Archives de catégorie : Décroissance libertaire

A propos de la pollution aux microparticules

NdPN : un texte polémique, nécessitant un débat critique, pour nourrir nos réflexions sur le « Progrès ».

Respirer tue – Rationnons l’air pur

mercredi 19 mars 2014 par  Tomjo

Hier encore, un smog « cancérogène certain » s’est abattu sur nous. Jour après jour, on apprend à  reconnaître ce goût métallique qui empâte la bouche. On vit dans la poisse. Cette poisse mortelle nous défend de courir, faire du vélo, sortir les enfants, respirer à pleins poumons. Surtout, elle nous prépare à la vie rationnée. Ce 17 mars, l’État a substitué une armée de 700 policiers aux habituels ingénieurs en fluidité routière pour faire respecter la circulation alternée des bagnoles. Après l’eau, denrée rare et viciée, l’air deviendra-t-il aussi une marchandise vendue pour raison d’épuration ?Faut-il rappeler aux fabricants de voitures et aménageurs de territoires, que ce n’est pas la faute du soleil, ni des vents si 1,3 million de citadins crèvent chaque année de l’air qu’ils respirent ? (1) Si l’industrie, les épandages agricoles et le chauffage au bois ont leur part de la pollution, celle-ci vient en grande partie des pots d’échappement, de l’usure des pneus et de l’asphalte, des garnitures de frein et d’embrayage (à l’origine des microparticules).

Pour un désastre alternatif

Les dirigeants des métropoles et de l’État ont leur coupable, le « lobby du diesel », pour se décharger de la responsabilité du désastre sanitaire. En pleine campagne municipale, les écologistes de toutes les métropoles font valoir leur bilan dérisoire : un centre-ville piéton accueille désormais les chalands flânant entre les marchandises importées du Bangladesh. Ils repartent en bus ou en Velib sans ralentir l’explosion du trafic. « Le combat des couloirs de bus » : ainsi parlait le chef de file des Verts lillois.(2)  C’est à s’étouffer. Il y a quelques semaines, les médias s’enthousiasmaient du retour des embouteillages : signe de relance économique. Les villes continuent de s’engorger, l’A1 dégueule ses camions et la Chambre de commerce s’impatiente d’un nouveau périphérique pour « désengorger » la métropole lilloise. Vingt ans de politique écologiste pour crever sous les microparticules (après l’amiante et en attendant les nanotubes de carbone, nanoparticules encore plus intrusives que les microparticules). Connaissez-vous les ambitions Vertes pour la prochaine mandature ? Des fleurs sous le métro aérien, des bâtiments basse consommation pour abriter les nuisances High Tech (3), des toitures végétales au dessus des « fab labs » et une fuite en avant qu’ils nomment « alternatives ».

Qu’ils soient écologistes ou non, ils nous laisseront choisir notre mort. Entre la bagnole au pétrole ou le métro à l’uranium. La campagne municipale à Amiens tourne autour de la construction du Tramway. Le Grand Paris sera bientôt ceinturé d’un nouveau RER. En 2016, le métro entre Lille et Roubaix sera doublé et le débat sur l’opportunité d’un « tram-train » relancé. Areva, EDF et les constructeurs automobiles se réjouissent de la transition énergétique vers une « économie décarbonnée », les ventes de véhicules électriques ont augmenté de 50 % en 2012 et les voitures hybrides de 60 %.   Autolib – automobile et liberté.

La Voix du Nord clame à tue-tête les bienfaits de cette néo-industrie qui réglera les problèmes de la raréfaction du pétrole et des microparticules. Avec Arnaud Montebourg au chevet de l’économie nordiste, elle se félicite de ce que notre grande région automobile – « 30 % des véhicules produits en France, 40 % des moteurs et 50 % des boîtes de vitesse » (4) – pourrait se tourner vers « l’électromobilité » : voitures électriques, avions électriques, TGV électriques et voitures à pilotage automatique. Les 13 et 14 février derniers, l’école Centrale de Lille accueillait un salon de la « chimie du végétal ». La Voix s’empresse d’applaudir le laboratoire lillois EuroBioRef dans son ambition de créer des bioraffineries (carburants végétaux) grâce à l’industriel du petit pois Bonduelle et aux financements de la Région. Ils n’arrêteront  jamais.

Dans son dossier sur les municipales à Lille, Le Monde s’enthousiasme pour le réaménagement du port fluvial : « Le responsable [de Voies navigables de France] souhaite doubler le trafic fluvial d’ici 2020, le portant à 2 millions de tonnes. » (5) Celui-ci accueillera bientôt les porte-conteneurs de 4 000 tonnes grâce au canal Seine-Nord que tout le monde attend. Plus de bagnoles, plus de péniches, plus de métros, plus de marchandises. Et finalement, plus de nuisances et plus de contrôle.

L’écologie du rationnement

Les plus visionnaires planifient la suite. Si la gratuité des transports en commun ne suffit pas à « modifier les comportements » des automobilistes et abaisser le taux de microparticules, il faudra contraindre. Circulation alternée et péages urbains nourrissent déjà des usines à gaz militaro-bureaucratiques : droits d’émissions, restrictions, dérogations. « En Europe, deux cents villes restreignent leur accès aux véhicules polluants. » (6) À Stockholm ou à Londres, le paiement est automatisé grâce aux bornes de lecture des plaques minéralogiques par vidéosurveillance. À Londres, toute infraction au règlement écologique est réprimée d’une amende de 600 euros. Ce qui exige un fichier des plaques d’immatriculation associé au poids des voiture, comptes bancaires et identité des automobilistes.

Même si la France retarde dans les restrictions de circulation, des mesures contraignantes sont déjà prises. Au plus fort de la pollution, les nationales et autoroutes du Nord ont vu la réduction de vitesse passer de « recommandée » à « obligatoire ». 45 euros d’amende aux contrevenants. L’écotaxe du gouvernement prévoyait de surveiller les routiers au kilomètre près grâce à la géolocalisation des camions et au contrôle vidéo. On vous passe les capteurs sur les routes et les cartes de transports RFID propres à fluidifier la surpopulation urbaine. Le filet de sécurité écologique se resserre.

Face aux épidémies de cancer, asthme, insuffisances respiratoires ou pneumonie, vous pourrez compter sur un contrôle sanitaire au plus près de vos pathologies. En attendant votre t-shirt intelligent enregistrant en permanence rythme respiratoire et battements de cœur, vous pouvez rendre visite à votre médecin tous les six mois pour un dépistage couvert par le dernier « Plan Cancer » et les cotisations sociales versées par l’industrie automobile. Préventif, votre médecin en profitera pour vous inculquer les bonnes pratiques en milieu toxique : arrêter la clope, le vin et votre mode de vie pathogène. Et pour votre jogging, n’oubliez pas votre masque à oxygène intelligent, acheté chez Décathlon.

On disait « libre comme l’air ». Mais tout ce qui était libre et gratuit se marchandise pour raison de gestion. Vous savez bien, quand c’est gratuit « les gens » gaspillent et dégradent. L’eau est viciée ? Elle ne suffit plus à abreuver les millions de métropolitains entassés ? Il faut la pomper depuis les sous-sols, l’assainir, la comptabiliser ? Entretenir les cuves et les kilomètres de tuyaux ? Régies publiques et compagnies privées se chargent déjà de la rationner. Question de survie. Le programme de vie hors-sol comprendra le compteur à oxygène individuel, les usines de retraitement de l’air vicié, les bouteilles d’air conditionné riches en oxygène. Danone et Nestlé lanceront des bouteilles individuelles d’air parfumé. Le Front de Gauche manifestera pour la gratuité des premiers mètres cubes d’oxygène et le retour en régie publique des sociétés d’assainissement d’air.

50% de la population mondiale vit en ville. Nul besoin d’habiter Pékin ou Mexico pour savoir que cette concentration de bagnoles, d’usines et de marchandises concentre surtout la pollution. Or, cette concentration s’accélère : quelle métropole « attractive » n’a pas son programme pour une ville dense ? Plus d’entreprises, de pôles d’excellence, d’universités feront plus de transports, de fumées toxiques, de cancers. Les « alternatives » qui n’en sont pas, et les mesures de contrainte écologique imposeront, quoi qu’il nous en coûte en terme de liberté, la circulation des marchandises et le « développement des territoires ».

Ce n’est pas seulement le « lobby du diesel » qui tue, mais la société industrielle.

Tomjo

Lille, le 17 mars 2014

http://hors-sol.herbesfolles.org/

Vu sur Pièces et main-d’œuvre, 17 mars 2014

Retour sur la manif du 22 février à Nantes

Les autorités sont prévenues : retour sur la manif du 22 février à Nantes

Récapitulons
Dans les années 1960, le projet d’un nouvel aéroport près de Nantes sort de terre, avec des projections économiques radieuses à la mode capitalisme trente glorieuses. Projet vite mis en cartons à la suite du choc pétrolier et des contestations (déjà !), mais les terres sont soigneusement protégées du remembrement alors en cours. Le fumeux projet ressort des poubelles administratives de l’État avec la gauche-garcimore en 2000, par un tour de passe-passe en force de Jospin (PS), Gayssot (PCF) et Voynet (Verts). L’aménagement est prévu sur une ZAD (zone d’aménagement différé) de près de 2000 ha, zone humide bocagère d’élevage et de petites cultures sise entre trois bourg ruraux. Sont aussi prévues une voie rapide routière, reliant les axes Nantes-Vannes et Nantes-Rennes, ainsi qu’une desserte ferroviaire. Hôtels et supermarchés viendraient compléter ce tableau d’un désert métropolitain digne de ce nom.
Mais la contestation reprend de plus belle : les réunions publiques sont perturbées et des manifestations diverses s’organisent. En 2007, un premier squat voit le jour dans une maison laissée à l’abandon. En 2009, le Camp Action Climat choisit le site de Notre-Dame-des-Landes pour débattre sur la question environnementale. Trois semaines de débats et d’actions ont lieu, un appel à venir habiter la zone est lancé, c’est le début de la plus grande zone de squat rural d’Europe. À peine les maisons sont-elles rachetées par Vinci qu’elles sont réinvesties. Les habitants « historiques » voient débarquer à leurs côtés, avec une curiosité parfois mêlée d’incompréhension, des gens souvent jeunes et politisés, qui s’installent ici pour un tas de raisons différentes : l’opposition à ce projet cristallise un grand nombre de thématiques de lutte, en lien les unes avec les autres, contre les logiques absurdes du capitalisme, de l’État, de la consommation, de la dévastation écologique… Au début, la cohabitation n’est pas simple ; valeurs et modes de vie divergent, à l’image des catégories qui nous divisent. Mais rapidement, le fait de vivre ensemble sur un même territoire l’emporte, et composer ensemble dans la vie quotidienne et dans la lutte n’est plus seulement une nécessité, mais un désir. Là où le rouleau compresseur devait détruire des terres, des liens, la vie, là où l’individualisme et les rapports marchands devaient encore remporter une victoire, naît une communauté de liens. Là où l’État est repoussé, naît une créativité incroyable, rendant caduques toutes les catégorisations habituelles des pouvoirs faisant de nous des « populations » sous contrôle (sus à l’Insee !)

Pourquoi le 22 février ?
En réponse aux déclarations et aux signes de nouvelles tentatives d’expulsion à venir, les différentes composantes de la lutte contre le projet d’aéroport se sont une fois de plus entendues sur une manifestation, à un moment crucial contre les porteurs de projets (élus et Vinci) : l’échéance du mois de mai pour le « transfert » des espèces animales protégées (procédure obligatoire) contraint les autorités à l’offensive, sous peine de repousser ledit transfert à l’automne. Néanmoins, à un mois des municipales, la marge de manœuvre des « socialistes » est réduite. C’était donc le moment de manifester à nouveau de tous nos sabots contre la machine productiviste.
Les différentes composantes de la lutte (paysans, habitants historiques et zadistes, Acipa, naturalistes, etc., désolé pour les catégories) arrivent donc de cette campagne que l’on veut détruire et soumettre, débarquant dans la ville-métropole de Nantes, espace artificialisé par excellence au cœur des pouvoirs locaux.
La veille de la manif, le préfet annonce que tout l’hypercentre de Nantes sera déclaré « zone rouge », y compris le Cours des 50 otages, lieu de passage traditionnel des manifestations nantaises – ce qui a irrité plus d’un démocrate (j’en ai vu, il en reste !). Voici donc le parcours initialement prévu réduit de près de ses deux tiers ; les organisateurs, pris de court, décident d’allonger le parcours au sud.
La veille et le matin même, les Nantais découvrent leur ville littéralement assiégée par la police et la gendarmerie : de nombreuses rues sont bloquées, des fourgons de force anti-émeutes sont garés en masse. On croirait presque le comité d’accueil d’un contre-sommet !

Et c’est parti !
Le départ s’effectue devant la préfecture : sur la voie publique, les gens s’entassent de tous côtés avec les plus hétéroclites déguisements et façons de s’exprimer. Une cabane se monte dans un platane au-dessus de nos têtes pour bien symboliser le « échangeons les rôles » qui préfigure cette journée. D’énormes tritons marbrés habillent des tracteurs, qui déambulent sur le bitume chauffé par des dizaines de milliers de joyeux lurons.
Rue de Strasbourg, une enseigne de Vinci Immobilier protégée par quelques planches est brisée, la déco intérieure change de style — les plantes qui s’y trouvaient sont sauvées par de charitables âmes. Plus loin une foreuse Vinci, en plein burn-out, décide de s’immoler par le feu.
Arrivés à la station de tram Commerce, où le premier parcours devait filer pour remonter le Cours des 50 otages, une vingtaine de tracteurs sont contraints à l’arrêt, devant un canon à eau de la police et des grilles anti-émeutes, sur lesquelles des dizaines de manifestants tapent en guise de sommation aux forces de l’ordre qui bloquent le parcours décidé collectivement. Mais les casqués ne l’entendent pas de cette oreille. Dès les premiers œufs de peinture, entachant le bel uniforme bleu foncé du sympathique corps de la gendarmerie mobile, les premières grenades lacrymogènes sont tirées.
Pendant ce temps, les premières supputations tombent sur le nombre exact de participants à la manif… mais qu’est-ce qu’on s’en fout ! Si l’on devait s’en tenir aux dires de trucmuche et de machinchouette, voilà bien longtemps que les travaux seraient déjà en cours. Ce n’est pas d’apprendre par les médias le nombre exact d’opposants qui se trouvaient en face d’eux qui a fait reculer les gendarmes mobiles dans leur tentative d’expulsion de la zone en octobre 2012, mais bien la solidarité et la détermination de tous les gens qui ne se sont pas contentés de rester assis en travers de la route ou d’attendre quelque bon geste de la froide mécanique d’État. En attendant, la place bondée de monde est enfumée par les agents chimiques lacrymogènes, et les tracteurs déguerpissent face à l’attaque policière menaçant leur outil de travail. Le canon à eau commence son arrosage, histoire de mettre les sauveurs de zones humides dans leur élément. S’ensuivent quelques minutes plus tard le peinturlurage et la tentative de mise à sac du commissariat de police, situé à l’arrière. Sur la place, les encapuchados (comme on les appelle en Amérique latine), arrivés après les premières salves de lacrymo, s’affairent à relancer les palets incandescents et à distribuer des mélanges eau-maalox aux manifestants aveuglés.

Nos chers médias
On ne le dira jamais assez, merci à tous les médias de masse d’avoir suivi l’événement. Alors que les manifestants de Kiev tirant à balles réelles sur la police sont présentés comme des héros par les journalistes, que l’Union européenne décerne en grande pompe le label Révolution à l’Ukraine, Nantes aurait, ce 22 février, fait face à la « terreur » ! Alors que les engins de Vinci transforment des paysages en champs de ruines et que l’État déverse des milliards d’argent public dans une foule de grands chantiers public-privé aussi inutiles que nuisibles, des tags bariolant des murs et des pubs, quelques pavés descellés et neuf vitrines fêlées ou brisées à Nantes (Vinci, banques, agences immobilières et touristiques…) seraient un « saccage » et une « dévastation » ! Pour pasticher Magritte, cela n’est pas de la violence, c’est l’image de la violence.
Merci d’émanciper celles et ceux que l’on aime de leurs dernières croyances en « l’objectivité journalistique ». Merci de démontrer que des années de débats pipés et unilatéraux n’auront pas suffi à convaincre de l’utilité d’un nouvel aéroport, mais que seule la construction d’un rapport de force véritable a permis et permet toujours de faire reculer le projet. Merci de démontrer, moult images d’affrontements à l’appui, l’inanité de la seule contestation que vous tolérez, uniquement symbolique, qui ne se préoccupe que de « l’opinion publique » (un fantôme que les journalistes affectent de connaître aussi bien qu’ils ignorent superbement nos vies réelles).

Ensemble, on a déjà gagné
Ce jour-là, plus encore qu’à l’habitude, les étiquettes et catégories imposées ont volé en éclats. Tout le long de la manifestation, on pouvait ressentir un côté festif très fort, et beaucoup de joie. Même au « cœur » des affrontements, quand un mouvement de foule spontané se créait, pétards, feux d’artifice et joie d’avancer laissaient un large sourire à plein de gens, malgré les lacrymos. Des personnes de tous âges et toutes situations étaient là, ensemble. Certains tenaient des banderoles bigarrées, d’autres chantaient, d’autres faisaient du théâtre improvisé, d’autres lançaient des projectiles, d’autres en préparaient, d’autres s’occupaient des nombreux blessés atteints par les tirs de la police, d’autres aussi, les plus nombreux, parfois faute d’organisation, étaient juste là, ce qui était déjà beaucoup ; ils participaient pleinement à la lutte par leur présence, leur solidarité et leurs sourires. Quelques personnes, de temps en temps, s’enquéraient du pourquoi du comment, d’autres gens choisissaient de faire face à la police, initiant ainsi de nouvelles conversations. Bref, dans la multiplicité des idées et des moyens, une joie commune de la lutte ! Bien loin, donc, des indignations et condamnations de certains pontes politiques stigmatisant et dissociant les « casseurs ». Laissons-leur ce triste souci de préserver une image de respectabilité dérisoire, auprès des véritables casseurs au gouvernement, qui brisent nos vies au quotidien, et ont blessé (et mutilé) de nombreux manifestants ce jour encore.
Cinq cent vingt tracteurs, 50 000 manifestants environ. Tout le monde s’accorde à dire que cette manif était la preuve d’une montée en puissance du mouvement de lutte contre ce projet. Les autorités, si elles s’avisaient de marcher sur les plates-bandes de la ZAD, sont une fois de plus prévenues.

Raoul Mapoule et Sim Camille, Le Monde Libertaire n° 1734 (13-19 mars 2014)

1. Acipa: Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

[Poitiers] Les particules du progrès

NdPN : et c’est reparti pour un air saturé en petites particules dégueulasses. Avec le capitalisme démocratique, tout le monde a le droit de sniffer le progrès à plein nez, même les éco-citoyens qui alternativent à pieds ou à vélo.

Pollution de l’air : les taux vont baisser demain

Dans le département de la Vienne, on enregistre actuellement une forte concentration de particules en suspension (91 µg/m3 à Poitiers Avenue de la Libération et 82 µg/m3 à Poitiers centre en moyenne sur 24 heures à 8h00). Eu égard aux prévisions, ATMO Poitou-Charentes (Association Régionale pour la mesure de la qualité de l’air) estime que les niveaux pourraient baisser dans la journée de demain. Il est recommandé à l’ensemble de la population d’éviter toutes activités physiques et sportives intenses; de veiller à ne pas aggraver les effets de la pollution par d’autres facteurs irritants des voies respiratoires, tels que l’usage de solvants ou de peinture sans protection appropriée, et surtout par la fumée de tabac; de respecter scrupuleusement un traitement médical en cours ou de l’adapter après avis de son médecin. Ces recommandations n’interdisent cependant pas les sorties en plein air. Il est recommandé à toutes les personnes qui le peuvent d’éviter d’utiliser leur véhicule à moteur personnel ou, du moins, de limiter leur vitesse, de pratiquer le co-voiturage, et de privilégier les transports en commun, le vélo, la marche à pied…

Nouvelle République, 12 mars 2013

[86] Les éoliennes ne tournent que dans le sens du profit

NdPN : absence de concertation, bail unilatéral… les grandes éoliennes c’est la dépossession « renouvelable » ! L’alternative ne consiste pas à ajouter de nouvelles sources d’énergie à l’horreur nucléaire, mais à en finir avec le productivisme induit par le capitalisme, et avec son cortège de dispositifs reléguant les habitants à l’état d’accessoires.

Inquiétudes et interrogations autour des projets éoliens

« Soixante-dix machines sont prévues dans un rayon de 7 km », indique Didier Pierre, président de l’association Bocage et patrimoine.

Tilly (frontière de la Vienne et de l’Indre). Près de cent trente personnes étaient rassemblées, dimanche pour une réunion d’information sur les éoliennes.

Ils sont venus de l’Indre, de la Vienne et de la Haute-Vienne. Tilly, commune du Parc naturel régional de la Brenne, à la lisière de ces trois départements, est également le siège social de l’association Bocage et patrimoine. Son président, Didier Pierre, a animé, samedi soir, une réunion d’information pour « évoquer la multiplicité des projets d’implantation d’éoliennes dans le secteur ». La prise de position est lancée d’emblée : « Les informations sur l’implantation d’éoliennes ne sont fournies que par les promoteurs. Nous voulons vous donner l’autre version, vous dire ce qui n’est pas souvent dit ».

«  Contrat unilatéral  »

« Soixante-dix machines sont prévues dans un rayon de 7 km », précise Didier Pierre (1). Parmi les principales craintes qui accompagnent ces projets : « Le bruit, la dépréciation foncière des maisons, la destruction des paysages, les nuisances sur le bétail… » Carl Dunning-Gribble, qui réside à Bonneuil dans l’Indre, a été sollicité pour installer des éoliennes sur ses terrains. Il témoignait, samedi : « On nous proposait en échange 6.000 € par an, par éolienne. J’ai alors fait des recherches et je me suis rendu compte que l’on nous attire avec des loyers attractifs, mais qu’ensuite, tous les engagements financiers retombent sur le propriétaire. Le bail est unilatéral : une fois que c’est signé, les promoteurs ont tous les droits. S’ils peuvent résilier le contrat quand ils le souhaitent, nous ne le pouvons pas. La loi prévoit 50.000 € d’indemnités pour le démantèlement d’une éolienne. En réalité, cela revient à au moins 300.000 €. Pour le financer, les propriétaires n’ont en général que deux possibilités : vendre d’autres terrains, ou bien laisser une friche industrielle chez eux ».

(1) L’association a recensé les projets en cours dans la région : six éoliennes à Beaulieu ; trois à Jouac (87) ; trois à Bonneuil ; dix à Chaillac (36); sept à Tilly ; vingt à Thollet ; douze à Verneuil-Moustiers (87) ; six à Lussac-les-Églises (87).

Naëlle Le Moal, Nouvelle République, 11 mars 2014

Une étude de G.-E. Séralini révèle que les pesticides sont deux à mille fois plus toxiques qu’annoncé

Les pesticides, « deux à mille fois plus toxiques » qu’annoncé, dit une étude

Le biologiste Gilles-Eric Séralini, déjà à l’origine de l’étude controversée mettant en cause le maïs OGM NK 603 et le pesticide Roundup de Monsanto en 2012, remet le couvert. Avec ses collègues de l’université de Caen et du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen), il signe cette fois une étude sur la toxicité des pesticides sous leur forme commerciale – c’est-à-dire assaisonnés d’adjuvants – et non plus limitée à la substance active, jusqu’alors seule prise en compte.

Différence notable : un institut public légitime cette nouvelle étude.

Jusqu’à « 1056 fois plus toxique » qu’annoncé

Les résultats de l’étude de Séralini en mettent à nouveau plein la vue : dans leur composition intégrale, les pesticides seraient de « 2 à 1 000 fois plus toxiques » pour les cellules humaines que lorsqu’ils sont considérés à partir de leur seule substance active.

Elle conclut que sur neuf des « principaux » pesticides utilisés dans le monde (dont le Roundup), « huit formulations sont clairement en moyenne des centaines de fois plus toxiques que leur principe actif ». Et jusqu’à « 1 056 fois plus toxique » pour le pesticide à base de tébuconazole (un fongicide autorisé en France).

En cause, selon Séralini et ses équipes, les adjuvants, qui « sont souvent confidentiels et déclarés comme inertes par les fabricants ».

Une étude automatiquement controversée

Les résultats de cette nouvelle étude pâtissent du statut controversé du professeur Séralini, dont la précédente étude choc avait été publiée puis retirée de la revue Food and Chemical Toxicology, celle-ci estimant que « les résultats présentés, s’ils ne sont pas incorrects, ne permettent pas de conclure ».

De même, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) en avait contesté les protocoles, le nombre de sujets étudiés (200 rats) étant jugé trop faible.

L’Anses notait néanmoins alors « l’originalité de cette étude » abordant le sujet, « jusqu’ici peu étudié », des effets à long terme (deux ans, en l’occurrence) des OGM associés aux pesticides.

Séralini affirmant de son côté que la marche arrière de Food and Chemical Toxicology était motivée par l’arrivée dans le comité éditorial de la revue de Richard Goodman, un biologiste ayant travaillé pour Monsanto.

L’Inserm alerte sur la question des adjuvants

Mais cette nouvelle étude de Séralini sur la toxicité effective des pesticides en formulation, publiée dans la revue Biomed Research International, fait cette fois écho au récent rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

En juin dernier, dans une longue publication [PDF] consacrée aux effets des pesticides sur la santé, l’Inserm avait déjà alerté sur la question des adjuvants, confirmant que ces derniers « peuvent posséder leur propre toxicité ou interférer avec la substance active ».

Ce que l’étude de Séralini prétend aujourd’hui brutalement démontrer. Ce qui contredit également Eugénia Pommaret, directrice de l’Union des industries de la protection des plantes (Uipp), perçue comme le « lobby des fabricants de pesticides », lorsqu’elle déclare : « Tous les pesticides étudiés dans la publication [de Séralini] ont déjà été pleinement évalués avec des études de toxicité in vivo. Ces études doivent confirmer l’absence d’augmentation significative de la toxicité de la formulation par rapport à la toxicité de la substance active seule. »

« Ce qui est testé n’est pas ce qui est employé »
L’association Génération Futures, qui mène un combat de longue date contre les pesticides, s’est félicitée de cette nouvelle étude : « [Elle] remet en cause le mode de calcul des doses journalières admissibles calculées aujourd’hui à partir de la toxicité de la substance active seule, ainsi que la procédure d’évaluation du risque des pesticides qui ne prévoit pas l’obligation de tests pour la toxicité chronique des pesticides en formulation. »

Son porte-parole, François Veillerette, a ensuite réagi à la communication de la directrice de l’Uipp : « C’est d’autant plus inacceptable que l’Anses elle-même a relevé le manque des tests sur les effets chroniques des pesticides tels qu’ils sont vendus et utilisés. Ce qui est testé n’est pas ce qui est réellement employé par les agriculteurs. »

Pesticides : un manque de transparence avéré

Au terme de son rapport de 150 pages, l’Inserm – établissement public hors de tout soupçon de partialité – soulignait déjà « le manque de transparence en termes de composition intégrale des produits (adjuvants) pour des raisons de secret industriel ».

Joint au téléphone, Xavier Coumoul, cosignataire de ce rapport, spécialisé en pharmacologie et toxicologie, confirme la légitimité de l’étude de Séralini : « Il est évident qu’il est nécessaire d’avoir accès à la formulation précise des pesticides. Et si Séralini en arrive à des résultats d’une telle ampleur, ça légitime qu’on y ait accès. Pour ma part, je n’ai jamais eu complètement accès aux formulations. »

Le plan Cancer d’Hollande zappe les facteurs environnementaux

Pendant ce temps, François Hollande a dévoilé le plan Cancer 2014-2018 qui « zappe » les facteurs environnementaux, tels que les pesticides.

Antonin Iommi-Amunategui, Le Nouvel Observateur – Rue 89, 9 février 2014