anti-THT de Montabot se terminait avec vingt-cinq blessés dont trois graves. Ensuite, c’est une véritable déferlante de procédures judiciaires qui s’abat sur tous ceux qui résistent au nucléaire dans la région : neuf inculpés pour Valognes ; le maire du Chefresne gardé à vue qui démissionnait en même temps que son conseil municipal ; plusieurs procès et condamnations, dont une de prison ferme, pour participation à la lutte contre la THT Cotentin-Maine ; pléthore de convocations intimidantes. Cet acharnement judiciaire n’est autre que le masque d’une attaque politique contre les ennemis du nucléaire.

Un nouveau procès aura lieu le 9 octobre 2012 à Cherbourg, contre trois des personnes qui ont pris sur elles d’expliquer aux médias le sens de l’initiative du camp de Valognes. Ce serait un précédent pour toutes les luttes politiques que le simple fait de répondre à des journalistes soit condamné sous de tels chefs d’inculpations : provocation directe suivie d’effet à un attroupement armé, organisation d’une manifestation interdite et complicité de destruction du bien d’autrui. Et quelles preuves pour étayer un tant soit peu de si lourdes accusations ? Deux ou trois interviews à BFM TV, Le Figaro ou France Soir, qui suffiraient à les désigner comme des sortes de leaders auto-proclamés ordonnant à une armée d’obéissants moutons.

L’opération est donc grossière. On voudrait faire en sorte que des événements comme celui de Valognes ne puissent pas être accompagnés d’un discours assumé publiquement. On voudrait que ceux qui y participent soient des criminels sans phrase ou des fous irresponsables. On voudrait absolument qu’il y ait des chefs pour nier la possibilité qu’il existe des manières de s’organiser qui ne soient pas hiérarchiques. Ce qui est recherché, c’est d’empêcher toute formulation intelligible d’un engagement collectif et offensif. Ce que nous recherchons, c’est à rendre possible l’insolente coïncidence entre des gestes et des pensées.

Ce procès ne pourra jamais paraître vraisemblable ailleurs que dans le huis-clos ronronnant d’une salle de tribunal. C’est pourquoi nous appellons à le déborder par le plus large soutien des trois personnes inculpées et vous invitons à vous rendre devant le tribunal lors du procès :

RENDEZ-VOUS DEVANT LE TRIBUNAL DE CHERBOURG LE 9 OCTOBRE À 10 H

Collectifs de soutien aux inculpés de Valognes, 10 septembre 2012

Pour du soutien financier :

chèque à l’ordre de APSAJ – 6 cours des Alliés – 35000 Rennes – France IBAN : FR76 4255 9000 5541 0200 1473 207 Code BIC : CCOPFRPPXXX

Vu sur le Jura Libertaire, 12 septembre 2012

[Hongrie] Pogroms anti-roms

NdPN : Les destructions de campements et expulsions de Roms menées par le gouvernement français sont l’occasion de rappeler leur situation tragique en Hongrie, d’où des milliers de Roms ont fui ces derniers mois à cause de la menace fasciste. Le jobbik, parti d’extrême-droite allié au gouvernement, organise en effet des parades paramilitaires dans des campements, violemment attaqués. En début d’année, nous relations ici et la fascisation du gouvernement au pouvoir en Hongrie… nos inquiétudes se confirment.

Des pogroms anti-Roms organisés en Hongrie

De violentes attaques contre la minorité Rom en Hongrie se poursuivent sans relâche. Il est de plus en plus évident que le gouvernement droitier dirigé par le premier ministre Victor Orban, et qui collabore étroitement avec le parti néo-fasciste Jobbik provoque délibérément de telles attaques afin de détourner l’attention de l’énorme crise économique et des problèmes sociaux que connaît le pays.

Le 20 août, des membres de la « Garde hongroise » paramilitaire ont défilé contre des familles Roms dans la ville de Cegled, au Sud-Est de la capitale Budapest. Plus de 400 d’entre eux, principalement des gardes en uniforme et leurs partisans, ont défilé à travers des campements de Roms dans les environs de la ville forte de 40.000 habitants. Ils ont hurlé des slogans tels « Sales tsiganes, vous allez tous crevez. » Les stations de radio de droite et des portails Internet ont publié des appels pour que les fascistes viennent à Cegled pour participer à cette action.

Les médias ont rapporté les récits de témoins oculaires faisant état d’intimidation des résidents de la ville. Il semblerait également que des coups de feu ont été tirés. Tout ceci s’est passé en présence de la police qui était sur place et qui a permis aux fascistes de commettre des actes d’intimidation avant que ces derniers ne se retirent.

Des journalistes de l’hebdomadaire HVG ont rapporté que dans une ferme avoisinante plusieurs centaines d’extrémistes de droite avaient accueilli un député parlementaire du parti d’extrême droite Jobbik qui avait exprimé son soutien à la mobilisation fasciste. La « Garde hongroise » est considérée être un bras paramilitaire de Jobbik et a à plusieurs reprises été mobilisée contre les Roms. Début août, environ un millier de fascistes ont défilé à travers le village de Devecser à l’Ouest de la Hongrie.

Dans ce contexte de nombreux Roms ont décidé qu’ils n’avaient pas d’avenir en Hongrie. Au cours de ces six derniers mois environ un millier de Roms hongrois ont demandé l’asile politique rien qu’au Canada.

L’élément immédiat qui a déclenché cette récente chasse aux sorcières contre les Roms a été le meurtre en juillet de la psychologue Kata Bandy travaillant pour la police. Un Rom sans emploi a été arrêté dans le cadre de ce meurtre. Il vivait dans des conditions extrêmement précaires, il avait précédemment été condamné pour vol et avait passé plusieurs années en prison. Les organes des médias proches du gouvernement ont immédiatement dénoncé le suspect de « meurtrier tsigane. » Des appels furent lancés pour « une solution finale pour la question tsigane, » tout en incitant délibérément à la violence contre les Roms.

Le militant Rom Jeno Setet a résumé le sentiment des Rom : « Le meurtre de Kata Bandy est terrible, mais plus terrible encore est le fait que nous avons été collectivement déclaré coupables et les institutions de l’Etat ne font rien pour nous protéger, nous citoyens de ce pays. »

Lors d’une conférence de presse, les parents de Kata Bandy ont expressément lancé un appel aux médias et aux cercles politiques de s’abstenir « d’utiliser le nom de notre fille comme un prétexte pour inciter à la haine ou pour réintroduire la peine capitale » – mais en vain.

Le Jobbik tout comme le parti dirigeant Fidez se sert du meurtre de Bandy pour réclamer l’introduction de la peine de mort. Jobbik, qui avait remporté les élections en 2010 avec 17 pour cent des votes, a organisé une importante campagne en faveur de la peine de mort. Le dirigeant de Jobbik, Gabor Vona, a justifié la demande pour la peine capitale en affirmant faussement que 90 pour cent de tous les meurtriers étaient des « Tsiganes, » tandis que 100 pour cent de toutes les victimes étaient des Hongrois.

Un certain nombre de politiciens du parti au pouvoir Fidesz ont aussi demandé l’introduction de la peine de mort qui contreviendrait à la Constitution hongroise et au droit communautaire. La question doit maintenant être débattue début septembre par la faction du Fidesz.

Les attaques ainsi que l’intimidation à l’encontre des Roms ont lieu depuis plusieurs années en Hongrie. En 2008-2009, un nombre de Roms hongrois ont été blessés et six ont été tués, dont un enfant en bas âge, dans une série de pogroms meurtriers. A chaque fois les meurtres se sont produits après les défilés par la Garde hongroise à travers des campements Roms. Le procès de quatre membres de la Garde soupçonnés d’être impliqués dans les meurtres dure depuis plus d’un an.

Dans un cas plus récent, des groupes fascistes avaient terrorisé l’année dernière des mois durant les Roms vivant dans le village de Gyöngyöspata.

Le Fidesz au pouvoir compte de plus en plus souvent sur l’extrême droite. Le premier ministre Orban a déclaré que les campagnes anti-Roms sont inacceptables mais il a aussitôt insisté en disant que les Roms étaient obligés de s’intégrer.

Suite à une motion déposée par le Jobbik, le parlement hongrois a amendé dernièrement le Code criminel du pays pour rendre passible d’un an de prison toute calomnie de la « Sainte couronne » et des symboles d’Etat tels l’hymne et le drapeau national ainsi que les armoiries. Le Fidesz dispose d’une majorité des deux tiers au parlement.

L’augmentation de la violence droitière, tolérée et/ou soutenue par le parti au pouvoir, est une réponse à la crise économique et sociale qui ne cesse de s’aggraver en Hongrie. Le pays est en proie à la récession et est confronté à une inflation en hausse. En juillet, le taux d’inflation était de 5,8 pour cent, bien au-dessus des attentes des experts. La principale cause de l’inflation élevée est l’augmentation spectaculaire des prix des denrées alimentaires.

Les conditions de vie de la majorité des Hongrois sont de plus en plus intolérables en raison des coupes drastiques imposées par le gouvernement Orban et de l’inflation élevée. Selon les données émanant fin juin de la Banque nationale hongroise, 16,3 pour cent de tous les prêts détenus par les ménages étaient jugés « non performants », ce qui signifie que les débiteurs sont en retard de paiement d’au moins 90 jours pour au moins une tranche. Il y a un an ce chiffre était de 11 pour cent.

Les principales raisons avancées par la Banque nationale hongroise pour cette augmentation de « mauvaises créances » sont un chômage élevé et la baisse du revenu disponible pour la plupart des débiteurs. Ce revenu a baissé en raison de la hausse de l’impôt, de l’impact du taux d’imposition uniforme pour les faibles revenus et la hausse de l’inflation. Si le forint continue de chuter face à l’euro, la situation continuera d’empirer.

Wsws, Markus Salzmann, 11 septembre 2012 (article original paru le 5 septembre)

[Jouhet – 86] Un artiste menacé d’expulsion

NdPN : Décidément, le changement c’est pas pour maintenant ! L’Etat continue à briser des vies et des familles entières. Le site de soutien à Keith et la page sur comment l’aider, où se trouve aussi son mail. Courage à lui et à ses proches. Solidarité avec tou-te-s les expulsables !

Le peintre Keith Donovan menacé d’expulsion de France

Installé à Jouhet, l’artiste-peintre canadien Keith Donovan est sous le coup d’un arrêté d’expulsion. Il conteste cette mesure qu’il peine à comprendre.

Keith Donovan et sa compagne Mila Weissweiler dans son atelier à Jouhet. Installé en Europe depuis trente ans, il n’a plus de famille au Canada.

La vie de Keith Donovan vient de basculer dans un autre monde. Cet artiste peintre installé dans le village de Jouhet peut, théoriquement, être arrêté, placé en rétention administrative et expulsé vers son pays d’origine, le Canada.

Une situation qui relève du cauchemar pour cet homme paisible de 60 ans, arrivé en Suisse il y a trente ans, installé en France depuis 1997. À l’époque, ses œuvres avaient été remarquées par la Fondation de France qui l’avait invité à travailler à la Cité des arts. Deux ans plus tard, le peintre avait décidé de poser ses valises à Paris. En 2004, il achète une maison et installe son atelier à Jouhet, avec son épouse britannique d’alors. Son activité est inscrite au registre du commerce, il vit de la vente de ses œuvres. « J’avais appelé la préfecture de la Vienne pour demander un titre de séjour, mais on m’a répondu que ce n’était pas nécessaire, compte tenu de ma nationalité, de mon mariage et de ma situation fiscale. » En 2007, le couple se sépare. Keith reste à Jouhet en attendant la vente de la maison, qui n’arrive pas. Mais en décembre 2008, le ciel lui tombe sur la tête, lors d’un voyage en Angleterre : « J’allais passer Noël chez une amie ». A l’aéroport de Stansted, son passeport canadien est refusé : « Leurs règles venaient de se durcir : je n’avais pas de titre de séjour pour prouver que j’étais en règle en France ». Aujourd’hui encore, il en parle la gorge serrée : « J’ai passé la nuit dans une sorte de prison, sans même avoir le droit de prendre un cachet d’aspirine. » Il est refoulé dès le lendemain. A son retour en France, sa mésaventure n’intéresse guère les douaniers. Keith entreprend les démarches pour se mettre en règle. Sa première demande, en janvier 2009, est acceptée. Mais un an plus tard, le renouvellement du titre de séjour est refusé, faute de communauté de vie avec son épouse. Le divorce est d’ailleurs impossible, « la procédure étant suspendue à l’obtention d’un titre de séjour. » Le 24 août dernier, il reçoit un arrêté préfectoral qui l’oblige à quitter le territoire dans les 30 jours. Le Canada, c’est le rêve de milliers de candidats à l’émigration. Mais Keith n’y a plus d’attaches : « Mes parents sont décédés il y a dix ans, toute ma vie est ici ».

«  Toute ma vie est ici  »

Une décision incompréhensible pour son amie Mila Weissweiler : « La préfecture ne reconnaît pas sa présence en France avant 2004 car son passeport n’avait pas été tamponné entre la Suisse et la France en 1997 ». Elle a le sentiment d’être victime de leur bonne foi : « Si on n’avait pas fait de demande de titre, ils ne seraient jamais venus le chercher ! » L’avocate de Keith Donovan va contester l’arrêté devant le tribunal administratif. Le couple se raccroche aujourd’hui à cette procédure et à l’espoir d’obtenir enfin un titre de séjour. En attendant, Keith va essayer de se remettre au travail : un tableau commandé pour le hall d’un immeuble à Genève.

réactions

Nombreux messages de soutien

Près de 70 personnes ont signé la pétition en ligne sur le site www.soutenir-keith.com. De nombreux messages de soutien ont été écrits, parmi lesquels les trois suivants. Jacques Bouloux, maire de Jouhet. « Keith Donovan s’est parfaitement intégré et fait l’unanimité autour de lui. Il participe à la vie associative et n’hésite pas à aider et donner de son temps aux personnes âgées qu’il côtoie et à l’occasion sert d’interprète auprès d’autres résidents anglophones. Je souhaite que l’ordre d’expulsion du territoire français émis à son encontre soit annulé et que son dossier de demande de carte de séjour soit réexaminé. » Fabrice Granger, voisin. « Je connais Keith Donovan depuis son installation dans le village en 2004. En qualité de voisin, d’ami et je pourrais quasiment ajouter de parent tant il est proche de ma mère et moi-même. Outre le fait qu’il ait été présent lors de moments tragiques de nos existences, nous apportant son soutien moral, il égaie nos vies, comme celles de bon nombre de voisins ou de gens de tous horizons, avec sa joie de vivre, son goût pour la bonne table, son immense amour pour l’art et son érudition. Il porte haut les couleurs de la France qui devrait se vanter d’avoir en son sein quelqu’un de bien. » Claude-Hubert Tatot, enseignant à la Haute école d’art et de design de Genève. « Être artiste ne donne aucun droit supplémentaire au regard de la loi, pourtant par sa présence sur le territoire et par son travail Keith Donovan contribue à l’enrichissement et au rayonnement d’une nation qui se disant attentive aux arts et aux lettres devrait aussi être attentive à une requête aussi légitime que simple à satisfaire : laisser Keith Donovan faire ce qu’il fait depuis tant années, vivre et travailler en France. »

Nouvelle République, Sébastien Kerouanton, 11 septembre 2012