Archives de catégorie : Éducation populaire

Autogestion et hiérarchie – Cornélius Castoriadis – 1979

NdPN : voici un texte qui prête à débat dans le détail, puisqu’il est pour une égalité des « salaires », alors que nous aurions plutôt tendance à souhaiter abolir l’argent. Divergence sans doute liée au principe, maintenu chez Castoriadis, de « démocratie » reprenant la notion de « l’unité » (à notre sens mythique, et caution de toute aliénation et de toute domination). Néanmoins ce texte rappelle quelques évidences sur l’absurdité des arguments actuels du pouvoir – sur la prétendue nécessité d’une hiérarchie avec des chefs d’un côté et des éxécutants de l’autre, et la prétendue nécessité d’une échelle des salaires (encore défendue par des Fronts de gauche et autres NPA Attac and co…)

Autogestion et hiérarchie – Cornélius Castoriadis – 1979

Cette petite brochure de 16 pages publiée par les Editions Grain de sable est un extrait du livre de Cornélius Castoriadis « Le contenu du socialisme » de 1979. Dans cet extrait, l’auteur questionne la possibilité du maintien d’une hiérarchie dans le cadre d’une société autogerée. Et la réponse est Non !

(Source : Association pour l’autogestion.)

Cornélius Castoriadis nous présente ici un véritable plaidoyer pour une société strictement égalitaire dans laquelle hiérarchies des salaires comme de commandement auraient disparu, l’une n’allant pas sans l’autre comme il le constate aussi bien dans les sociétés capitalistes que dans les pays du « socialisme réel » (le texte a été écrit en 1979). Dans ces deux cas, la hiérarchie de commandement coïncide avec la hiérarchie de salaires, ce qui signifie que la couche qui commande s’attribue les plus hauts revenus et donc profitent de la production. Partant du constat que les sociétés n’ont pas toujours été hiérarchisées, l’auteur en déduit que la hiérarchie n’a rien de naturelle et constitue une construction sociale.

Une société autogérée est une société qui se gère elle-même, dans laquelle ceux qui accomplissent une activité décident de ce qu’ils ont à faire et comment le faire et dans les limites de coexistence avec d’autres unités collectives. De ce point de vue, cela ne signifie nullement remettre son sort auprès de « gens compétents » même élus. Si la taille des groupes exigent des représentations, celles-ci doivent rester soumises au pouvoir des collectivités et donc révocables à tout moment.

Une des fonctions de la hiérarchie est l’organisation de la contrainte, celle-ci étant nécessaire par le caractère aliéné du travail, parce que d’autres en profitent. Il ne s’agit pas de nier qu’il n’y aura besoin de discipline dans une société autogérée, mais celle-ci sera acceptée comme nécessaire au bon fonctionnement de la société, ceci étant d’autant plus vrai en l’absence d’appropriation inégalitaire du revenu. Par ailleurs, l’auteur constate que la véritable compétence ne coïncide pas forcément avec la hiérarchie, celle-ci devant régulièrement faire appel à des experts pour prendre des décisions. Enfin, la hiérarchie de commandement implique une spécialisation des savoirs qui ne facilite nullement la coordination.

Selon lui, il n’existe aucun critère objectif pouvant fonder une hiérarchie des rémunérations, même si certains pourraient penser qu’il est juste de récompenser les plus courageux, tenaces ou compétents. Sur ce dernier facteur, l’auteur estime que si cette formation a été obtenue gratuitement par la société, il n’y aurait aucune raison que celle-ci aboutisse à de meilleurs rémunérations.

Admettant la nécessité du maintien de la monnaie dans la société autogérée, Cornélius Castoriadis relève que si nous voulons une production socialement utile, une différentiation des revenus induit un biais dans l’orientation de la production, un peu comme si les électeurs avaient des droits de vote plus ou moins pondérés.

Ce fascicule est un plaidoyer absolument remarquable sur l’incompatibilité entre l’autogestion et une double hiérarchie de commandement et des revenus. Une thèse absolument contradictoire à celle de Bernard Friot qui préconise une grille de salaires de 1 à 4 (1500 € à 6000 € par mois), lesquels seraient donnés inconditionnellement et à vie. On peut cependant s’interroger sur la pertinence de l’égalité absolue qui n’est pas toujours simple à mettre en œuvre comme le montrent les exemples argentins d’entreprises récupérées (cf. Néolibéralisme et autogestion, l’expérience argentine – Maxime Quijoux)…

Télécharger Autogestion et hiérarchie en pdf :

http://www.autrefutur.net/IMG/pdf/Autorarchie.pdf

Vu sur Autrefutur, 12 novembre 2012

Monde Libertaire gratos en ligne + Monde Libertaire kiosque

Les deux Monde Libertaire sont arrivés !

Le Monde Libertaire gratos/prix libre N°20, huit pages, est consultable et téléchargeable à l’adresse suivante. Il sera diffusé à 100 exemplaires, gratuitement, dans les rues de Poitiers. Comme d’hab, quelques exemplaires seront déposés au Biblio-café.

Le Monde Libertaire 24 pages est disponible en kiosques pour 2,50 euros, mais on peut vous en filer à prix libre si vous nous le demandez par mail. Un exemplaire sera déposé en consultation libre au Biblio-café. En voici le sommaire, avec comme d’habitude, trois liens vers des articles lisibles en ligne sur le site du Monde Libertaire.

Bonnes lectures !

Pavillon Noir

Le Monde Libertaire # 1686 du 8 au 14 Novembre 2012

«C’est pas le travail qui coûte cher, le travail c’est la richesse, c’est le capital qui coûte cher !» Gérard Filoche

Sommaire du Monde Libertaire # 1686 du 8 au 14 Novembre 2012

Actualité

Appel de la Coordination syndicaliste de la Fédération anarchiste, page 3

Austérité à l’heure espagnole, par R. Pino, page 4

Les fronts sociaux, par H. Lenoir, page 5

Météo syndicale, par T. Porré, page 6

Communiqué fédéral à propos de N-D-des-Landes, page 7

La Chronique néphrétique, de Rodkol, page 8

Arguments

Couac policier à Tarnac, par P. Schindler, page 9

La prison telle qu’en elle-même, par J. Rat, page 11

Morale et police, par M. Rajsfus, page 12

La prison, témoignage vécu, par J. Lesage de La Haye, page 14

International

Austérité chez les Grecs, par Romain, page 15

Histoire

Ramón Acín, belle figure de la CNT espagnole, par D. Pinos, page 17

Expressions

Sur les écrans, de H.Hurst, page 19

Un hurluberlu fort sage, par C. Margat, page 20

Mouvement

Activités du mouvement, page 21

La radio sans muselière, page 22

Programme des réjouissances, page 23

Illustrations : Alexandre , Aurelio, Krokaga, Manolo-Prolo, Valère

Editorial du Monde Libertaire # 1686 du 8 au 14 Novembre 2012

Accuser les Arabes de voler les petits pains au chocolat, lyncher les Roms, supprimer les 35 heures, faire, comme le sénateur Longuet, un bras d’honneur aux anciens colonisés réclamant justice: à droite comme à gauche, l’heure est à la décomplexitude. Haro sur les tabous. Pour aller dans le sens d’une si courageuse lucidité, pourquoi ne pas parquer les étrangers et les impies dans des ghettos, rétablir le port d’étoiles diversement colorées selon les différentes incivilités, pour les fumeurs, les looseurs, les pédophiles, les chauffards.
En véritables pragmatiques décomplexés, on pourrait aussi bannir des programmes scolaires la philosophie, l’histoire, la littérature et autres titatas, ces badinages improductifs de «diseux», au profit de matières plus rentabilisables, réservées aux «faiseux», techniques de surfaces, politesse, respect du chiffre et de la réussite pour les garçons, torchage des moujingues, cuisine, docilité sexuelle pour les fillettes. Pourquoi ne pas aussi, dans la foulée, rendre obligatoire le sport de haut niveau ou remettre en vogue les jeux du cirque.
Pourquoi ne pas réinvestir les anciennes colonies et célébrer, par un jour férié, les anniversaires de la Toussaint rouge ou les ratonnades de 1961. Pourquoi ne pas rétablir le travail des enfants dès 7 ans, les journée de 12 heures, les licenciements sans préavis, le livret ouvrier, comme au bon vieux temps des maîtres de forge. On pourrait supprimer le droit de grève, organiser l’attribution «aux enchères» des emplois aux moins exigeants. On pourrait dispenser les patrons de toutes cotisations sociales, abolir les salaires qui ruinent les actionnaires ainsi que le Code du travail, imposer le servage, l’esclavage, mettre Parisot au ministère du Travail.
Dans la foulée, il faudrait remettre à l’honneur la torture, le droit de cuissage, la peine de mort; réassigner aux femmes les places qu’elles n’auraient jamais dû quitter, cuisine, buanderie, alcôve. Supprimer l’assistanat et la Sécurité sociale, confier toute forme d’aide aux curés et aux oeuvres de charité, abolir toute expression populaire au profit du sondage de droit divin, faire de la réaction l’inusable et supersonique moteur de la société moderne. Il reste tout plein d’autres chantiers pragmatiques et décomplexés qu’on laisse à la libre imagination – synergétique et gestionnaire – des bienfaiteurs éclairés, des commissaires politiques et autres moralistes de tout poil. Ils pullulent car la soupe est grasse. Nous autres, anarchistes méfiants, persisterons à ne pas confondre modernité et progrès social.

A Poitiers les inspections pédagogiques des profs de philo se font dorénavant par la police

Manque de moyens dans l’Education Nationale : à Poitiers les inspections pédagogiques des profs de philo se font dorénavant par la police.

JF est un prof de philo bien connu des services de police pour ses engagements politiques. Le 10 mai dernier, il a eu l’outrecuidance d’illustrer le propos de l’un de ses cours sur la question de l’État en faisant visionner à ses élèves un document vidéo sur l’expulsion brutale par la police, le 2 avril dernier, d’un campement de sans logis et mal logés mis en place depuis le 30 mars sur le parvis de Notre Dame à Poitiers.

Juste après le bac il a été convoqué par son chef d’établissement qui l’a informé qu’il y aurait une plainte de parent(s) d’élève(s) auprès du rectorat. Il fut tout étonné d’apprendre que lors de la projection du document, il aurait fait des arrêts sur image et donné le nom des policiers qui expulsaient violemment le campement des sans-logis et mal-logés. Ses élèves auraient reconnu le père d’une élève et seraient allés « faire des remarques désobligeantes » à cette dernière.

Comme il fallait s’y attendre, l’enquête administrative a tourné court puisque deux élèves ont témoigné que, si le document avait bien été diffusé, c’était dans le cadre du cours et que l’enseignant n’avait ni fait des arrêts sur image ni donné les noms des policiers. D’ailleurs il n’aurait pas eu besoin de le faire puisque, le hasard faisant bien les choses, c’étaient ces deux élèves qui avaient reconnu le policier car ils étaient à l’époque, pour l’un le petit ami, et pour l’autre, l’ex-petit ami de sa fille. Il lui ont bien sûr dit qu’ils avaient vu son père sur la vidéo, ce qu’elle avait dû lui répéter.

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. La police visiblement insatisfaite de ce dénouement est en train de convoquer pour les auditionner, tous les élèves de cette classe (soit 32 !). Cerise sur le gâteau digne des meilleurs polars, comme la proviseur ne voulait pas fournir à la police la liste des élèves et l’adresse de leurs parents, elle a été saisie au Lycée lors d’une perquisition.

Les convocations qui se sont enchaînées n’ont fait apparaître aucun motif. Ce n’est que quand les élèves, enfin surtout leurs parents affolés, téléphonaient à l’Officier de Police Judiciaire qu’ils ont été informés que « des parents ont été choqués que soit projeté ce document à leurs enfants et ont porté plainte »… Certes mais pourquoi l’ont-ils fait ? Comment est qualifié le délit ? Personne ne le sait et rien de plus n’est précisé au début des auditions.

Ces dernières qui duraient près d’une heure et demie pour les premiers élèves convoqués, durent à la fin à peine 20 minutes. Ce qui témoigne peut-être de la lassitude des policiers. Les questions portent bien sûr sur le document incriminé. Y a-t-il eu des arrêts sur image ? Le prof a-t-il donné les noms des policiers ? Et sur le cours en question : quelle était sa teneur ? Comment ça s’est passé ? Mais elles vont bien au delà et peuvent figurer une nouvelle forme d’inspection pédagogique digne des républiques les plus bananières. Comment le prof se comporte-t-il en classe tout au long de l’année ? Quelle est sa pédagogie ? Quels sont ses engagements associatifs ? Une vraie enquête de moralité ! Le prof évalué par la police et noté par ses élèves, c’est dans l’air du temps ! Et puis quel Inspecteur Pédagogique Régional pourrait passer une cinquantaine d’heures (au bas mot) à évaluer un seul prof alors que la moyenne du temps entre deux inspections (qui ne durent que deux ou trois heures, rapport compris) est de 7 longues années.

Mais il y a plus. Pourquoi une telle débauche de moyens et un tel acharnement ? D’abord, il n’est pas anodin que ce soit un document vidéo sur l’expulsion du campement de sans-logis et mal-logés du 2 avril dernier qui soit à l’origine de l’affaire. Car si cette expulsion était légale, elle était loin d’être légitime. Comment arriver à justifier moralement de s’en prendre si violemment à des « gens en souffrance, au parcours de vie difficile », selon les propres mots du maire de Poitiers ? Comment arriver à continuer à avoir bonne conscience lorsqu’on a fait expulser, ou soi-même expulsé brutalement et violemment, des sans-logis et mal-logés qui avait des revendications, qui étaient elles, non seulement très légitimes mais aussi légales, puisqu’ils demandaient un logement décent pour tous, c’est à dire le respect de la loi ? Comment arriver à continuer de se regarder dans une glace quand on use de violence envers des gens qui résistent passivement, quand on leur arrache et confisque des biens de première nécessité et que l’on conduit six de ces personnes (cinq hommes et une femme) en garde à vue, dont cinq (les cinq hommes comme par hasard) ont été traînés au tribunal pour outrages et rébellion violente ? Et ce n’est pas tout. Peut-on garder sa bonne conscience quand deux de ces cinq personnes ont pris deux mois de prison fermes et qu’en tant que policier on se sont fait payer des dommages et intérêt (1200€. en tout ; 500€. pour le policier qui s’est offusqué de la diffusion de la vidéo en cours et qui a porté plainte contre JF…) et ce par des personnes notoirement fragiles et démunies ? Ne voudrait-on pas que personne ne le sache, surtout pas nos proches, et ne serions-nous pas honteux si un prof de philo diffuse cette forfaiture dans une classe dans laquelle certains élèves nous connaissent ? Ne serions-nous pas honteux au point de reporter la faute sur lui ?

Ne nous trompons pas de cible ce n’est pas de passer cette vidéo en classe qui est scandaleux mais bien d’avoir évacué de la sorte ce campement de sans-logis et mal-logés, d’avoir menti et de les avoir accusé injustement et pour finir d’avoir touché des dommages et intérêts indus.

Il y a une autre raison qui motive un tel acharnement. Le DAL86 écrivait en mai dernier, « la répression à Poitiers vient de passer un cap. Ce ne sont plus les personnes qui ont eu le toupet de relever la tête et qui se se sont engagées dans une lutte politique en particulier pour la défense de leurs droits, mais les militants de terrain qui les soutiennent, qui subissent dorénavant la répression. Ce ne sont pas des jeunes, des sans-logis et mal-logés, des pauvres qui sont ciblés mais des quinquagénaires, ayant un travail et connus pour leurs engagements associatifs et politiques au sein de la cité. »

Henri Queuille, président du conseil entre les deux guerres, n’avait-il pas raison de dire : « La politique, ce n’est pas de résoudre les problèmes, c’est de faire taire ceux qui les posent. » ?

Les Flics (préfecture, police, justice et… mairie) veulent nous faire taire. Nous ne nous tairons pas ! On continue !

Flics hors de nos vies, hors de nos villes !

Rendez-vous vendredi prochain 9 novembre à partir de 9h devant le palais de justice pour exiger la relaxe des militants réprimés. Jean-Baptiste Eyraud, porte parole de la Fédération Droit au logement, Mgr Jacques Gaillot, différents comités DAL, ont déjà répondu présent.

Relaxe générale pour le Procès en appel du campement du 30 mars

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DAL86dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56

Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h et tous les mardis soirs de 17h à 18h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

DAL 86, 7 novembre 2012

[Poitiers] OGM et pesticides : une conférence de G.-E. Séralini, un bouquin de B. Riondet

Les rats du professeur Séralini ont fait le tour du monde

Au devant de la scène depuis son étude sur la toxicité d’un maïs OGM sur des rats, Gilles-Eric Séralini animera une conférence – débat demain à Poitiers.

La semaine dernière, Gilles-Eric Séralini s’est offert un break. La divulgation, le 16 septembre, dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology des résultats de son étude sur la toxicité d’un maïs OGM, avec des rats porteurs de tumeurs aussi grosses qu’une balle de ping-pong, a fait l’effet d’une bombe. « Les réactions à travers le monde ont été très fortes », souligne-t-il.

Depuis, en dépit du soutien de 160 scientifiques « du monde entier », ce professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen essuie également un feu nourri de critiques sur la validité de son expérience. Mercredi, à l’invitation du collectif Vigilance OGM 86, il sera à Poitiers pour une conférence sur les polluants chimiques mais n’esquivera aucune question, promet-il.

Professeur, comment vivez-vous cette tempête médiatique ?

Ce qui est important, c’est le débat. Je persiste sur le fait qu’il s’agit de la meilleure étude au monde, la plus détaillée. Elle a été publiée dans la meilleure revue de toxicologie alimentaire. On nous a demandé des expériences complémentaires que nous avons fournies. Les tests sur le pesticide ont été réalisés sur des doses environnementales, c’est-à-dire tel qu’il est présent dans la bouteille du jardinier ou de l’agriculteur.

Pourtant, l’étude soulève la controverse.

Dans la presse, les premiers à qui on a donné la parole sont les premiers qui ont validé les produits de Monsanto. Ceux-là ne se remettent pas en question. Et ils n’ont jamais comparé mon étude avec celles qu’ils ont approuvées. On me dit que nous n’avons pas utilisé les bons rats mais Monsanto s’est servi des mêmes. Qu’aucune étude longue n’a été faite auparavant, c’est une grave lacune professionnelle. Bientôt, je répondrai à mes détracteurs dans la même publication qui a relaté mon étude.

Vos travaux auraient fait souffrir les rats…

Je préfère faire cela aux rats qu’aux enfants. Les animaux sont la dernière étape avant les enfants.

A propos de la conférence : qui pollue l’eau et notre alimentation ?

Les pesticides comme le Roundup, un des principaux polluants, et les OGM. La France est un des premiers consommateurs mondiaux de pesticide par tête d’habitant D’un côté, on subventionne des industriels qui polluent l’eau, de l’autre, on fait payer des taxes aux gens pour sa dépollution. La faune et la flore en souffrent également.

repères

«  Les polluants chimiques dans l’eau et l’alimentation : quels effets sur notre santé ?  » : conférence – débat avec le professeur Gilles-Eric Séralini mercredi 7 novembre à 18 h à l’ENSIP sur le campus universitaire.

Recueilli par Jean-François Rullier, Nouvelle République, 6 novembre 2012

Un roman pour alerter sur les effets des pesticides

Bruno Riondet, militant altermondialiste et professeur de biologie s’essaie  à l’écriture, avec un second roman, forcément engagé.

Professeur de sciences et vie de la terre dans un lycée de Poitiers, Bruno Riondet est aussi militant altermondialiste. Il s’est présenté à l’élection municipale de Poitiers en 2008. Et pour la deuxième fois, avec le livre « A demain sous l’arc-en-ciel », il se découvre romancier (1)

« Je n’ai pas écrit une fiction, ni un thriller, encore moins un livre policier, raconte Bruno Riondet. Mais un romanquête qui associe l’enquête d’un journaliste et la restitue sous la forme du genre littéraire qu’est le roman. » En 2010, il mettait en avant Julien Béret, journaliste pigiste à l’Extrême Centre (1), qui avait découvert l’importance grandissante des nanotechnologies dans notre environnement (2). Dans son nouveau roman, l’auteur aborde la question des perturbateurs endocriniens, ces molécules qui agissent sur l’équilibre hormonal des espèces vivantes.

Un romanquête

Cette fois-ci, Julien Béret enquête sur la fermeture d’une entreprise. Il rencontre un ouvrier agricole qui ne peut plus avoir d’enfant car pendant toute sa vie, il a manipulé des pesticides. L’auteur ne livre pas l’explication tout de suite. Mais la fait découvrir au fil des pages, en tirant sur le fil de son enquête. Avant de prendre la plume du romancier, Bruno Riondet a lui-même mené l’enquête durant six mois pour approfondir ses connaissances scientifiques. « On trouve les perturbateurs endocriniens dans tout notre environnement. Ils sont utilisés dans la plupart des biens de consommation : maquillage, jouets, shampoings, emballages plastiques, ainsi que pesticides. Par voie cutanée et par voie orale, les consommateurs sont donc directement exposés à ces produits chimiques. Comme le système hormonal régule la plupart des fonctions du corps, les perturbateurs endocriniens ont des répercussions sur la santé. De plus en plus d’études scientifiques font état de concerts hormonaux dépendants (prostate…), de perturbations du métabolisme (obésité, diabète), d’anomalies de l’appareil reproducteur et de problèmes cardiovasculaires. » Le romancier n’oublie pas qu’il est militant politique : au travers de son livre, il veut alerter l’opinion publique. La conclusion du roman, elle, est plus heureuse.

(1) Paru à la Société des Écrivains, 376 pages, 20 €. (2) « Sur sa trace » paru aux éditions Amalthée.

Jean-Jacques Boissonneau, Nouvelle République, 6 novembre 2012

[Tours] Compte-rendu du Week-end de lutte contre leurs méga-projets

Compte-rendu du Week-end de lutte contre leurs méga-projets

Nous ne pourrons jamais comprendre le sens de quelque chose, de quelques phénomènes, si nous ne savons pas quelles sont les forces qui s’approprient ces choses, qui les exploitent, ou s’en emparent. Plutôt que d’en rester au constat d’un territoire quadrillé, occupé à réaménager la permanence de ses dispositifs de contrôle, c’est bien plus l’architecture du pouvoir qu’il nous faut autopsier, interpréter.

L’apparente neutralité des projets d’urbanisation, qu’ils soient ou non dans une perspective de développement durable, masque difficilement la violence avec laquelle ils nous sont imposés. Les exemples récents de résistance contre l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes, des « No-TAV », ou des « anti-THT » nous révèlent, et nous rappellent avec quelles intensités nous devons faire face à une militarisation du territoire et de nos quotidiens.
Cette rationalisation optimale et coercitive de l’espace, vise à nous faire admettre, ou plus concrètement à nous soumettre aux principes de l’ordre dominant. La métropole et le désert sont comme des formes uniques et omniprésentes. Une ligne d’horizon qui ne tolère pas de variété, mais seulement l’unicité et la conformité.
Les 4 ateliers développés lors de ce « W.E. de lutte » ont permis d’analyser ces différents thèmes. Les débats qui ont eu lieu, nous ont donné l’impression qu’il serait trop simple de les achever avec le sentiment d’avoir rendu perceptible l’action du pouvoir, comme de ceux qui luttent. Nous souhaitons que ces réflexions permettent de concrétiser quelques pistes d’applications pratiques…
« Appelés par ce que nous appelons, l’extraordinaire commence au moment même où nous nous arrêtons. »
Atelier « Dans un espace normalisé et aseptisé, comment résister en créant ? »
A partir de quatre concepts d’urbanisme présentés rapidement (la spécialisation de l’espace (zoning), la régulation sociale de l’espace et notamment son embourgeoisement (gentrification), la normalisation de l’espace (normes et standards de la production urbanistique contemporaine) et le contrôle de l’espace (prévention situationnelle), nous dressons le portrait d’une ville dans laquelle il est de plus en difficile de développer des modes de vie hors carcan (le squat mais pas seulement : SDF, zonards, manifestations classiques ou tentatives de réappropriation de l’espace public sont rapidement chassés de l’espace urbain qui doit être propre, maîtrisé, sans accrocs). Comment nos actions peuvent elles nous permettre de résister à cet espace normé et aseptisé et, mieux, permettre d’en créer d’autres.
A partir de retours d’expériences militantes diverses comme celle de « Débattons dans les Rues » (réappropriations de la rue avec des gens d’horizons différents : gratuité ; volonté de créer quelque chose dans l’espace public ; paroles boxées, débats, zones de gratuité, porteurs de paroles), celle, italienne, du marquage régulier de l’espace public (par des tags ou des graphs récurrents annonçant la tenue d’une action ou simplement permettant une inscription dans l’espace public), celle, allemande, du Mithausen Syndikat (achat collectif de lieux alternatifs) et bien d’autres (expériences de squat, jeu sur les lieux aux marges privés, publics, communs), nos discussions font rapidement émerger deux enjeux : la nécessité de créer et de faire vivre des lieux alternatifs et celle de se saisir de lieux publics pour s’y inscrire et se les approprier.
Un objectif se dégage de nos discussions : lier appropriation de l’espace public (extérieur) et de l’espace privé publicisé (intérieur) dans une démarche globale. Nous établissons qu’il est nécessaire d’être présents dans l’espace public mais aussi d’avoir des lieux pour se réunir, penser et s’organiser et plus pragmatiquement mettre en pratique des idées et les partager avec ceux qui le souhaitent. Pour se faire, il semble nécessaire de réfléchir aux temporalités de nos actions, puisque nos techniques d’appropriation de l’espace intérieur (le squat pour l’essentiel) ne résistent généralement pas à la répression plus de quelques jours, investir l’espace public avant d’envisager de s’installer à l’intérieur afin de s’inscrire dans une dynamique impliquant au-delà de nos seuls cercles militants semble une idée à développer. Ceci pose la question de savoir ce qu’habiter un espace veut dire : habite-t-on un lieu, quel qu’il soit, parce qu’on y réside ou plutôt parce qu’on l’occupe, le mobilise, le transforme ? Et, conséquemment : comment pouvons nous inscrire durablement dans un lieu public afin de rendre notre présence incontournable ? Autrement dit, comment pouvons nous transformer des actions souvent éphémères en une logique cohérente signant la permanence de notre présence ? S’inscrire dans la mémoire des lieux et dans leur existence sociale est une nécessité : on fait comment ?
L’atelier se conclue sur la volonté de poursuivre la réflexion et de la traduire en actes sur un ou des lieux de Tours, rendez-vous sont pris pour tester des choses
Atelier « Echographie de collectivité en lutte » :
Projection d’un court-métrage sur « l’Hétérotopie ».
Comme dans une famille, il y a dans les collectivités une volonté de transmission de mémoires sur courte et longue durée. Mais à la différence de la famille l’engagement est électif (a-t-on vraiment toujours le choix?).
Question des rôles de chaque individu : reproduction de la division du travail social au sein de la collectivité. Reproduction des déterminismes qui pose la question : est-ce qu’on masque des inégalités profondes dans ce type de communauté ?
« Il faut pousser l’individu jusqu’à émanciper ses problématiques personnelles et se libérer des codes sociaux et de ces déterminismes ».
On remarque une certaine uniformité dans l’origine, le parcours des membres de ces collectivités. L’entrée dans le groupe est en quelque sorte prédéfinie par une situation sociale.
L’affect est primordial, on recherche une communauté d’idée (par exemple une certaine notion de l’égalité).
Rapport de méfiance à l’extérieur / protection des individus dans le « clan ».
Chacun occupe un rôle définit qui peut être enfermant (avec comme solution la sortie de la communauté). Quelle place laisse-t-on alors au choix ?
Nécessité de se poser la question du type d’égalité : Egalité sérielle : valorisation de certains rôles. Équivalence des rôles : possibilité de changer de rôle sans perdre sa place dans la collectivité, sa valeur pour la communauté.
Problème de la dépendance vis à vis des personnes qui jouent un rôle important dans la collectivité. Comment faire quand surgit un problème psychiatrique par exemple ? Finit souvent par l’exclusion de la personne. Problème de la surprise : changement brutal qui produit, révèle, un « mal communautaire ».
Mais la collectivité peut aussi permettre une prise en charge de la personne. Il faut alors éviter l’infantilisation, la reproduction d’une domination.
La création du collectif comme « contrat social » ? Faut-il privilégier les règles formelles ou informelles ? Les règles formelles permettent une lisibilité qui offre la possibilité à l’individu de « ne pas se laisser absorber par le groupe ».
« On cherche la liberté pour tous », mais comment gérer le fait que d’un côté la collectivité gène l’extérieur, et qu’au sein même de la collectivité, l’individu puisse gêner ? « Schizoïde ».
Texte (de F. Tosquelles) sur la résistance qui créé un « entre soi » avec des gens différents (exemple d’un asile sous l’occupation, entre psychiatres, résistants, et psychiatrisés).
Problème des prises de paroles : nécessité de dynamisme et de parler des rôles et des déterminismes pour les bouger. Par exemple problème des genres : exemple du texte « La communauté terrible »- les femmes doivent-elle se « viriliser » ? Ou peuvent-elles conserver des spécificités de genre ? Nécessité de discuter des rôles genrés pour les déconstruire.
« C’est comment on vit le problème, comment on le pense » du coup nécessité de regarder d’autres collectivités, d’autres façons de faire.
Atelier « Désertion et nomadisme : mouvements et perceptions du pouvoir » :
Problématique principale autour du constat d’Anna Ahrendt : la forme impériale de l’État-nation s’est répandue et se reproduit plus ou moins à l’identique sur tous les territoires… Existe-t-il encore des marges pour d’autres formes d’organisation sociale ? Quelles perspectives pour les luttes qui ne souhaitent pas s’intégrer au pouvoir (à la différence du réformisme, de l’interventionnisme institutionnel, etc …) ?
Deux exemples d’organisations de luttes nomades : la Smala d’Abdelkader (capitale itinérante Algérienne en résistance contre la colonisation française), et la création de l’ELZN (la force zapatiste).
Qu’est ce qui distingue ces formes d’organisations, de la création d’un appareil d’État ? Mise à distance de la théorie de Sartre (« La république du silence ») qui pense que se sont les deux faces d’une même pièce, et que la vocation des machines de guerre nomades est de prendre le pouvoir.
Analyse de P. Clastre sur la notion de guerre, comme moyen de conjurer la formation d’appareil d’État.
Le problème des sciences mineures, comme devenir nomade : analyse des travaux d’Anne Quirien sur les compagnonnages et les bâtisseurs d’églises gothiques. Leurs rapports fondamentalement différents à la construction : plan à même le sol par opposition au plan métrique hors chantier de l’architecte, formation interne par initiation, etc… Nécessité pour l’appareil d’État de gérer et de fixer les corporations, de faire passer dans toutes les divisions du travail la distinction de l’intellectuel et du manuel. Nécessité d’une déqualification du travail, et du recours à une main d’œuvre forcée…
Actualité des formes de vies nomades : Les machines de guerre nomades se constituent à la fois par un phénomène de « désertion » et leurs capacités à «faire peuple » dans un en-dehors de l’appareil d’État.
Problème, ou pas, de la confusion entre nomadisme et parasitisme… (deux textes : A. Brossat « Nous sommes tous des voleurs de poules roumains » sur les pratiques de désertion d’une partie de la jeunesse, et du vol comme « science du dispositif »)
Si le nomadisme est l’apologie du mouvement, de la flexibilité, il peut, s’il se décharge de son potentiel de lutte et de résistance, tout à fait être soluble dans le capitalisme à l’image de la fuyante main invisible du marché.
Questions/critiques autours de la capacité et de la pertinence à habiter un en-dehors de l’A. D’État. Critiques de l’alternativisme et nécessité toutefois de réaliser des expériences collectives et sociales « autres ». Discussions autour du nomadisme, de la désertion, et de la constitution d’un sujet politique en-dehors du concept du sujet-citoyen. Rapport de positivité, ou de perte de négativité vis à vis des conflits qui traversent la société ? Nouvelles formes de luttes sensibles face à un milieu social et un quotidien toujours plus conformiste, et répressif.
Atelier « guide juridique d’autodéfense face aux expulsions » :
Nous avons décliné cet atelier en deux parties : une première concernant les expulsions locatives et sans droit ni titre, et une seconde sur les expulsions d’habitats légers.
En ce qui concerne les expulsions locatives et sans droit ni titre, nous avons essayé de décrypter les différents textes de lois, et de synthétiser le sens de ceux-ci. Nous avons discuté autour des différentes manières de se défendre juridiquement face à une expulsion, en essayant d’inclure les conséquences juridiques. Différents exemples ont été présentés par des individus ayant eut des expériences juridiques dans ce domaine.
Par manque de temps, nous avons pas pu parler des expulsions habitats légers.
Nous avons essayer de réfléchir à la création d’un outil, selon différents supports (papiers, site internet, blog…) qui permette à la fois de clarifier certaines notions juridiques, tout en y mêlant des astuces pour contourner, gagner du temps, etc… À travers cet outil, il nous semble surtout indispensable de mettre à la fois en perspective le juridique et les moyens de lutte.

thanksforthefuture@yahoo.fr

Indymedia Nantes, 5 novembre 2012