Archives de catégorie : Éducation populaire

Le Monde Libertaire N° 1690 (du 6 au 12 Décembre 2012)

NdPN : Le Monde Libertaire N°1690 sort en kiosques aujourd’hui. Pas de diffusion ce samedi, mais il est possible de nous demander un exemplaire à prix libre en nous écrivant. Et comme d’hab, un exemplaire sera laissé en libre consultation au Biblio-Café (rue de la Cathédrale à Poitiers). Trois articles sont d’ores et déjà consultables (suivre les liens web ci-dessous dans le sommaire, renvoyant au site du Monde Libertaire). Bonne lecture !

Le Monde Libertaire N° 1690 du 6 au 12 Décembre 2012

«L’Église accepte le progrès partout où elle ne peut plus l’empêcher.» – Helge Krog

Sommaire

Actualité

Lettre ouverte au Premier ministre, par J.-P. Tertrais, page 3

Où il est question d’ArcelorMittal, par G. Goutte, page 5

Météo syndicale, par J.-P. Germain, page 6

La représentativité syndicale, de Fabrice, page 7

La Chronique néphrétique, de Rodkol, page 8

Restauration et Nouvelle Droite, par A. Etta, page 9

Chasse aux homos en Ouganda, par Pat, page 10

Arguments

Des politiciens à la façon d’Héliogabale, par N. Potkine, page 11

D’invisibles petites mains vertes, par P. Pelletier, page 12

International

Libres femmes espagnoles, par R. Pélagie, page 15

Expressions

Cipriano Mera, un militant exemplaire, par J. Roman, page 18

La Commune libre de Saint-Martin, par F. Grandebru, page 20

Un nouvel éditeur libertaire, par Rafael, page 21

La créature de Manolo Prolo, par Nicolas, page 22

Mouvement

Radio libertaire, page 22

Carnet de bal, page 23

Illustrations

Aurelio, Jhano, Kalem, Krokaga, Manolo-Prolo, Nemo, Valère

Editorial

Pendant la liquidation du site, la lutte de classe continue. La direction de l’usine PSA d’Aulnay convoque cinq ouvriers en vue de sanctions. Ennemis probables de la modernité qui profite, ces travailleurs sont accusés, à mots couverts, de saboter la production en flemmardant au lieu de gagner vaillamment leurs indemnités de licenciement. Résultat, plusieurs centaines de leurs camarades débrayent en solidarité, paralysant la production. C’est bien fait, mais ça n’est pas suffisant.
Oserons-nous suggérer au pauvre ministre Montebourg la nationalisation temporaire du groupe PSA, en vue de sa transformation en coopérative ouvrière de production? Attention: tout le groupe, y compris la banque PSA et les filiales rentables! Car, rappelons-le, le capital français n’est pas moins volage que le capital indien, et ce qui vaut pour Arcelor à Florange devrait valoir pour Peugeot à Aulnay et ailleurs. On ne doit pas laisser saucissonner les entreprises en activités « juteuses» d’une part, que les patrons garderaient pour eux, et activité nécessaires mais coûteuses, d’autre part, que la collectivité prendrait en charge, soit directement, soit par le biais de subventions répétées à des repreneurs successifs, en fait chasseurs de primes.
Et, puisque l’on parle de financement public et de bénéfices privés, comment ne pas évoquer le pharaonique projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes? Conçu dans les années soixante, époque où il était excusable d’envisager une explosion du trafic aérien, le voilà qui resurgit un demi-siècle plus tard, en pleine crise économique, alors que le pétrole se fait rare et cher et que la population se paupérise. Son utilité est résolument douteuse. Son impact sur l’environnement, catastrophique. Ses perspectives économiques, un gouffre. Alors pourquoi s’obstiner ?
Pour le petit Noël des entreprises. En l’occurrence Vinci, groupe géant du BTP et des concessions de service public, qui s’illustre notamment en monopolisant les parkings des centres urbains et en prélevant la gabelle sur des autoroutes vingt fois remboursées. Eh bien ce grand groupe national va patriotiquement encaisser les (éventuels) bénéfices pendant 55 ans, tout en laissant démocratiquement la collectivité payer les déficits. Et plus l’État sera engagé là-dedans, plus on lui demandera d’argent, sous tous les prétextes. Racket ? Oui.

[Poitiers] L’Epine Noire N°2 vient de sortir

L’Epine Noire numéro 2 vient de sortir !

Il s’est fait attendre, mais revoilà le journal de contre-information apériodique de Poitiers et des alentours.

Pour consulter le canard, ça se passe sur le blog : http://epinenoire.noblogs.org

La page de téléchargement du journal :

http://epinenoire.noblogs.org/?page_id=413

Et voici l’édito :

Novembre 2012. Tsahal, l’armée israélienne annonce sur Twitter le début de l’opération « Pilier de défense » sur la bande de Gaza. Offensive militaire après celle de « Plomb Durci » en Janvier 2009 afin de terroriser pour dominer les palestiniens dans leur entreprise coloniale. C’est sans doute là où l’État israélien est supérieur, ça n’est pas tant dans le nombre de morts et dégâts matériels que dans sa capacité de contrôler tous les aspects de la vie des palestiniens dans des territoires réduits. La maîtrise de la géographie est une science redoutable qui, aux mains de l’État et de ses bureaucrates prend le nom « d’aménagement du territoire ». Ici, de l’autre coté de la Méditerranée cela passe par la prolifération des grands travaux d’infrastructures : lignes THT, autoroutes terrestres et maritimes, aéroports, LGV, centrales nucléaires, prisons, etc. Tout ce qui fait que les flux de cette économie marchande et les rapports sociaux de classes qui en découlent tiennent. Cependant, des luttes populaires émergent (comme celle contre l’aéroport de Notre-Dames des Landes, ou celle contre le train a grande vitesse entre Lyon et Turin) contre ces « évidences », ces « nécessités » et autres injonctions structurelles et économiques de « Temps de Crise ». La crise que nous vivons sera peut être le tombeau du gouvernement socialiste au pouvoir, à l’image de la Grèce ou de l’Espagne, incapable d’amorcer le changement promis à ses électeurs. Ce qui ne nous surprend guère car nous n’attendions rien de cette « alternance » politique, mais nous ne sommes pas les seuls. La légitimité de l’économie capitaliste (et du pouvoir politique), qu’elle se pare du vernis démocratique, du visage autoritaire ou du cadre islamique, est remise en cause partout dans le monde par des mouvements populaires : Égypte, Chine, Tunisie, Afrique du Sud, Espagne, Grèce, etc. Apériodique et local est l’Épine Noire, nous n’oublions cependant pas le monde dans lequel nous vivons. Ici, à Poitiers, l’opération « ville propre » suit son cours : les travaux de la rénovation urbaine « Coeur d’Agglo », les patrouilles de flics omniprésentes à pied ou en voiture, les traques aux sans-papiers, les prisonniers déplacés à Vivonne, la technopole du Futuroscope (et ses centres d’appel), des squats qui prennent feu comme par enchantement, le TAP pour amuser le « Plateau », les constructions de LGV, flics partout, zonards nulle part. L’heure est toujours à la neutralisation des gens qui luttent, au nettoyage des indésirables, pour tirer son épingle du jeu dans la compétition entre les grandes villes (Métropole mon amour !), afin d’attirer la petite bourgeoisie branchée qui vient consommer du divertissement, du bar lounge, des rues sûres et propres. Mais ce n’est pas fini car les indésirables sont encore là, ils s’auto-organisent de différentes manières dans cette guerre sociale, pour ne pas plier face aux notables locaux, aux camelots et à leurs forces armées, qui semblent un peu trop sûrs de leurs prérogatives.

[Poitiers] 19 décembre 2012 : Contre la domination capitaliste et étatique, conférence-débat au Plan B

Nous assistons partout à une décomposition politique sous des discours confusionnistes, à droite comme à gauche. Ainsi l’on critique les « dérives » de la « financiarisation » et du « néo-libéralisme », sans voir qu’il ne s’est agi que d’une restructuration historique de plus du capitalisme – indispensable à sa survie. On en appelle à un « keynésianisme » qui ne fut qu’un modèle, désormais obsolète, du même capitalisme. Dans le même ordre d’idée, on invoque l’Etat moderne comme garde-fou du capitalisme, voire comme son adversaire, alors qu’il lui a toujours été consubstantiel, tant en régimes dits « libéraux » ou « démocrates », qu’en régimes dits « communistes ». « Taxons le capital » ou « Développons les emplois et l’industrie » sont les tristes slogans de bureaucraties politicardes ou syndicales cogestionnaires. Le capitalisme ne s’est pas effondré sous ses propres contradictions, il a élargi toujours plus le champ de sa domination sur nos vies et nos consciences, prospérant sur la répression d’un côté, de l’autre les pseudo-débats et la digestion des contestations partielles, dans la même logique d’une résignation programmée, d’une dépossession généralisée. L’autonomie des luttes sociales et la réappropriation des décisions et des moyens de vivre ont toujours été au cœur de toutes les luttes et conquêtes sociales. Elles sont aujourd’hui qualifiées d’« extrémistes » ou de « terroristes » par les pouvoirs bureaucratique, financier, médiatique. Elus, flics, juges, marchands et journalistes répriment et marginalisent toutes celles et ceux qui passent aux actes contre leurs normes. Face au désastre social et écologique en cours, nous ne voulons plus d’explications tronquées, de critiques de surface, de nostalgies de modèles passés du capitalisme. Pour lutter contre celui-ci, il faut mettre ses logiques à nu, et s’organiser en conséquence. Nous voulons contribuer à cette démarche en proposant, le mercredi 19 décembre à 20H30 au Plan B (Poitiers), une conférence-débat « Contre la domination capitaliste et étatique ». La soirée sera introduite par une conférence portant sur les « origines, les contradictions et les adaptations du capitalisme : le rôle de l’institution étatique ». Ces rappels seront suivis d’un débat « Quel anticapitalisme aujourd’hui ? », pour réfléchir aux moyens concrets de lutter et de vivre ensemble.

Groupe Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86)

Ermo, une bande dessinée sur la révolution Espagnole de 1936

NdPN : cet article est paru dans le Monde Libertaire de cette semaine. Rédigé par le compagnon Juanito qui a rencontré Bruno Loth aux rencontres du neuvième type, un salon de BD qui a eu lieu à Poitiers (aux salons de Blossac) il y a tout juste un mois.

Ermo, une bande dessinée sur la révolution Espagnole de 1936

Parmi les lecteurs et lectrices du Monde Libertaire fans du neuvième art, certain-e-s auront sans doute déjà croisé Bruno Loth lors d’un festival de BD… et connaissent peut-être Ermo, qui en est aujourd’hui à son 6ème épisode intitulé Mort à Madrid. Depuis six ans et chaque année, Bruno Loth réalise un tome de cette BD évoquant la guerre d’Espagne. Elle circule de festival en festival, très peu dans les rayons des libraires et pour cause : c’est sa propre« maisonnette d’édition » qui la produit sans distributeur ni diffuseur, un abri de jardin d’édition au nom évocateur de « Libre d’images ». Pour ma part, j’ai récemment rencontré Bruno à Poitiers, où j’ai découvert son oeuvre.

Avec le tome 1, nous découvrons les personnages, dont Ermo, un jeune garçon qui part du sud de l’Espagne avec un petit cirque et le magicien Sidi. L’histoire débute quelques jours avant le déclenchement de la guerre civile : la phalange et les militaires s’organisent pour se débarrasser des syndicalistes du port… A partir du tome 2, Ermo se retrouve dans le sillage de la colonne Durruti, de Barcelone à Saragosse. Le lecteur vit avec lui le quotidien des anarchistes catalans et aragonais de 1936. La libération du joug de l’Eglise et de l’armée, la collectivisation des usines et des terres et le communisme libertaire sont abordés, ainsi que l’émancipation des femmes à travers le mouvement « Mujeres Libres ». On voit aussi les Staliniens tirer les ficelles pour anéantir les réalisations libertaires en Espagne ; les communistes ibériques sont eux-mêmes manipulés par les services secrets soviétiques. C’est enfin le départ de Buenaventura Durruti et sa colonne pour Madrid, où il trouvera la mort le 20 novembre 1936.

Si la part d’histoire est scrupuleusement retranscrite, ce n’est pas tant une BD historique que le roman touchant de la vie quotidienne d’une troupe de cirque et peu à peu, de l’engagement personnel des protagonistes. On s’identifie très vite à Ermo, cet enfant naïf et plein d’espoir, perdu dans la guerre, qui selon l’auteur lui-même pourrait bien « symboliser le peuple espagnol de l’époque ».Le dernier tome montre son errance mentale, son désarroi face à la folie incompréhensible des adultes. C’est aussi une BD de fort caractère graphique, aux couleurs noires et rouges comme le drapeau communiste libertaire. Au style particulier et attachant, tour à tour tendre et triste. Elle commence comme une simple fable pour enfants et tourne au polar politique très documenté. On ressent tome après tome la volonté de l’auteur de rétablir et d’honorer la mémoire oubliée des anarchistes en Espagne. Sans flonflons ni trompettes, juste avec délicatesse et humanité (1).

Sur la révolution libertaire espagnole

Elle fut largement inspirée par la pensée de Bakounine, au sein de la CNT-FAI qui en 1936 était le syndicat qui regroupait le plus de militants, un million et demi. Ce sont donc les anarchistes, les plus nombreux dans la rue, qui s’opposent aux militaires et font capoter le coup d’état fasciste. L’élan du peuple et la révolution sociale seront stoppés par la militarisation fin 1936 début 1937, et par l’acharnement de Staline contre les avancées des anarchistes. Le parti communiste ibérique, assez petit au début de la guerre, grossit rapidement. Lister, commandant communiste, sera envoyé en Aragon pour détruire les collectivités paysannes et rendre les terres aux anciens propriétaires. Cette contre-révolution signera la mort du camp républicain qui, à partir de ce moment, n’ira que de défaite en défaite. Pour être juste, il faut aussi attribuer une part de responsabilité aux dirigeants anarchistes qui ont accepté quatre postes de ministres au sein du gouvernement de Madrid, ce qui divisa leur base. Contre les communistes (et les ministres CNT), et comme d’autres militants anarchistes, Durruti avait la certitude que le peuple en lutte aurait pu venir à bout d’une armée de mercenaires. Mais sa colonne souffre du manque d’armes et de munitions, dont le gouvernement républicain prive les combattants anarchistes, malgré leurs premiers succès. Durruti pensait que la libération de Saragosse  aurait coupé l’armée franquiste en deux et souhaitait y concentrer toutes ses forces. Un conseiller militaire l’en empêcha. Il avait également envisagé un soulèvement au Portugal des masses ouvrières, qui aurait privé les fascistes d’une base arrière. Enfin, il était pour retourner les forces des Marocains engagés dans la croisade catholique par Franco, en proclamant l’indépendance du Maroc. Mais le gouvernement républicain veut l’éloigner du front d’Aragon, et l’envoie dans Madrid assiégée par les franquistes. Sa mort mystérieuse à Madrid est un acte de plus dans la tragédie espagnole.

Juanito, Pavillon Noir (FA 86)

(1) Du même auteur, on découvrira avec émotion l’histoire de son père Jacques, à travers les albums Apprenti(2010) et sa suite, Ouvrier(2012). Pour plus de renseignement , voir le site de l’auteur,www.libredimages.fr

[Le Vigeant – 86] 72% de grévistes à l’AFPA, dans le cadre d’une journée de grève nationale

NdPN : cela fait longtemps que les salarié-e-s de l’AFPA se battent pour maintenir leur service public de formation professionnelle des adultes et des chômeur-euse-s. Le gouvernement précédent a attaqué ce service public, tant en termes de suppressions de postes que de restructurations, avec une dérive de plus en plus nette vers la privatisation de la formation pour adultes.

Hier une grande journée de mobilisation nationale s’est traduite par un fort taux de grévistes partout en France, dont au Vigeant dans la Vienne. En tout 5000 salarié-e-s sur 9150 (selon la direction, beaucoup plus selon l’intersyndicale étaient en grève ! A Paris, ce sont 30% des salarié-e-s du pays (3000 personnes) qui se sont retrouvé-e-s pour manifester et porter leurs revendications, et exiger du premier ministre qu’il tienne ses engagements, pour l’instant en berne. On retrouvera la pétition de l’intersyndicale ici, et le communiqué de la CGT là.

La brève de la Nouvelle République :

Le Vigeant : 72 % de grévistes à l’AFPA

L’appel à la grève lancé à l’AFPA a été très suivi au centre de formation du Vigeant, où 72 % du personnel était absent ce matin. Les salariés sont inquiets pour l’avenir du site tandis qu’au niveau national, l’AFPA fait face à d’important déficits.

Nouvelle République, 22 novembre 2011