Archives de catégorie : Éducation populaire

(Bourg-en-Bresse) Une famille non-scolarisante devant le tribunal

L’école n’est pas obligatoire en france, c’est l’instruction qui l’est. Les parents peuvent choisir l’instruction à la maison, c’est légal, et même continuer à percevoir les allocs. Dans ce cas, il faut se soumettre à des contrôles plus ou moins réguliers d’un inspecteur de l’éducation nationale. Ce n’est pas précisément le contrôle qu’ont refusé Sylvie et Régis pour leurs enfants, mais les modalités du contrôle, comme nous l’avons déjà raconté dans un article de février dernier. Aujourd’hui, illes sont convoqué-es devant le tribunal correctionnel.

Sylvie raconte :

Après avoir refusé des moda­li­tés de contrôle tota­le­ment irres­pec­tueu­ses ET de notre famille ET de nos droits, nous avons été signa­lés par l’ins­pec­teur d’aca­dé­mie de l’Ain, et sommes pour­sui­vis par le Procureur de la République de Bourg en Bresse, pour un délit que nous n’avons pas commis.
L’éducation natio­nale ne sait plus quoi faire pour nous faire plier, elle passe donc à l’inti­mi­da­tion en nous envoyant devant un juge.
Nous sommes accu­sés d’avoir « omis » de sco­la­ri­ser nos enfants après une mise en demeure de le faire de la part de l’ins­pec­teur d’aca­dé­mie. Non seu­le­ment nous n’aurions jamais « omis » de sco­la­ri­ser nos enfants, car nous aurions tout sim­ple­ment « refusé » haut et fort de le faire mais en plus, nous n’avons JAMAIS reçu de mise en demeure.

Plusieurs familles menacées :

L’étau se res­serre. Plusieurs famil­les se voient mena­cées, envoyées devant les juges, pour les mêmes rai­sons que nous : exiger res­pect et com­pé­tence de la part de celui qui vien­dra nous contrô­ler. Apparemment, c’est trop deman­der.
A court d’argu­ments, , ils ten­tent de nous faire passer pour une secte afin de nous faire plier.
Rendez-vous donc le 15 novem­bre 2011 devant le Tribunal Correctionnel de Bourg en Bresse, pour ceux qui sou­hai­te­raient nous sou­te­nir.

Nous avons fait une vidéo qu’on peut voir ici.

Et le reste des infor­ma­tions sur notre his­toire ici.

Sylvie

Vu sur Rebellyon, 28/09/2011

[USA] Réaliser l’impossible – La pratique du consensus chez les indignés

En réalisant L’Impossible – Sur la pratique de la décision au consensus

 Le 2 août, au tout premier rassemblement de ce qui allait devenir Occupy Wall Street, environ une douzaine de personnes s’assirent en cercle à Bowling Green1. Nous, « comité pour un mouvement social » auto-proclamé, qui espérait simplement exister quelques jours, avons évoqué une décision capitale. Notre rêve était de créer une Assemblée Générale à New-York : modèle pour des assemblées démocratiques que nous espérions voir surgir dans toute l’Amérique2. Mais comment voulions-nous que ces assemblées fonctionnent pratiquement ?

 

Les anarchistes réunis dans le cercle firent ce qui semblait, à ce moment, une proposition d’une ambition démesurée. Pourquoi ces assemblées ne fonctionneraient-elles pas exactement comme ce comité : au consensus.

 

Cela représentait, pour le moins, un risque énorme, car d’aussi loin que chacun d’entre nous se souvenait, personne n’avait jamais réussi à réaliser quelque chose de semblable auparavant. Le fonctionnement au consensus a été utilisé avec succès dans les spokes-council3 – activistes organisés en groupes affinitaires, chacun étant représenté par un simple porte-parole – mais jamais dans de grandes assemblées comme celle que nous espérions à New York. Même les assemblées générales en Grèce et en Espagne ne l’ont pas essayé. Mais le consensus était était la méthode la plus en correspondance avec nos principes. Aussi nous nous jetâmes à l’eau.

 

Trois mois plus tard, des centaines d’assemblées, grandes ou petites, fonctionnent maintenant au consensus dans toute l’Amérique2. Les décisions sont prises démocratiquement, sans vote, avec l ‘assentiment de tous. D’après la sagesse courante, rien de cela ne serait possible, et pourtant cela s’est passé – de la même façon que d’autres phénomènes « inexplicables » tels l’amour, la révolution, ou la vie même (à partir d’une particule élémentaire), se sont réalisés.

 

La démocratie directe adoptée par Occupy Wall Street prend ses racines profondes dans l’histoire de l’Amérique2 radicale.  Elle fut largement utilisée par le mouvement des droits civiques et par SDS (Étudiants pour une société démocratique)4. Mais sa forme courante s’est pratiquée dans des mouvements tels le féminisme et aussi au sein de traditions spirituelles (Quakers et Amérindiens), autant que dans le mouvement anarchiste lui-même. La raison pour laquelle la démocratie directe, basée sur le consensus, a été si clairement adoptée par l’anarchisme et identifiée avec lui est qu’elle incarne ce qui en est peut-être le principe le plus fondamental : de la même façon que des êtres humains traités comme des enfants ont tendance à se comporter comme des enfants, le moyen pour les encourager à agir comme des adultes mûrs et responsables est de les traiter comme s’ils l’étaient déjà.

 

Le consensus n’est pas un système de vote à l’unanimité ; la possibilité de bloquer une décision n’est pas un vote négatif, mais un veto. Pensons à l’intervention de la Cour Suprême déclarant qu’une proposition est en violation des principes éthiques fondamentaux – sauf dans le cas où une robe de juge habille quelqu’un qui a perdu tout courage. Les participants savent qu’ils peuvent stopper à chaque instant des échanges qui sortent des principes de base, ce qui se traduit par le fait qu’ils le font rarement.

 

Cela signifie aussi qu’un compromis sur des points mineurs s’obtient facilement ; le processus conduisant à une synthèse imaginative est vraiment l’essence de ce fonctionnement. Enfin, ce qui compte, c’est moins la question de savoir comment la décision finale a été obtenue – par un appel aux intentions de bloquer la décision, ou par des choix montrés avec les mains – que le fait que chacun ait pu jouer un rôle pour affiner et mettre au point la synthèse finale. Peut-être ne pourrons-nous jamais prouver, par la logique, que la démocratie directe, la liberté, une société basée sur des principes de solidarité, sont possibles. Nous pouvons seulement le démontrer en agissant. Dans les parcs et les squares d’Amérique2 les gens ont commencé à témoigner de cela dès qu’ils ont décidé d’y participer. Les Américains comprennent de plus en plus que la liberté et la démocratie sont nos valeurs suprêmes, et que notre amour de la liberté et de la démocratie est ce qui nous définit en tant que peuple – même si, de façon subtile mais continue, nous apprenons que la liberté et la démocratie véritables n’ont peut-être encore jamais existé.

 

À l’instant où nous réalisons l’erreur de cet enseignement, nous répondons : combien d’autres choses « impossibles » pouvons-nous réussir ? C’est maintenant, c’est de cette façon, que nous commençons à réaliser l’impossible.  

 

David Graeber  

 

Notes du traducteur

1 – Petite ville américaine

2 – Etats-Unis

3 – Le spoke council est basé sur le fonctionnement collectif de groupes affinitaires ayant un mode d’organisation libertaire, non-hiérarchique et décentralisée, apanage de manifestants prônant l’action directe contre des symboles du capitalisme (maintenant dénommés Black Blocs) ou par des adeptes de la désobéissance civile non-violente pour l’action directe.

Le groupe affinitaire comprend de 5 à 15 personnes, fonctionne au consensus et peut mener seul ou en lien avec d’autres des actions directes. Il prend en charge une tâche spécifique au sein de l’action collective : chaîne de protection, ravitaillement en eau, observatoire légal, confrontation avec la police, samba, information/témoignages,équipe médicale, intervention graphique…

Le spoke council réunit un porte-parole pour chaque groupe affinitaire. C’est une réunion essentiellement organisationnelle où chaque groupe affinitaire présente ses intentions par rapport à l’action, de manière à ce que tous puissent en avoir une vision globale. Le porte-parole, seul habilité à prendre la parole, peut être présent seul ou venir avec l’ensemble de son groupe qu’il pourra consulter à chaque fois qu’il faudra prendre une décision.

Le réseau de groupes affinitaires constitue ainsi un ensemble éphémère de production d’action politique dans lequel la division du travail relève d’une économie du don et non d’une coordination hiérarchique.

4 – SDS est une organisation étudiante américaine qui s’est inscrit dans le mouvement étudiant de contestation des années 1960. SDS a fédéré le radicalisme étudiant dans le contexte de l’opposition à la guerre du Viêt Nam et en développant des pratiques de démocratie participative et d’action directe. SDS a atteint100 000 membres en1968.

« Luc Chatel a menti »

Drame de Béziers

Publié le 15 octobre 2011

Notre collègue du lycée Jean-Moulins à Béziers qui s’est immolée est décédée. Nous sommes tous bouleversés voire traumatisés.

Nous sommes en AG depuis 2 jours et avons refusé d’accueillir les élèves en classe, et décidés une grève illimitée jusqu’à ce que les responsabilités soient établies.

Voici notre programme :

  • Lundi 17 :  8h, AG, après-midi marche blanche silencieuse avec un bandeau noir à Béziers
  • Mardi  18 :  8h AG, 14h départ pour une manifestation académique au rectorat de Montpellier
  • Mercredi 19 : obsèques ?
  • Jeudi 20 : 10h débrayage, commémoration de ce drame dans tous les établissements de France.

Nous souhaitons une mobilisation générale pour que la souffrance au travail cesse et que de tels drames ne se renouvellent plus.

Lise à dit en s’enflammant : « je le fais pour Vous »

Luc  Chatel a menti , elle n’était pas suivie médicalement, ni fragile, mais consciencieuse, compétente, aimant son travail et courageuse.

Nous comptons sur vous tous. Merci de diffuser ce mail à toutes vos connaissances afin d’alerter l’opinion, pour que l’éducation nationale ne devienne pas France-telecom.

F. PERU
Lycée Jean-Moulin- Béziers

Fichage des bambins à haut risque

Vers l’évaluation des élèves « à risque » dès 5 ans

Le nouveau dispositif se présente comme un outil de lutte précoce contre l’échec scolaire. Pas sûr que l’argument convainque les organisations syndicales.

Le dossier est explosif. Peut-on, dès la maternelle, repérer les enfants « à risque » et à « haut risque » ? Passer au crible les comportements et les apprentissages des élèves dès 5 ans ? L’idée devait être proposée par le ministère de l’éducation nationale aux inspecteurs reçus par petits groupes, rue de Grenelle, à compter du mercredi 12 octobre. Objet des réunions : l’éventuelle mise en place d’une évaluation de tous les élèves de grande section de maternelle. Un livret appelé « Aide à l’évaluation des acquis en fin d’école maternelle », que Le Monde s’est procuré, détaille précisément, en vingt-deux fiches, un protocole très normé.
L’évaluation est prévue en trois phases. Entre novembre et décembre, une première phase dite de « repérage » : l’enseignant passerait au crible le comportement à l’école, le langage, la motricité et la « conscience phonologique » des élèves. La deuxième phase consisterait en un « entraînement progressif (…) avec les enfants repérés à risques lors de la phase1 ». Enfin, une étape bilan, entre mai et juin, permettrait de faire le point sur les acquis des élèves par des « séries d’épreuves collectives ou en petits groupes – d’une durée d’environ trente minutes par série ».

CLASSEMENT DES ENFANTS EN TROIS CATÉGORIES

Une partie du livret d’évaluation porte sur le « devenir élève ». Une façon politiquement correcte d’évoquer le comportement des enfants. L’enseignant devrait, entre autres, noter si l’élève « respecte les autres » et « contrôle ses émotions ». « L’enfant devenu élève agit de manière à respecter l’intégrité de toutes les personnes et de son environnement ; il ne les agresse pas, il a recours à la parole en cas de désaccord ou de conflit », peut-on lire dans le document. On n’est pas loin du bilan médical – et confidentiel – que les médecins faisaient passer aux enfants dans leur 6e année. Le protocole prévoit d’ailleurs d' »articuler le bilan de santé et l’évaluation des acquis ».

Enfin, le vocabulaire choisi risque de faire grincer des dents, de même que le classement des enfants en trois catégories : « RAS » (pour « rien à signaler »), « risque » et « haut risque ». Le maître devrait remplir une « fiche élève » et une « fiche classe » reprenant les « scores » obtenus par les enfants aussi bien pour leur comportement que pour leur maîtrise du langage, leur motricité ou leur conscience des syllabes (phonologie).

Ainsi, un enfant qui, à 5 ans, obtiendrait moins de 2 points en comportement à l’école serait classé « à haut risque ». Une approche qui n’est pas sans rappeler la proposition faite par le secrétaire d’Etat à la justice, Jean-Marie Bockel, en novembre 2010, de repérer les troubles du comportement dès 3 ans. Ou encore une expertise de l’Inserm, rendue publique en septembre 2005, qui pointait l’insuffisance du « dépistage du trouble des conduites » chez les enfants.

« CELA RESTE UN CHOIX INDIVIDUEL »

Le nouveau dispositif se présente comme un outil de lutte précoce contre l’échec scolaire. Pas sûr que l’argument convainque les organisations syndicales. L’évaluation en maternelle n’est pas tout à fait nouvelle, mais le dispositif actuel est facultatif : il s’agit d’une liste de fiches, proposées comme un outil que les enseignants utilisent ou non. « Cela reste un choix individuel », témoigne Laetitia Bordeau, 35 ans, professeure des écoles dans le Val-d’Oise. « Evidemment qu’en évaluant les élèves, on est aussi attentif à leur comportement, et ce dès la petite section de maternelle, l’idée étant de les préparer au mieux au CP, reconnaît-elle. Il faut aider l’enfant à devenir élève. Mais de là à le cataloguer… » Ce nouveau protocole d’évaluation pose, de fait, la question du rôle de l’école maternelle. « Les enseignants savent très bien identifier les enfants qui ont besoin d’un accompagnement particulier », estime Christian Chevalier, secrétaire général du SE-UNSA. « Ils n’ont nul besoin d’un dispositif inadapté qui va transformer la maternelle en structure de sélection, alors qu’elle n’a pas vocation à trier les élèves », s’insurge-t-il.

Même constat, inquiet, de la part de Pierre Frackowiak, inspecteur honoraire de l’éducation nationale : « Tests en CE1, en CM2, et aujourd’hui en maternelle… L’évaluation gangrène tout le système. La place que la maternelle accordait au jeu, au plaisir quotidien, me semble aujourd’hui fortement menacée par ce type de procédé. » Dans le livret à destination des enseignants, il est précisé que « les taux nationaux de réussite seront calculés sur échantillon représentatif et diffusés pour permettre à chaque école de se situer par rapport à une valeur nationale ». Revoilà exactement ce dont les enseignants ne veulent pas : une possible publication des résultats école par école, donc un palmarès des meilleurs établissements dès la maternelle ! « En évaluant toutes les écoles, on crée un potentiel instrument de classement que quelqu’un finira bien par exploiter », craignait déjà Thierry Cadart, secrétaire général du SGEN-CFDT, à propos des évaluations mises en place à l’école élémentaire en 2008.

MARCHE ARRIÈRE FACE AU TOLLÉ DES TESTS RENDUS PUBLICS

Xavier Darcos, le prédécesseur de Luc Chatel au ministère de l’éducation nationale, avait annoncé, dans un premier temps, que les résultats des tests de français et de mathématiques en CM2 seraient rendus publics. Avant de faire marche arrière face au tollé de la profession. Cette intention, perçue comme une volonté de mise en concurrence des établissements, a suffi à discréditer toute la politique d’évaluation.

Le 14 septembre, le Haut Conseil de l’éducation rendait un rapport assassin dans lequel il remettait en cause l’ensemble du système actuel d’évaluation. Il préconisait de « confier à une agence indépendante la mise en œuvre » des évaluations des acquis des élèves, estimant « essentiel que, dans notre démocratie, les données concernant les résultats de notre système éducatif soient objectives et transparentes, donc incontestables ».

Un mois après cette salve, pas sûr que les inspecteurs de l’éducation nationale reçus au ministère accueillent favorablement l’hypothèse de nouvelles évaluations.

Le Monde – 12.10.11 – Maryline Baumard, avec Mattea Battaglia et Aurélie Collas

Pour l’émancipation éducative, pour l’émancipation sociale !

  mardi 27 / 09 / 2011

POUR L’EMANCIPATION EDUCATIVE, POUR L’EMANCIPATION SOCIALE !

Hémorragie de postes, formations sacrifiées, précarisation-flexibilisation, accumulation des tâches… cette saignée de l’éducation s’inscrit dans le grand désossage de tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à de la solidarité sociale. Ces attaques portées sur tous les secteurs de la société éclatent au grand jour, et sont une évidence partagée de tous, bien au-delà des cercles militants.

Ces attaques s’inscrivent dans une progression par étapes : l’économie capitaliste, en se financiarisant sans cesse, pérennise et sécurise le  processus d’accumulation de la plus-value sur le travail entre les mains du capital et de l’Etat, et au détriment de tous. Par l’accaparement des biens sociaux, le capitalisme est un dispositif autoritaire de contrôle social. La dépossession économique des populations équivaut à la privation des décisions politiques qui devraient leur revenir. Il nous semble important de rappeler, contre le discours d’une gauche qui réclame « plus d’Etat » comme gage de démocratie et de protection sociales contre le capital, que l’Etat a toujours été son corollaire. Il n’y a pas plus de « bon » Etat que de « bon » capitalisme, pas plus d’autorité brutale « acceptable » que d’exploitation humaine « acceptable ». Ainsi l’école de l’Etat ne fut notoirement développée, de Bonaparte à Ferry, que pour court-circuiter les mouvements d’émancipation sociale, endiguer l’éducation populaire, inculquer l’obéissance à l’Etat et au patronat dès le plus jeune âge.

Les attaques portées aujourd’hui contre l’éducation ne concernent pas que le volet budgétaire qui aurait pour seul but de privatiser l’enseignement et d’alléger la dette de la France. Elles consistent aussi en une répression des personnels et des étudiant-e-s en lutte, en des contenus pédagogiques rétrogrades, amputés de toute critique sociale, prônant une communion d’adhésion à l’Etat, au marché capitaliste, au militarisme, gommant toute analyse de classes ; en un renforcement de l’évaluation-tri social, de la sanction humiliante, de la hiérarchie y compris au sein des profs ; en un moulage dans des « compétences » et « savoir-être » adaptés aux répugnantes exigences de l’exploitation salariale ; en un retour de la « morale » et de la « rééducation » militaire, en une banalisation de la présence policière, en un développement de la biométrie, de la vidéosurveillance et d’un tout-numérique voué au fichage généralisé et pérenne des élèves et des personnels. Bien loin de « reculer», l’Etat réaffirme au contraire avec force sa nature illégitime et « régalienne » : celle de la répression, du racket légalisé et du monopole. La pseudo-fonction « sociale » de l’Etat n’a jamais été qu’une escroquerie : en réalité, la prise en charge des solidarités sociales par l’Etat ne fut jamais qu’un moyen de faire taire les luttes d’émancipation.

Quant à nous, hors de question de réclamer quoi que ce soit à l’Etat, et certainement pas plus de « moyens » pour une « politique éducative » dont le but flagrant est le tri social et l’assujettissement par le flicage. Nous sommes pour des services publics d’éducation autogérés, axés sur le développement des solidarités. Nous ne comptons que sur nos luttes, au sein du système et contre lui. Nous comptons aussi sur la mise en place d’alternatives éducatives favorisant l’égalité, l’entraide, l’abolition des hiérarchies profs-élèves et, enfin, la liberté totale des recherches par et pour les gens eux-mêmes, en fonction de leurs besoins. Nous rejetons totalement l’instauration d’un système de compétitivité par compétences et performances dès l’école élémentaire – prémisse d’une société vouée à la négation du bien-être social et individuel. Cette lutte pour l’autogestion éducative ne peut être menée que par les acteurs de l’éducation, et donc à notre sens par les élèves eux-mêmes, les enseignants et les parents. Elle doit aussi s’inscrire dans le cadre plus large d’une lutte collective d’ampleur pour l’émancipation sociale, pour mettre enfin à bas l’idéologie absurde et mortifère du pouvoir.

Pour l’émancipation éducative, pour l’émancipation sociale !

Groupe Pavillon Noir – Fédération Anarchiste 86

http://fa86.noblogs.org/pavillon-noir@federation-anarchiste.org