Archives de catégorie : Feu aux prisons

Un jeune autiste en rétention depuis un mois

Un jeune autiste en rétention depuis un mois

Shouaid Benhachiche, vingt ans, suivi par l’Aide sociale à l’enfance depuis quatre ans, est menacé d’expulsion vers l’Algérie.

Shouaid Benhachiche est un jeune homme de vingt ans. D’origine algérienne, il est suivi par l’Aide sociale à l’enfance depuis ses seize ans et bénéficie d’un contrat jeune majeur, qui lui permet d’être logé dans un foyer de jeunes travailleurs à Paris. Malgré ses troubles du comportement d’allure autistique, Shouaid a obtenu, en juin dernier, son CAP dans la restauration.

Mais, alors que l’État lui assure sa protection d’un côté, de l’autre, il lui refuse un titre de séjour. Shouaid est donc sans papiers, sous le coup d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière. En d’autres termes, le préfet de Paris décide d’expulser un jeune placé sous protection de l’État depuis quatre ans… De la logique de la politique du chiffre.

Depuis le 21 novembre, Shouaid est donc enfermé au centre de rétention de Vincennes dans l’attente de son expulsion. « Il est très calme, posé, parle un français impeccable et a manifesté, à de nombreuses reprises, sa volonté de rester en France », selon les intervenants de l’Assfam qui ont pu lui parler. La semaine dernière, toujours dans le calme, Shouaid a refusé d’embarquer dans l’avion qui devait le ramener en Algérie.

Le juge des libertés et de la détention a rejeté hier, en appel, sa remise en liberté après trente jours de rétention. Shouaid peut donc rester encore quinze jours dans cette situation ou être expulsé avant, par le premier vol vers l’Algérie. « Il n’a aucune famille là-bas, souffle son avocate, qui avait épuisé hier toutes les voies de recours. Il va atterrir et simplement errer dans Alger… »

L’Humanité, Marie Barbier, 20 décembre 2011

ndPN : mise à jour 23 décembre 2011 : Chouaïb libéré !

Chouaïb, jeune autiste, libéré hier soir après 31 jours de rétention

Chouaïb Benhachiche

La nouvelle est tombée hier peu avant 19 heures. «Il est sorti ! Nous allons nous rejoindre pour faire la fête.» s’exclamait Samia Attali, de l’association Je vous tends la main. Hier soir donc, Chouaïb Benhachiche, jeune autiste de vingt et un ans, a été libéré du centre de rétention de Vincennes où il était enfermé depuis trente et un jours. Pour la plus grande joie de ses soutiens qui se sont démenés pour le sortir de cette situation « aberrante ».

D’abord ses amis et voisins du foyer de jeunes travailleurs Championnet à Paris qui ont signé une pétition pour réclamer sa libération et sa régularisation. « Il est fragile, témoigne Rafika. Il n’a personne en Algérie alors qu’ici, il est très bien intégré. » Mais aussi Alain Cocq, vice-président de l’Association des démocrates handicapés, découvrant sa situation dans l’Humanité du 20 décembre (lire ici), qui a beaucoup oeuvré pour sa libération. « Son enfermement viole de nombreux articles de la convention relative aux droits des personnes handicapées de l’ONU ratifiée par la France », s’emporte ce lecteur, qui a menacé les services de la préfecture de les traîner devant la Cour de justice européenne.

« Faut-il que j’avale des lames de rasoir pour ne pas être expulsé ? »

Un peu plus tôt dans la journée, Chouaïb, toujours enfermé, nous confiait sa détresse par téléphone. « Ce matin, un homme a avalé dix-sept lames de rasoir pour ne pas partir. Je dois faire la même chose ? Mais moi je peux pas… » Souffrant de troubles du comportement d’allure autistique, ce jeune algérien pris en charge par l’aide sociale à l’enfance est sous le coup d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière. Il a échappé à deux tentatives d’expulsion. Pour la première, Chouaïb raconte que les policiers l’ont extirpé de son lit à l’aube, le menottant et lui scotchant les pieds. Il a refusé d’embarquer. La dernière tentative, mardi, s’est transformée en test psychiatrique. Transféré à l’Hôtel-Dieu où il a passé la nuit, il est ensuite envoyé à Sainte-Anne. « Ils m’ont relâché mercredi à 23 heures en me disant “t’es pas fou, tu retournes au centre”. »

Chouaïb a quitté l’Algérie quand il avait 16 ans pour rejoindre la France après quatre jours de bateau. Au pays, il dit avoir fui les islamistes qui vous « coupe les jambes si vous ne travaillez pas pour eux ». Au foyer des jeunes travailleurs Championnet, où il est hébergé depuis 2009, on le décrit à son arrivée comme « replié sur lui-même, incapable de dire un mot et de regarder dans les yeux ». Au contact des éducateurs, Chouaïb s’ouvre doucement, obtient un CAP alors qu’il ne parlait pas un mot de français à son arrivée et devient la « mascotte » du foyer.

D’après son avocate, Karima Ouelhadj, le préfet aurait promis la libération du jeune homme en échange d’un certificat d’embauche. « Une façon de ne pas se déjuger, précise l’avocate, on n’a jamais vu une personne sortir de rétention grâce à une promesse d’embauche ». Contactée, la préfecture n’a pas souhaité répondre à nos questions. Une perspective de régularisation serait envisagée au titre de l’article L 313-15 du Code des étrangers qui stipule qu’un mineur pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance doit obtenir un titre de séjour mention « salarié » à sa majorité.

Article paru en partie dans l’Humanité du 23 décembre 2011

[Etats-Unis] Des nouvelles de Mumia

Des nouvelles de MUMIA depuis son transfert à la prison de Frackville …

Johanna Fernandez (*) a rendu visite à Mumia le 15 décembre dans le centre pénitentiaire où il vient d’être transféré. Elle nous rapporte quelques informations sur son transfert et ses conditions de détention.

Il décrit ce qu’il a cru être son dernier jour dans le couloir de la mort comme « un tourbillon fou ». Il a en effet passé son temps à emballer des livres, des lettres et d’autres choses. C’était le 9 décembre, jour du grand hommage qui lui fut rendu à Philadelphie pour marquer le 30ème anniversaire de son arrestation. Il fut particulièremnt impressionné par l’ovation que lui réservèrent ses soutiens lors de son appel téléphonique en direct. Il ne sera finalement transféré que le 14 décembre 2011, vers 4 heures du matin. Malgré les 7 heures de voyage dans un véhicule déshumanisé et lourdement blindé, il a été ravi de l’opportunité de voir des vaches, des chevaux, et de beaux paysages de Pennsylvanie. Mumia est désormais incarcéré à la SCI Mahanoy à Frackville, prison pour hommes de moyenne sécurité. Lors de son escorte vers sa cellule, il rapporte que les prisonniers qu’il a pu apercevoir étaient noirs en majorité. Dans l’attente de les rejoindre, il est maintenu en isolement administratif. Cela signifie qu’il n’a aucun contact humain. Les visites ont lieu dans les mêmes conditions que pour les condamnés à mort, toujours derrière un plexiglas. Il n’a pour l’instant aucun effet personnel. Il a droit à un stylo, 8 feuilles de papier et 8 enveloppes, une heure par jour de sortie dans une cour et une seule visite par semaine.

Conscient des défis de cette nouvelle période, il reste fort et plein d’espoir. Il est toujours aussi déterminé à poursuivre le combat pour faire reconnaître son innocence. Et le premier combat est d’exiger qu’il sorte de l’isolement qui lui est imposé pour rejoindre les autres prisonniers et pour bénéficier des mêmes droits de détention et de visite !

(*) Johanna Fernandez est l’une des porte-parole de Mumia Abu-Jamal, professeur d’histoire, écrivain, membre de « Educators for Mumia Abu-Jamal ». Elle est aussi productrice du film « Justice on trial : the case of Mumia Abu-Jamal ».

Libre Lucha, 20 décembre 2011

[Wukan] Le pouvoir commence à reculer

Chine : 3 leaders rebelles de Wukan bientôt libérés

Des villageois de Wukan attendent le retour de leur leader Lin Zulian, après sa rencontre avec les autorités, le 21 décembre 2011à Wukan

Des villageois de Wukan attendent le retour de leur leader Lin Zulian, après sa rencontre avec les autorités, le 21 décembre 2011à Wukan

Trois meneurs de la rébellion des villageois chinois de Wukan, qui accusent leurs dirigeants locaux de corruption, vont être libérés par les autorités, a annoncé mercredi un porte-parole des habitants.

« Les trois vont être libérés l’un après l’autre aujourd’hui (mercredi) et demain (jeudi) », a déclaré aux résidents Lin Zulian, après des discussions entamées avec les responsables communistes locaux dans le but de faire retomber la tension dans ce gros bourg du sud de la Chine.

« Ce n’est pas une victoire mais un début de victoire », a estimé M. Lin, qui a confié être « très satisfait ». Selon lui les autorités communistes ont également promis de rendre au village, à une date non précisée, le corps d’un autre des meneurs de la révolte, Xue Jinbo, mort récemment en détention.

Les villageois de Wukan accusent la police d’avoir battu à mort M. Xue, qui avait pris la tête de manifestations ayant dégénéré en violences en septembre contre des expropriations.

Les autorités ont affirmé que l’homme était mort de cause naturelle, précisément d’une « défaillance cardiaque » à l’âge de 42 ans.

Les 13.000 habitants de Wukan, un village situé sur la côte de la province méridionale du Guangdong, avaient obtenu que leurs représentants puissent s’entretenir mercredi avec Zhu Mingguo, un responsable local du Parti communiste. Cela les avait conduits à reporter une marche prévue ce même jour.

Les forces de sécurité, qui maintenaient un blocus depuis plus de dix jours autour de Wukan, ont par ailleurs levé certains de leurs barrages.

Les résidents de Wukan sont en révolte ouverte contre les autorités pour demander des réparations après des saisies de terres qu’il jugent illégales.

En dépit de la censure, le soulèvement de Wukan est très suivi sur les sites de microblogs en Chine.

Selon M. Lin, Zhu Mingguo a promis que les villageois de Wukan recevraient des compensations pour les terres saisies, même si le responsable communiste n’est pas rentré dans les détails.

La révolte de Wukan est devenue une épine dans le pied du Parti communiste du Guangdong, province prospère située aux portes de Hong Kong et considérée comme la vitrine de l’époustouflante réussite économique de la Chine.

Les expropriations de terres sont un problème de plus en plus épineux en Chine où des paysans accusent les cadres locaux corrompus de s’allier à des promoteurs véreux pour s’enrichir sur leur dos en permettant la réalisation de nombreux projets immobiliers.

AFP, 21 décembre 2011

[Russie] bref rapport sur l’activité incendiaire du mois dernier

Russie : bref rapport sur l’activité incendiaire du mois dernier

09.11.2011, Shelkovo (Moscou) – Le local de Russie Unie [parti de Poutine au pouvoir] a été incendié. Dans leur communiqué, les compagnons déclarent que ce parti a récupéré ce local, qui était auparavant un dispensaire de soins. Leur action a été une réponse aux partisans de Russie Unie, qui attaquent ainsi ceux qui ont besoin d’aide.

 

11.11.2011, St-Pétersbourg – R.A.T.S. (Red and Anarchist terror section), a brûlé un bulldozer dans le parc forestier de Udelnoe, où la compagnie Gazprom mène la construction d’un stade de foot à travers la déforestation.

 

04.12.2011, Bryansk – Des anonymes incendient avec des molotovs un local du parti Russie Unie. Le feu a dévoré l’ameublement intérieur des bureaux. Cela s’est produit le jour des élections parlementaires, lorsqu’a commencé la vague de protestation.

 

05.12.2011, Moscou – Un groupe de l’ALF a incendié une voiture du soi-disant « service forestier », dans une réserve de chasse de la région.

 

05.12.2011, Penza – Une engin artisanal est placé (sans exploser) devant un gros comico de police. Sans revendication.

 

10.11.2011, Ufa – Dans cette ville, capitale de la république du Bashkortostan (fédération de Russie), une équipe d’anarchistes incendie un autre local du parti Russie Unie.

 

Des temps enflammés arrivent : des foules en colère se rassemblent ! vive la révolution !

Brèves du Désordre (retraduit de blackblocg.info, 12.12.2011), 20 décembre 2011

Psychiatrie, institution détraquée

L’organisation de la psychiatrie encore défaillante, selon la Cour des comptes

Six ans après le plan « psychiatrie et santé mentale », lancé en 2005, la psychiatrie souffre toujours d’une organisation défaillante, en particulier dans les prisons, où la prise en charge des détenus est insuffisante, relève la Cour des comptes dans un rapport publié mardi.

Ce plan avait été mis en place par Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, à la suite de l’émotion soulevée par le double meurtre d’une infirmière et d’une aide-soignante dans un hôpital psychiatrique à Pau en 2004.

La Cour s’est plus particulièrement penchée sur la situation des détenus souffrant de maladies mentales, une population « en forte croissance ».

Sur 65.000 détenus, « plus du tiers souffre de pathologies psychiatriques », selon le président de la Cour Didier Migaud.

Locaux vétustes et peu adaptés, manque de coordination entre services médicaux et pénitentiaires, difficultés d’orientation après la détention: alors que l’objectif du plan était d’offrir une meilleure prise en charge des détenus, celle-ci n’a été que « modestement améliorée ».

Si « des moyens significatifs » (134,5 milliards d’euros) ont été consacrés aux investissements, de sécurité principalement, « les locaux demeurent souvent dans un état de vétusté proche de l’indignité » et le nombre de psychiatres travaillant en milieu pénitentiaire « est parfois insuffisant », a dit M. Migaud.

Le rapport cite notamment la prison des Beaumettes à Marseille dont « la notoriété n’a d’égale que le délabrement et l’insalubrité de son SMPR (service médico-psychologique régional) ».

« de.json »>Le Monde pénitentiaire offre comme un concentré de toutes les difficultés rencontrées en psychiatrie », a déclaré M. Migaud.

Dans ses recommandations, la Cour propose de mettre aux normes hospitalières l’ensemble des locaux pénitentiaires où sont délivrés les soins et d’améliorer la gestion du temps de consultation.

Par ailleurs, le rapport est accompagné d’une évaluation du Haut conseil de la santé publique (HCSP) faisant état de « progrès » liés au plan mais jugeant « décevant » le bilan des mesures concernant les enfants et les adolescents.

Plus généralement, la Cour note que le recours à l’hospitalisation des patients qui devait « être évitée dans toute la mesure du possible », demeure « excessif », faute de solutions en aval et de prise en charge en amont.

Le rapport évoque « une tradition asilaire encore très présente » et « un premier accès aux soins souvent tardif », alors qu’un million de personnes en France relèvent de soins psychiatriques.

La saturation de l’hospitalisation complète résulte « d’un dysfonctionnement de l’offre de soins ». Ainsi, « de nombreux patients » sont « placés à tort en séjour prolongé ». Conséquence: un patient hospitalisé de manière inadaptée réduit fortement la disponibilité de l’hôpital.

« L’objectif de favoriser les prises en charge extra-hospitalières et de désengorger les lits d’hospitalisation complète n’a pas été atteint, malgré quelques progrès », soulignent les auteurs du rapport.

La Cour, qui recommande la création d’une mission de service public de la psychiatrie, note également des disparités territoriales persistantes en matière d’équipements comme de présence de psychiatres.

Autre constat: le pilotage du plan, « initialement robuste » s’est « délité en 2007 ». La Cour juge que d’importants moyens ont été consacrés à la rénovation des bâtiments et à la sécurité (1,8 milliard d’euros jusqu’en 2017) mais les créations d’emploi sont « difficiles à mesurer avec exactitude » tandis que la recherche est « sous dotée ».

AFP, 20 décembre 2011