Archives de catégorie : Répression

Alerte contre le retour des lois scélérates

Après la mort du responsable des tueries de Toulouse et de Montauban, la récupération politicienne ne chôme pas, pour diffuser son modèle autoritaire. Sarkozy annonce aujourd’hui jeudi 22 mars un énième renforcement de sa politique répressive sur fond d' »antiterrorisme ». Sauf qu’il ne s’agit plus d’un replâtrage, mais ni plus ni moins que d’inscrire dans le code pénal la consultation de sites « extrémistes ».

Cette proposition, si elle était votée par le parlement et validée par le conseil constitutionnel, instituerait de fait une surveillance généralisée des internautes (sites internet visités, fréquence…) ; soit par l’Etat, soit par les fournisseurs d’accès, ce qui reviendrait au même. Bref, le flicage total, à faire passer Big Brother (déjà très jaloux) pour un petit joueur.

Sans compter que la condamnation ne porterait plus sur des faits terroristes, mais sur une intentionalité présumée. Une personne  soucieuse des libertés et qui, par exemple, surveillerait régulièrement un site promouvant la haine, pourrait ainsi être condamnée, sans parler des journalistes indépendants.

Jamais un Etat dit « démocratique » n’a fait adopter une telle loi. La mesure existe certes déjà, dans le cadre de la répression de la pédophilie ; mais cette disposition n’intervient qu’après coup, souvent par analyse de l’historique de navigation trouvé sur un ordinateur saisi. Ces déclarations sont donc extrêmement graves.

De plus, le flou délibéré des termes employés est pour le moins inquiétant en termes de possibilités répressives :

«Désormais, toute personne qui consultera des sites internet qui font l’apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et la violence sera punie pénalement»

Sarkozy ne risquerait-il pas de tomber sous le coup de ses propres imprécations contre la « haine », avec ses propos sur la « viande halal », sur le « trop d’étrangers » ? Sans parler de son inénarrable ministre Guéant et de sa petite musique sur la « délinquance roumaine », ou « l’inégalité des civilisations »… Quant à la « violence », nul n’ignore qui en détient actuellement le monopole écrasant. Qui est légalement armé dans ce pays, perpétrant ici ou ailleurs des violences à l’égard des populations ? Que dire de l’enfermement et les expulsions, par dizaines de milliers, de personnes dont le seul tort est d’être nées pauvres ? Un chef de l’Etat donnant des leçons sur la « violence », c’est une sinistre farce.

«Toute personne se rendant à l’étranger pour y suivre des travaux d’endoctrinement à des idéologies conduisant au terrorisme sera puni pénalement»

Qu’est-ce que le terrorisme ? Ce terme a toujours aussi désigné les adversaires au pouvoir ; c’était le mot employé par Vichy contre les résistants… S’il s’agit de recourir à la violence et à la peur pour imposer une vision par la force, on peut d’ailleurs tout aussi bien dire que l’Etat, ou encore le capitalisme sont des systèmes sociaux terroristes à l’échelle de la planète. Jamais en effet une institution n’aura perpétré, à travers toute l’histoire, autant de morts dans le monde que l’Etat, et de façon si systémique. En-dehors même des guerres atroces que ses crises ont provoquées, le capitalisme est fondé sur les postulats de la compétition généralisée de tous contre tous, sur le profit et l’exploitation institutionnalisés par le salariat, ayant pour conséquences misère et chômage structurels et de masse,  mutilations, suicides et morts au travail. Et surtout, rareté instituée des marchandises par le prix et la spéculation, c’est-à-dire la privation délibérée d’une partie de la population mondiale quant à l’accès aux richesses qui existent pourtant suffisamment pour tous. Ce qui condamne des dizaines de millions de gens chaque année à mourir de faim à travers toute la planète, et près d’un milliard de personnes à être en sous-nutrition, quand la planète produit de quoi nourrir deux fois l’humanité toute entière. Ainsi, si Sarkozy se déplace pour rencontrer ses homologues et faire appliquer les désastreuses préconisations du FMI et des banques à des pays entiers, ne tombe-t-il pas sous le coup de ses déclarations sur les « voyages » pour « travaux d’endoctrinement » ?

«Avec le Premier ministre (François Fillon), j’ai demandé au garde des Sceaux (ministre de la Justice) de mener une réflexion approfondie sur la propagation de ces idéologies dans le milieu carcéral»

On touche là aux sommets de l’ignominie. Qui n’a eu de cesse toutes ces dernières années, au mépris de toute dignité humaine, d’entasser toujours plus de pauvres dans ces mouroirs que sont les prisons françaises si sinistrement réputées en Europe, où peines longues, isolement, humiliations et sévices imposés par l’arbitraire de l’administration pénitentiaire, sont le lot de dizaines de milliers de prisonniers ? Sans parler de l’arsenal judiciaire répressif des peines planchers, de la détention préventive, de la répression des mineurs, etc. Quelle politique honteuse mène aujourd’hui tant de taulards au désespoir, à la folie, à la haine, sinon à la mort ?

«La propagation et l’apologie d’idéologies extrémistes seront réprimées par un délit figurant dans le code pénal, avec les moyens qui sont déjà ceux de la lutte antiterroriste»

On touche là au ponpon du flou répressif tous azimuts. Qu’est-ce qu’une idéologie « extrémiste » ? Sarkozy comparait, au salon de l’agriculture en 2011, les affiches gentillettes de France-Nature-Environnement aux dérives des extrémistes islamistes (!) Du coup, cette annonce peut sans nul doute s’appliquer à nombre de personnes, notamment militantes politiques et associatives (Hollande lui-même n’a-t-il pas été qualifié récemment par Sarkozy de vouloir une « épuration » ?) Sans nul doute, en bonne place déjà dans le collimateur, les anarchistes et plus largement les révolutionnaires. Le simple fait de dénoncer les violences institutionnalisées que sont patriarcat, Etat et capitalisme, et de défendre la réappropriation sociale des décisions, a toujours conduit à la répression. On le sait, la dénonciation de la propriété privée – sanctifiée par les droits de l’homme riche – constitue un crime impardonnable pour la bourgeoisie et ses défenseurs zélés.

Sans nul doute, si ces annonces étaient appliquées dans les termes aujourd’hui prononcés, il s’agirait non seulement d’un retour aux lois scélérates, mais d’un  basculement dans une dictature de type fasciste.

Pour en revenir au tueur de Toulouse et de Montauban, il est évident pour nous que le fascisme, pas plus hier qu’aujourd’hui, ne peut se combattre par le recours à la répression d’Etat. L’Etat sécrète lui-même, de par sa nature toujours plus autoritaire, la discrimination et la haine, la misère de l’exploitation, la violence instituée. C’est par la lutte pied à pied, au quotidien, contre les violences institutionnelles, et par la solidarité, que nous ferons reculer le fascisme… et ce qui le nourrit.

Juanito, groupe Pavillon Noir, Fédération Anarchiste 86

[Strasbourg] Un an de prison ferme pour une femme sans domicile, après un vol de 24€ au supermarché

Un an de prison ferme après un vol de 24€ au supermarché

Les DNA [ndPN : Dernières nouvelles d’Alsace, la presse locale, dont l’accès est hélas payant] relatent aujourd’hui cette triste histoire d’une femme de 37 ans qui, alors qu’elle était sans domicile, a volé dans le Simply Market de la route des Romains à Koenigshoffen des produits de toilette pour un montant total de 23,69€. Récidiviste, elle a été condamnée à un an de prison ferme, la peine plancher selon les DNA et le tribunal a décerné un mandat de dépôt à la barre, afin que la peine soit exécutée immédiatement.

Rue 89, 21 mars 2012

[Poitiers] Manif réussie contre les expulsions !

ndPN : Près de trois cents personnes se sont rassemblées hier place du marché contre les expulsions prononcées par la préfecture à l’encontre d’étranger-e-s, notamment des étudiant-e-s (y compris des enseignants-chercheurs). La manifestation a fait du bruit au centre-ville, avec des témoignages d’étudiant-e-s étranger-e-s place d’armes, puis au palais de justice à 18H en solidarité avec la famille Adamianov et toutes les personnes expulsables. A cette occasion, des slogans contre les expulsions et la xénophobie ont été scandés et des banderoles déployées, dont une marquée d’un « SOLIDARITE ANATIONALE ». Un tract « contre le racisme, contre l’Etat » du groupe Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86) a été diffusé. La lutte continue, contre toutes les expulsions !

250 personnes contre les expulsions d’étrangers

Étudiants, enseignants, réfugiés dont les enfants sont scolarisés: ils sont menacés d’expulsions, car étrangers. Certains ont manifesté hier.

Une manifestation contre les expulsions de ressortissants et d’étudiants étrangers a réuni hier soir entre 17h et 18h près de 250 personnes dans les rues du centre-ville de Poitiers. A la fin du défilé, sur les marches du palais de justice, Yves Jean, futur président de l’université de Poitiers, a apporté son soutien. Deux personnes menacées d’expulsion par la préfecture ont accepté de témoigner.

> Elyes Nefzaoui. « A Poitiers depuis 6 ans, je suis doctorant à l’ENSIP, donc salarié de l’université », explique ce Tunisien. « La préfecture veut changer mon titre de séjour pour un plus précaire. J’ai refusé et je suis donc sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Mon avocat a saisi le tribunal administratif de Poitiers ». > Désiré Mazier. Elle est arrivée du Salvador en 2007 à Poitiers pour des études de master 2 en « migrations internationales ». « La préfecture me reproche un parcours universitaire non cohérent. J’ai fait l’objet d’une première OQTF. J’ai saisi le tribunal administratif. Du coup, la préfecture a décidé de m’accorder un titre de séjour, si j’abandonne mon recours. J’ai refusé, d’où une seconde OQTF ». Selon le collectif anti-expulsions, une quinzaine d’étudiants ou de formateurs étrangers sont menacés sur Poitiers.

Centre-Presse, 22 mars 2012

Vidéo de la manif ici

Voir aussi les photos sur le site du NPA 86

[Châtellerault] Ex-new Fabris : justice de classe aux prudhommes

Amère victoire pour les ex-New Fabris

Les prud’hommes donnent gain de cause aux anciens salariés de l’entreprise châtelleraudaise mais ne leur accordent pas d’indemnités de licenciement.

Hier en milieu d’après-midi, personne parmi les anciens salariés de New Fabris n’avait encore appelé le conseil de prud’hommes de Poitiers pour connaître sa décision dans le conflit qui oppose 155 ex-New Fabris à leur ancienne entreprise, en la personne du mandataire liquidateur.

Un peu comme si personne ne se faisait vraiment d’illusion sur les chances d’obtenir quelque chose sur les restes de ce qui fut autrefois un fleuron industriel de la ville de Châtellerault. L’affaire est juridiquement assez complexe. On en retiendra que les anciens salariés n’obtiennent pas le principal de leur créance : quinze mois de salaires au titre d’indemnité de licenciement sans cause réelle ni sérieuse et 15.000 € de dommages-intérêts. Dans leur jugement, les prud’hommes estiment que le mandataire liquidateur apporte la preuve de ses efforts de reclassement pour chacun des 366 salariés de New Fabris, quand bien même ce reclassement se soit finalement avéré impossible. En fait, le conseil de prud’hommes s’est limité hier à étendre aux 150 et quelques nouveaux demandeurs la décision qu’il avait déjà prise en faveur de sept premiers salariés, dont la requête avait été déposée dès le mois de mai 2009, soit un mois avant le licenciement collectif. Cette décision favorable, qui porte sur quelques centaines d’euros par salarié, concerne uniquement un prélèvement abusif effectué par New Fabris sur les salaires de ses ouvriers en janvier et février 2009. L’entreprise s’était crue autorisée à récupérer les congés payés en retard qu’elle avait réglés en 2007 lors du rachat de Fabris. Une bien maigre consolation pour les ex New Fabris qui, au bout de trois années de combat, voient s’éloigner la perspective d’obtenir réparation de leur licenciement.

Nouvelle République, Vincent Buche, 22 mars 2012

[Paris] Répression lors d’une action à Pôle emploi : libération de nos camarades

Répression lors d’une action à Pôle emploi : libération de nos camarades

Libération immédiate de nos camardes Tous ensemble pour la justice sociale

Une action syndicale de solidarité…

Le syndicat CNT Culture-spectacle a organisé une action syndicale ce mardi 20 mars. Une dizaine de militant-e-s se sont présenté-e-s au « Policemploi » avec des camarades de la CNT dans un cadre interprofessionnel. Arrivés à 10h, ils ont commencé par expliquer aux usagers la raison de leur venue, et la possibilité d’échanger sur les dysfonctionnements du Pôle emploi autour d’un café ou d’un thé. Les camarades étaient dans l’attente d’être reçus par un responsable pour pouvoir étudier le cas de trop perçu de la camarade pour qui l’action a été organisée, et pour qui « Policemploi » n’a pas fait de suivi de dossier depuis sa première demande, en août 2011. L’accueil n’a pas été cordial ! En effet, la directrice de l’agence a immédiatement menacé d’appeler la police pour faire évacuer nos camarades. Pourtant il lui a bien été expliqué que l’objectif de l’action n’était pas d’empêcher le bon fonctionnement des services de « Policemploi ».

La répression comme réponse

Lors de cette action syndicale interprofessionnelle, trois camarades ont été interpelés après avoir subi l’agression physique d’un usager qui a frappé une adhérente qui participait pacifiquement à l’action. Nos deux camarades qui sont intervenus en protection sont en garde à vue avec la victime du coup de poing depuis 10h40 ce mardi 20 mars. L’agresseur s’en était déjà pris verbalement aux camarades en les insultant et en menaçant de les sortir lui même par la force, levant la main à plusieurs reprises contre nos camarades qui revendiquaient davantage de justice sociale.

La CNT dénonce le mépris et la stigmatisation des chômeurs qui est à l’œuvre dans le débat public.

La CNT exige la libération immédiate de nos camarades et l’arrêt des procédures à leur encontre.

Indymedia Paris-IDF, 21 mars 2012